Un trois-mâts frayait son chemin à travers l'écume, filant droit vers sa destinée.

Le capitaine du navire scrutait les environs de sa longue-vue.

Pas de terre, pas de terre.... La vigie ballait aux corneilles.

Alors, pour s'évader de cette monotonie, plusieurs membres de l'équipage ouvrirent un livre.

Ils y découvrirent maints récits d'aventures, de contrées lointaines.

Ce n'était pas grand-chose, mais cela maintenait leurs espoirs.

Les îles fictives bercèrent leurs nuits pourtant si fraîches sous la lueur mystique des astres.

De vives illusions les trompèrent parfois, apercevant un horizon qui n'en était pas un.

Juste un mirage.

Les rations étaient encore larges, mais le temps commençait à leur manquer.

De toute leur détermination, ils firent face à leurs peurs, improvisèrent des solutions.

Et ne cessèrent d'espérer.

Un jour enfin, ils la virent.

"Terre ! Terre !" tonna la vigie.

Ils s'élancèrent à toute allure vers la plage déserte.

Ils accostèrent.

Ils se félicitèrent, préparèrent les premières expéditions, fêtèrent dignement l'évènement.

Le lendemain, lors du départ du premier groupe de recherche...

Le capitaine se retourna.

Il vit son bateau, le reste de l'équipage s'en occupant, et surtout,

la mer : infinie, impassible.

L'espace d'un instant, il lui sembla discerner d'autres amas de terre au loin, une sorte d'archipel.

Mais la raison reprit le contrôle, il n'y avait rien d'autre.

Le voyage avait donné lieu à de nouvelles découvertes.

Et parmi celles-ci, certains trésors ne sauraient être récupérés.

Ils demeurent ainsi, toujours en soi.