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Quintus tourna au coin du cardo et de la via di Nola. Il aboutit à son thermopolium préféré.

— Avé Caius ! Sers-moi ton plat de fèves épicées s’il te plaît ! Et un verre de falerne !

Le marchand plongea une grande louche dans l’énorme amphore ronde affleurant son comptoir et remplit l’écuelle que lui présentait le jeune homme. Puis il lui versa du vin.

— As-tu vu passer Livia aujourd’hui, Caius ?

— Pas encore…

— Ah ! La chance est avec moi ! Elle va apparaître bientôt !

— Ou pas du tout. Avec les tremblements de terre de ces derniers jours, les gens sont inquiets. D’ailleurs, tu ferais mieux de sacrifier aux dieux plutôt que draguer !

— Oh mais je sacrifie ! À Vénus !

Quintus paya sept as et s’assit dans l’angle du carrefour qui lui permettait de guetter l’entrée de la villa. Plus exactement, il s'installa sous le porche des thermes. Caius l’alpagua à nouveau depuis son échoppe.

— Les thermes sont fermés aujourd’hui. Heureusement que tu es là en fait, sinon j’aurais travaillé à perte.

— Comment ça, fermés ? sursauta le jeune homme. Ça n’arrive jamais !

— C’était le jour de lavage des bassins mais ya pas assez d’eau pour les re-remplir. Paraît que l’aqueduc a été endommagé. Tu n’as pas eu de problèmes dans ton quartier ?

— Pas fait gaffe. Maintenant que tu le dis, il y avait peut-être la queue aux fontaines…

Quintus chipotait son repas pour gagner du temps. Même s’il n’y avait personne dans la rue, cela n’était pas bien vu de rester planté sans raison. Soudain quelque chose attira son regard dans le ciel.

— Par Jupiter ! C’est quoi ça ?

Caius quitta son comptoir pour adopter son point de vue. Ses yeux s’agrandirent sous le choc de cette vision : un panache de fumée immense s’élevait du Vésuve tout proche et s’étalait en haut des cieux.

— Si tu m’en crois, il faut filer d’ici ! Je sais pas ce qu’on a fait aux dieux, mais ils sont clairement en colère !

— Je ne pars pas sans Livia, asséna Quintus.

— Alors, va frapper à sa porte pour lui annoncer la nouvelle. Avec un peu de chance tu auras une place dans sa nef.

Le galant gagna le riche vantail qui fermait la villa et saisit le heurtoir.

— Vulcain s’énerve ! déclara-t-il à l’esclave qui lui ouvrit. Il faut fuir !

Le maître de maison, le sourcil soupçonneux, vint trouver Quintus.

— Quel stratagème as-tu encore inventé ? Tu n’épouseras pas ma fille.

— Regardez vous-même le ciel.

Après avoir constaté la menace, le maître ordonna le branle-bas de combat.

De fines pierres blanches commencèrent à tomber du ciel, comme une pluie. Chacun se saisit d’un coussin pour protéger sa tête, et ils se mirent en procession jusqu’au port dans l’espoir de quitter les lieux au plus vite. Caius suivit, n’emportant que sa bourse et une amphore sanglée dans son dos. Quintus tenait la main de Livia. La mère courait devant.

Le quai fourmillait de fugitifs. Les esclaves, écorchés au front ou aux épaules, entassèrent quelques coffres dans le bateau. Le père, lui, traînait dans la maison à rassembler ses papyrus, ses actes de propriété. Comme la nef se remplissait de ponces, on leva l’ancre sans lui, tant pis, c’était ça ou couler.

Quelques mois plus tard, ils s'installaient définitivement à Naples. La mère de Livia devint belle-mère de Quintus, en reconnaissance : sans son alerte la famille serait morte dans la nuée ardente qui dévasta Pompéi. De toute façon, le père n'était plus là pour s'opposer à leur union !


Texte publié par Lilitor, 1er juin 2025 à 18h31
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