Microfiction réalisée dans le cadre des Défis du Chaudron:
Standard (jusqu'à 1.000 mots)
Objet/chose « télévision » - Émotion/état « remord » - Couleur « miel »
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Les herbes hautes étaient encore humides de la pluie tombée dans l’après-midi. Les perles d’eau scintillaient dans la pâle clarté du jour qui s’étiolait. L’un d’elle effleura son bonnet et en mouilla tout un côté.
Il courait, veillant à ne pas perdre le délicat contenu de son panier. Les feuilles étaient soigneusement rangées, et recouvertes d’un fin tissu à carreaux rouges et blancs. Il ne devait pas en perdre.
Il avait fait une bêtise, il le savait bien. Sa gourmandise avait encore une fois été plus forte que lui ! Mais c’était tellement bon... Savoureux... Et juste à portée de ses mains... Il n’avait pas pu résister.
Accablé de remords, il avait alors décidé de prendre ses responsabilités. Il devait aller cueillir de quoi remplacer ce qu’il avait avalé. Sans en parler à quiconque, il s’était faufilé hors des limites du village, armé d’un panier et d’un soupçon de courage.
Heureusement, un champ bien fourni n’était pas si loin, et suffisamment éloigné de la chaumière délabrée pour ne prendre aucun risque.
Avec ce qu’il rapportait, il pourrait se faire pardonner. Même si le vieux barbu pardonnait assez facilement, mieux valait faire profil bas. Surtout s’il avait eu besoin de ces ingrédients pour ses expériences.
Et comme ça, son voisin à lunettes n’aurait pas l’occasion de lui faire la morale ! Peut-être même était-ce cela, qui l’avait décidé à affronter les dangers de la forêt, bien plus que les potentielles réprimandes de leur grand chef ! Qui pouvait bien être capable de supporter ses interminables allocutions, remontrances et autres dissertations ?
Craignant de s’égarer, il s’arrêta à l’intersection entre deux coquilles d’escargot vides. Il en profita pour reprendre un peu son souffle : il n’était pas le plus agile des habitants du village et n’avait pas l’habitude de courir autant.
Par où était-il passé tout à l’heure ?
Un brin de muguet faisait tinter ses clochettes nacrées un peu plus loin, sur la droite : oui, ce devait être par là. Évitant quelques brindilles, il sautilla sur le sentier et se dirigea vers les fleurs blanches. Arrivé à leur hauteur, il ralentit.
N’avait-il pas entendu quelque chose ?
Il ajusta son pas sur sa respiration, l’oreille attentive. Ses pieds légers ne faisaient aucun bruit, le tissu qui les enveloppait modérant également le son de ses pas.
Il progressa ainsi sur plusieurs mètres, les sens en alerte, mais ne décela pas de danger.
C’est alors qu’il entendit un souffle briser l’air moite du début de soirée. Il se précipita sous un pissenlit, son panier collé contre sa poitrine. Son cœur battait la chamade. Il ne manquait plus que ça ! La buse passa en trombe juste au-dessus de lui : elle n’avait pas vu où il s’était réfugié et repartit – désabusée. Un long "piiiiiiéééééééé", un peu traînant, presque mélancolique, se fit entendre jusqu’à ce qu’elle rejoigne à nouveau les hauteurs dans de grands mouvements d’ailes.
Il devait être plus prudent s’il ne voulait pas servir de dîner ! Ce qui serait un comble pour lui... Mais heureusement, ce n’était pas non plus un chat miséreux qui s’était lancé à sa poursuite : il aurait eu bien plus de difficultés à s’en débarrasser.
Allez, inutile de se triturer la cervelle : il fallait qu’il soit rentré av
ant que le programme ne débute.
Après cet incident, le bas de sa culotte était trempé, noir de boue, mais le panier n’avait rien lâché de sa précieuse cargaison.
L’obscurité gagnait du terrain, et facilita son orientation : les lumières de la maison étaient comme un phare pour lui. Le village n’était plus loin.
Encombré avec le panier, il eut quelque mal à se hisser en haut des marches. La fissure sur le côté de la porte lui octroya le passage habituel et il avança avec précaution sur le plancher de chêne ciré.
Il se colla contre le mur, invisible dans l’ombre, lorsque la maîtresse de maison passa devant lui. Prudence, les enfants étaient peut-être déjà dans le salon ?
Passant la tête au coin de l’entrée, il fut rassuré de voir que la pièce était encore vide. Le poste de télévision, sur la grosse commode en bois, était déjà allumé.
Vite, il devait se dépêcher !
Risquant la traversée entre le canapé et la commode en terrain découvert, il se glissa avec hâte sous le meuble. A l’abri d’éventuels curieux entre le mur et le meuble, il gravit les parois striées d’encoches pour accéder à la plateforme où se trouvait l’appareil. Après un dernier regard pour être certain d’être seul dans la pièce, il contourna le poste et se trouva devant l’écran.
Fasciné, il regarda avec tendresse une jeune femme, cheveux blond miel capturés dans une queue de cheval bondissante, chanter devant un décor animé. Son profil était mémorable depuis qu’un dessinateur facétieux en avait croqué le nez avec humour.
Le petit lutin bleu s’approcha avec son panier de salsepareille et disparut dans l’écran. Seule une petite étincelle marqua son passage, alors qu’il rejoignait le village sur une musique enjouée...
Il y a longtemps loin d'ici
Vivaient dans un pays
Étrange et merveilleux
Des p'tits lutins joyeux…
(Cette œuvre est une fiction inspirée d’univers existants. Elle n’a aucun but commercial et ne prétend pas être affiliée aux ayants droit des œuvres originales.)

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