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tome 1, Chapitre 8 « Hypnose 3: retour à l'hôpital » tome 1, Chapitre 8

Rosita reçoit un appel du médecin de Joseph-Arthur pour un suivi de sa récupération. Joseph-Arthur fait une crise en apprenant qu'il doit retourner à l'hôpital. Il avoue qu'il a la phobie des hôpitaux, cliniques et centres de soin en général. Il cherche donc à éviter les hôpitaux et tous les services médicaux possibles. Les spécialistes qu'il n'a pas consultés pensent qu'il a vécu dans son enfance une hospitalisation pour un problème de santé grave, ce qui explique cette peur. Mais pas moyen d'y échapper. Le trio se rend au CHRM (Centre Hospitalier Régional de la Mauricie) pour une attente de deux heures suivie d'un examen de trois minutes. Cet examen sérieux et approfondi ne révèle aucune amélioration sauf pour les revenus du médecin. Selon le toubib, seul le temps permettra au patient de s'en sortir. Sa mémoire pré-accident ne reviendra pas mais celle après est intact. Il faut être patient.

De retour à la maison, Rosita lui suggère une thérapie hypnotique pour revisiter ses séjours hospitaliers en vue de guérir cette phobie. Elle propose une séance pour le lendemain matin après le petit déjeuner.

Le cœur battant la chamade, Joseph-Arthur se réveille en sursaut. Les images floues de son rêve le hantent encore. Des couloirs blancs et froids d'hôpitaux s'étendaient à l'infini, des ombres menaçantes se glissaient derrière chaque porte. Une peur sourde, viscérale, le serrait à la gorge. Ce n'était pas la première fois que ce cauchemar le visitait. Toujours les mêmes murs aseptisés, la même odeur désinfectante, la même angoisse oppressante.

Il se redresse dans son lit, cherchant à chasser ces visions spectrales. La lumière douce de l'aube filtre à travers les rideaux, offrant un contraste apaisant avec l'obscurité terrifiante de son sommeil. Pourtant, une trace de cette peur persiste, comme une ombre tenace refusant de s'évanouir complètement. Il sait que cette nuit encore, le spectre des hôpitaux a réussi à le rattraper dans les méandres de son inconscient. Vivement la séance d'hypnose avec Rosita.

Hypnose 3

Rosita arrive pile à l'heure, soit 45 minutes après l'heure fixée pour la séance. Natou s'active depuis 30 minutes sur l'ordinateur de Joseph-Arthur afin d'isoler les renseignements pertinents à partir des articles écrits par son ami. Le trio avale goulument les rôties et œufs préparés par Joseph-Arthur puis on passe à l'hypnose. Rosita parvient facilement à endormir son sujet et lui demande de remonter dans le temps afin de décrire toutes les fois où il fut en contact avec le système hospitalier. Après quelques minutes de transe, Joseph-Arthur raconte ses déboires hospitaliers pendant que Natou, habilement, prend tout en note.

Je suis né dans un hôpital d'une mère et d'un père inconnus à ce moment. Une très mauvaise expérience que cette naissance non désirée. Je me suis alors empressé de quitter cet hôpital en espérant ne jamais y remettre les pieds.

J'étais loin de me douter que le destin et une chute d'un deuxième étage me destinaient à cette destination alors que je n'avais que 13 mois. Il semblerait qu'une double fracture du crâne nécessitait un séjour à l'hôpital. Évidemment on ne m'a jamais consulté avant cette consultation médicale. Vous dire que je me souviens de cet épisode serait vous mentir même si je pense que ce séjour hospitalier n'avait d'hospitalier que le nom. Si la mort n'avait pas été mon co-chambreur je me serais sauvé.

Quatre ans plus tard, c'est dans un tel état d'esprit que j'accueille sans bonheur la décision de mes parents, que j'apprenais lentement à connaître, de me faire opérer pour une amygdalite directement de la table de cuisine de la maison. Elle fut le théâtre d'une opération délicate sans qu'on puisse la qualifier de table d'opération. Avant mon entrée scolaire, mes parents, que je connaissais mieux, m'ont fait visiter un dentiste et un optométriste. J'en suis revenu avec deux dents en moins et des lunettes en plus. Pas très réjouissants ces services médicaux. J'ai appris à m'en méfier. Aucune raison de me rendre dans un hôpital sans raison. Même quand ma mère y alla pour ses fausses couches, je suis resté couché à la maison. Le chiffre 13 me portant poise, j'ai dû me faire violence et accepter de séjourner à l'hôpital, à cet âge, suite à un empoisonnement du sang, don de mon père qui me faisait travailler la terre malgré des blessures au bras. Le fait que ce soit des ambulanciers qui m'y conduisirent alors que j'étais inconscient a aidé ma décision. Je me suis juré de ne plus jamais y mettre les pieds. Mais comme il ne faut jurer de rien, les ambulanciers ont pris goût à m'y transporter alors qu'un empoisonnement gastrique dû à une ingestion volontaire de produits chimiques m'a encore une fois mis dans les vapes. Je mettais la faute sur mes parents que je connaissais maintenant trop bien. Il fallait que je fasse quelque chose pour combattre cette phobie. À quelques reprises, j'ai visité mon père à l'hôpital Cooke en me disant que ce n'était pas un vrai centre hospitalier, mais un hôtel pour malades chroniques. Un léger apprivoisement de cette bête.

Espérant me guérir en fréquentant le milieu hospitalier, j'ai marié une infirmière ce qui m'a permis de me rendre dans le stationnement des hôpitaux afin de me désensibiliser face à ces démons. Je pensais bien être guéri quand ma sœur eut un accident de motoneige et se retrouva à l'hôpital, défigurée. Figurez-vous que je me suis rendu la voir. Je n'ai pu la voir longtemps puisqu'on m'a vite ramené au poste de garde, dont je ne garde aucun souvenir. J'avais perdu conscience inconsciemment.

Trois ans plus tard, il m'a fallu tout mon petit change et un flacon de cognac pour accompagner ma première femme quand elle a décidé d'accoucher de notre fille. Quel moment heureux que de voir naître son enfant. C'est ce que j'aurais pu vivre si une grande faiblesse n'était venue me visiter au moment même où on coupait le vagin de ma femme pour permettre à la petite de venir au monde. J'aurais pu me reprendre à la prochaine naissance, mais elle n'eut jamais lieu. Comme la date de péremption de mon premier mariage était arrivée à terme après cinq années, on a mis un terme à cette union. C'est alors que j'ai marié une seconde épouse alors que ses deux marmots étaient déjà nés. Pas question d'assister à un autre accouchement. Tout alla bien pendant plusieurs années jusqu'au moment où je suis allé chercher mon beau-père à l'hôpital. Il avait été hospitalisé pour une pierre sur les reins et en est revenu avec un cancer généralisé. Heureusement, on lui avait enlevé ses pierres. Je remercie Jean-Paul d'avoir insisté pour mourir à la maison parmi les siens. Je ne fus pas obligé de retourner à l'hôpital.

Toute vie à un terme. Celle de ma deuxième union arriva cinq ans après sa conception. Dès que j'entrepris mon troisième périple matrimonial, j'ai su que je n'aurais pas à vivre un nouvel accouchement ni à me rendre à l'hôpital. Erreur ! Ma fille s'empresse de me donner un petit-fils. Pas question de manquer une visite auprès d'eux vu que personne n'est malade. Je devrai vivre avec la mort de ma troisième belle-maman qui prit la précaution de décéder sur le sofa dans son salon. Quelle prévenance à mon égard. Les années se sont suivies en me tenant éloigné des hôpitaux. Même quand mon père a fait le grand voyage on ne sait où, je ne fus pas invité à assister à son départ. Je vis plutôt le départ de ma troisième compagne, dont le terme de cinq ans venait à échéance. J'ai alors pris mon temps pour me trouver une nouvelle compagne à distance. Par contre, quand elle a commencé à prendre ses distances à l'approche de nos cinq ans de vie commune à temps partiel, j'ai angoissé et j'ai dû me rendre d'urgence aux urgences. Je n'y suis resté que huit heures. Mais ces quelques heures m'ont rendu moins nosocomephobe. Je me suis alors risqué à passer quelques heures avec ma mère, suite à son AVC. Elle en a profité pour aller rejoindre son mari. Puis, plusieurs oncles tantes, tannés de cette vie terrestre l'ont habilement quittée. Je n'ai pas eu le courage de leur rendre visite sur leur lit de mort. Ils sont décédés quand même.

Évidemment, ma dernière visite à l'hôpital fut facilitée par mon état comateux. Vais-je guérir de cette phobie ?

Devant le visage en sueurs de son ami, Rosita met fin à la séance et Joseph-Arthur reprend contact avec le présent. Il a hâte de relire les notes de Natou, espérant qu'elles réveilleront ses souvenirs. Mais il y a plus urgent, C'est l'heure d'un deuxième café.

Anomalie

Dans l'ambiance feutrée du salon, café près de son clavier, Natou se penche vers l'écran, les sourcils froncés par la concentration. Des lignes de code défilent, obscures et complexes, jusqu'à ce qu'une anomalie lui saute aux yeux. Une signature discrète, des fonctions furtives. Bingo ! Le voilà, tapi dans les profondeurs du système, un logiciel espion. La tension et l'attention montent d'un cran ou de deux crans. Quelles informations a-t-il pu subtiliser ? Depuis combien de temps rôde-t-il dans les méandres de cet ordinateur ? Chaque fichier ouvert, chaque e-mail envoyé deviennent une pièce à conviction potentielle. Natou sent l'odeur numérique de l'intrusion, une violation silencieuse qui pourrait révéler bien des secrets. Son regard s'intensifie, déterminé à démasquer celui ou celle qui a orchestré cette cyber-infiltration. Elle n'en dit mot à Joseph-Arthur mais elle va consacrer ses moments libres et les autres à identifier cet intrus.

Sous le pseudonyme de "Spectre", Natou navigue dans les profondeurs du web obscur lorsqu'elle détecte l'origine de l'anomalie. Un logiciel furtif s'est immiscé dans le système, enregistrant chaque frappe, chaque clic. Un frisson glacial parcourt son échine, vite remplacé par une rage froide. On ose pister Joseph-Arthur.

Ses doigts agiles dansent sur le clavier. Des lignes de code s'affichent, rapides et précises, disséquant le programme malveillant. Natou isole les fonctions d'espionnage, trace les flux de données. Le logiciel a laissé des empreintes numériques subtiles, des bribes d'informations sur son origine. Spectre les suit avec une patience de chasseur. Les pistes mènent à travers des serveurs anonymes, des réseaux cryptés. Chaque détour est une énigme, chaque obstacle un défi. Lentement mais sûrement, la toile se démantèle. Elle découvre une adresse IP, puis une autre, reliées entre elles. Des noms de domaines enregistrés sous de fausses identités apparaissent.

Natou utilise ses propres outils, des programmes qu'elle a conçus pour percer les illusions numériques. Elle contourne les pare-feu, déchiffre les protocoles. L'étau se resserre autour de la source. Finalement, un nom émerge, associé à une entreprise obscure basée à l'étranger : la CIA. Cette intrusion étrangère lui paraît étrange. Elle en averti le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

La motivation apparaît clairement : la surveillance d'un journaliste étranger qui n'est pas étranger aux enquêtes sur Donald Trump. Natou a mis le doigt sur des informations sensibles, et on tente de le réduire au silence. Mais on s'est trompé de cible. Natou n'est pas du genre à se laisser faire. Elle remonte la filière, dévoilant l'ombre derrière l'attaque. La partie ne fait que commencer. Doit-elle en avertir Joseph-Arthur ? Non. Pas maintenant. Mais elle communique l'information à Rosita. Cette dernière se demande si l'accident de leur ami était vraiment accidentel.


Texte publié par Jenquet, 30 mai 2025 à 22h33
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