Le jeune prêtre s’arrêta devant une porte, demandant aux Aspirants d’attendre. Il frappa trois petits coups secs, puis attendit qu’une voix lui autorisa l’entrée pour ouvrir la porte et indiquer à son supérieur que les Aspirants étaient prêts. Le Haut Prêtre reposa sa tasse sur le bureau puis, se levant, le contourna avant de sortir de sa salle de travail. Sa robe de prêtrise était blanche avec des liserés violets sur les manches et le bas de la robe. Il marchait d’un air digne, le visage impassible. Les adolescents, face à son aspect solennel, se sentaient intimidés.

D’un signe de tête, sans prononcer un mot, le supérieur remercia et congédia son subordonné, qui repartit à ses propres occupations après s’être incliné respectueusement. Puis, jetant un regard vers les jeunes gens qui n’attendaient que lui, l’adulte leur fit signe de le suivre sans émettre aucun son. Respectant la consigne implicite de silence, tous le suivaient sans parler. Godefroy, comme certains de ses camarades, ne put s’empêcher de regarder autour de lui les dessins relatant la religion présents sur les murs. Sachant que, une fois sa cérémonie d’Affectation terminée, il aurait très peu de chances de les revoir à nouveau. Sauf s’il se retrouve destiné à succéder au Haut Prêtre, ce qui avait peu de chance de se réaliser.

Ils arrivèrent finalement devant une porte close, richement décoré, sur lequel avait été gravé une inscription :

Godefroy, après avoir lu cet avertissement, pencha la tête sur le côté, incrédule. Il ignorait pourquoi on s’était donné la peine de l’inscrire ainsi, car qui pouvait se présenter face à leur Dieu Protecteur avec la rancune au cœur ? Il oublia bien vite toute question, ébloui par le jardin paradisiaque se dévoilant à l’ouverture des portes. La luxuriance des plantes présentes était juste sublime. Il y avait des arbres, très verts, clairement en bonne santé, une végétation touffue et luxuriante, des fleurs d’une variété à la fois de couleurs et d’espèces. Le jeune homme doutait qu’il puisse y avoir plus bel endroit au monde.

Finalement, il en vain à remarquer un petit kiosque dissimulé dans un coin du jardin, vers lequel les dirigea le Haut Prêtre. Là, il pu voir un homme au physique androgyne de profil aux longs cheveux d’un noir de geai, vêtu d’une tunique d’un blanc éclatant avec des arabasques bleues claires et dorées sur les manches et le bas de sa robe. Les entendant approcher, il se retourna alors vers eux. Son regard trouva directement celui de Godefroy. La tristesse transparaissant de ce regard le cloua sur place. Pourquoi le Dieu Protecteur, car tel était l’identité de l’homme, paraissait-il si triste ?