Rencontres cégépiennes
Il faut remonter en arrière pour que naisse une amitié sincère entre Joseph-Arthur, Rosita et Natou. Nous sommes le 11 septembre 2001, 8 h30. Jean-Yves Morin leur prof de politique, débute son cours sur le système politique canadien quand il est interrompu par un cri provenant d'une de ses étudiantes. Rosita s'exclame qu'un événement grave va se produire aux États-Unis et demande la permission d'ouvrir son ordinateur pour se brancher sur CNN. Rien. Pas de nouvelle intéressante. Les éclats de rire fusent dans la classe. À 8 h 46, le vol 11 d'American Airlines percute la face nord de la tour nord du World Trade Center à la vitesse de 790 km/h (vitesse approximative). Rosita crie de nouveau et ajoute que ce n'est pas terminé et que ce n'est pas un simple accident. M. Morin transforme son cours en un suivi informatique des événements. Son cours devient ainsi plus intéressant. À 9 h 03, le vol UA 175 frappe le nord de la tour sud, et dès 9 h 37, du vol AA 77 qui s'écrase sur le Pentagone et à 10 h 03 le vol UA 93 s'écrase à côté de Shanksville, Pennsylvanie.
Joseph-Arthur écoute attentivement les explications du professeur et, à la fin du cours, lui demande de faire une entrevue pour le journal étudiant. Plusieurs articles résument les sinistres événements et expliquent les conséquences possibles sur l'ensemble du monde. Joseph-Arthur demande aussi à Rosita de lui expliquer comment elle a pu prévoir ces événements. Elle refuse de rendre son don public. Natou, qui fait aussi partie de l'équipe du journal pour sa mise en page, la soutient dans sa volonté de taire sa capacité à visualiser les événements à venir. Mais elle s'empresse de faire des recherches sur ces événements qui changeront assurément le monde.
Profitant d'une des dernières belles fin de semaine de l'été, les trois amis se donnent rendez-vous à la roulotte Beauparlant pour déguster ses magnifiques frites ondulées. On les retrouve au centre-ville à la Place du Marché. Un endroit de prédilection pour les jeunes Shawiniganais.
Un centre-ville minuscule
Le cœur vibrant de Shawinigan bat lentement au rythme de son centre-ville, un lieu de convergence où l'histoire industrielle est illustrée par ses usines en ruines. Niché sur les rives sinueuses de la puissante rivière Saint-Maurice, ce quartier délabré offre une expérience riche de pauvreté, déprimant autant les résidents que les visiteurs. La vente de drogues et la prostitution y fleurissent pourtant.
En se promenant dans ses rues, on est immédiatement frappé par le charme pittoresque et désuet des bâtiments, témoins d'une époque révolue où l'énergie hydroélectrique a façonné l'identité de la ville. Plusieurs édifices ont conservé leur architecture d'antan tout en étant abandonnés par les commerçants qui y logeaient.
L'offre gastronomique du centre-ville est tout aussi décevante. De rares arômes s'échappent des cafés où l'on peut savourer un café tout en observant le va-et-vient sur la rue principale. Heureusement, une crèmerie est ouverte pendant la saison estivale.
La culture occupe une place de choix au centre-ville de Shawinigan. La présence imposante de la Cité de l'énergie, un complexe muséal fascinant érigé sur un ancien site industriel, rappelle l'importance de l'histoire énergétique de la région. On peut y visiter des expositions interactives, assister à des spectacles et même monter au sommet de la tour d'observation pour une vue panoramique imprenable sur la ville et ses environs.
La promenade St-Maurice offre un espace de détente et de loisirs privilégié. On peut s'y promener à pied en évitant les frites, mégots et besoins animaliers qui jonchent le trottoir. C'est assis sur un banc face à la rivière que Rosita confie son secret à Natou et à Joseph-Arthur. Elle est voyante, ce qui l'effraie. Elle sait qu'elle peut faire confiance à la discrétion de ses amis. Profitant de l'occasion, Natou dévoile l'étendue de ses talents en informatique et sa capacité à percer n'importe quel système. Si elle voulait, elle pourrait même modifier leurs résultats scolaires dans les serveurs du CÉGEP. Pas question, de rétorquer Joseph-Arthur. De toute façon nos notes sont excellentes.
Cette amitié va perdurer. On les retrouve quelques mois plus tard à l'UQTR poursuivant des études dans des domaines différents. Mais à chaque fin de semaine, le trio revient à Shawinigan autour d'un repas, parfois excellent.
C'est ainsi qu'on les aperçoit le 9 mars 2002, un samedi, à une table de la Crêperie de Ste-Flore. Une fébrilité coutumière y règne. Deux tables plus loin, deux agents de la garde rapprochée du Premier Ministre mangent à tour de rôle afin qu'il y ait toujours deux yeux qui protègent le PM. Ce dernier prend son repas en compagnie de sa femme, Aline. Un rituel qui se répète à chacune de leur visite à leur chalet au Lac des Piles.
Pendant que Joseph-Arthur rêve d'une entrevue avec M. Chrétien, Natou n'a d'yeux que pour sa crêpe bretonne. Par contre, Rosita a les yeux fixés sur le couple, indifférente à son repas. Sa main droite a sorti un stylo et un calepin de sa bourse et les mots s'inscrivent automatiquement, sans aucune réflexion particulière, ce qui apparaîtrait particulier pour quiconque ne sachant sa capacité à faire de l'écriture automatique. Voilà sa façon de noter ses visions. À la fin du repas, Joseph-Arthur lui demande le contenu de ses notes. Elle n'en connaît pas la signification. Pourquoi ces mots : 19 mars, invasion de l'Irak éviter ? Natou s'empresse d'ouvrir son portable et demande à Google une recherche sur ces mots. Elle apprend que suite aux attentats contre le World Trade Center, les États-Unis ont l'intention d'envahir l'Irak, prétextant la présence d'armes de destruction massive. Le Canada avait dit qu'il y participerait s'il y avait une résolution de l'ONU en ce sens. Mais l'ONU s'est refusée à le faire.
Jean-Chrétien est-il au courant de cette invasion ?
Joseph-Arthur fait un signe à un des garde-du-corps et lui remet un mémo pour le PM en lui disant qu'une invasion de l'Irak était prévue dans 10 jours. Le mémo se rendra-t-il ?
Une semaine plus tard, à la Chambre des Communes, Jean-Chrétien déclare que le Canada ne participera pas à cette invasion, malgré l'insistance des États-Unis.
Le soir même, Joseph-Arthur recevait un télégramme du PM le remerciant pour son intervention.
En mai 2004, Joseph-Arthur, Rosita et Natou célébrait la réussite de leurs études universitaires par un souper mémorable dont ils ne se souviennent plus.
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