Le calme règne sur Mendoza suite à la catastrophe causée Señor Green. Le peuple est égayé par la paix, mais reste tout de même débordé par le travail et les factures ; Alvaro continue d’aider les autorités, gagnant assez bien sa vie — bien mieux qu’en tant que téléconseiller — et Diaz dirige toujours ses équipes avec brio.
Les voitures vrombissent et les discussions s’élèvent. Certains allument leur téléphone pour vérifier les actualités ou juste passer le temps, et entre deux publications du gouvernement et de médias, se trouve celle d’un mystérieux inconnu qui se nomme Bomber. Il déclare la venue de Thunderjack au commissariat sous peine de faire sauter celui-ci. Les internautes s’enflamment, allant jusqu’à insulter et harceler cet homme. Pourtant, Alvaro n’a rien vu jusque-là ; il ne s’était pas réveillé en regardant son téléphone, mangeant auprès de sa femme et de sa fille. Alors qu’il déguste le bon chili con carne de sa femme, son appareil sonne. Il hésite, regarde son épouse qui montre son refus d’un mouvement de tête, mais il ne peut s’empêcher de laisser sa curiosité s’exprimer. Il se rend dans sa chambre, puis répond : c’est Hector à l’appareil. D’une voix paniquée, celui-ci lance :
— Al ! Tu m’entends ?
— Oui ! Que se passe-t-il ?
— Tu n’as pas vu sur les réseaux ?
— Non, pas vraiment. Tu sais, ma femme ne veut pas que je me distraie trop facilement. Elle m’empêche de me disperser afin que je reste concentré sur les choses importantes, qui n’interfèrent pas avec les moments familiaux. C’est comme si je faisais une cure de désintox, pour éviter—
— Ferme-là ! J’ai pas le temps de t’écouter parler de ta vie ! Il y a un taré devant le comico, il t’attend, là. Sinon il nous fait sauter.
— J’ai compris. J’arrive.
Il place son téléphone dans sa poche et sort de sa chambre. Face à sa femme et sa fille, il apparaît gêné, comme s’il se sentait coupable de quelque chose. La tension devient palpable quand Alvaro croise le regard noir, sérieux et autoritaire de sa femme. Bianca, elle, balance entre ses deux parents, ne sachant pas qui suivre. Le père esquisse un sourire, ricane et lance :
— Alors, ouais… hé hé… En fait, je dois y aller. Mais c’est pas contre toi, chérie ! C’est pour Hector, d’accord ?
— Tu m’énerves, Al. À chaque fois c’est pareil ! Tous les jours tu t’en vas sans pouvoir passer de moments en famille, dit-elle en voyant son mari enfiler son costume précipitamment. Et comme d’habitude, tu rentreras bredouille. C’est trop facile !
— Alba… Je fais ça pour nous, et pour Mendoza. Je sais pas comment te l’expliquer, mais je dois être là autant pour toi que pour eux.
Elle pousse un léger soupir, évitant le regard de son mari. Puis, quelques secondes plus tard, elle comprend et accepte ses paroles, voyant qu’il est pressé.
— Je comprends. Vas-y, chéri.
— T’es la meilleure, mon coeur. Ne t’inquiète pas trop pour moi, je serai bien de retour à la maison cette nuit, affirme-t-il en lui donnant un baiser. À ce soir, mes amours, reprend-il en embrassant le front de sa fille.
Il franchit le pas de la porte, direction le commissariat, laissant sa femme morte d’inquiétude et son enfant presque insouciant.
Là-bas, les émotions sont maîtrisées grâce au commissaire Diaz. Tout le monde est silencieux ; dans une quarantaine gérée d’une main de maître. Pourtant, dehors se tient Bomber, un homme bien connu des services de police mais pas sous cette identité. Il fait des aller-retours, attendant impatiemment le héros de la ville. Les gens autour évitent les lieux ou s’arrêtent pour regarder ce qu’il se passe, mais le criminel ne les calcule pas, totalement dans son délire. Soudain, Alvaro arrive, sous l’excitation des quelques personnes présentes et sous le sourire malicieux de Bomber. Un silence s’installe avant que le bombardier ne prenne la parole.
— Tu es enfin là, Thunderjack, dit-il.
— Mes collègues sont en danger, alors oui, je suis là. Tu veux quoi ?
— Pas la peine de se précipiter, l’ami. On peut discuter calmement. Tu vois ?
— Pourtant ça avait l’air urgent. T’as quand-même posé des bombes tout autour du comico.
— Alors… oui. Mais ça, c’est pour que tu m’écoutes attentivement. Sinon, tu serais pas venu, et ça aurait fichu mon plan à terre.
— Abrège, mec. Qu’est-ce que tu me veux ?
— En fait, ma ville est plongée dans le noir total, le courant ne passe plus du tout. Et j’ai pensé qu’un mec comme toi pourrait ramener l’électricité. Tu sais ? Vu que tu es fait de foudre, tu vois.
Alvaro pousse un soupire, puis répond :
— Donc t’as fait tout ça pour une malheureuse panne de courant ? T’as un grain.
— Hep, hep, hep, hep, dit-il, le doigt posé sur son détonnateur. Tu vas vite baisser d’un ton, l’ami. J’appuie une fois et tous tes camarades sautent, d’accord ?
— Calme-toi. Allons dans ta ville.
Tous deux partent en direction de Tunuyán, une ville à quelques longues minutes de Mendoza. Pour une raison inconnue, Bomber est venu à pied jusqu’ici, donc le chemin est long… très long…
Au milieu du trajet, Bomber s’arrête pour reprendre son souffle. Cela fait environ trente minutes qu’ils marchent et ils n’ont fait qu’un tiers du chemin. Alvaro se tourne vers lui, le regard désabusé, puis demande :
— J’ai une question, Bomber. T’as fait tout ce chemin à pied pour ta ville ?
— Je l’aime beaucoup, ma ville. J’y habite depuis petit et je veux la sauver.
— Alors tu comptes sur moi ?
— Bien sûr. Sinon je ne t’aurais pas appelé.
— Veux-tu que je me dépêche ?
Le regard de Bomber change, plein l’incompréhension.
— Te dépêcher ? Tu veux dire que tu caches un moyen d’aller plus vite depuis tout à l’heure ?
— Ouais. Je voulais savoir à quel point c’était important.
Le pseudo-criminel saute sur Thunderjack pour le ruer de coups, mais ce dernier s’entoure de son bouclier électrique.
— T’as de la chance d’avoir tes trucs, là. Sinon je t’aurais marbré, l’ami.
Martinez pousse un léger rire et porte son camarade de voyage pour le transporter jusqu’à sa ville à toute vitesse. Pendant ce temps, le commissaire Diaz profite de l’absence de Bomber pour évacuer tout le monde et s’occuper des bombes placées autour du commissariat. Ils s’activent, un à un, afin de sécuriser le périmètre et sauver les lieux. Tout va pouvoir rentrer dans l’ordre sous une nuit tombante.
À Tunuyán, tout est calme… voir trop calme. La ville est comme déserte, sans un bruit, sans lumière, comme si elle était inhabitée. Une ambiance presque apocalyptique s’en dégage. Bomber conduit le héros jusqu’à la centrale électrique pour pouvoir remettre le courant. Une fois sur place, l’air est lourd, le vent est chaud, le silence règne et la ville devient de plus en plus obscure. Dans un élan, le bombardier s’exprime :
— Bon… Thunderjack… Tu sais pourquoi je t’ai ramené ici ?
— Oui, j’ai compris. Il faut que je décharge mon électricité dans le générateur central afin que le courant revienne.
— Alors, à la base, oui. Mais en fait, non.
Alvaro devient suspicieux, commençant à douter de la véracité des propos de Bomber.
— Tu peux t’expliquer ?
— Regarde autour de toi, Thunderjack.
Tout autour d’eux, une dizaine de bombes sont posées, toutes prêtes à exploser. Elles scintillent d’une lumière rouge, éclairant le sol comme pour annoncer le danger. Le sourire narquois du criminel fait réfléchir le héros de Mendoza.
— C’est quoi le but ? Pourquoi m’avoir tendu ce piège ?
— En fait, j’ai un problème avec une certaine décision que la justice a prise. Tu veux que je te raconte mon histoire ?
— Euh ouais, ouais, mais attend.
Il tape du pied sur le sol et le frictionne un coin pour s’asseoir et écouter l’histoire.
— Tu m’excuseras, je sais que ça va être long, donc je me pose, reprend Alvaro. Bah, vas-y, je t’écoute.
— Tout commence il y a dix ans…
*
Franco était installé sur une chaise dans une pièce enfumée par les cigares et les clopes, habitée par quatre hommes malheureux, sans économies ni avenir. Ils étaient là pour un homme reconnu dans toutes les mafias et les gangs argentins : La Brute. Ce dernier gérait toute l’économie de la pègre et tenait à lui seul le plus grand réseau d’armes et de drogue du pays. Matteo était l’ami de Franco, celui qui l’avait amené ici d’ailleurs. Il connaissait déjà bien l’endroit, ayant déjà participé à une transaction et à des vols d’armes. Pour Franco, c’était la première fois qu’il se trouvait là, et il comptait bien faire les choses discrètement. Les quatre malfrats patientaient, attendant que le bras droit de la Brute vienne donner le feu vert. La mission était simple : voler le revolver en or de Monsieur Carlos Rodriguez, l’un des hommes les plus riches d’Argentine. Ils n’étaient pas armés, simplement équipés d’une cagoule et de vêtements sombres. Le reste demandait de l’agilité et de la discrétion.
Au palace de Rodriguez, les voleurs étaient prêts à agir. Ils pénétrèrent dans la demeure, se faufilant silencieusement jusqu’à la salle où se trouvait l’arme. Lorsqu’ils mirent enfin la main dessus, ils se dépêchèrent de quitter la maison. Deux des quatre hommes sortirent, mais Matteo et Franco restèrent, n’ayant pas été assez rapides. Soudain, l’un des nombreux majordomes de Monsieur Rodriguez les aperçut et alerta aussitôt la police. Les deux hommes déjà dehors attendaient dans la voiture, tandis qu’à l’intérieur, le majordome tenta de s’en prendre aux deux voyous. Matteo se défendit en le repoussant violemment, pendant que Franco, tétanisé, ne savait que faire. Le domestique leva la main — munie d’un couteau — sur Matteo, mais ce dernier sortit un pistolet dissimulé sous sa veste et le pointa sur lui avant de tirer. Un silence lourd tomba dans la pièce, seulement troublé par la réverbération du coup de feu. Franco resta bouche bée, tremblant, des sueurs froides parcourant sa peau. Pendant ce temps, les deux complices à l’extérieur entendirent les sirènes de police. Matteo les perçut à son tour, et son instinct de survie prit le dessus : il s’empressa de s’enfuir. Son ami, lui, demeure sur place, le corps figé, incapable de comprendre l’atrocité de l’acte de son acolyte. Les trois hommes prirent la fuite, laissant Franco seul dans la demeure. Ce dernier ne reprit ses esprits que trop tard. Les autorités arrivèrent sur place et l’embarquèrent sans poser de questions.
*
— Et c’est à ce moment que je fus emprisonné à tort pour homicide. Tout ça à cause de mon ancien ami qui m’a planté là-bas. Évidemment ça a détruit mes liens familiaux, donc ma femme et mon gosse ne m’ont pas rendu visite, considérant que j’étais un monstre. Maintenant, je suis là pour me venger. De un, de toi. Parce que par je ne sais quelle magie, tu deviens le plus grand fugitif du pays et ils te libèrent au bout d’un mois. Alors que moi, je n’étais coupable de rien, et j’ai été enfermé dix ans en prison.
— Tu me jalouses ?
— Non, j’ai la rage. J’aurais pu être ce que tu es.
— Impossible, Franco. J’ai des pouvoirs, et toi, non. C’est ce qui a joué en ma faveur.
— Tu m’énerves !
Il appuie sur le détonateur, voulant tuer Thunderjack, mais ce dernier fuse à toute vitesse pour s’éloigner de la centrale en emportant Bomber avec lui. Tout explose, illuminant un instant la ville, puis la privant réellement d’électricité quelques secondes plus tard. Le bombardier se trouve dans les bras du héros, totalement subjugué d’y avoir échappé, ainsi que sa cible.
— Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu m’as sauvé ? demande-t-il.
— Parce que tu sais autant que moi qu’on n’ôte pas la vie d’un homme.
L’esprit de Franco se brise, se rendant compte de l’acte terrifiant qu’il vient de commettre. Il a laissé la rage l’emporter alors qu’il n’était pas capable de cela, dix ans auparavant.
— Je… J’ai changé, l’ami. Je crois que je ne suis plus le même.
— Je te le confirme. Mais cette fois-ci, je m’engage à ce que tu finisses réellement en prison pour quelque chose. Tu vas mériter tes années.
Et c’est ainsi que Thunderjack ramène Bomber au commissariat, fatigué et épuisé. Diaz s’occupe de gérer la situation et surtout de l’affaire Vega. Après un procès et quelques semaines supplémentaires en garde-à-vue, Franco Vega est condamné à sept ans d’emprisonnement pour tentative de meurtre et récidive.
— T’as fait du bon boulot, Al, dit le commissaire.
— Je n’ai fait que mon travail. Et je remercierai jamais assez le ciel pour ce qu’il m’a donné.
Diaz lui donne une tape sur le dos, avant de le laisser se reposer chez lui auprès de sa famille.
Plus tard dans la semaine, Franco reçoit la visite d’une proche en prison.
— Tu es venu, dit-il, les yeux pétillants d’espoir.
— Oui, répond-elle sèchement. Je suis venu te dire adieu. Et cette fois c’est pour de vrai. J’ai voulu reprendre contact avec toi à ta libération, il y a quelques mois, sachant que tu n’avais tué personne, pourtant tu as voulu le faire avec le héros de Mendoza. Et pour cela, tu es un monstre.
Vega s’effondre, les pleurs ruisselant sur ses joues jusqu’à ses cuisses. Il pose sa main sur la vitre les séparant, implorant la pitié de son ex-compagne. Elle pose sa main, le poing fermé, sur la vitre et lance :
— Tu n’auras pas ma pitié, Franco. Tu n’existes plus, ni pour moi, ni pour mon fils.
Sur ces mots poignants, elle s’en va, rejoint sa voiture, laissant son ex-mari en pleurs, fracassant tout dans sa cellule : lit, chaise, bureau, etc.

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