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Nouveaux destins

Dans le sanctuaire paisible de son bureau, bercée par la douce lumière filtrant à travers les rideaux, Rosita se prépare à accueillir un autre patient. Aujourd'hui, comme tant d'autres jours, son travail la confronte à la fragilité de l'enfance et aux cicatrices invisibles laissées par la cybercriminalité sexuelle. Mais aujourd'hui, la rencontre a une nuance particulière : l'enfant qui franchit sa porte en est également à sa dernière séance. Les trois premières séances d'hypnose ont permis d'accéder à son inconscient et aux souvenirs douloureux de l'adolescent. L'objectif initial n'était pas de revivre le traumatisme, mais d'instaurer un sentiment de sécurité et de contrôle. Cet objectif est atteint. Il s'agit maintenant de restaurer la confiance vis-à-vis les adultes. Une séance des plus satisfaisante pour cette psychologue.

Au-delà de la traque, son amie Natou s'investit dans la sensibilisation aux risques en ligne. Elle alerte les parents, les éducateurs et les enfants eux-mêmes sur les dangers qui les guettent et les informe des bonnes pratiques pour se protéger des prédateurs À tous les jours, elle alimente ses blogues sur Facebook, Instagram et Tik Tok. Son combat est une mission, une vocation. Dans l'arène numérique, Natou est la gardienne invisible, veillant sur l'innocence et pourfendant l'ombre avec la lumière de son expertise. Son nom, murmuré dans les cercles de la cybercriminalité, est synonyme de justice pour les victimes et de terreur pour leurs bourreaux.

De son côté, Joseph-Arthur travaille sur des reportages comportant des risques de plus en plus présents. Des nombreux journalistes sont tués à travers le monde ou emprisonnés sous de multiples raisons. Il dirige depuis un an une équipe d'enquête et devient une référence dans son domaine. Ses articles font la une, suscitent des débats publics et peuvent même entraîner des changements législatifs et des démissions. Il maîtrise l'art de raconter des histoires complexes de manière captivante, en humanisant les enjeux et en donnant une voix à ceux qui ne sont pas entendus. Plusieurs hommes politiques s'abreuvent à ses reportages, le consultant parfois et le craignant toujours. L'année 2019 est particulièrement fertile en événements majeurs. Joseph-Arthur se rend au Brésil où le pays tend vers l'extrême droite sous la direction de Jair Bolsonaro. Cet admirateur de Donald Trump a pris le pouvoir en hissant le drapeau de la "tolérance zéro" pour le crime et la corruption. La semaine suivante, il couvre le procès de neuf politiciens indépendantistes espagnols condamnés pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Radio-Can lui demande de se rendre par la suite en Ukraine où la fiction est devenue réalité. Volodymyr Zelensky, l'homme qui jouait le rôle du président dans une série télévisée est devenu le nouvel homme fort du pays en remportant les élections. Il arrive à la tête de l'Ukraine dans un contexte d'urgence financière pour le pays accompagné d'une grave crise avec la Russie. Saura-t-il se montrer à la hauteur de la tâche qui l'attend ?

Joseph-Arthur devait faire une série de reportage sur le groupe terroriste État Islamique en Syrie mais à la toute dernière minute, il doit se rendre en France. L'âme de Paris, sa cathédrale, est en feu.

Une année 2019 à oublier. Vivement 2020 qui devrait être plus calme. Les filles profitent du temps des Fêtes pour faire le tour des magasins. Pas question de changer d'année sans renouveler sa garde-robe.

Mais pour Joseph-Arthur, l'année débute sur des chapeaux de roue. Les députés britanniques votent en faveur du Brexit. Ce vote est le produit du referendum de juin 2016 qui confirme la volonté du peuple de quitter l'Union Européenne.

Dans le conflit commercial entre la Chine et les USA, Washington parvient à imposer un nouvel accord commercial à Pékin. La Chine s’engage à acheter 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires, notamment des produits agricoles, en échange de l’absence de nouvelles taxes américaines sur les produits chinois. Joseph-Arthur tente de démêler les intérêts économiques des deux pays au moment où une procédure d’impeachment contre Donald Trump est enclenchée mais ne conduira pas à sa destitution. Et dire que janvier n'est pas encore terminé.

Évidemment, Natou a été mise à contribution pour tous ces articles de Joseph-Arthur. Grâce à ses recherches sur le Net, le journaliste a eu accès à des documents enfouis dans les serveurs de plusieurs organisations internationales.

Le mois de février semble plus calme sauf que Rosita se confie à Joseph-Arthur en lui disant qu'elle perçoit un grand danger pour l'humanité, danger qui proviendrait de la Chine particulièrement de la ville de Whuan. Natou s'installe devant son ordinateur et son clavier la dirige vers ce coin de Chine. Une épidémie de SRAS y ferait rage. Rien d'inquiétant.

Joseph-Arthur communique quand même avec des confrères en Italie et en France où cette grippe encore inconnue fait rage et plusieurs victimes.

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En début mars, Rosita, Natou et Joseph-Arthur profitent de la semaine de relâche scolaire pour se rencontrer et profiter d'un bon repas préparé par Rosita. Pendant le repas, cette dernière prend son stylo qui note automatiquement les visions qui hantent son esprit. Ses amis sont curieux d'en prendre connaissance. On est le 12 mars 2020. Sur le mémo on lit : virus mortel venant de Chine. Pandémie mondiale et le Québec confiné.

Le lendemain, l'Organisation Mondiale de la Santé met en garde tous les pays du monde. Un virus mortel, la Covid-19 s'étend à travers le monde. L'école de Rosita ferme ses portes pour un temps indéterminé. Natou décide de débusquer les cyber criminels de chez elle, ce qui ne charge rien à ses habitudes. Radio-Can charge Joseph-Arthur de la couverture de cette pandémie.

Rosita a vu juste. Le 22 mars : premier confinement au Québec ; fermeture des restaurants, salons de coiffure et écoles. On permet et encourage le télétravail. 7 avril : on compte 10 000 cas au Québec ; 16 avril : 1 000 décès. Joseph-Arthur assiste à tous les jours à une conférence de presse du Premier Ministre Legault épaulé par le directeur de la santé publique M. Arruda. Ce dernier ne croit pas que le port du masque soit nécessaire.

Natou imprime un article provenant du Washinton Post où Donald Trump fait porter le poids de la pandémie aux autorités communistes chinoises tout en affirmant avoir une très bonne relation avec son homologue Xi Jinping. Joseph-Artur reprend cette nouvelle pour Radio-Can en ajoutant la dernière déclaration du Président qui croit avoir trouvé la solution pour éliminer le virus. Puisque l'eau de Javel élimine le virus sur les comptoirs, il suffit de s'en injecter dans le corps pour tuer le virus, aurait-il mentionné sur son compte Twitter.

Cinq mois plus tard, Joseph-Arthur, sans le savoir, rédige son dernier article relatant les impacts de La Covid. En voici le contenu :

Ah, la fameuse COVID-19 ! On se souvient tous de cette période où le simple fait de tousser en public vous valait les regards assassins comme si vous veniez de commettre un crime contre l'humanité. Nos vies sont devenues un épisode surréaliste d'une série qu'on n'avait jamais commandée. Les masques sont devenus l'accessoire de mode indispensable, transformant nos visages en énigmes ambulantes. On ne savait plus si la personne en face de nous souriait ou nous regardait avec suspicion.

Le télétravail ? Une bénédiction pour certains, une descente aux enfers pour d'autres, avec des réunions Zoom où nos enfants et animaux de compagnie faisaient des apparitions surprises dignes des plus grands acteurs. Nos maisons furent transformées en bureaux, écoles, garderies et parfois même en arènes de lutte familiale. Les apéros virtuels ont explosé, nous permettant de socialiser tout en portant notre pantalon de jogging préféré (que personne ne voyait, évidemment).

Et n'oublions pas la panique du papier toilette ! Un moment de pure folie collective où un simple paquet de douze rouleaux était plus précieux qu'un lingot d'or. On a appris à désinfecter nos courses comme si elles revenaient d'une mission spatiale et à éviter les poignées de main avec une agilité de ninja. La COVID-19, une expérience collective étrange et mémorable, qui nous a au moins donné quelques bonnes histoires à raconter (en gardant nos distances, bien sûr !).

L'avenir nous permet toujours de faire les liens nécessaires sur les événements du passé. Ce matin, six mois après l'arrivée intrusive de la Covid 19, qui nous fait chier depuis le mois de mars, je viens de comprendre que notre gouvernement se sert du Discours du Trône pour nous rappeler que nous sommes dans la merde et que la course au papier-cul n'était pas une si mauvaise idée.

Les jours et les mois passent sans apporter de nouveautés pour les trois amis. Des carrières bien établies et aussi solides que leurs célibats. Joseph-Arthur, en plus du suivi de la Covid, a publié de nombreux articles sur les primaires américaines aux États-Unis en vue de l'élection de novembre 2020. Donald Trump conservera-t-il sa présidence ou si le démocrate Joe Biden réussira à l'en déloger ?

Un peu de repos devient urgent. Les deux dernières semaines d'août et la première de septembre sont consacrées au repos. Les trois amis prévoient une longue randonnée au Lac Clair pour le samedi 4 septembre. Évidemment, celle-ci sera couronnée par un festin aux crevettes chez Rosita.

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La vie bascule

Un beau samedi matin, propice à une belle randonnée, attend Rosita et Natou qui attendent l'arrivée de Joseph-Arthur. Mais ce dernier a du retard, comme d'habitude. Rosita est inquiète et stressée. Elle téléphone à son ami qui ne répond pas. Un flash dans sa tête : son ami est en danger. Elle téléphone à Natou pour savoir si elle a des nouvelles de leur ami. Aucune. L'inquiétude grandit de deux pouces. Natou ouvre son ordinateur et se branche sur le téléphone de Joseph-Arthur. Il se trouve près de Grandes-Piles. Aucun mouvement n'est détecté. Pourquoi ne répond-il pas ? Nouvel appel. Rien. Natou appelle la Sureté du Québec avec qui elle collabore. On lui signale un accident sur la 155. Est-ce Joseph-Arthur ? Natou rappelle Rosita lui disant qu'elle passe la chercher pour se rendre sur les lieux de l'accident. À leur arrivée, l'auto de leur ami git dans le fossé, blessée par un arbre qu'elle a percuté. Un policier lui parle d'une sortie de route et qu'il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années. Rosita sait qu'il s'agit de son ami. Il a quitté les lieux de l'accident il y a 15 minutes à bord d'une ambulance en direction de l'hôpital régional. Paniquées, Natou et Rosita décident d'ignorer la randonnée prévue et se rendent à toute vitesse à l'hôpital pour avoir des nouvelles de leur ami. Natou est optimiste mais Rosita tente d'éloigner de son esprit l'image de son ami sur une table d'opération. Leur arrivée discrète au CHRM (Centre Hospitalier Régional de la Mauricie) chamboule la routine des infirmières. Pas question de voir Joseph-Arthur qui vient de permettre à un médecin urgentiste de lui sauver la vie. Trois heures plus tard, ce dernier vient leur apprendre que leur ami a subi un choc important à la tête et qu'il est placé en coma artificiel. Il devrait s'en remettre mais le médecin ne peut prévoir s'il y aura des séquelles.

Pendant les trois mois qui suivent, une nouvelle routine s'installe. Visite au domicile de Joseph-Arthur pour nourrir son chat Mozart et entretenir la litière et la maison. Visite quotidienne à l'hôpital pour tenir compagnie au comateux. Rosita est certaine qu'il peut entendre et comprendre tout ce qu'on lui dit. Alors elle lui tient de longues conversations à sens unique.

Début décembre, Rosita se lève dès l'aube et appelle Natou en lui disant qu'elles devraient se rendre à l'hôpital. Natou lui demande pourquoi. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Rosita lui dit qu'elle ne le sait pas mais elle à une prémonition : leur ami va se réveiller. Leur arrivée au CHRM ne passe pas inaperçue malgré la régularité de leur visite. Une infirmière affirme que Joseph-Arthur est toujours dans le coma jusqu'à ce qu'un préposé lance un cri : il est réveillé. Tous accourent au chevet du blessé. Le médecin de garde examine le patient qui regarde partout, se demandant où il se trouve et qui il est. Joseph-Arthur revient à lui, hébété et surpris de se retrouver dans ce lieu inconnu. Le pouls est normal, les signes vitaux aussi. Les fractures sont choses du passé. À présent tout va bien…sauf le passé. Joseph-Arthur ne se souvient de rien. On diagnostique une amnésie rétrograde . Joseph-Arthur a l'avenir devant lui mais plus de passé.

La semaine suivante, il reçoit son congé de l'hôpital avec obligation d'un suivi médical et d'une présence constante à ses côtés. Rosita et Natou s'en portent garantes. Toujours sans passé, il apprend l'existence de deux amies qui l'ont visité régulièrement pendant son coma et qui se chargent de sa réhabilitation en le ramenant à son domicile. Une convalescence qui va durer plusieurs mois. Il ne se souviendra jamais de sa vie antérieure à l'accident mais on le rassure : tout ce qui lui arrive depuis son réveil fera partie de ses souvenirs. Le médecin lui conseille du repos et d'apprendre toutes les informations possibles sur sa vie antérieure grâce à des séances d'hypnose et la lecture de documents le concernant. Rosita se chargera de ces séances alors que Natou notera tout ce dont leur ami visualisera pendant ces séances et fera la recherche des principaux événements auxquels Joseph-Arthur a participé .

En faisant une recherche dans l'ordinateur de son ami, Natou est intriguée par un ralentissement inaccoutumé de son programme. Utilisant un logiciel qu'elle a créé, elle découvre la présence d'un logiciel espion. Remontant à la source, elle confirme que la CIA surveillait son ami. De nature suspicieuse, Natou se demande si l'accident de son ami était vraiment accidentel. Elle décide d'en faire part à Radio-Can, l'employeur de Joseph-Arthur. Relevant du gouvernement, Radio-Can en informe les services de renseignements canadiens. Le SCRS (Service canadien du renseignement de sécurité) décide de surveiller les agissements de la CIA et réussit à déjouer un deuxième attentat contre son journaliste en congé et qui ignore tout de ces attentats le concernant.

Pour aider leur ami à reprendre des forces, Rosita et Natou profitent des belles journées printanières pour amener leur ami dans les rues du centre-ville de Shawinigan. Peut-être que les frites de Beauparlant raviveront quelques souvenirs. On profite de l'ouverture de la Cité de l'Énergie pour monter en haut de la tour et visiter le musée de Jean Chrétien. Par un heureux hasard, ce dernier fait visiter son musée à des diplomates étrangers. En voyant Rosita, il se souvient de les avoir rencontrés, jadis, à la Crêperie de Ste-Flore, lieu gastronomique qu'ils fréquentaient il y a plusieurs années. C'est ainsi que l'ancien PM a appris la situation malheureuse de Joseph-Arthur. Ce dernier, ne connaissant pas l'identité de son interlocuteur, l'écoute attentivement. M. Chrétien lui propose de travailler pour les services secrets canadiens dont il connaît le patron. Une offre intéressante puisque Radio-Can lui a signifié que son retour comme journaliste était conditionnel à sa condition physique, soit le retour de sa mémoire. Condition impossible à remplir. Un regard vers ses amies suffit à le convaincre d'accepter le poste à la condition que ses amies se joignent à lui. Jean Chrétien appelle Justin Trudeau qui téléphone au patron des services secrets. L'engagement des trois amis demeurera secret.

Évidemment, des tests cognitifs ont été nécessaires pour que le trio soit engagé, particulièrement l'amnésique. Tous les tests furent satisfaisants. Évidemment, Joseph-Arthur devra œuvrer dans un domaine très spécifique ne nécessitant pas un recours à de lointains souvenirs. Par contre, ses capacités d'analyse et son habileté à rédiger des rapports étant intacts, on lui confie un poste de consultant analyste au COMRENSFC (Commandement du Renseignement Secret des Forces Canadiennes).

Natou voit ses compétences informatiques reconnues par le CSTC (Centre de la sécurité des télécommunications Canada) alors que le SCRS engage Rosita pour ses capacités à appréhender les événements à venir.

Pour faire face aux défis qui confrontent le pays, les services secrets décident de crée, lune cellule spéciale portant le nom de l'Œil Triple qui va regrouper les meilleurs éléments de chacune de ses branches. C'est ainsi qu'on retrouve Joseph-Arthur, Rosita et Natou dans un même bureau situé au sous-sol du triplex où sont hébergés les trois amis, rue Elgin à Ottawa.

Leur bureau est un sanctuaire de calme et de concentration, contrastant avec le chaos numérique qu'ils combattent quotidiennement. Tout respire la fonctionnalité. Un grand bureau en bois clair domine la pièce, supportant plusieurs écrans haute résolution affichant des lignes de codes complexes, des graphiques de trafic réseau en temps réel et des tableaux de bord de sécurité. Évidemment, Natou y règne en maître. Au mur, une carte du monde constellée de points lumineux indique les cyber menaces actives. Des étagères bien ordonnées abritent une collection de livres techniques, de manuels sur la sécurité informatique et de rapports d'analyses de vulnérabilités. Un écran interactif affiche des schémas de réseaux complexes et des stratégies de défenses en cours d'élaboration.

Deux autres bureaux sont réservés à Joseph-Arthur et à Rosita. Ayant chacun leur ordinateur ultra-puissant, ils comptent sur Natou pour leur dénicher les documents secrets sur lesquels ils doivent travailler.