En soirée du 22 février 2022, lors d'une réunion secrète au sous-sol d'un triplex non identifié de la rue Elgin, les trois patrons des services secrets informent la cellule l'Œil Triple des menaces qui menacent le Canada. Un mandat simple : contrer les ingérences cubaines, chinoises et russes,
L'amiral Bishop présente un rapport secret concernant des attaques contre les diplomates canadiens qui travaillent à l'ambassade canadienne à La Havane, Cuba.
Le deuxième dossier à l'ordre du jour porte sur la détention de deux canadiens en Chine. Présenté par Daniel Rogers, directeur du SCRS, on y apprend que l'ancien diplomate Michael Kovrig et l'homme d'affaires Michael Spavor, détenus en Chine depuis fin 2018, ont été libérés et renvoyés au Canada. Il y a à peu près 12 minutes, l'avion les transportant a quitté l'espace aérien chinois et ils sont en route pour le Canada via Air Transat. Cette libération quelques heures après celle de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, au terme d'une entente avec la justice américaine. Mme Meng a elle aussi repris le chemin de son pays natal vendredi. L'opération de rapatriement est toujours en cours et se déroule rapidement, à moins d'une grève toujours possible des pilotes chez Air Transat. Le directeur du SCRS précise cependant que l'ingérence chinoise persiste. Il y a anguille sous roche. Il faut retrouver la roche.
Finalement, Greta Bossenmaier, cheffe du CSTC mandate l'agent Natou sous le pseudo de Le Spectre d'enquêter sur les ingérences russes. En tant qu’économie avancée et d'une démocratie ouverte et libre, le Canada continue d’être la cible de Poutine. La réunion se termine quelques heures avant l'invasion russe en Ukraine. La situation géopolitique mondiale devient préoccupante et les services secrets canadiens devront faire preuve de vigilance.
Des missions urgentes qui doivent absolument découvrir les coupables avant la fin du mandat de Justin Trudeau prévu pour novembre 2025. Mais, dans un élan de générosité et en reconnaissance des résultats obtenus lors de l'occupation des camionneurs, on donne aux trois amis 12 heures de repos avant de se mettre au travail. Rosita se demande si elle prendra le temps de faire son épicerie alors que Natou met son ordinateur en mode veille. Joseph-Arthur lance une recherche sur ces trois pays dont il se souvient à peine.
***
Le marché du coin voit arriver Rosita qui doit planifier ses repas pour la semaine. Joseph-Arthur l'accompagne puisqu'il doit s'assurer que son frigidaire et celui de Natou puissent remplir leur rôle. Il s'arrête devant le comptoir de Mamia et commande pour lui et son amie trois pizzas, trois pâtés chinois et quatre spaghettis. Deux minutes plus tard, il rejoint Rosita qui varie davantage ses repas. Elle se trouve devant la poissonnerie, seul commerce qui l'intéresse. Une demi-heure plus tard, son panier est plein. De retour au triplex, Joseph-Arthur raconte à Natou toutes les précautions prises par Rosita dans ses choix de poissons. Hihihi. Rosita est un peu spéciale, elle ne jure que par le poisson et elle ne les choisit pas au hasard. Je l'ai vue imaginant ses repas selon les jours de la semaine. Pour lundi, elle a choisi la sole. Une belle sole, bien seule, qui semblait dire : "Pour me cuire est-ce que tu me rissoles ou tu me poches ?" Elle a choisi la première option, évidemment. Mais elle n'a pas pu s'empêcher de lui demander si elle avait passé une bonne fin de semaine. La sole, forcément, n'a rien répondu. Les poissons sont parfois un peu réservés. Puis, pour mardi, ce fut le tour du thon. Un beau morceau, bien rond, dans deux tons de rouge et qui lui disait : "Attention, je suis costaud !" Elle l'a regardé avec un air malicieux et lui a demandé s'il faisait de la musculation. Le thon, imperturbable, baissant le ton, a gardé le silence. Pour mercredi, elle a opté pour la truite. Une jolie truite, toute en longueur. Curieuse, Rosita a voulu savoir si elle connaissait la Truite de Schubert. Éviscérée, la truite, énigmatique, a juste fait un petit mouvement de queue indiquant que ses illusions étaient détruites. Et ainsi de suite. Chaque jour, un nouveau poisson a rejoint son panier. Le maquereau, la morue et de nombreuses crevettes y sont passés. Et à chaque fois, elle a engagé la conversation, posant des questions existentielles à ces créatures muettes. Drôle de femme, notre amie. Mais après tout, qui sait ce que se racontent les poissons quand on ne les écoute pas ? Peut-être qu'ils apprécient, au fond, ces petites conversations avant de finir dans l'assiette.
Pendant ces palabres, Natou a ramassé ses pâtés chinois, spaghettis et pizzas qu'elle apprécie autant que Joseph-Arthur. Elle se demande cependant comment guérir son ami de son TOC qui influence ses écrits et ses monologues. Espérons que ses rapports en seront exempts !
Ce dernier partage son TOC avec ses siamois. Il utilise ce jour de congé pour faire le ménage avant que ses amies lui fassent des reproches. Pour lui, le ménage est une symphonie silencieuse de gestes incongrus. Il ne balaie pas, il guide les moutons de poussière dans une chorégraphie lente et sinueuse comme s'il les menait paître vers un horizon invisible. Le manche du balai devient une baguette de chef d'orchestre dirigeant le silence et le léger frottement des brins sur le plancher.
L'époussetage devient une entreprise délicate où le chiffon se transforme en papillon hésitant, voletant autour des objets sans jamais vraiment se poser. Il effleure les surfaces, chatouille les bibelots comme s'il craignait de déranger leur quiétude poussiéreuse. L'aspirateur se transforme en bête bruyante qu'il promène avec une circonspection infinie comme s'il s'agissait d'un animal sauvage susceptible de mordre à tout instant. Il avance par à-coups, hésite devant les coins, recule subitement, laissant derrière lui des traces de son passage incertain.
La vaisselle sale, elle, s'entasse dans l'évier comme des archives du repas passé. Chaque assiette, chaque verre raconte une histoire fragmentée de bouchées englouties et de gorgées savourées. Il aborde cette montagne de débris avec une sorte de respect archéologique, grattant les restes avec une minutie de découvreur de trésors oubliés. L'eau savonneuse devient un bain révélateur dévoilant lentement la propreté cachée sous les vestiges du festin.
Plier du linge propre est un art subtil où les chaussettes disparaissent mystérieusement par paires, les draps se transforment en d'énigmatiques rectangles et les serviettes prennent des formes inattendues, parfois proches de l'origami raté. Joseph-Arthur manipule ces textiles avec une concentration intense, comme s'il tentait de résoudre une énigme tridimensionnelle. Au final, le linge rangé ressemble moins à un ordre parfait qu'à une collection hétéroclite d'objets apprivoisés, attendant sagement leur prochaine mission.
Dans cet univers domestique singulier, Joseph-Arthur ne fait pas le ménage, il explore les frontières de l'absurde avec une méticulosité désarmante. Et il réussit à tout faire en moins de deux heures. Évidemment, Natou va s'apercevoir que des poils de chat traînent encore et que la poussière jonche le plancher dans plusieurs coins cachés.
Chez Natou tout est impeccable, exception des trois colis qui viennent de lui être livrés provenant d'Amazon et qui jonchent son salon. Du linge, du linge et des clés USB. Personne ne sait qu'elle est une acheteuse futée, réussissant à trouver des aubaines sur plusieurs sites à l'étranger. Blouse grise, jupe noire et casquette Mira, voilà un déguisement parfait pour une espionne. Mais, le plus important : un programme informatique spécialement conçu pour elle qui va lui permettre d'infiltrer les serveurs russes et chinois. Le SCRS lui est d'un précieux secours.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3129 histoires publiées 1372 membres inscrits Notre membre le plus récent est Hiraeth |