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tome 4, Chapitre 1 « Le trésor enfuit » tome 4, Chapitre 1

Ils étaient tout proche du but. La goélette voguait sur des flots tranquilles et l’île était en vue à l’horizon. L’équipage s’affairait sur le bateau mais plusieurs marins étaient désœuvrés. Après s’être échappés du siège de la cité pirate du serpent, les rescapés s’étaient lancés sur l’océan avec les bateaux disponibles. L’équipage dirigé par lady Black s’était enfuit à bord de ce petit navire et se retrouvait avec plus de marins qu’il n’en avait besoin.

Charles et Enrique n’étaient pas occupés et, accoudés au bastingage, devisaient en regardant l’île approcher lentement.

- Lady Black n’avait pas menti, fit Charles. La carte au trésor enfouit est authentique.

- Comme si t’en avais jamais douté, répondit Enrique taciturne. On l’a tous suivie avec des doutes.

Le français eut un sourire amusé envers l’espagnole.

- Certains plus que d’autres.

- Ouais… ça va. Si ça s’trouve, y’a rien sur cette île.

- Il semble y avoir de la verdure. A défaut d’or, on trouvera du ravitaillement. Vu notre nombre, il va falloir des provisions.

- Si y a pas d’or, les premières provisions seront la capitaine et sa catin que les gars feront rôtir.

Le sourire de Charles s’élargit.

- Alors c’est ça ton problème, ricana-t-il. Je croyais que c’était juste parce que c’était une femme.

- Les femmes sur les bateaux, ça porte malheur. Mais en plus …

- Mais en plus quand elles lutinent les jolies prisonnières à la place des butors, ça porte doublement malheur, c’est ça ?

- Non. C’pas catholique. Ça va nous attirer les foudres des cieux.

Le français observa un instant le ciel azur. En dehors de quelques nuages blancs, tout était limpide. On ne pouvait pas dire qu’une divinité quelconque s’apprêtait à les foudroyer. Même le vent était bon. En fait, si les hommes n’étaient pas obnubilés par l’or et un peu inquiets pour les vivres, la navigation serait idéale.

- T’occupe pas de ce que fait la capitaine, finit-il par répondre. C’est ça qui te portera malheur.

- Ça te fait rien à toi ?

- A part envier la capitaine ? Non pas vraiment.

- Retiens bien c’que j’dis, ces diablesses vont causer notre perte.

Charles avait toujours trouvé amusant la bigoterie de certains de ses confrères. Se lancer dans des pillages sanglants pour commettre des vols n’étaient pourtant pas dans la définition d’un homme pieu. Du moins la dernière fois qu’il avait lu la bible, ce qui remontait à une autre vie.

Il voulait encore titiller Enrique mais la capitaine fit son apparition sur le pont. Lady Black était une femme grande et athlétique, vêtue d’une chemise et d’un pantalon comme son équipage. Au delà de sa taille et d’un indéniable charisme, son histoire impressionnait l’équipage. On la disait la dernière rescapée de l’équipage de Barbe noire, lorsqu’il avait revendu les esclaves qu’il avait sauvés pour obtenir une grâce. Elle s’était battue pour s’enfuir et avait rejoins la première bande de forbans. Elle avait dût émasculer quelques pirates trop sûrs d’eux qui voulaient l’obliger à quelques faveurs sexuelles car la liberté des femmes était variable aussi chez les flibustiers.

Rapidement, à coups de sabre et de mousquets, lady Black avait grimpé la hiérarchie dans son équipage. Elle avait choisi son nom pour afficher ses origines en adoptant la langue anglaise pour se démarquer des marchands français qui l’avait achetée plus jeune dans son pays natal. Aujourd’hui, tout le monde disait qu’elle était une combattante et une capitaine hors pairs.

Ou presque mais, en l’occurrence, Enrique ne dit plus un mot. Il regardait la jeune femme qui suivait de la pirate. Miss Penny Wealthington attirait les regards. Blonde aux yeux bleus et aux joues légèrement roses, elle avait la peau aussi blanche que celle de son amante était noire.

Fille d’un gouverneur anglais, l’équipage de lady Black l’avait enlevée pour une rançon. On ne touchait jamais aux prisonniers riches puisqu’ils devaient être rendus en bon état. Personne ne sut comment la capitaine l’avait emmenée jusqu’à sa couche, mais ce n’était certes pas par la force.

Du reste, la jeune femme suivait la capitaine sans contrainte aucune. Elle avait adopté des attitudes un plus rustres et s’était habillée à la mode de l’équipage. Sa belle éducation partait à veau-l’eau entre les bras de lady Black.

La capitaine observa l’île désormais à portée.

- Parfait commenta-t-elle. Mettez les chaloupes à a mer.

- Pas si vite …

Smithee, un pirate qui avait rejoins l’équipage lors de la fuite de la cité, s’avançait, une main sur un pistolet à sa ceinture.

- On veut savoir qui va chercher l’trésor et qui des provisions. Pour pas qu’certains partent pendant qu’d’autres ont l’dos tournés.

- Qui veut savoir ?

Plusieurs mains se levèrent. C’était une minorité mais assez importante pour faire du grabuge. Pas décontenancée, lady Black eut un petit rire.

- Voilà ce qu’on va faire. Ceux qui ne me font pas confiance iront chercher le trésor avec moi. Pendant ce temps …

- Rien du tout. Donne la carte, catin !

Simthee s’avança en sortant son pistolet mais un poignard se planta soudain dans sa poitrine. La capitaine l’avait lancé en un éclair. Un acolyte du renégat dégaina alors son épée mais Charles s’interposa et transperça le quidam de sa propre arme.

- Merci Charles

- J’ai encore quelques réflexe de ma vie de mousquetaire, capitaine.

Lady Black se tourna vers l’équipage.

- Évitons une bataille. Je donne la carte à ceux qui veulent aller chercher le trésor. Ce n’est pas comme s’ils pouvaient aller loin sans le bateau.

L’équipage se rendit à l’évidence. Pour ou contre la capitaine, ils étaient tous codépendants. Le petit groupe d’ex-mutins prit la carte, monta dans des chaloupes et commencèrent à s’éloigner vers de l’île.

Les regardant, la capitaine lança à Charles.

- Vu notre nombre, comment évalueriez-vous nos stocks de nourritures et d’eau.

- Correct, répondit Charles.

- Alors levez l’ancre ! Sans remords !

Elle se tourna vers l’équipage restant.

- Personne n’est assez bête pour enterrer un trésor. Cessez de croire ces fariboles. Je prévoyais de nous approvisionner ici puis de repartir vers le sud. Il y a de l’argent à faire là-bas. Maintenant que l’équipage est réduit, nous n’avons plus besoin de rester. Ni besoin de traîtres.

Le reste de l’équipage était dévoué à lady Black et se remit au travail pour le départ. Charles s’approcha de la capitaine.

- Tout était faux ? Pas de trésor ?

- Personnellement, j’ai tout ce qu’il me faut ici.

Elle prit Penny par la taille et la serra contre elle.

- Le reste, on s’arrangera toujours.


Texte publié par Darklord, 8 décembre 2025 à 18h00
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