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tome 1, Chapitre 1 « Chapitre 1 - Chion » tome 1, Chapitre 1

Tout en jouant avec une mèche de mes cheveux, je regardais l’horizon nocturne dessiné devant moi. Un flot de pensées circulait sans un seul arrêt et le coupable se trouvait quelque part dans l’appartement dans mon dos. Je n’avais définitivement plus envie de lui faire face pour le moment et j’espérais que ça soit le cas pour toujours. Mais de toute évidence, il faudra bien qu’une confrontation ait lieu à un moment ou à un autre… Et je restais persuader que je finirais par y perdre quelque chose de très important si ça arrivait… C’était comme le moment fatidique dont on ne connaissait pas la tournure et qui nous faisait ronger les ongles à sang sans même savoir si tout ça en valait la peine… Dans un soupir, je laissais mes yeux naviguer sur les néons lumineux dans le paysage qui essayaient de gagner le duel de celui qu’on verrait le plus. Puis je pris une bouffée d’air frais, avant de quitter mon appui sur la rambarde bétonnée pour retourner à l’intérieur, laissant derrière moi le calme de la nuit. Sans plus attendre, je faisais coulisser la baie vitrée avant de m’engouffrer dans le salon, aussi grand que mon appartement, illuminé par des leds roses. La chaleur me frappa de plein fouet tandis que je refermais dans mon dos. C’était de nouveau irrespirable et je m’en voulais presque de ne pas être resté plus longtemps dehors… Sans parler du bruit assourdissant qui régnait entre les gens qui hurlaient pour se faire comprendre et le DJ qui avait mis la musique beaucoup trop fort. De quoi perdre ses tympans après quelques heures. Une chose était certaine, je n’avais plus vraiment envie de rester là. Est-ce qu’il m’en voudrait ? Déjà que nous sommes bien remontés l’un contre l’autre pour de potentielles broutilles un peu trop habituelles…

— Regardez-le ! On dirait qu’il est perdu ! Je vois même pas qui a pu l’inviter, il est tellement différent ! s’égosilla une voix grasse à ma droite.

J’ignorais fortement ces paroles et continuais de me faufiler au milieu de la foule qui dansait collé-serré comme s’il n’y avait pas d’autres pièces dans ce gigantesque appartement. Sans parler du fait que ça empêchait les autres de respirer proprement, c’était un enfer et ils avaient l’air de tous aimer ça. En plus, il y avait très peu de portes, alors d’une pièce à l’autre, on pouvait très facilement entendre la musique. Je grimaçais tout en poussant un soupir discrètement. J’avais encore plus envie de m’enfuir et de pleurer. Mais je devais faire comme si ça ne m’avait pas atteint au plus profond de mon être, sinon j’allais être davantage la risée… Comme à l’accoutumée, finalement… Au bout de quelques minutes, je pus enfin trouver une échappatoire à tout cet agglutinement. Je me retrouvais au niveau du couloir qui donnait face à moi sur la plupart des pièces cachées derrière des portes. Je me décidais à le remonter pour tomber sur une de celles qui se trouvaient rattachées au salon, espérant l’y trouver. Je n’avais pas envie de le confronter ce soir, c’était définitif. Je serais juste une bête de foire au milieu de tous ses soi-disant amis. Mais je voulais au moins l’informer que je comptais partir. C’était à mon humble avis la moindre des politesses dont je pouvais faire preuve en ce jour. Et sans aucun doute la meilleure décision que je pouvais prendre. Je n’étais définitivement pas d’humeur à passer sa soirée d’anniversaire avec une centaine d’inconnu sans pouvoir ne serait-ce que passer quelques minutes seul avec lui dans le silence habituel de son appartement beaucoup trop différent du monde auquel j’appartenais…

— Hey Chion ! Tu cherches Nikolas ? s’exclama la voix de son meilleur ami, alias Julian, attirant l’attention du peu de monde dans la grande cuisine sur moi.

— En effet, tu ne l’aurais pas vu ? répliquai-je à l’attention du grand roux qui s’approchait de moi, laissant derrière lui sa proie pour cette soirée.

— À vrai dire, j’ai pas fait plus attention que ça, mais je pensais que c’était avec toi qu’il était ! Essaie de demander ailleurs si quelqu’un l’a pas vu ! Je retourne à mes occupations, bonnes recherches mec ! lâcha-t-il avant d’effectuer un demi-tour comme s’il ne venait pas de lâcher une potentielle bombe sur l’appartement de mon brun préféré.

Peut-être que je devrais m’enfuir comme si de rien n’était finalement… Au pire, Julian pourra lui dire qu’il m’avait vu en train de le chercher. Non, mauvaise idée… Ça serait peut-être pire de disparaître maintenant. Autant affronter la potentielle vérité que je veux ignorer depuis quelques mois… Après tout, ça me pendait au nez. Ça avait toujours été trop beau pour être vrai et désormais, ce n’était plus qu’un mélange de « Je t’aime, mais il faut vivre sa jeunesse à cent pour cent ». On avait toujours été bien trop différent et je m’étais toujours fait mener en bateau. Je le savais, mais je n’avais jamais eu la preuve malgré les rumeurs. C’était l’occasion parfaite après tout… Et puis ça couperait court à tout. Il n’y aurait pas besoin d’explications, de nouvelles disputes et de mensonges à tout-va. Juste un cœur brisé et un autre en parfait état. Je savais depuis trop longtemps que ça finirait d’une façon plus ou moins semblable. Pourtant, à mesure que je me déplaçais à sa recherche, j’étais intimement convaincu que j’en souffrirais quand même. Et bien plus que tout ce que j’aurais pu imaginer…

— On se reverra après ce soir ? demanda un homme sur un ton rieur, alors que je m’apprêtais à entrer dans la chambre de Nikolas.

J’arrêtais mon mouvement dans son élan. La porte était entrouverte. J’avais la main serrée sur la poignée. La mâchoire crispée, je tendais l’oreille. J’avais peur. Mais je n’avais pas encore entendu la voix de son interlocuteur. Alors, il y avait des chances que ce ne soit pas lui. Après tout, ça pouvait être une simple conversation entre deux invités qui avaient décidé de s’éloigner du bruit pour échanger. Tout était possible en cet instant. Tout autant que je pouvais faire face à la plus violente des réalités. Le souffle coupé, j’étais totalement concentré sur ce que je pourrais finir par entendre. Soudain, quelque chose força ma main à s’avancer me faisant perdre l’équilibre vers l’avant. Quelques secondes plus tard, je me retrouvais la tête la première contre un torse musclé dont une odeur de chocolat émanait. Je me sentais totalement honteux et n’osais pas me redresser. Mais j’aurais peut-être dû, car je l’étais encore plus une fois que le propriétaire de la ferme poitrine, poussa mes épaules sans presque aucune force, pour m’obliger à lui faire face. Et faire face également à la réalité… J’avalais difficilement ma salive tandis que son regard sombre me fixait et qu’un sourire en coin se glissait sur son visage.

— Tu m’espionnes maintenant, trésor ? déclara-t-il d’un air moqueur, qui me fit oublier un instant pourquoi j’étais là.

— Euh… N… Non… Je… Je te… Cherchais… Juste… bégayai-je en fuyant ses iris noirs.

— C’est qui, Nikolas ? demanda la voix efféminée dans le dos du concerné.

— Personne qui n’a d’intérêt pour toi ! commença à dire le brun devant moi, m’assenant un coup-de-poing indirect au ventre. Tu devrais retourner t’amuser avec les autres, j’ai à lui parler !

— Comme tu veux ! Ne tarde pas trop à m- nous rejoindre ! sembla sourire la voix, avant qu’un type aux cheveux argenté et légèrement vêtu de noir ne passe à côté de nous pour sortir en sautillant.

— Maintenant que nous ne sommes plus que deux, pourquoi tu écoutais à la porte ? Tu me cherchais vraiment ? Ou tu cherchais quelque chose d’autre ? lança Nikolas d’un ton sévère cette fois, avant d’attraper mon menton pour redresser ma tête et me forcer à le regarder.

J’avalais difficilement ma salive une fois que je rencontrais ses traits froids. S’il avait l’air amusé, il y avait de cela quelques secondes, ce n’était définitivement plus le cas. J’avais de toute évidence coupé court à quelque chose que je n’aurais pas dû… C’était ma faute après tout d’avoir voulu absolument être certain de ce qu’il se passait dans sa chambre… Mais n’était-il pas autant en tort que moi dans cette histoire ? Mon crime me paraissait si minuscule à côté du sien… Je laissais mon regard courir de la droite vers la gauche, évitant tant bien que mal le sien qui n’avait pas bougé d’un millimètre. Ses doigts chauds resserraient toujours plus la pression qu’il effectuait. Sûrement pour me faire comprendre que c’était le moment d’accepter ma décision. En quoi c’était mal de ne pas lui faire confiance après tout ? Après ça ?

— Alors ? J’attends une réponse, trésor ! reprit-il, toujours plus froid au contraire de sa température corporelle, et de la mienne…

— Oui… Je te cherchais vraiment… Mais personne ne savait où t’étais… Enfin… Du moins Julian ne savait pas…

Et de toute évidence, il savait sûrement… Il avait juste fait comme si de rien n’était… Après tout, il avait trouvé une excuse valable l’espace d’un instant, mais je n’avais pas les cheveux argentés, moi… Je sentais les larmes pointées au coin de mes yeux. Pourtant, je ne voulais pas me montrer si touché. Après tout, même si c’était la première fois que j’étais presque à côté de la vérité, je savais déjà qu’il ne m’était pas fidèle. Enfin peut-être pas depuis le début de notre relation, ça, j’en doutais fortement… Mais depuis quelques mois, il y avait trop de mensonges qui se dessinaient, et surtout trop importants pour n’être qu’une vérité déguisée. Et j’avais sûrement échappé au coup de grâce de peu… Tout ça à cause ou grâce à ma maladresse…

— Tu vois, c’est ça ton problème ! cingla-t-il avant de soupirer bruyamment, de lâcher mon menton et de reprendre plus calmement. Tu ne fais que parler dans ta tête. Tu ne dis jamais rien. Je ne suis pas censé deviner la moindre de tes pensées, trésor. C’est pour ça qu’on a mutuellement l’impression que rien ne va entre nous et qu’on fait semblant avec l’autre. On devrait peut-être juste arrêter toute cette mascarade. Ce n’est pas ce que tu voulais faire après tout ? N’attendais-tu pas une réponse à sa question qui t’aurait permis de prendre cette décision définitivement ?

— Si… soufflai-je en baissant la tête pour fixer la moquette écrue qui cachait bien des souvenirs.

— Alors. Tu veux qu’on arrête tout ? Tu veux que j’aille le chercher pour que tu aies ta réponse ? reprit-il, après s’être mis à genoux de façon à ce que nos regards se croisent de force.

— Je… Non… Pas besoin… Je… Je te fais confiance… murmurai-je avant de renifler bruyamment.

Sans attendre une seconde de plus, il attrapa mon poignet pour que je le rejoigne au sol. Il caressa mes joues pour essuyer les larmes salées qui dévalaient comme une cascade incontrôlable. Avant de glisser ses bras autour de mes épaules et de me serrer contre lui. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, tandis que le parfum de chocolat était de plus en plus fort, me berçant tout deux. Je sentais son souffle chaud dans mon cou. J’avais l’impression d’être apaisé pour la première fois depuis bien longtemps. Mais combien de temps cela durerait ? Ça resterait à jamais ma seule et unique crainte. Pouvais-je vraiment avoir foi en ses mots et me dire que tout n’avait été que dans ma tête ces derniers mois ?

— Je t’aime, trésor… chuchota-t-il dans mon oreille, me faisant frissonner.

— Je t’aime aussi… répliquai-je bien difficilement au creux de ses bras.

Oui. Je l’aimais, ça, j’en étais certain. Sûrement beaucoup trop. Au point même de croire que tout n’était qu’illusion. Je ne le méritais pas, je ne l’avais jamais mérité. On était trop différent. Pourtant, c’était moi qu’il avait décidé de choisir. C’était moi qu’il avait décidé de séduire plus d’un an et demi en arrière lors de la soirée annuelle pour l’arrivée des nouveaux. Et depuis, j’étais partagé entre vivre dans un rêve ou dans un cauchemar…


Texte publié par Hana Kerasi, 9 juin 2025 à 11h37
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