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Est-ce que je suis prédestiné à me creuser la tête quand il s'agit d'écrire ? Je vais l'apprendre bientôt. Radio-Can m'a averti que je devrais bientôt reprendre le travail. En serais-je capable en n'utilisant que mes souvenirs récents post-traumatiques ?

La page blanche

La page blanche donne le vertige. Je le sais, j'en souffre. Ce sera difficile pour moi de me retrouver en haut de l'échelle dans ma carrière. Écrire un texte parfait du premier jet, reste exceptionnel, même chez les reporters les plus doués. Le talent ne suffit pas, il faut aussi beaucoup de travail. Mais je n'aime pas le travail. Devant une page blanche, j'expérimente la solitude. Je me sens face à un miroir qui me renvoie ma propre image (plus propre après la douche). Je me dis que je pourrais la combattre en utilisant du papier rose, mais comme j'écris à l'ordinateur, je n'en ai pas trouvée.

Il arrive que ma page ne reste pas blanche et que je réussisse à la noircir avec beaucoup de caractères et de caractère. Il faut que je réapprenne à écrire correctement et dans un français impeccable. Vais-je y parvenir puisque je ne me souviens pas de mes règles de grammaire ?Une chance qu'un Word s'autocorrige.

On vient de célébrer Noël et bientôt on célèbrera la Nouvelle Année. Dans la première phrase de ce paragraphe j'ai déjà utilisé cinq accents qui changent le son de certaines lettres. À l'origine, quand on apprenait à parler avant d'écrire, on se foutait bien des accents. Maintenant, on doit en tenir compte en mémorisant les mots sans connaître les règles de grands-mères qui nous contraignent à les utiliser. Pourquoi le petit aigu dans célébrer devient-il grave quand on parle au futur ? Sûrement parce qu'il ne voit pas le futur en rose et qu'il n'y aura rien à célébrer. Et dans Noël et aigüe, ce petit signe sans éclat, donc très mât annonce la séparation de deux lettres. Normal en cette veille de Jour de l'An qui s'annonce frisquet. C'est peut-être à cause de ce froid que le o de bientôt se met un petit chapeau. Pourtant, quelle inutilité ! J'ai bien ri cette semaine, quand Fred Pellerin, un spécialiste des contes, a ajouté un cinquième accent : le circoncis. Retournons à la phrase initiale. Cet accent se retrouve quatre fois tout en demeurant invisible à nos yeux. On vient de célébrer Noël et bientôt on célèbrera la Nouvelle Année. Cet accent fait en sorte qu'on ne prononce pas la lettre qui en est affublée. C'est comme un homme circoncis qui ne peut montrer ce qu'on lui a enlevé.

Aucune idée si les contes de Fred lui survivront. Anciennement, les contes duraient dans le temps et je pense que Pinocchio aurait été un anti-masque en période de Covid parce qu'à chaque fois qu'il aurait dit que le virus n'existait pas, son masque n'aurait pas tenu sur son nez. Cendrillon aurait pu rectifier son conte en niant qu'elle avait perdu son soulier dans l'escalier. Cela était impossible vu que ce dernier était très bien ajusté à son pied au point qu'elle seule pouvait le porter. De plus, elle ne pouvait avouer aux jeunes enfants qui écoutaient son histoire qu'elle avait oublié son string chez le prince. Mais ces contes que je viens de lire pendant ma convalescence ne m'aident pas comme journaliste.

J'ai fait ce matin, un grand changement dans ma vie. J'ai triché ma diète en remplaçant ma traditionnelle rôtie margarine, caramel et fromage pour un bagel, margarine, crème sûre. J'étais sûr que cela me ferait du bien. Je fus quand même intrigué de voir sur la boîte de la crème sûre une date de péremption. Que va-t-il se produire au-delà de cette date ? Ma crème va-t-elle surir ? Et moi, lui survivre ? Dans l'incertitude, j'ai complété mon petit déjeuner avec une tranche de fromage suisse fabriquée à Champlain. Je me suis alors demandé combien je payais pour les trous dans le fromage et quand je les mangeais, où ils se logeaient dans mon estomac. Après réflexion, j'ai conclu qu'ils étaient à l'origine de mes trous de mémoire. Dernièrement, j'ai rencontré un autiste vraiment brillant qui pouvait me dire, sans note, quelle était la vitesse de la lumière. Par contre, il n'a pu me dire celle de la noirceur. Selon moi, cela dépend de la vitesse à laquelle je ferme le commutateur. Je me suis dit qu'une telle ressource me serait utile pour me trouver des sujets d'articles. Je lui ai demandé son numéro de téléphone et il me l'a donné. Je vous le partage : 1234567890. Je lui ai dit que son numéro était facile à retenir. Il m'a répondu qu'il l'avait mis en ordre croissant parce que cela faisait plus joli. Il faut que je me souvienne de ne jamais lui téléphoner. Mozart s'est alors empressé de me ramener à sa réalité. Il avait faim de gâteries. Comment se fait-il que je le gâte alors qu'il ne m'obéit jamais. J'ai bien vu dans ses yeux, qui ne voient presque plus, qu'il voulait m'envoyer un message. Il voulait que je change sa nourriture. Il est tanné des croquettes au saumon, au riz et au poulet. Il aimerait que je lui achète de la nourriture qui goûte la souris. Je lui ai souris.

Je viens de m'égarer dans mes pensées ce qui me fait penser à Pierre Légaré. Cet après-midi, pendant que je randonnais dans un sentier dans lequel je me sentais perdu, je me suis demandé comment on pourrait me retrouver si j'étais égaré. Se perdre en forêt fait partie, selon Rosita, de mon expérience de marcheur. Je sais que pour les bébés, on met leur photo sur une pinte de lait. Alors, pour un homme, je présume qu'on placerait ma photo sur une bouteille de bière. J'en ai profité pour me réchauffer la main droite en me croisant les doigts dans ma mitaine. J'ai été chanceux, cela a marché. On devrait toujours se croiser les doigts pour être chanceux. Je me suis perdu dans mes pensées et je me suis demandé où vont toutes ces pensées perdues. Elles s'évaporent dans l'univers.

Je cherche un synonyme au mot synonyme et je n'en trouve pas dans aucun dictionnaire. Je me demande alors comment je ferais pour reconnaître un mot mal orthographié dans le Larousse. Je veux en discuter avec mon ami qui se trouve dans le miroir de la salle de bain. Curieusement, son bras droit est à gauche, son gauche à droite. Comment se fait-il que sa tête ne soit pas en bas ?

On présente à la tv le film Titanic. Malheureusement, je ne me souviens pas du nom de bateau dans le film. Aucun intérêt à le regarder. Ne sachant que faire je me suis mis à nu, ce qui est prescrit par tous les médecins quand on veut prendre sa douche. Une fois propre, je me suis demandé pourquoi il fallait laver sa douche qui venait de prendre une douche et sa serviette de bain, vu qu'elle a essuyé un corps propre. J'ai entendu des Américains affirmer que la Terre était plate en demandant à Dieu de protéger l'Amérique. Ils en ont vraiment besoin. Je me fais l'avocat du diable en me demandant quel est l'avocat de Dieu. S'il n'en a pas, il va se faire manger tout rond. Je me demande s'il est vrai que tous les avocats sont des droitiers. Ce peut-il que les gauchers ne puissent étudier le droit ?

Ce soir, je réfléchis sérieusement sur mon existence et sur la vie que je mène présentement. Je pense vraiment que je ne pourrais plus vivre sans respirer. Inutile d'alerter SOS-suicide, je n'en suis pas là. Par contre, je perds la vie pendant huit heures à chaque nuit. Qui a inventé le sommeil ? Si c'est Dieu qui nous a si mal fait, je lui demande, lui qui serait tout-puissant, d'inventer un autre Dieu qui créerait un homme n'ayant pas besoin de sommeil. Il est vrai que ce n'est jamais facile de parler à Dieu sans le prier de faire quelque chose.

Cette semaine, j'ai voulu annoter les notes de Natou sur mes souvenirs issus de mes séances d'hypnose. Afin que mes réflexions ne tombent pas dans des mains ennemies, j'ai utilisé un stylo à l'encre invisible. Cela ne se voit pas, mais je me demande comment savoir quand je n'aurai plus d'encre dans mon stylo. Probablement quand je n'aurai plus rien à écrire.