Deux mois se sont déroulés depuis le réveil de Joseph-Arthur à l'hôpital et il sait maintenant qu'il ne retrouvera jamais la mémoire des événements pré-accident. Par contre, le médecin l'assure que sa mémoire post traumatique est intacte et qu'il peut, via l'hypnose et les documents, photos et journaux, réapprendre les événements survenus avant son accident. Lui et ses amies s'y consacrent à tous les jours. Sans séquelles connues, sauf son amnésie persistante, Joseph-Arthur doit occuper sa journée en l'absence de ses amies qui ont pris congé. Elles doivent s'occuper de leur logement respectif et surtout faire des courses. Voilà l'occasion de démontrer que malgré son accident il est encore autonome.
Ce matin, pendant que Mozart s'époumonait à dire qu'il avait faim et voulait manger ses croquettes, Joseph-Arthur modifie son petit déjeuner en se faisant un œuf battu. Afin de ne pas salir d'ustensiles ou de plats, il brasse son coco dans sa coquille. Quand il veut le faire cuire, l'oeuf tombe à plat. Pourtant, dans son rêve, cela avait fonctionné adéquatement. Il se voyait révolutionner l'art de l'omelette. Il revient à sa routine : deux rôties et un café. Se souvenant ensuite qu'une peinture gisait au sous-sol sans son cadre. Voilà un défi à sa portée.
Cette magnifique peinture doit prendre place dans un mirobolant cadre probablement acheté dans une grande surface. Utilisant ses talents de bricoleur, il étend le cadre sur sa table de cuisine, enlève la vitre qui lui est d'une inutilité évidente. Pas question de lui permettre d'interférer avec la beauté de cette œuvre qui serait sienne. D'une main de maître et d'un doigté dû à son expérience récente, il soulève les huit petits rabats qui maintiennent le fond du cadre. Ces rabats sont un rabat-joie quand il se coupe le bout de son index droit. Un peu de sang colore le cadre, ce qui ne cadre pas avec les couleurs de la peinture. Il se rend dans la salle de bain et trouve dans la pharmacie un diachylon qui devrait faire office d'armure face à ce torrent rouge. De retour à son œuvre, il utilise son majeur pour terminer l'extraction de la vitre. Oups, il vient de l'échapper et, évidemment, elle se brise en quelques parties réparties sur le plancher. Il lui faut un balai et un ramasse poussières. Il descend au sous-sol pour quérir ces outils qui se trouvent près de la litière de Mozart. Il constate, grâce à son odorat que cette dernière déborde. Vivement la spatule pour en faire le ménage. Mais celle-ci décide de rendre l'âme. Il doit se résoudre à utiliser une spatule de cuisine pour compléter la vidange. Il en profite pour vider également le sac où s'accumulent depuis une semaine, les résidus de son chat. Il est temps, puisque c'est demain que les vidangeurs vidangent. En sortant ces déchets, il s'emmêle les pieds dans le boyau d'arrosage qui serpente l'entrée. Il faudrait bien qu'il l'enroule et le remise dans la remise. L'ayant bien en mains, il constate que ses capucines manquent d'eau et qu'elles zyeutent la lance à eau. Il ouvre le robinet pour les abreuver. Quinze minutes plus tard, son auto lui fait signe qu'elle mérite également cette eau bénéfique qui lui permettrait de reluire à nouveau. Il ne peut rien refuser à la gente féminine. Finalement, il s'apprête à remiser le boyau. Son cellulaire lui annonçant l'entrée d'un appel téléphonique qu'il ignore, ignorant le nom de l'interlocuteur. Il dépose le boyau et entre dans la maison où il aperçoit des morceaux de vitre sur le plancher. Il se souvient alors qu'il était parti en bas pour chercher un balai. Il s'y rend avec empressement. Se concentrant sur cette tâche, il réussit finalement à ramasser son dégât et retourne à l'extérieur pour permettre à ces tessons de rejoindre les besoins de Mozart. Il est fin prêt à installer sa peinture dans son cadre. Évidemment, la grandeur du cadre correspond à celle de son œuvre. La toile devra tenir au carton faisant office d'arrière-cadre. Il s'applique à appliquer la toile au carton. Tout va bien. Il me reste que six centimètres de chaque côté pour replier le tout à l'endos afin que le tout tienne bien. Mais il y a congestion dans les coins. Vivement des ciseaux pour une coupure en biais. Il ne les trouve pas sur le comptoir. Ah oui, ils doivent être en bas. Il redescend et part à leur recherche. Il les voit sur le comptoir de la salle de lavage, ce qui lui fait penser qu'il doit faire un lavage. Ça tombe pile. Il se hâte d'y mettre une pile de linge et lave le tout à l'eau froide. Mais il se rend compte qu'il a oublié d'y ajouter les sachets de savon. La prochaine fois, il en mettra deux. Il remonte poursuivre son travail. En y arrivant, il se souvient qu'il devait utiliser des ciseaux. Retour en bas et il remonte. Il réussit finalement à couper les coins. Il ne lui reste qu'à coller les rebords de la toile au carton. Où se trouve la colle ? Probablement dans le tiroir fourre-tout de la salle de bain. Il s'y rend. Le problème, c'est qu'à force d'y mettre tout et n'importe quoi, il est devenu difficile de l'ouvrir. Ça force. Pour le décoincer, il doit utiliser un outil plat avec un manche, dont le nom lui échappe mais qui doit se trouver dans une boîte à outils qui se trouve dans l'atelier. En y arrivant, il constate que ses cheveux viennent de s'enrichir de quelques toiles d'araignées. Il faut dire qu'il n'y va pas souvent. Quelques coups de balai et plus rien n'y paraîtra. Il remonte vers la salle de bain pour y chercher le balai et se souvient que le tiroir est toujours coincé. Il redescend en vitesse, élimine les intrus et remonte avec un marteau. Il se sert de ses oreilles pour décoincer le tiroir qui n'entend pas résister trop longtemps. Eurêka, il retrouve le pistolet de colle. Ainsi armé, il revient vers le cadre. La colle colle tous les morceaux et après une période d'attente de deux minutes, il retourne le carton et l'insère dans le cadre. La peinture ne cadre pas. Le côté droit est trop à gauche. Il remet deux fois sur le métier sa toile, décolle le tout et recolle en ajustant juste un peu. Cette opération terminée, il replace la toile dans son cadre et constate avec satisfaction qu'il a réussi cette délicate opération. Il ne lui reste qu'à conclure l'opération en repliant les petits crochets pour maintenir le tout en place. Le tout est mûr pour se retrouver sur le mur principal du sous-sol. Oups ! Le cadre comprend deux petits crochets posés sur chacun de ses côtés. Il préfère un seul point d'ancrage. Pas de problème, il suffit de passer une corde de part en part de ces crochets. Il part donc à la recherche d'un rouleau de fil qui devrait se trouver quelque part. Après 10 minutes de recherche, il le voit, par terre, derrière un fauteuil. Heureusement qu'il a de l'ordre. Il retrouve le cadre qui attendait bien sagement. Quatre brins de corde seront suffisants, ce qu'il fait habilement. Voilà, l'œuvre est prête à se présenter aux regards des admirateurs. Il suffit de l'accrocher. En allant serrer la corde pour ne plus la perdre, il passe devant le réfrigérateur, ce qui lui fait penser qu'il a soif. Il ouvre la porte et son choix se porte sur l'unique bouteille de bière qui s'y trouve. Il s'en empare tout en remarquant la bouteille de jus d'argousiers. Il se dit alors qu'après tous ces valeureux efforts, il mérite bien une gorgée de remontant. Il l'avale d'un trait et la fait suivre par une gorgée de bière sans alcool. Un conseil, ne mélanger pas ces deux liquides. Il aurait dû se contenter d'un verre d'eau. Il s'empare de la toile et descend retrouver le mur au sous-sol. Il délimite l'endroit précis où son œuvre sera au maximum de sa gloire. Il doit marquer cet endroit mais constate avec stupeur qu'il n'a aucun crayon pour marquer l'emplacement. Il dépose la toile au sol, remonte à la cuisine et retrouve le pot à crayons. Il s'empare d'un crayon à mine qui, mine de rien, devrait marquer l'histoire. De retour face au mur et ayant repéré approximativement l'endroit de son choix, il veut y apposer une croix avant d'y insérer un clou. Ici, vous auriez pu croire que la mine du crayon casserait, l'obligeant à retourner en haut. Mais non. Tout est parfait. Euh ! Tout serait parfait s'il avait un clou. Il retourne dans l'atelier, et ne prenant aucune chance, revient avec deux clous. Il se rend alors compte que le marteau est demeuré dans la salle de bain. En remontant, il décide de faire une pierre deux coups et serre le pistolet de colle tout en récupérant le marteau. Son œuvre l'attend au sous-sol. Il repère la marque du crayon et y appose un clou. D'un coup très précis il envoie le marteau directement sur le doigt déjà blessé. Le clou lui échappe. Heureusement qu'il en a deux. Finalement, il parvient à planter le clou comme il se doit, malgré son doigt meurtri. Il accroche le cadre. Son œil droit semble lui dire que le cadre est croche. Il va chercher un niveau qui se trouve à sa place et le place sur le cadre. Il fabule, la bulle indique que le cadre est parfaitement droit. Rosita se chargera de le mettre croche. Il recule de quelques pas pour admirer la toile. Surprise ! Cela n'a pas de sens, tout est à l'envers, les personnages ont la tête en bas. Il pense qu'il devrait inviter ses amies à admirer la toile lorsqu'elles feront du yoga dans la position du Sirsasana.
Rosita et Natou se pointent à l'heure du souper, les bras chargés de victuailles. Soupe à l'oignon, salade de crevettes et darnes de saumon seront au menu. Natou n'a pas oublié Mozart qui engouffre son tube de gâteries crémeuses, oubliant de remercier sa donatrice. Pendant le repas, Natou demande à son ami de raconter sa journée, la première qu'il a passé seul… euh, seul avec son chat. Mozart s'éclate de rire en espérant que son maître dira toute la vérité au sujet de cette peinture par numéros qu'il a encadrée.
Joseph-Arthur entreprend le récit, heureux de montrer qu'il a retrouvé son autonomie et s'empresse de les amener au sous-sol pour qu'elles puissent admirer son tableau. Rosita et Natou se tordent de rire. Elles constatent qu'effectivement la toile est à l'envers. En plus de souffrir d'amnésie, leur ami est distrait.
Conscient que ses amies l'accompagnent quotidiennement depuis sa sortie de l'hôpital, Joseph-Arthur s'interroge depuis plusieurs jours sur leurs relations personnelles. Est-ce que l'une d'elles est sa femme ? A-t-il eu des relations sexuelles avec elles ? Prenant son courage à deux mains, il leur fait part de ses interrogations. Les éclats de rires fusent immédiatement. Mozart le traite d'idiot, Rosita lui dit qu'il n'en a jamais été question et Natou se demande bien pourquoi il a pu songer à une telle idiotie. Elles proposent à Joseph-Arthur une séance d'hypnose afin qu'il puisse revivre ses expériences sexuelles, lui qui a déjà connu quatre épouses. Mais on attendra au lendemain. Cela risque d'être long.
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