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Lorsque sa paume entra en contact avec la coque, elle sentit le frisson remonter sur le dos de sa main et le long de son bras. Il y avait quelque chose de solennel dans l’acte, une onde étrange et bienfaitrice, un sentiment de plénitude.

Elle était à la maison.

L’Astérios accusait le poids des années, mais sa forme allongée et la passerelle au nez de l’appareil lui donnait toujours cet air d’oiseau de proie.

« Bon alors, tu as les crédits ? »

Centia soupira. Bien sûr que non.

Elle n’avait aucune intention de débourser de l’argent qu’elle n’avait pas pour un vaisseau qui lui revenait de plein droit.

« Tu as les certificats ? » dit-elle comme une menace.

Le vendeur, un jask’al au regard noir et à la peau brune marbré de tatouages tribaux, se nommait Ska-Len. Il n’était pas des plus intelligents, encore moins capable des meilleures stratégies.

Centia comptait là-dessus pour récupérer son vaisseau sans avoir recours à la violence.

« Ne joue pas aux plus malin Zakryn. Soit tu paies, soit tu…

— Je récupère ce qui est à moi. »

Centia avait un regard noir et perçant que le jask éprouvait avec difficulté. Il était bien plus grand qu’elle, plus âgé également. Mais la jeune Centia se débrouillait depuis suffisamment longtemps pour savoir comment obtenir ce qu’elle voulait d’un faible larbin comme lui.

« Ton patron t’a déjà permis de le piloter ? » dit-elle avec malice.

Ska croisa ses longs bras fins et pris une posture qui devait sans doute être plus sérieuse dans son esprit que dans la réalité.

« T’essaies de gagner du temps… t’as pas un falbek de crédit ! »

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme aux cheveux noirs. Elle glissa une mèche derrière son oreille et fit quelques pas en parcourant les sillons tracés dans l’acier de l’autre main.

« Tu ne m’as pas répondu… J’en déduis que tu ne sais pas le piloter ?

— Zakryn… rugit finalement le vendeur en serrant les mâchoires.

— Ce vaisseau a une commande génétique. Et tu sais pourquoi ? »

Le jask commençait à perdre patience, aussi fit-il quelques pas en direction de la jeune femme avec, dans l’idée de la saisir par le bras et de la trainer hors du hangar.

Les doigts de la jeune femme s’arrêtèrent sur une plaque plus lisse que les autres. Il n’y avait aucun crime à voler un voleur. Moins encore à récupérer un objet volé des mains de son agresseur.

Le vaisseau réagit aussitôt et les canons du nez de l’appareil se braquèrent sur le jask’al pris au piège.

« Arrête tes conneries Zakryn, j’peux pas rentrer sans le vaisseau ni la thune.

— Tu as peut-être l’impression d’avoir le choix ? »

Il jura dans sa langue natale à mi-voix, mais la jeune femme ne sembla pas s’en offusquer.

« Franchement, je serai toi, je m’abstiendrais d’insulter la femme qui te tient dans sa ligne de mire.

— Bolto avait raison t’es une sacrée fille de… »

Elle se retourna d’un coup et les mitrailleuses cinétiques émirent un bruit de chargement qui stoppa le flot de paroles du contrebandier.

« Okay… Écoute, prends-le. Personne ne peut le piloter sans fracasser le navidroïde de toute façon.

— Tu vois quand tu veux. »

La baie d’accès s’ouvrit dans un élan du moteur tandis que les réacteurs commençaient à monter en puissance. Un garçonnet au regard noisette et aux cheveux en bataille quitta la cachette derrière la jeune femme puis s’arrêta à sa gauche.

« Monte Yan. Comme on a dit, d’accord ? »

L’enfant approuva et gravit la rampe sans faire d’histoire.

Ska levait les bras en signe de paix. L’arme accrochée à sa ceinture ne pouvait lui être d’aucune utilité face à la puissance de feu dont disposait Centia, alors il fit quelques pas en arrière.

« Tu fais vraiment pas les bons choix.

— Je pourrais mettre fin à ta vie, là tout de suite, si je le voulais.

— Mais tu es trop généreuse pour ça hein ? »

Centia n’avait rien d’une tueuse. Non, pas qu’elle n’eut jamais à se salir les mains, mais tuer quelqu’un qui se trouvait à ce point sans défense était une lâcheté qu’elle n’était pas prête à embrasser.

« Dis bien à ton patron que les Zakryn ont repris leur dû. Si jamais il tente de nous rattraper… Les datas sur l’androïde illégal referont surface.

— Tanros hein ? »

Le jask’al pesta, mais recula encore pour rejoindre le sas du dock. Centia savait qu’ils étaient libres à présent. Des mois après avoir perdu leur père et son vaisseau, ils retrouvaient enfin une partie de leur héritage. Rien ne pourrait leur rendre Recko, mais l’Asterios était le seul vestige de leur famille.

Elle s’engouffra à son tour dans la cale de l’Asterios et entreprit de rejoindre le cockpit à l’étage supérieur. Les protocoles de ciblage étaient autonomes et elle allait pouvoir se concentrer sur leur plan de vol.

Les moteurs vrombirent plus fort encore quand la rampe fut sécurisée et l’habitacle totalement scellé, soulevant un nuage de poussière sur la plateforme d’atterrissage. Les étoiles étaient à portée et Yantot comme Centia sentaient enfin le vent de la liberté leur ouvrir les bras.


Texte publié par Théâs, 7 juin 2025 à 19h02
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