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tome 1, Chapitre 1 « Créature nocturne » tome 1, Chapitre 1

C’était le beau milieu de la nuit, ce moment où tout est silencieux, où plus rien ne bouge. Tout le monde dort. Sauf Elton Alteros.

D’habitude, à cette heure-ci, il dort à poings fermés. Oui mais ce soir, il a cassé sa machine à bruit blanc. Cette machine qui émet un bruit faible et à la tonalité constante qui permet à certains de se relaxer et favorise l’endormissement. Elton l’utilisait surtout pour couvrir les craquements des poutres de bois de son appartement et les bruits de la rue.

Ce soir, il l’avait fait tomber en donnant un coup de pied dans la table de nuit en se remémorant une imbécilité de plus de ses subordonnés au travail. Célibataire de longue date, monsieur Alteros était de ceux qui consacraient leur vie à leur job. Et qui ne comprenaient pas que les autres n’en fassent pas autant.

Son mouvement de colère eut pour conséquence la chute de sa machine qui refusa par la suite de s’allumer. L’énervement d’Elton n’avait donc fait que croître. Ce qui n’était guère conseillé pour s’endormir. Cela, plus les milles et un petits bruits de la nuit, lui tapaient sur le système. Et alors que la nuit était déjà si avancée, il ne trouvait pas le sommeil.

Un petit claquement se fit entendre et il crut d’abord que les poutres se remettaient à chanter. Mais un second petit claquement retentit, puis un autre, puis encore un autre et, en dressant l’oreille, Elton s’aperçut que le bruit était trop régulier pour les poutres et venait de dehors.

Découvrant qu’il avait soif, il se leva et se rendit dans la cuisine. Il se servit un petit verre d’eau qu’il but d’une traite. En reposant le verre, son œil fut attiré par une ombre à l’extérieur au niveau de la rue. En s’approchant, il vit en contrebas une silhouette qui cheminait lentement dans la rue et qui tenait un long bâton de bois. C’était le choc du bâton sur le bitume qui provoquait le claquement qu’il entendait depuis tout à l’heure. Le passant portait un long manteau et avait rabattu une capuche sur sa tête.

Se demandant quel type d’ahuri se promenait dehors à une heure pareille, qui plus est avec un tel ustensile, Elton ouvrit la fenêtre avec l’intention d’invectiver l’imbécile qui s’éloignait. Il ne craignait rien, son appartement était au premier étage et il était hors de portée de l’individu s’il s’avérait être une sorte de détraqué.

L‘inconnu avançait et l’insomniaque entendit qu’il disait quelque chose. Il parlait d’une voix égale, en continu, comme s’il récitait quelque chose. Mais il était impossible de comprendre de quoi il s’agissait d’aussi loin.

- ‘Pouvez pas faire moins de bruit avec votre manche à balai, crétin ?

L’individu s’arrêta de marcher. Mais pas de parler. Il se tourna lentement. Tant mieux. Il verrait qu’Elton Alteros ne s’en laissait pas compter. Qu’il n’avait pas peur de confronter les demeurés qui faisaient du bruit à des heures indues. Qu’il … qu’il n’était presque pas tombé de frayeur en se raccrochant au bord de la fenêtre.

Dans un premier temps, le visage de … de quoi que ça puisse être semblait avoir été celui d’un vieillard. Mais la lumière crue d’un lampadaire montra que la peau parcheminée semblait plutôt écailleuse. Ce qu’il avait pris pour une barbe était en fait des touffes de poils gris sortant de sous chaque plaque squameuse. Mais le pire, ce fut lorsque la lumière se refléta sur des dents acérées et des yeux orange.

Elton se recula à l’intérieur de la pièce, le cœur battant, une sueur froide lui parcourait le dos. Qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce que ça pouvait être ? Son esprit hermétique toute idée fantaisiste reprit le dessus. Il avait bien vu le visage étrange mais c’était sûrement un masque. Il s’agissait d’un imbécile avec un masque d’halloween, et d’autant plus un imbécile qu’on était déjà fin novembre.

Pourtant, il ne se sentit pas complètement rassuré en approchant à nouveau de la fenêtre. Dans la rue, le mauvais plaisantin masqué était toujours là. Il le regardait en récitant toujours sa litanie incompréhensible. Elton avait beau se dire que ce n’était qu’un idiot parmi d’autre, il se sentit frissonner de peur. Il ressentait une sorte de terreur instinctive, quelque chose qui était ancrée en lui, dans ses gènes depuis des millénaires et qui refaisait surface aujourd’hui. Tout lui disait qu’il était en danger.

- Laisse dormir les honnêtes gens connard.

Elton avait voulu crier mais sa voix se perdit sur la fin. Il referma vivement la fenêtre et laissa tomber lourdement le volet roulant. Dans la pénombre, il alla se servir un nouveau verre d’eau qu’il but d’un trait. Sa gorge état étrangement sèche. Il faillit lâcher son verre en voulant le poser dans l’évier. Il s’aperçut que ses mains tremblaient. Les battements de son cœur ralentissaient lentement, trop lentement.

Ne sachant pas quoi faire d’autre, Elton se dirigea doucement vers sa chambre. Il était évident qu’il n’allait pas pouvoir dormir mais il semblait agir par instinct. En passant devant la porte d’entrée, un coup sourd retentit contre le battant et il sursauta. Ce n’était pas comme ça que le bois travaillait. Il sentit une boule d’effroi se former dans son ventre comme une épée qui lui aurait traversé les entrailles. Quelque part, il savait ce qu’il y avait derrière la porte.

Il s’approcha pour regarder à travers le judas mais il eut confirmation de ses craintes avant de voir quoi que ce soit. Affaibli par la porte, il entendait pourtant clairement la psalmodie de la créature. Des mots qui ne voulaient rien dire. Un deuxième coup sourd du bâton contre la porte.

Comment cette chose était entrée dans la cour intérieure ? C’était impossible.

- Cassez-vous ou j’appelle les flics !

La voix d’Elton tremblait tellement qu’il n’était pas convaincu lui-même. Pris d’une folie galopante, il monta les marches de l’escalier quatre à quatre, fonça dans sa chambre et referma la porte à clef. Il y eut un autre coup contre la porte d’entrée.

Dans le noir, Elton regagna son lit et se recouvrit de ses couvertures comme un gamin effrayé. C’était ce qu’il était en ce moment même. La litanie de la créature semblait encore raisonner à ses oreilles. Et son cœur faillit s’arrêter lorsqu’il entendit un nouveau coup sourd. Cette fois contre la porte de sa chambre.


Texte publié par Darklord, 29 septembre 2025 à 13h09
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