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tome 1, Chapitre 5 « Antelhor » tome 1, Chapitre 5

Gabriel poursuivit son exploration de la pièce. Il s’imprégnait de l’ambiance, des objets insolites qui s’y trouvaient. Il saisit plusieurs objets en bois, les souleva, les caressa. Pas de doute possible. Il connaissait trop bien les différentes essences de bois : celui-ci, veiné de minuscules filaments vert émeraude, n’existait pas sur Terre. Mazette... Commençait-il vraiment à se faire à cette idée farfelue de se trouver ailleurs ?

Ce qui l’intrigua le plus fut un étrange cadran disposé sur le mur. De métal et de roche, il paraissait extrêmement ancien. Il se composait de trois disques empilés et d’une quinzaine d’aiguilles argentées de tailles diverses. Il sourit quand il découvrit un affichage LED au centre : en fait, il n’en était déjà plus surpris ! Ici, tout semblait possible...

Roussette s’affairait avec énergie, déplaçant des livres pour libérer un second siège qu’elle vint placer devant l’ordinateur.

Puis elle agita la main, comme pour chasser une mouche. Le PC se mit en route, la fenêtre se ferma et un store descendit à mi-course.

— Waouh, ta cabane est équipée en domotique ? interrogea Gabriel, impressionné.

— Ah. Ça. Non... C’est... C'est Oriven. Euh... De la magie, quoi.

Gabriel écarquilla les yeux et faillit s'étrangler:

— Comment ? De la magie ? Comment tu fais ça ?

— Crois-le ou non, ça s’apprend ! Ça se pratique dans plein de fractéons. Si tu veux, je t’expliquerai, mais plus tard.

Roussette s’installa devant le PC, et ouvrit plusieurs applications.

OK, reçu cinq sur cinq : les règles étaient différentes ici. Il appuya ses poings sur ses yeux, souffla un grand coup et capitula. Il décida qu’il pouvait bien s’en accommoder tant qu’il traînerait dans les parages. Il serait toujours temps plus tard de reprendre ses petites manies, dans son appart’ par exemple, où les appareils se déclenchaient simplement en appuyant sur des boutons...

Il s’intéressa un peu plus à sa jeune hôtesse.

— T’es pas un peu trop jeune pour vivre seule, comme ça, au milieu d’une forêt ?

— Eh, fit-elle avec humeur, j’ai pas l’air comme ça, mais j’ai 15 ans et demi ! Je fais partie des Veilleurs depuis presque 3 ans, et ça fait bientôt 10 mois que je suis en poste à la cabane. Je suis compétente et responsable !

Bien. Voilà qui posait certaines bases : Roussette semblait plutôt susceptible concernant son âge. A vrai dire, cela l’amusa : il se revoyait, au même âge, tenant tête à son père avec des idées toutes plus loufoques que les autres. À cette époque, il se sentait invincible, capable de déplacer des montagnes et d’affronter le pire des dragons. Chose que, potentiellement, il risquait peut-être de croiser réellement ici. Chassant cette idée dans un frisson, il poursuivit :

— Et quand tu recueilles pas de pauvres types comme moi, tu fais quoi ?

Roussette n’eut pas le temps de répondre. D’un geste vif, elle le pria de s’asseoir à côté d’elle. L’écran diffusait l’image d’un homme d'âge moyen, aux cheveux bleus et à la mine passablement contrariée. Celui-ci siffla :

— Roussette, pourquoi appelles-tu aujourd'hui ?

— Messire Pahui, bonjour. Je sais très bien quel jour on est. Seulement, je dois m’entretenir avec quelqu’un qui pourra m’aider. Voici Gabriel. Il est arrivé tout à l’heure, alors que le cadran n’indiquait aucun passage aujourd’hui. Il n’a pas suivi le protocole, ne devrait pas être ici et ne comprend pas ce qui lui arrive. J’ai besoin d'un coup de main pour le renvoyer chez lui.

Pahui fronça les sourcils, le considéra avec rigueur et déclama :

— Nom, qualité, fractéon et localisation de la porte ?

Gabriel ne comprenait rien à tout ça. Roussette vint à son secours :

— Il te demande ton nom, ton métier. Ton fractéon, je te l’ai dit, c’est la Terre, avec son soleil. La localisation, c’est où tu étais... tu sais, avant d’être ici...

Gabriel balbutia :

— Je m’appelle Gabriel Antelhor. Je vis à Élaris-sous-Bois, et je suis ébéniste. Je travaille dans l’atelier de M. Weber, au centre ville. Et ce matin, j’étais dans le Parc des Lanternes.

Sans lâcher Gabriel du regard, Pahui murmura:

— Antelhor..... Vraiment? Un instant.

L'image bascula sur un sablier rotatif, ce qui agaça Roussette. Gabriel tenta:

— On a été coupés?

— Non!

L'image revint, affichant une nouvelle interlocutrice, une très belle femme à l'allure sévère dont la voix tonna:

— Roussette, es-tu consciente de ce qu'il vient de dire?

— Euh, quoi?

— Son nom! Le parc!

— Et alors?

— Jeune fille, vous me décevez! Roussette, il s'appelle Antelhor! Tu dois me l'amener à Valdros, au plus vite. Je vous attendrai au Foyer avant la mi-di. Allez, file.

La connexion fut coupée dans la seconde, laissant Gabriel et Roussette remarquablement abasourdis.

Bouche bée, Gabriel regarda Roussette, qui haussa les épaules:

— Oui, ben j'en sais pas plus que toi, hein. Mais on va devoir bouger: Dame Iskarine n'est pas quelqu'un qu'on fait attendre...

— Non non, je ne vais pas à... Val d'eau, moi. Je veux rentrer à Élaris.

— Valdros. C'est la cité principale des Lanternes, où on trouve le siège de l'Ordre des Veilleurs. Écoute, je sais bien que tu veux rentrer, mais moi je suis larguée. Donc, soit tu restes là jusqu'à la fin des ères, soit tu viens avec moi. Et si ça peut te rassurer, j'avais pas prévu de quitter la cabane non plus. Sans parler que ça va m'obliger à revoir Pahui!

Ah c'était trop fort: au lieu de retrouver son quotidien, voilà qu'il s'enfonçait de plus en plus dans cette folie. Mais Gabriel devait avouer qu'un détail l'avait non seulement bouleversé, mais intrigué au plus haut point:

— C'est quoi cette histoire avec mon nom? Tu peux m'éclairer?

— Aucune idée... Même si, a priori, je suis censée savoir, puisqu'elle m'a littéralement incendiée! Mais c'est sûrement important, pour que Dame Iskarine intervienne. Peut-être qu'au Foyer j'y comprendrais quelque chose. Je vais rassembler quelques affaires, et on partira.

Gabriel se leva, agacé:

— Mais c'est pas possible... C'est quand que ça s'arrête?

Il soupira de plus belle, mais savait aussi au fond de lui qu'il n'avait pas le choix. Il fut presque surpris de la rapidité avec laquelle, cette fois, il acceptait l'évolution de la situation:

— D'accord, on y va. Je te suis.


Texte publié par Hiraeth, 22 août 2025 à 13h01
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