Il y avait des étoiles, qui se reflétaient dans ses yeux. Surtout quand elle regardait le grand blond dégingandé, ou qu'elle observait l'océan. Lobst préférait quand elle regardait l'océan. Dans l'autre cas, son cœur se pinçait. Il aurait bien aimé qu'elle le regarde, lui.
Mais il était caché par la lumière. Lobst, il l'admirait depuis l'ombre, où qu'elle aille dans le lycée. Et quand elle était à la plage il se cachait entre les grains de sable.
— Te plains pas qu'elle te voie pas, si tu ne te montres pas ! lui disait Zéna.
Zéna, c'était sur son nez qu'il y avait des étoiles. Une constellation qui débordait un peu sur ses joues. Elle avait raison bien sûr, mais elle ne pouvait pas comprendre. Elle était dans ce monde depuis bien avant lui, et si elle avait eu des émotions du même type elle les avait oubliées. L'éternité efface tout.
Alors il se contentait de suivre la fille partout où elle allait, sauf chez elle, parce qu'il n'avait pas été invité. Et de soupirer à longueur de journée.
— C'est marrant, dit le blond un jour, tu as toujours les cheveux qui volettent un peu, comme si du vent te caressait tout le temps, même quand on est en intérieur. C'est pour ça, tous tes foulards ?
La fille rougit, c'était la première fois qu'il s'adressait vraiment à elle. Lobst savait qu'il était la cause de ce rapprochement et il serra les poings, sa rage se partageant entre le jeune homme et sa propre bêtise.
Oui, Zéna avait raison, mais c'était trop tard maintenant pour se révéler, l'accroche était faite, il n'aurait pas de place entre eux deux. Quant à renoncer... La sagesse, non, ce n'était pas de son âge. Mais le désespoir ? Il avait la vie devant lui pour ça. La longue vie des immortels.
Il était assis sur le sable à regarder les étoiles, les vraies, et leur reflet sur les vagues. Le ronronnement régulier des déferlantes sur le rivage berçait son mal de vivre.
Zéna lui apporta à manger. Il la remercia mais ne bougea pas.
Le lendemain, elle recommença, et lui demeura immobile. Il était dans un rêve, un long et triste songe qui l'hypnotisait comme le ressac. Il y dissolvait son âme. Il devenait un caillou dans le paysage. Mais sa vieille amie continua à le veiller.
Un jour, longtemps plus tard, Zéna n'apporta pas que des vivres :
— Ta fille, là, avec son blond, elle a eu un marmot.
— Quoi ?
Lobst bondit. Pas très haut car il était tout ankylosé. Il secoua ses membres couverts de sable, racla les algues encroûtantes qui avaient colonisé sa peau, et se précipita à l'hôpital. Par la fenêtre ouverte, il se faufila dans la chambre pendant que la belle dormait. Il se pencha sur le berceau. Le petit être le regarda de ses grands yeux tout neufs. Les étoiles qui y brillaient resplendissaient de promesses.
Une petite main se tendit et attrapa la sienne. Lobst sourit, et pleura, son cœur enfin réparé.
La femme s'éveilla. Vite ! Se fondre dans l'ombre du bébé ! Et l'enfant rit à son tour, comme un éclat du chant du firmament.
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