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tome 1, Chapitre 8 « THUNDERJACK #8 - Sous la pluie » tome 1, Chapitre 8

Les feuilles deviennent oranges, jonchant le sol trempée par la pluie d’automne, exhalant une odeur de béton mouillé. Les gens partent au boulot, capuchés sous leur imperméable ou abrités sous leur parapluie. Pendant que les jours moroses fanent les habitants, les fleurs renaissent, se gorgeant d’eau après un été ensoleillé et sec. Dans ces jours de pluie, la criminalité est en hausse : braquage, homicides, attentats. En bref, la province de Mendoza n’est pas tranquille, endeuillant des familles et mobilisant la police.

Hector Diaz, seul dans son bureau, se voit surchargé de travail entre les poursuites, les meurtres et les dossiers qui s’entassent au fur et à mesures des semaines. Et pour couronner le tout, Alvaro ne peut intervenir, car ses pouvoirs l’obligent à rester à la maison pour éviter tout contact avec l’eau. Malheureusement, il ne peut compter que sur lui-même, comme à l’ancienne. Le souci, c’est que les criminels savent très bien que Thunderjack n’est plus là. Ils profitent donc de la saison pour tout saccager : comme ce groupe terroriste qui travaille dans l’ombre depuis quelques mois afin d’attaquer la ville de Mendoza et de la rayer de la carte. La pègre ne suffit pas ; il faut encore que des malades mentaux viennent rajouter leur grain de sel en semant le trouble dans cette petite ville. Voilà qui rajoutera des problèmes supplémentaires au commissaire — et bien d’autres.

Pendant ce temps, Alvaro est chez lui, haïssant ses journées cloîtré à la maison, ne pouvant rien faire d’autre qu’attendre que les temps passe. Même s’il passe un peu plus de moments en famille, cela ne change rien à son envie de sauver les Mendocinos. Une fois de plus, il se pose dans son canapé, les pieds et la tête posés aux extrémités, un café tiède sur la table basse et un comics en main. Pour combler le vide d’excitation, il lit des BD de super-héros qui agissent comme des dieux, que la population acclame si fort qu’elle ne croit qu’en eux pour leur apporter bonheur et apaisement. Soudain, Alba interrompt sa lecture en lui ôtant son livre des mains et lui lance :

— T’aurais pas autre chose à faire, Al ?

Il la regarde, en colère, les sourcils froncés, comme un enfant à qui on retire son jouet.

— Tu pourrais me laisser tranquille, s’il te plaît ? J’essaie de profiter comme je peux, là…

— Rien foutre de tes journées, c’est profiter comme tu peux ?

— J’ai rien à faire, donc oui.

— Non ! Tu n’as pas rien à faire ! Tu pourrais chercher un vrai travail, Alvaro ! Quelque chose qui te fasse vivre et bouger ! hurle-t-elle.

— Un vrai travail ? T’insinues que sauver des vies, ce n’est pas un travail ?

— Pas quand tu ne sauves rien, y compris ton ennui.

Il se fige en la regardant droit dans les yeux, créant une lourde tension qui effraie Bianca, cachée derrière la porte de sa chambre qui donne directement sur le salon.

— Tu veux jouer à ça ? Y’a pas de soucis, reprend Alvaro.

— Ce sont des menaces ?

— Interprète ça comme tu le souhaites, balance-t-il en allant dans leur chambre pour enfiler des habits.

— Tu vas où, comme ça ? Tu te décides enfin à bouger ?

— Vas te faire foutre, Alba ! gueule-t-il.

La pression monte, serrant le cœur de Bianca et faisant surgir la colère de sa mère. Elle transperce son mari du regard et lui flanque une gifle. C’en est trop pour leur fille, qui déboule dans leur chambre et hurle :

— Stop !

C’est l’enfer dans sa tête depuis quelques semaines, n’appréciant ni les moments avec sa mère, ni ceux avec son père, et encore moins avec les deux réunis. Alors, tous deux s’arrêtent, se sentant plus que bêtes, presque ratés.

Comment une mère peut-elle se comporter ainsi ?

Comment un père peut-il se comporter ainsi ?

Faut-il tout arrêter après des événements comme ceux-là ?

Ou au contraire, repartir de zéro et trouver les bons moyens de communiquer ?

En réalité, il faut se poser, prendre du recul et comprendre ce qui ne va pas pour trouver les bonnes solutions. C’est ainsi que la situation se calme, dans la prise de conscience et la maturité. Alvaro regarde sa fille paniquée, les larmes maquillant son visage, puis s’empresse de la prendre dans ses bras en s’excusant des dizaines de fois.

La peur.

La peine.

Le regret.

Tout se mélange lorsqu’il la blottit contre lui et la ramène dans sa chambre, lui promettant que ça ira mieux. Derrière eux, Alba sourit tristement, faisant signe à sa fille que tout ira bien. Les parents se rejoignent ensuite dans le salon afin de discuter calmement et de trouver des solutions.

— Je m’excuse… j’aurais pas du agir de la sorte, dit-elle.

— C’est de ma faute. Il faut que j’arrive à tuer le temps en faisant quelques chose d’utile.

— On peut essayer de trouver un moyen pour que tu puisses sauver le monde.

— Lequel ? Il tombes des cordes dehors, et je n’ai aucun moyen de survivre si je compte sur mes seules aptitudes au combat…

— Tu devrais t’entraîner, d’ailleurs. Mais j’ai pensé à autre chose.

— T’as pensé à quoi ?

— Et si je te fabriquais un vêtement imperméable qui couvrirait l’entièreté de ta peau — hormis ton visage — et qui puisse se glisser sous ta robe ?

— Tu ferais ça pour moi ? demande-t-il, les yeux pétillants.

— Évidemment, mon cœur. Ça m’énerve de te voir aussi dépité à longueur de journée, et je sais combien ce rôle de super-héros compte pour toi.

Elle s’approche de lui, pose une main sur sa joue et caresse son torse de l’autre main.

— Il te va très bien, d’ailleurs, relance-t-elle.

— Ah oui ?

Tous deux s’embrassent tendrement, leur corps se collant et se déplaçant pas à pas vers leur chambre, avant de se hisser sous les draps.

Plus tard, les attaques terroristes surviennent à Mendoza, effrayant de nombreux civils et mobilisant les forces de l’ordre. Une équipe se déplace, armée jusqu’aux dents, pour neutraliser les huit terroristes. Les balles fusent, ricochent sur les murs, le béton ou les plaques d’égouts. Le camion blanc et imposant des criminels sert de bouclier, mais au fil du temps, le conteneur chargé sur celui-ci se fragilise, percé de plus en plus de trous. Certaines balles atteignent leur cible : deux officiers sont touchés, un terroriste est tué d’une balle en plein crâne. Le commissaire prend peur et s’attarde sur les blessures de ses agents en les éloignant du danger. Tous deux perdent énormément de sang, puis, petit à petit, conscience. Hector comprend… ses agents meurent sous le bruit des balles. Même si les larmes montent, Diaz ne flanche pas et se met au combat, rejoignant le front, tirant sur les monstres qui se trouvent en face. La pluie tombe autant que les douilles et les corps, car sept officiers meurent sous les yeux du commissaire. C’est à ce moment qu’il ordonne à ses hommes de se replier. Trop de morts et de blessés, trop de risques pour davantage de tueries.

C’est au tour des militaires d’entrer en jeu. Massifs, équipés jusqu’aux dents entre combinaisons et armes lourdes, ils sont prêts à venir à bout des terroristes. De nombreux civils sont évacués afin d’être mis à l’abri, et le périmètre est « sécurisé ». Des hélicoptères survolent la scène, où des journalistes filment et commentent la scène en direct. Tout cela est retransmis sur toutes les chaînes argentines. Une bataille choquante qui éloigne les enfants de leurs écrans, fait pleurer certaines familles, effraye la population et rend Alvaro Martinez pressé de les aider.

La guerre dure encore une trentaine de minutes, sous une pluie violente et un vent hurlant, les balles fusant de toutes parts et les vaillants guerriers mourant pour leur patrie. Un seul terroriste du groupe est décédé dans sa bêtise. Leur révolte fait du bruit, et la supériorité numérique ne les effraie pas. Il réussissent même à faire parler d’eux sans le vouloir, car cet événement dépasse les frontières, sa manifestant dans les journaux télévisés des États-Unis, de France, d’Espagne ou encore du Japon.

Et c’est à cet instant précis que Thunderjack fait son entrée. Il coure rejoindre les militaires, la robe dansant sous le vent, la pluie frappant son corps vêtu d’un isolant de couleur chair, combinant kevlar et caoutchouc conducteur modifié pour neutraliser l’effet de l’eau. Il est déterminé à sauver Mendoza coûte que coûte, quitte à dépenser toutes ses économies pour se fabriquer un costume de pointe. Alors il marche lentement vers les criminels, toujours impressionnant, le regard noir pourtant d’un bleu clair saisissant. Les balles éclatent au contact de son corps, mettant dans l’embarras les ordures armées. Puis sous un tonnerre qui gronde, le héros brandit sa hache de bûcheron, la matérialise en électricité et fracasse le camion qui leur servait encore de protection. Les militaires, impressionné par l’acte du paramorphe1, cessent de tirer et le laissent agir, comprenant qu’il peut s’occuper du reste. Sans un mot, Alvaro regarde les opposants droit dans les yeux, puis, à une vitesse incroyable, il saisit chaque arme pour les briser au sol. Les terroristes sont subjugués, déboussolés ; le héros vient de les mettre au tapis. Mais ils ne se laissent pas faire et tentent de l’attaquer, en vain. Aucun coup n’atteint la peau de Martinez, ni même le tissu de sa robe ; son électricité empêche tout contact. Les poings et les pieds de ses adversaires se consument, totalement brûlés par ses pouvoirs, et soudain, Thunderjack assène un violent coup à chacun d’eux, les clouant au sol, sous les caméras des hélicoptères diffusant encore le combat dans le monde entier. Une fois de plus, Alvaro sauve Mendoza.

Il est temps pour lui de rentrer, sous les pleurs des militaires se ruant sur les corps inanimés de certains de leur camarades — eux qui ne devraient montrer aucune émotion… mais c’est bien trop difficile devant de tels drames. Pourtant, l’un d’eux s’approche du héros pour lui adresser quelques mots :

— Je vous remercie tellement. Vous êtes le meilleur ! Vous êtes génial ! Vous méritez tout l’or du monde ! Je suis vraiment heureux grâce à vous ! J’ai cru que j’allais y rester, sans pouvoir rendre visite à ma mère souffrante. Mais finalement, grâce à vous, je vais pouvoir la voir une fois de plus et profiter d’elle pour le restant de ses jours. Merci encore, Thunderjack, déblatère-t-il, les yeux humides, le souffle presque coupé, comme s’il venait de pleurer toute les larmes de son corps.

— Tu es bien plus brave que moi, Monsieur. Je n’ai fait qu’apporter mon soutien. Sur ce, donne-lui tout l’amour qu’elle mérite — et donne lui le mien. Elle reposera en paix avec un fils aussi bon que toi, répond Alvaro, le sourire aux lèvres.

Puis il part, la hache à la main, toujours sous une pluie battante.

Hector est seul à son bureau, heureux, fier de son ami. Il serre son poing et le brandit en signe de victoire. Soudain, quelqu’un toque à la porte : c’est le lieutenant Gabriel Moreno.

— Entrez !

Gabriel rentre, alarmé.

— On a un problème à Las Heras, au nord de Mendoza. Rue José Maria Videla. Une famille presque complète a été retrouvée morte à leur domicile.

— On s’occupe de cette affaire. Merci, lieutenant Moreno.

Le commissaire Diaz s’équipe de son arme, le place dans son holster et quitte son bureau, prêt à se rendre sur les lieux du crime.


Texte publié par Ruza Riku, 28 novembre 2025 à 17h39
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