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tome 1, Chapitre 6 « Hypnose 2: visite au domicile » tome 1, Chapitre 6

Natou se tourne vers Joseph-Arthur lui demandant s'il se souvient d'avoir écrit ces articles. Il ne s'en souvient pas et demande qui est ce Trump. Rosita est désespérée. Il faudra une autre séance d'hypnose pour aider son ami à retrouver la mémoire s'il veut retrouver son poste à Radio-Can.

La seconde séance d'hypnose se déroule sous haute surveillance de Natou et Mozart. Rosita explique qu'elle sait que ce type de voyage dans le passé n'arrive pas fréquemment. Ce pouvoir, explique-t-elle, lui viendrait de son arrière-grand-mère, Rose, née en 1858. Elle aurait reçu ce même don de faire revivre les souvenirs et l'aurait légué à sa grand-mère Marie-Louise qui lui aurait légué. Évidemment, plusieurs ne croient pas qu'on puisse revivre ses souvenirs en retournant dans le passé via l'hypnose. C'est normal. Aux États-Unis, il y a plus de 12 millions d'Américains qui ne croient pas que la Terre est ronde et encore plus qui pensent que Donald Trump est un bon Président. Je ne veux pas m'attarder aux attardés qui vivent présentement au sud du Canada.

Sous l'effet des douces paroles de Rosita, Joseph-Arthur perd le contact avec le présent et se retrouve dans un passé composé d'images éparpillées reliées à son domicile. Il évoque des bribes de son passé.

Je me revois chez moi, un soir d'été. Mon oreille, la gauche, entend le silence provenant de mon déshumidificateur tout neuf. Un signal non sonore mais lumineux m'indique que la cause de l'arrêt provient d'un filtre qui a trop filtré et qui flirte avec la poussière. Retour au mode d'emploi et je réussis à trouver le filtre que je nettoie en donnant son accord à l'appareil pour qu'il se remette en marche au pied de l'escalier. Fier de cette réussite, je remonte dans le salon pour redescendre aussitôt au sous-sol. Serait-il possible que mon vieil appareil non-fonctionnel veut simplement me signifier que j'aurais dû nettoyer son filtre depuis les cinq dernières années ? Je me souviens de ne jamais avoir trouvé ce filtre. Eurêka ! Je le trouve et je le trouve très encrassé. Utilisant mon boyau d'arrosage, malgré l'interdiction de la ville, je dépoussière le filtre, le repose et met en marche mon ancêtre qui n'attendait que le prochain passage de l'éboueur pour faire une promenade en camion. Est-ce qu'il fera baisser mon humidité ? Les heures à venir dévoileront ce mystère. J'assisterai peut-être au retour de mon vieil déshumidificateur. Mais non ! La nuit portant conseil, je me conseille de jeter cet appareil désuet et inefficace. Pas une goutte d'eau dans son réservoir. Cela me dégoutte. Un autre serpuarien dont je dois faire le deuil. Heureusement que son remplaçant se trouve déjà en place et fonctionne adéquatement.

Mes amies projettent de transformer mon sous-sol et je dois commencer à songer à un grand ménage. À peine 8 h 5 et le temps avance rapidement à un rythme lent, maintenant sa cadence de 60 secondes à la minute. Je me croise les doigts et fais mes mots croisés ce qui me prend six minutes. Je passe à la correction de mon prochain article portant sur l'élection de Donald Trump.

Mozart me rappelle à mon agenda qui comprend le grand ménage. Je débute par la salle de bain dont le nom indique bien qu'elle est sale. Dans le coin droit, un premier adversaire : la douche. Je lui passe un savon vu son état lamentable. Depuis que mes cheveux s'allongent, j'en laisse de plus en plus dans l'écumoire qui m'invite à la nettoyer. Je le fais et le renvoies à sa place. Je m'attaque ensuite aux miroirs qui me retournent une image plus nette une fois nettoyés. Je dévie vers les éviers et leur comptoir. Tout reluit euh… tout est plus propre. Je prends mon aise avec le cabinet d'aisance, fidèle compagnon de mes sorties quotidiennes. Je planche ensuite sur le plancher en prenant soin d'enlever un peu de poussière sur le pèse-personne afin qu'il me donne l'heure juste quant à mon poids même s'il ne tient pas le temps. Une petite pause syndicale s'impose. Vivement le Windex sur mes tables en verre, l'Hertel sur les comptoirs, poêle, frigidaire. Le plumeau frétille sur les meubles de la cuisine qu'il s'empresse de dépoussiérer. Le Swiffer élimine les poils de Mozart sur les planchers qui n'attendent plus que d'être nettoyés. Ce que je fais en vitesse. Le temps avance mais pas mon article. Ce n'est pas Trump qui va s'en plaindre.

Je me retrouve maintenant un an plus tard, toujours chez moi. Mon chat se meurt de rire depuis quelques semaines. Cela me console puisqu'il ne se rend pas compte qu'il se meurt tout simplement, de jour en jour. La nuit dernière il a vomi dans mon lit. Cette mésaventure m'a obligé à un réveil brutal, inattendu et obligatoire en plein milieu de la nuit et à la fin d'un rêve où je nageais dans un beau lagon bleu. En réalité, mon drap détrempé, alourdi et odorant exigeait que je me lève et que je l'enlève illico. J'ai changé mon lit. Attention ! Pas de lit, mais de literie. Je me sentais à l'aise d'y revenir puisque l'alèse avait bien effectué son travail en protégeant le matelas. Pendant que les draps, souillés et débarrassés de leur pitance indésirable, profitaient d'un lavage nocturne, un nouvel ensemble de draps sortait de sa cachette et habillait mon lit dans lequel je me recouchai, nu. Je me rendormi rapidement en moins de deux heures.

Mon chat ; dès l'aube, s'est acharné à me réveiller en me rappelant d'un air contrit son dégât nocturne avec un large sourire félin dans les yeux. Ses troubles de santé me laissent perplexe. J'ai décidé d'y réfléchir. En matière de réflexion, je possède un excellent conseiller, mon miroir. Il ne parle jamais dans mon dos et me fait voir la vérité en pleine face. Ce matin, il me renvoie l'image de ma chevelure, identifiée à tort comme abondante. S'il le pouvait, il se tordrait de rire et il n'aurait pas tort. Mais il reste de glace.

Ma coquetterie toute masculine m'a naguère conseillé de camoufler les quelques années qui se sont ajoutées à mon tiers de siècle d'existence. Voulant épicer ma vie auprès de la gent féminine, je me suis efforcé de recouvrir mes cheveux poivre et sel d'une teinture resplendissant la blondeur de mon enfance. Puis, lentement, sournoisement, sans avertissement, mon crâne a émergé de ma chevelure éparse ne gardant que quelques rarissimes petits cheveux, tel un duvet de nouveau-né. Évidemment, seule ma coiffeuse le sait et les autres le voient bien, je deviens chauve du dessus de la tête. La première a passé plusieurs années à couper mon abondante chevelure entourant mon ciboulot afin de les rendre conformes à ceux qui résistaient sur mon crâne. L'an dernier, j'ai constaté que la disparition de mes cheveux gris faisait ombrage à mon âge. Fini le camouflage et je laisse alors la nature faire son œuvre et elle s'empresse de me grisonner. Évidemment rien pour provoquer les railleries d'un chat ni de réflexions indues de mon miroir. Je ne lui passe pas de commentaires dû au fait qu'il n'est pas biseauté ou que je n'aime pas son tain. Par contre, l'intervention d'une de mes amies a eu des conséquences plus conséquentes. Je vous raconte.

Ma coiffeuse a pris un congé forcé ce qui a amené mes cheveux à proliférer mais seulement sur leur longueur. Une demande de rendez-vous s'avère éloignée dans le temps ce qui m'oblige à ne pas le confirmer. Partageant mon émoi avec mon amie, elle me rétorque innocemment de les laisser pousser. Elle aime les hommes qui ont les cheveux grisonnants, longs et qui s'en font une queue de cheval. N'étant pas à cheval sur les principes, je me dis que ce serait une avenue intéressante. Depuis maintenant six mois, ma coiffeuse n'a pas vu la couleur de mes cheveux. Ces derniers en ont profité pour venir chatouiller mon cou et caresser mes épaules. Mon duvet crânien s'est métamorphosé en cheveux ténus, d'une finesse à adoucir les mœurs et, lentement, prennent la forme de ma tête pour rejoindre leurs congénères qui couronnent ma tête me faisant croire à la renaissance de ma chevelure. Au même moment, j'ai remisé le rasoir et laissé une barbe judicieusement taillée par moi-même, sous la surveillance de mon miroir qui devra s'habituer à cette nouvelle image de moi.

Un mois plus tard, avant même que mon réveille-matin fasse œuvre utile, ma bonne oreille se sent agressée par un vacarme incessant provenant de l'extérieur. Je me lève en vitesse tout en déplaçant lentement Mozart, rejetant délicatement le drap qui recouvre ma nudité, m'assurant de regarder l'heure après avoir mis mes lunettes et, d'un coup d'œil furtif, je constate, après avoir entr'ouvert le rideau, un branle-bas de combat en face de chez moi. Je ne sais pas si la guerre est déclarée mais on creuse une tranchée dans l'entrée de mon voisin qui me fait face. Le trou part de sa maison et s'étend jusqu'à la rue. Plus de 400 pieds d'un sol éventré. Je m'assure que mon voisin a des assurances, ce qui est le cas, mais il n'a plus d'eau. En discutant avec mon voisin de gauche, j'apprends avec stupeur que ce dernier fournit mon voisin de face en eau depuis un mois, via un boyau d'arrosage noir. Ici la couleur n'a aucune importance sauf si on veut faire le lien avec le travail au noir, question de constance, une question qui ne demande pas de réponse. Un travail de moine effectué par des civils fournis par la compagnie d'assurance Intact pour un tuyau qui n'est pas intact. Ici on note le manque de constance. Il faut enlever le conduit d'eau sans endommager celui des égouts, sinon on sera dans la merde. Dans cette éventualité, ma caméra est pointée vers les travaux pour un reportage futur. Je n'ai aucune idée comment ni quand les travaux seront complétés sauf que pour l'instant, je profite gratuitement d'un nouveau site touristique, le grand canyon. Je me permets de demander au propriétaire de la tranchée s'il a l'intention d'utiliser les matériaux les moins chers. Mon voisin de gauche croit que non, moi que oui et mon voisin de face n'a pas osé trancher la question. Celle-ci demande pourtant une réponse. Je profite donc de la douce chaleur de l'été pour espionner ce qui se passe sous terre devant chez moi et slalommer entre les véhicules de l'entrepreneur qui ont pris possession de mon rond-point. Évidemment, les trois voitures du propriétaire du trou occupent aussi la devanture de ma maison puisque s'il souhaite se rendre chez lui, il se retrouvera illico dans le trou. Cette congestion routière altère ma routine quotidienne, m'obligeant à regarder derrière moi quand mon auto sort du stationnement, puis à m'assurer que la multitude d'yeux qui se promènent devant chez moi ne remarquent pas ma nudité quand je vais dans mon spa. Après tout, il n'y a que des hommes d'où ma pudeur. Il n'y a rien comme un bon malheur à un voisin pour souder les liens entre eux. Nous étions tous les trois, côte-à-côte, on n'avait aucune raison d'être en file autochtone, sur le bord de cette rivière sans eau à admirer le travail d'une excavatrice dirigée par un ouvrier au regard absent à nos yeux qui veillait à ne pas briser l'égout. Ses espoirs étaient aussi les nôtres. Et puis, il arriva ce que nous n'espérions pas. L'ouvrier ferma le moteur de son engin de recherche, sauta hors du véhicule et se dirigea vers nous, en sueurs. Il faut dire qu'il faisait plus de 40 degrés avec le facteur humidex (ce facteur ne livre pas de courrier). Il nous annonça d'un ton affirmatif que sa journée de travail était terminée et qu'il emballait ses outils ce qui ne nous a pas emballés. Si au moins ce n'était que sa journée qui se terminait mais non, c'est aussi sa semaine vu qu'on est vendredi, un 13 en plus. Je me souviens du vendredi 13 mars 2019 où le Covid-19 est venu nous visiter sans jamais se décider à repartir. J'espère que l'ouvrier va revenir lundi. Malheureusement, ces travaux en face de chez moi m'ont tellement pris de temps que je n'ai pas eu le temps d'écrire un nouveau texte pour mon journal. Quelle désolation !

Un claquement de doigts ramène Joseph-Arthur à la réalité. Natou a tout noté en espérant que son ami, en relisant ses notes retrouvera une partie de ses souvenirs. Mais pour l'instant, tout le monde a besoin d'un peu de repos et Mozart souligne que c'est aussi le temps pour sa collation.


Texte publié par Jenquet, 30 mai 2025 à 22h29
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