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tome 1, Chapitre 5 « THUNDERJACK #5 - Libérez Thunderjack ! » tome 1, Chapitre 5

La prison, c’est pas vraiment drôle. C’est le genre d’endroit où tu vis comme un chien, dans la sueur, la faim, la violence, la solitude et la peur. Évidemment, c’est mérité pour ceux qui ont commis un crime. Pas pour un père de famille qui n’a rien demandé, souhaitant simplement faire le bien. Mais le Président argentin veut faire les choses ainsi, prendre de simples précautions. Et ce, même si une partie du pays n’est pas d’accord. De nombreuses personnes sur les réseaux réclament le retour de Thunderjack avec le hashtag #FreeThunderjack. Mais cela n’atteint pas le chef d’État. Pour lui, ce ne sont qu’un peuple rêveur qui oubliera cet homme d’ici un an.

Pour le moment, Alvaro Martinez reste sage en prison : pas un pas de travers, pas une altercation. Il survit grâce aux visites de sa femme, qui le rassure sur la situation à la maison. Depuis sa condamnation, Alba n’est pas vraiment seule avec Bianca : les parents d’Al viennent souvent les voir. Il y a aussi le commissaire Hector Diaz, qui, depuis certains événements, vient lui rendre visite. Quelques conversations sur son état mental, son quotidien derrière les barreaux, et quelques anecdotes pour détendre l’atmosphère. Diaz contribue beaucoup aux bien-être des Martinez. Il a fait de leur sécurité une affaire personnelle.

À Mendoza, la vie continue. Sur la Plaza Independencia, les gens se promènent, se retrouvent, discutent, rient, chantent. L’été est encore présent et illumine la vie des vacanciers. Les touristes séjournent pour profiter de la fontaine et de la frise : La Libertad, esa gesta anónima. Un couple s’embrasse devant l’eau jaillissante, pendant que des enfants jouent au ballon, imitant Lionel Messi. Soudain, un tremblement se fait ressentir. Les secousses fendent le béton, déchirant la terre. Une créature monstrueuse frappe violemment le sol à l’entrée de la place. Les gens hurlent, appellent à l’aide — mais pour le moment, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, espérant que quelqu’un viendra les sauver. Une poignée de personnes s’empressent d’appeler la police et les secours. Au commissariat et à la caserne, c’est la panique : policiers et pompiers s’activent pour intervenir. Mais la bête est déjà là. Un jeune homme appelle sa mère, paniqué, les jambes tremblantes et le cœur battant à tout rompre.

— Maman ! Viens me chercher, vite ! C’est horrible ce qu’il se passe sur la place !

Assise sur son canapé, sa mère lâche la télécommande et part sans réfléchir. Pendant ce temps, la créature s’approche : massive, trapue, couvertes de bulles vert kaki qui suintent. Elle écrase tout sur son passage. Le sang orne ses mains, laissant derrière elle des flaques épaisses. Le jeune homme voit sa fin venir… Mais soudain, un klaxon retentit. C’est sa mère. Elle lui fait signe de se dépêcher. Alors il court, mais la créature est bien trop rapide. Dans un galop monstrueux, elle détruit tout sur son passage, projetant débris et corps. Et quand le garçon n’est plus qu’à quelques mètres de sa mère, la créature l’écrase. Les os se broient dans un bruit atroce, formant une purée mêlant sang et chair. Il meurt sur le coup, disparaissant sous le poing du monstre. Sa mère pleure toutes les larmes de son corps avant de rejoindre les restes de son fils… Mais elle se jette dans la gueule du loup en faisant cela. Soudain, un tir retentit. La police est là, essayant d’abattre le monstre de six mètres de haut. Il rugit, sentant la balle qui vient de frôler son épaule droite. Il se tourne vers les forces de l’ordre, le regard noir, et charge.

— Tirez ! hurle un officier.

Les balles fusent, mais aucune n’arrive à l’abattre. Certaines ricochent sur sa peau épaisse, d’autres éclatent sur ses pustules plaines de liquide vert, présentes partout sur le haut de son corps. Étrange d’ailleurs, ces excroissances, comme faite d’une couche caoutchouteuse. Enragée, la bête fonce sur eux, renversant plus d’une dizaine de policiers. Et l’horreur continue encore un moment, jusqu’à ce que la créature, épuisée, finisse par s’enfuir on ne sait où.

Les journaux révèlent que l’incident causé par Señor Green — c’est ainsi que les journalistes ont surnommé le monstre — a blessé trente-trois personnes et en a tué soixante-treize, dont une trentaine de policiers et une dizaine de pompiers. Pourtant, la police n’a pas lésiné sur les moyens, n’hésitant pas à sortir les armes lourdes. Mais… en vain. Ce jour-là, Mendoza a connu l’une des pires attaques de son histoire. Sur les réseaux sociaux, la population exprime sa peur et sa colère. Certains pensent à la mère qui a échappé à la mort mais perdu tout ce qu’elle avait : son fils. Heureusement que la police et les secours étaient ont pu sauver quelques vies. D’autres, au contraire, ont perdu toute confiance en eux. Ils demandent même le retour de Thunderjack. Lui, peut-être, pourrait faire quelque chose. Il n’y a qu’un super-héros pour vaincre un super-vilain.

Madame San Diego est dans son appartement, pleurant toutes les larmes de son corps et broyant du noir. Son cœur n’existe plus depuis la mort de son fils. La vie l’a frappée sans qu’elle n’ait rien demandé. Elle a déjà perdu son mari. Il ne lui restait que son fils. Maintenant, elle va devoir s’en sortir seule, haïssant le monde, s’enfonçant dans la solitude, n’ayant pour seule compagnie qu’un verre de vin rouge.

Au commissariat, Hector Diaz parle à ses officiers :

— Camarades. Nous faisons face à une catastrophe sans précédent dans notre province. Nous devons faire face, mais cette fois, ce ne sera pas à nous d’intervenir. On a perdu bien trop d’hommes. Le Président nous a demandé de rester en retrait et d’amener quelqu’un qui pourrait nous aider.

Un officier s’avance et demande :

— Alors, on ne pourra pas venger nos coéquipiers ?

— Si tu veux mourir, si. Sinon, non. Et je serais toi, je respecterais les ordres du Président.

L’agent ravale sa fierté et recule.

— Occupez-vous des petites infractions. Laissez-moi gérer cet affreux monstre.

Les policiers acquiescent et retournent à leurs tâches. Quant à Diaz, il a un plan.

L’appartement de Mariah San Diego est humide, froid, empreint de désarroi. Heureusement, Monsieur Achermann, son psychologue, est là pour tenter d’apaiser son mal. Assis sur une chaise, il la regarde allongée sur son canapé et prend la parole :

— Que ressentez-vous, madame San Diego ?

— Tellement de choses… Mais surtout de la culpabilité, dit-elle en sanglotant.

— Pourquoi vous sentez-vous coupable ?

— Je n’ai rien fait. Je l’ai attendu. Une mère doit aider son fils dans n’importe quelle circonstance. Et moi, je n’ai rien fait !

— Pensez-vous ne pas avoir fait de votre mieux, Mariah ?

— Bien sûr que non ! Je n’ai rien fait, je vous dis ! hurle-t-elle.

— Et si vous l’aviez rejoint, que se serait-il passé ?

Elle hésite avant de répondre, déboussolée :

— Peut-être qu’on aurait connu la même fin.

— Est-ce ce que vous vouliez ?

— Je ne sais pas…

— Vous voulez autre chose, peut-être ?

— Sa mort, répond-elle froidement.

— La mort de qui ?

— De celui qui m’a privé de mon fils.

C’est la vengeance qu’elle veut.

Pour l’instant, Diaz se rend au pénitencier de Mendoza. Au parloir, il retrouve Alvaro. Ce dernier affiche un visage serein, presque joviale, comme si la prison n’avait aucun effet sur lui. Peut-être cache-t-il bien son jeu… ou peut-être est-il simplement soulagé de voir Hector plus tôt que d’habitude.

Le commissaire s’assoit.

— Tu vas bien, Al ?

— Rien n’a changé depuis.

— Bon ? Cette fois, c’est du sérieux.

— Du genre ?

— Mendoza court à la catastrophe. Une espèce de créature a détruit la Plaza Independencia et a fait une centaine de victimes.

— J’ai quoi à voir là-dedans ? Ça ressemble à une attaque terroriste.

— Les forces de l’ordre ne peuvent rien faire. On a même sorti les armes lourdes.

— Vous vous êtes coltiné un tsunami ou quoi ?

— Non. Un surhomme. Comme toi. Sauf que lui est intouchable.

— Il utilise la foudre ?

— Non, sa force. Mais le Président compte sur toi. Il nous a donné l’ordre de te libérer pour venir à bout de ce monstre.

— Vous placez beaucoup d’espoir en moi. Pourquoi je ferais ça alors que vous m’avez mis ici ?

— Parce qu’on a peut-être fait une erreur. Et c’est à toi de nous le prouver, Alvaro.

Martinez affiche un sourire. Il est déterminé à prouver qu’il peut aider Mendoza, coûte que coûte. Diaz s’occupe de le faire libérer. Alvaro sort avec un garde du pénitencier. Hector le regarde et lui serre la main.

— T’es prêt, Al ?

Maintenant libéré, il affiche une joie presque mélancolique. Il va peut-être pouvoir retrouver sa famille après autant de temps. Mais pas le temps de pleurer ou de tergiverser, il a l’avenir de Mendoza entre ses mains.

— Je suis prêt, répond-il, déterminé.

Hector lui tend une valise ouverte. À l’intérieur, le costume d’Alvaro. Ce dernier le prend et l’enfile.

Sur la Plaza Independencia, tout est détruit. Le sol est jonché de débris, de taches de sang et de corps en bouillie laissés là. Même après trois jours, rien n’a changé : pas assez d’effectifs pour tout déblayer, et la police maintient la zone bouclée. Devant ce décor d’horreur, une foule s’est formée, observant deux silhouette : le commissaire Diaz et Thunderjack. Une posture divine émane de lui : le pied sur un rocher, les mains au bassin, le regard porté sur l’horizon et sa robe dansant dans le vent. Certains le filment pour l’envoyer à leurs potes ou sur les réseaux sociaux. Voilà enfin le retour d’un homme que tout le monde attendait : leur super-héros.

— Vous pensez qu’il viendra ? demande Alvaro.

— J’en sais rien. Je l’espère, répond le commissaire.

— Vous avez une idée de la raison pour laquelle il a détruit la place ?

— Aucune. Il n’a pas dit un mot.

— Alors, on va attendre comme ça, là ?

— Je crois bien qu’on n’a pas le choix…

Al regarde Hector dans les yeux, puis lance :

— Pierre, feuille, ciseaux ?

— Non.

Alvaro insiste du regard. Diaz hausse un sourcil et demande :

— Attends… T’es sérieux ?

L’homme de foudre tend sa main serrée.

— Oui, répond-il.

Alors le chef des forces de l’ordre fait de même, et l’affrontement commence. Pierre, feuille, ciseaux… Diaz fait la feuille, Al fait la—

— Pierre ! hurle une femme parmi la foule.

Une énorme roche arrive droit sur eux. Thunderjack place sa main, crépitante d’électricité, afin de la détruire. Il y parvient.

— Hector, cachez-vous ! Je m’en occupe.

La foule hurle : la créature est de sortie. Elle est là, imposante et rugissante, montrant ses crocs salis par le sang de ses victimes. Soudain, elle charge sur le héros, galopant jusqu’à lui. Elle lui assène un coup, mais n’arrive pas à l’atteindre. Thunderjack crépite encore d’électricité sur tout le corps, créant un bouclier qui le rend intouchable. Le monstre rugit à nouveau, exprimant sa colère, balançant sa salive sur son ennemi et le ruant de coups, mais Thunderjack reste inatteignable. La colère monte en Alvaro ; alors il prend un débris au sol, le transforme en un amas de foudre et le balance à la gueule de Señor Green, mais en vain. Le combat semble compliqué : deux hommes intouchables, l’un grâce à son bouclier électrique, l’autre grâce à sa force surnaturelle. Les gens commencent à avoir peur. De leur point de vue, c’est le monstre qui assène le plus de coups. Alors ils scandent le nom de leur héros pour le soutenir. D’autres personnes, depuis les rues voisines ou les immeubles, voient la scène et accourent à leur tour. Ils scandent eux aussi le nom du héros. Thunderjack les entend et retrouve un regain de détermination. De toutes ses forces, il balaie la main de son ennemi, monte dessus, puis lui décroche un violent coup de pied à la tête. Mais encore une fois, il n’a rien. La créature attrape Alvaro d’une main — pourtant crépitant d’électricité — puis le balance au sol avec une violence inouïe.

Une femme dans la foule hurle, comme si elle plaçait tout son espoir en Thunderjack. À vrai dire, c’est le cas. Elle s’avance un peu et crie :

— Thunderjack ! Lève-toi ! T’es le seul à pouvoir venger mon fils ! Détruis-le !

C’est bien madame San Diego. Elle attendait son retour pour voir cette affreuse créature mourir.

Thunderjack se relève, mais il a compris que les coups ne serviraient à rien. Alors il scrute rapidement le corps de cette chose imposante. Il voit ces espèces d’énormes boutons caoutchouteux, remplis d’un liquide vert fluo, qui ornent le haut de son corps. Alvaro comprend qu’il ne peut pas les percer : sinon, les balles l’auraient déjà fait à sa place. Alors il se colle à Señor Green, le corps empli d’électricité.

— Pourvu que ça marche…, se dit-il.

Il se concentre pour que le monstre soit, lui aussi, traversé par la foudre. Pour l’instant, rien ne se passe. La foule attend, stressée, pleine de doute. Diaz, lui, reste confiant : il a compris. Le monstre commence à imploser à cause de ses pustules vert fluo. Chacune, à leur tour, éclate, et la créature s’effondre. La foudre du héros a infiltré les fluides du corps du monstre, faisant exploser sa vitalité. Le monstre est maintenant au sol, à bout de force. La foule s’approche, fière, scandant le nom de son héros. Diaz, lui aussi, s’avance pour épauler son ami. Quant à Señor Green, il n’est plus le même. L’affreuse chose est redevenue humaine. Thunderjack le regarde, puis zieute Hector.

— Alors, c’est un humain…

— Je crois bien, oui, répond Diaz.

— Vous pensez qu’il a eu des pouvoirs comme moi ?

— Je vais l’amener à l’hôpital pour le remettre sur pied. Ensuite, je le questionnerai.

— Non ! s’exclame une femme, tenant une arme qu’elle pointe sur Señor Green.

— Wow, wow ! On se calme ! Baissez votre arme, madame ! s’écrie Alvaro.

La tension remonte d’un cran. Les gens ont peur. Un gamin, dans la foule, commence à pleurer — et ça, Martinez le remarque.

— Vraiment, madame, baissez votre arme. Vous effrayez un gosse.

— Vous ne savez pas ce qu’il a fait ! Il mérite la mort !

— Non. Personne ne mérite la mort.

— Il a tué mon fils ! hurle-t-elle.

Thunderjack se téléporte à côté de Mariah grâce à sa vitesse et lui saisit la main, la levant en l’air. Elle tire… mais personne n’est blessé : elle a tiré en l’air sans s’en rendre compte.

— Donnez-moi ça, demande Thunderjack.

Elle le regarde dans les yeux, les larmes maquillant son visage. San Diego est déboussolée, réalisant son geste. Alors elle lâche son arme, la donnant à Alvaro. Diaz n’a d’autre choix que de la menotter.

— Je suis désolé, madame.

Thunderjack ramasse le corps de Señor Green, et lui et le commissaire partent pour l’hôpital de Mendoza, sous les applaudissements de la foule.

Quelques heures plus tard, Hector discute avec Alvaro de la situation, posé dans sa voiture.

— Je tenais à te remercier, et je ne serai pas le seul.

— Je n’ai fait que ce qu’on m’a demandé. Et je l’aurais fait de moi-même.

— Sûrement, affirme Diaz en poussant un léger rire. D’ailleurs, j’y pensais… tu voudrais pas rendre visite à ta famille ?

— J’en meurs d’envie depuis que je suis libre, Hector !

Il pose ses mains sur le volant et s’écrie :

— Alors allons-y !

Tous deux partent à l’appartement des Martinez. Une fois là-bas, Bianca et Alba se jettent dans les bras d’Al. Les larmes de joie ruissellent sur tous les visages… Oui, même celui de Diaz. Tout est de retour à la normale… enfin, presque. Quand les étreintes sont terminées, Hector s’adresse au père de famille :

— Bon… Al. Il faut que je te parle sérieusement.

Il soupire, baisse les yeux et lance :

— C’est bon. On peut y aller.

Il ouvre la porte de son appartement pour partir.

— Non, pas du tout. Le Président m’a dit que si tout se passait bien, et que tu prouvais que t’étais un vrai héros, il te laisserait en totale liberté.

— Tu déconnes ?!

— Je suis sincère, Al.

— Oh, bon sang ! Ça, c’est génial !

— Haha, oui. Mais il y a une condition, reprend-il d’un ton sérieux.

— Laquelle ?

— T’es prêt à être un héros pour l’État argentin ? Servir la sécurité des gens en bossant à nos côtés ? Tu toucherais un salaire pour ça. Ça t’éviterait de devoir rester chez toi à appeler des gens de neuf heures à midi.

— Évidemment ! Ce serait dément !

— Alors, bienvenue dans la police de Mendoza, Thunderjack, dit-il en lui tendant la main.

Alvaro la serre et sourit.

Ça y est. Alvaro est enfin le héros de la ville ! C’est le début des aventures de THUNDERJACK !


Texte publié par Ruza Riku, 7 novembre 2025 à 07h59
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