Darian courait depuis ce qui lui semblait une éternité, mais en réalité, une heure à peine s’était écoulée. Sa respiration était rauque, brûlante, et chaque pas faisait crier ses muscles. Le sol forestier, couvert de feuilles humides, amortissant son passage, mais il savait que toute erreur, tout bruit, pouvait trahir sa position. Depuis le premier tir, il n’avait perçu aucun autre sifflement, aucun craquement suspect derrière lui. Pas de pas, pas de voix. Peut-être avait-il réussi à semer l’archet… ou peut-être que celui-ci attendait simplement le bon moment. Il ralentit, tendant l’oreille. Rien, sinon le murmure lointain de la rivière et le bruissement du vent dans les branches. Malgré l’absence de danger apparent, Darian continua sa fuite. Il connaissait trop bien ce monde pour se croire en sécurité si tôt. Il fallait encore mettre de la distance entre lui et son chasseur, atteindre un terrain plus sûr, plus haut, d’où il pourrait observer sans être vu. L’instinct le guidait, affûté par des vies entières de survie et de mort. Alors il reprit sa course, plus discrète, plus calculée, glissant entre les troncs et les ombres. Derrière lui, la forêt refermait son silence, comme si rien ne s’était jamais passé.
Darian grimpa sur un promontoire rocheux, dissimulé entre deux troncs couverts de mousse. De là, il avait une vue dégagée sur la forêt alentour. Haletant, il s’accroupit, tendant l’oreille. Aucun mouvement, aucun bruit suspect. Le calme revenait, lui permettant enfin de souffler et d’observer.
Accroupi sur son promontoire, il reprit lentement son souffle, les yeux fixés sur l’horizon. Il savait encore, à peu près, où il se trouvait. La direction de la fumée qu’il avait vue plus tôt restait gravée dans son esprit, direction vague mais certaine. Il pouvait la rejoindre en une demi-journée de marche, peut-être moins, s’il gardait le bon cap. Pourtant, un problème se dressait dans son esprit, l’endroit où il avait été pris pour cible se trouvait sur cette même trajectoire. Revenir dans cette zone, c’était risquer une nouvelle embuscade. S’en écarter, c’était s’éloigner de son seul espoir de croiser d’autres humains. Il pesa le risque, le regard sombre, avant de se résoudre à avancer malgré tout.
Darian resta un long moment immobile, le regard fixé dans la direction de la fumée lointaine. Un doute le rongeait, et si le tireur venait du même endroit ? Dans ce cas, cette destination, qui avait éveillé son espoir, se transformerait en piège mortel. Chaque arbre, chaque clairière, pourrait dissimuler une menace invisible. L’idée qu’il pourrait avancer vers ce lieu sans savoir s’il était hostile lui serra la poitrine. Mais reculer ne ferait que prolonger son incertitude et sa solitude. Il devait décider, malgré le danger, pesant le risque de l’attaque contre l’opportunité de trouver enfin des humains, ou du moins un refuge.
Après un moment de réflexion, Darian prit une décision. Il ne pouvait rester indécis plus longtemps, l’espoir de la fumée l’emportait sur la peur. Il se leva lentement, les muscles tendus, et reprit sa marche. Cette fois, il choisit une trajectoire légèrement décalée, contournant les zones qu’il jugeait dangereuses. Chaque pas était mesuré, chaque bruit attentivement enregistré. Ses yeux scrutaient le moindre mouvement entre les troncs, ses oreilles captant le souffle du vent et le craquement des branches. Il avançait avec prudence, conscient que le danger pouvait surgir à tout instant, mais déterminé à progresser vers sa cible.
Darian avançait lentement, mais ses pensées étaient loin de la forêt qui l’entourait. À travers ses nombreuses réincarnations, il avait appris à connaître la cruauté du monde humain, ou du moins, la façon dont ils traitaient ceux comme lui. Les histoires qu’il avait entendues, souvent vécues, étaient gravées dans son esprit, des pièges sournois tendus aux réincarnés, certains sombrant dans le cannibalisme, des massacres exécutés par peur, réduit a l'esclavage par avidité, et des traquenards destinés à éliminer ceux jugés trop faibles ou différents. Dans la majorité des cas, cependant, le destin des réincarnés n’était pas sanglant mais tout aussi implacable, l’abandon pur et simple. Les communautés humaines, limitées en ressources, ne pouvaient ou ne voulaient pas partager avec ces nouveaux venus imprévus. Les réincarnés étaient laissés à eux-mêmes, contraints de survivre dans des lieux hostiles, à la merci de la nature et des prédateurs. Darian se souvenait de chaque douleur, de chaque faim, de chaque solitude qui s’était accumulée au fil des vies. Ce savoir était sa malédiction, mais aussi son atout. Il savait que l’ombre de la faim, de la peur et de la trahison planait toujours, et que chaque décision devait être calculée pour éviter de tomber dans l’oubli ou le piège qui l’attendait. Dans ce monde brutal, il n’y avait ni pardon ni clémence pour ceux qui étaient seuls.
Progressant déjà depuis plusieurs heures, Darian s’enfonçait plus profondément dans la forêt. Le soleil filtrait à peine à travers la canopée, dessinant des éclats mouvants sur le sol couvert de mousse. Il avançait prudemment, chaque pas pesé, attentif au moindre son. Parfois, un craquement sourd retentissait au loin, ou un grognement étouffé se faisait entendre dans l’épaisseur des bois. Il s’immobilisait alors, le souffle retenu, jusqu’à ce que le silence revienne. Il savait qu’ici, les prédateurs étaient nombreux et souvent plus discret que lui. Sa seule arme, la flèche arrachée plus tôt, n’était qu’un espoir dérisoire face à une bête sauvage. Mieux valait éviter que de combattre. À plusieurs reprises, il contourna des zones où l’odeur fauve ou la trace d’une patte dans la boue trahissait une présence. La forêt semblait respirer autour de lui, immense et indifférente. Ses sens, aiguisés par l’expérience de tant de morts passées, guettaient chaque mouvement, chaque ombre. Le danger n’était jamais loin, mais Darian avançait toujours, silencieux, glissant entre les troncs comme un spectre déterminé à survivre, au moins jusqu’à la prochaine colline, ou jusqu’à la prochaine vie.
Après des heures de marche prudente, Darian comprit qu’il avait suffisamment contourné la zone où l’embuscade avait eu lieu. Plutôt que de fuir indéfiniment, il choisit de prendre l’avantage. En silence, il amorça un large détour, se glissant entre les troncs jusqu’à se retrouver derrière la position supposée de l’archet. Le vent soufflait dans la bonne direction, masquant son odeur et ses pas. Accroupi dans les fougères, la flèche toujours à la main, Darian se prépara à observer, ou frapper, si l’occasion se présentait.
Darian arriva enfin sur le lieu de l’embuscade, reconnaissant le tronc où la flèche s’était plantée. Le silence régnait, lourd et étouffant, seulement troublé par le bruissement du vent dans les branches. Il s’accroupit, observant longuement les environs, chaque recoin, chaque ombre. Aucun signe de l’archet. Le sol portait encore quelques empreintes légères, à moitié effacées par le temps et les feuilles. En suivant du regard la trajectoire de la flèche, il tenta de déterminer l’endroit exact d’où le tir avait été effectué. Il scruta les troncs, les buissons, les reliefs autour.
Après plusieurs minutes d’observation minutieuse, Darian finit par repérer un renfoncement entre deux rochers, légèrement surélevé, un emplacement idéal pour un tireur embusqué. Il s’en approcha avec prudence, scrutant le sol. Là, dans la terre humide, des empreintes demeuraient nettes. Mais ce qu’il vit le figea, ces traces n’étaient pas humaines. Les pas étaient plus larges, terminés par des griffes profondément marquées, la démarche évoquant celle d’un prédateur dressé sur deux jambes. Un frisson lui parcourut l’échine. Il comprit alors que l’archet n’était pas un homme, mais une créature humanoïde probablement à l’allure canine. Le danger qu’il avait échappé était bien pire qu’il ne l’imaginait.
Darian resta immobile devant les empreintes, le regard fixé sur les traces griffues dans la terre. Son esprit se mit à tourner, vif et lucide malgré la pression. Si l’archet n’était pas humain, alors la fumée qu’il avait aperçue provenait peut-être d’une tribu entière de ces humanoïdes canins. Une communauté organisée, capable d’utiliser des arcs, de tendre des embuscades, de chasser en meute. L’idée lui glaça le sang. S’en approcher, c’était courir droit vers la mort. Il savait comment finissaient ceux qui s’aventuraient trop près des territoires de ces créatures, traqués, dévorés, et parfois capturés pour un sort pire encore.
Mais tout n’était pas perdu. En observant la scène, Darian remarqua qu’une seule paire d’empreintes menait vers et depuis le poste de tir. Cela signifiait que le chasseur agissait seul, du moins pour l’instant. Un léger soulagement l’envahit. Peut-être qu’il avait affaire à un éclaireur isolé, ou à un chasseur trop confiant. Cependant, cette maigre consolation s’effaça aussitôt devant une réalité bien plus inquiétante, il avait été repéré, il ne resterait pas longtemps un inconnu. Dès que la créature retournerait auprès des siens, une battue serait lancée. Et dans cette forêt qu’ils connaissaient mieux que quiconque, il deviendrait la proie.
Darian serra la flèche entre ses doigts, son regard durci par la résolution. Attendre que la créature revienne avec sa meute serait un suicide. Il devait la trouver avant qu’elle ne signale sa présence. L’idée de traquer un prédateur de cette nature aurait terrifié n’importe qui, mais pour Darian, c’était une nécessité froide, calculée. Il savait que l’humanoïde pensait l’avoir fait fuir, convaincu que sa proie avait disparu dans les bois. C’était son avantage, l’archet ne se méfiant pas d’une attaque venant de celui qu’il croyait déjà mort de peur.
Silencieusement, Darian étudia les traces au sol, reconstituant la direction prise par la créature. Il suivit les empreintes, s’arrêtant souvent pour écouter, mesurer la distance et anticiper les terrains dangereux. Malgré sa détermination, une inquiétude lui rongeait l’esprit, si la bête était déjà rentrée dans sa tribu, il ne pourrait la suivre. S’approcher d’un camp grouillant de chasseurs reviendrait à s’offrir en pâture. Non, il devait l’intercepter avant cela, isolée, vulnérable, dans sa certitude de victoire. Pour une fois, ce ne serait pas lui la proie.
Darian suivait les empreintes avec attention, courbé au ras du sol. Peu à peu, il remarqua que la trajectoire s’éloignait de la direction où il avait aperçu la fumée. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres, la créature ne retournait pas vers sa tribu. Cela signifiait qu’elle chassait seule, ou qu’elle patrouillait en dehors du groupe. Ce détail ranima sa confiance, dissipant légèrement la tension qui lui nouait la gorge. Il se redressa, ses gestes plus assurés, et accéléra l’allure. Chaque pas était calculé, silencieux, son souffle maîtrisé. L’idée d’avoir l’avantage, même infime, le galvaniser. Cette fois, il était le chasseur, et non la proie.
Après plusieurs minutes de progression rapide, Darian aperçut enfin sa cible au détour d’un bosquet. Mais la scène qui s’offrit à lui le prit de court. La créature ne chassait pas, elle s’était simplement arrêtée au bord d’un ruisseau, à demi immergée dans l’eau claire. Et elle n’était pas seule. Une femelle de son espèce l’accompagnait, leurs éclats gutturaux ressemblant à des rires rauques. Ils semblaient jouer, se jetant de l’eau, insouciants, comme deux chasseurs ayant oublié le monde autour d’eux. Darian s’accroupit derrière un tronc, observant sans bouger. Le moment était propice à une attaque, et cette distraction offrait une opportunité. Il devait réfléchir vite, frapper maintenant c'était une occasion en or qu'il n'aurait pas deux fois.
Il s'agissait donc de Renardins qui est une créature rusée et insaisissable, préférant la solitude aux contraintes d’une meute. Solitaire par nature, il se déplace dans l’ombre des forêts ou les recoins oubliés des plaines, observant bien plus qu’il ne se montre. Son intelligence fine et son instinct de survie en font un chasseur redoutable, mais aussi un manipulateur né, il choisit ses combats et ses alliances avec une prudence presque surnaturelle.
Physiquement, le Renardin impressionne par son élégance animale. Sa silhouette est fine, souple et parfaitement proportionnée, bâtie pour la vitesse et l’agilité. Son pelage varie du roux ardent au brun profond, parfois mêlé de reflets argentés selon les individus. Ses yeux, d’un or perçant ou d’un ambre profond, expriment à la fois curiosité et calcul. Ses oreilles fines restent toujours dressées, captant le moindre bruissement, tandis que sa queue touffue, longue et expressive, équilibre chacun de ses mouvements. Malgré sa stature humanoïde, chaque geste conserve une grâce féline et une tension contenue, celle d’un être toujours prêt à bondir ou à disparaître.
Darian resta immobile, les sens en alerte, tandis qu’un plan se formait dans son esprit comme une lame froide. Il calcula silencieusement chaque variable, le vent, la distance, le moindre mouvement des créatures, sans prononcer un mot. Sa poitrine se contractait d’une tension contenue, chaque respiration était mesurée pour ne pas trahir sa présence. Il se rapprocha, glissant entre les troncs et la végétation comme une ombre, chaque pas étouffé par la mousse. Le cœur battant, il observa leurs gestes, guettant le moment où l’équilibre vacillerait.

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