Samedi matin, Peter attend patiemment garé en retrait sur un chemin forestier longeant la route 155. Son cœur bat sourdement, un mélange d'appréhension et d'une étrange excitation. Il sait que sa victime passera vers 10 h comme à chaque samedi pour rejoindre ses amies Rosita et Natou. Il aperçoit finalement la berline noire de Joseph-Arthur approcher, brillant sous le soleil matinal. Son heure est venue à l'heure pile au village de Grandes-Piles.

Avec un calme feint, Peter démarre la camionnette et s'engage sur la route, gardant une distance prudente derrière la voiture de sa cible. À l'approche de la courbe dangereuse qu'il a identifiée près de Grandes-Piles, il accélère brusquement. Son plan est simple : simuler un dépassement risqué, forcer Joseph-Arthur à une manœuvre d'évitement et provoquer ainsi une sortie de route. Avec un peu de chance et d'habileté, il n'aura pas à heurter la berline.

Le moment fatidique arrive. Peter engage son clignotant, se déporte sur la voie de gauche et accélère, la camionnette rugissant furieusement. Joseph-Arthur, pris par surprise, freine brusquement. Peter braque légèrement son volant, donnant l'illusion d'une perte de contrôle imminente. La berline de Joseph-Arthur dévie de sa trajectoire, ses pneus crissant sur l'asphalte parsemée de nids de poule en dépit de l'absence de poules.

Le chaos se produit en quelques secondes terrifiantes. La voiture de Joseph-Arthur quitte la route, traverse le fossé et percute violemment un arbre en pleine croissance sur le bas-côté. Le bruit sourd du choc résonne dans l'air ambiant. Peter, le cœur battant la chamade, jette un rapide coup d'œil dans son rétroviseur. La scène est exactement comme il l'avait imaginée.

Il continue sa route quelques centaines de mètres, puis se gare sur le bas-côté, feignant la panique. Il sort de son véhicule, simulant l'inquiétude et court en direction de l'accident. D'autres automobilistes commencent déjà à s'arrêter pour jouir du spectacle. Plusieurs cellulaires expérimentent le 911.

La suite se déroule dans un tourbillon d'appels d'urgence, de sirènes hurlantes et de regards interrogateurs. Peter joue la comédie du témoin choqué, racontant une histoire confuse d'un dépassement manqué et d'une perte de contrôle. Les policiers, arrivés rapidement sur les lieux, ce qui est inhabituel dans la région, le remercient pour son précieux témoignage.

Alors que les ambulanciers s'affairent autour de la voiture accidentée, Peter se tient à l'écart, observant la scène avec un mélange complexe de satisfaction et d'angoisse. Il ignore encore l'étendue des blessures de Joseph-Arthur, mais dans son esprit tordu, justice a été rendue. Il avait orchestré son attentat avec une froideur clinique, dissimulant sa mission derrière le voile tragique d'un accident de la route. Il n'a même pas à déclarer l'accident à ses assurances, sa camionnette n'ayant aucun dommage en plus de ne pas lui appartenir. Il faudra cependant faire réparer les freins avant de remettre le véhicule à son véritable propriétaire.

Un appel codé à la CIA à leur bureau de Langley en Virginie confirme l'élimination du journaliste qui enquêtait sur les activités illégales du président Trump.

Les ambulanciers s'empressent de donner les premiers soins à la victime de l'accident. Le pouls est d'une faiblesse inquiétante et une large entaille à la tête sème l'inquiétude. La victime est inconsciente ce qui l'empêche de communiquer aux secouristes et aux policiers accourus sur place qu'il venait d'être victime d'un accident. À l'hôpital, on l'hospitalise et après de multiples tentatives de réanimation on constate que celles-ci réussissent à le maintenir en vie mais dans un état comateux.