En cette saison, les plaines les plus grandes étaient nommées les plaines arides. Plus aucune eau ne coulait et plus aucun animal n'y vivait. Tous les habitants le savaient et refusaient d'y guider les voyageurs fous qui y partaient malgré les avertissements des villageois.
La plupart du temps, les étrangers en revenaient très vite, ayant vécu l'horreur des plaines, qui était pire que celle pour traverser le désert.
Mais à l'arrivée de l'automne, des premières pluies, il en manquait toujours. Alors, une équipe de chasseurs allait récupérer les corps, ou les ossements, car ils savaient déjà ce qu'ils allaient trouver.
Pourtant, cette année-là, ils ramenèrent un corps encore vivant. À moitié brûlé, mais bien vivant.
Dès qu'ils furent de retour, ils le montrèrent au chamane, l'homme le plus sage de la tribu. Ce dernier émit l'hypothèse que cet homme pourrait continuer à vivre, s'il le désirent, mais prévint que les soins seraient long et douloureux.
Alors, ce qui fut dit, fut fait. On mit l'homme dans une hutte, un peu à l'écart du village. Là, on mit en place une surveillance afin qu'il ne soit jamais seul.
Le guérisseur et le chamane venaient tous les jours administrer les remèdes.
Puis, un jour, l'homme se réveilla, sortant enfin de son long sommeil. Il avait faim. On lui apporta de la nourriture broyée. Ça faisait du bien, mais ça faisait mal. Alors vint pour cet homme les semaines les plus longues de sa vie. Tous les jours, au moment du changement de ses pansements, la douleur était telle qu'il criait et hurlait à l'agonie. Toutes les nuits, il hallucinait et criait au monstre.
Le chamane annonça que le brûlé des plaines était dans une période de démence, et qu'il pourrait y rester à jamais si elle se poursuivait après la période des pluies.
Elle se finissait bientôt...
Heureusement, l'homme reprit ses esprits peut avant la fin des pluies. La guérison avançait, la douleur se fit moindre, diminuant en intensité.
Un jour, lors du passage quotidien du chamane et du guérisseur, un groupe vint également rendre visite au miraculé.
"Cela fait quelques jours que vous voulez savoir qui vous êtes, commença le chamane. Regardez bien les personnes. Ils ont tous perdu quelqu'un qui voulait s'aventurer dans les plaines arides. En reconnaissez-vous ?"
L'homme se redressa, aidé du guérisseur et de son surveillant du moment. Il dévisagea toutes les faces devant lui. Au bout d'un moment, il fit non de la tête. Alors, le chamane fit sortir tout le monde, un à un.
C'est alors qu'il reconnut un dos et l'interpella en lui demandant qui il était. Le dos se retourna. C'était un vieil homme. Ce dernier regarda le blessé en lui demandant si c'était bien lui.
"Bien sûr que oui, vous ! Qui voulez-vous que ce soit d'autre avec un dos pareil ?
- Heu, et bien...
- Alors, qui suis-je ?
- Vous êtes un chercheur en géographie et géologie. Votre passion et obsession était de découvrir le secret de ces plaines arides, lieu où il devrait y avoir, selon vous, de grands lacs à longueur d'année.
- Et je me nomme ?
- Hermes EAULITE"
La mémoire lui revenait. Il se souvenait de son visage.
C'est alors que le guérisseur demanda que tout le monde parte, car monsieur Hermes avait besoin de repos.
"Attendez, fit ce dernier. Vous, qui êtes-vous ?
- Celui qui a financé votre expédition.
Sur ces mots, il sortit de la hutte.
Jour après jour, les brûlures guérissaient de plus en plus vite, ne laissant que des traces sur la peau neuve. Le vieil homme vint lui vendre visite presque tous les jours. Il lui donna des nouvelles de sa famille, de son épouse qui l'avait pensé mort et qui avait refait sa vie. De sa petite fille qui ne savait plus qui était son vrai père. Ainsi, au fil des jours, Hermes sut qu'il n'avait plus de vie dans son pays. Il était devenu un mort ambulant.
La saison des pluies était enfin terminée, et la saison sèche allait commencer.
Le miraculé avait toutes ses brûlures guéries. Le chamane et le guérisseur lui donnèrent enfin leur accord de sortir de la hutte du malade. C'est ce qu'il fit.
Il alla, déambula dans le village, riait à la vue des enfants jouant. Sans trop savoir pourquoi, il arriva devant le chemin menant aux plaines. Il se revit alors marchant sur ce chemin, son entré dans les plaines. Il se souvint de sa traversée, de la grotte qu'il avait découverte. Sa mémoire lui était maintenant entièrement revenue. Il resta là pendant plusieurs heures, assis, immobile. C'est le chamane qui dut venir le chercher pour le ramener à la hutte afin de lui administrer les remèdes quotidiens.
"Vous ne devriez pas rester là., conseilla le sage. Cela risque de raviver votre envie de parcourir les plaines. N'en faites rien.
- Je me souviens. Je me souviens de tout. Il faut que j'en parle au patron."
Alors, on alla chercher le vieil homme.
"Je me souviens, Monsieur."
Et il commença à raconter son voyage.
La chaleur accablante qui régnait dans les plaines désertiques, le vent chaud qui soufflait en rafale, l'hostilité des plaines égale, non, bien plus importante à celle des déserts. Il expliqua comment il avait pu atteindre une grotte d'où partait un air chaud et suffoquant.
Le chamane et le guérisseur savaient ce qu'il avait trouvé. Eux, l'appelait la grotte du feu. Mais ils ne dirent mot.
Hermes se souvint alors d'y être rentré, malgré la chaleur suffocante. Il revit cette pierre bien ronde et ressemblant à un œuf géant. Il ré-entendait le grondement sourd provenant du fond de la grotte. Il se ressentit courir vers la sortie. Sa course continua à l'extérieur. Puis, il re-vécut cette sensation d'être pris par les épaules entre des serres puissantes, ces battements d'ailes à ses oreilles. Et il avait regardé...c'était un dragon. Là, il perdit connaissance.
Le chamane et le guérisseur savaient que leurs existences n'étaient pas un mythe. Mais, ils ne dirent toujours rien.
Le vieil homme se mit à rire et s'esclaffa que c'était une bonne histoire. Qu'il reviendrait lorsqu'il aura retrouvé son sérieux. Il sortit de la hute tout en rigolant. C'était une bonne excuse et une bonne histoire. Mais un dragon... Tout le monde savait que les dragons n'existaient pas. Pourquoi pas une fée maléfique, une hydre ou même un énorme élémentaire de feu ?
Pendant la nuit, alors que le veilleur s'était absenté pour ses besoins naturels, le miracule décéda.
En fait, à son retour, le veilleur le retrouva avec un poignard dans le cœur. Un des poignards des guérisseur de la tribu. Il alla prévenir le chamane qui conclut à un suicide.
Le lendemain, le vieil homme alla trouver le chamane et le guérisseur après avoir constaté l'absence d'Hermes dans la hutte du malade. On lui dit alors que l'homme était retourné dans les plaines arides au petit matin. Malgré les avertissements, sa curiosité aurait été plus forte, et il avait cédé à la tentation de repartir les explorer. Il voulait vérifier son histoire.
Pour le village, maintenant que la saison aride était bien entamée, il était impossible de le retrouver vivant.
Le vieil homme maudit Hermes et son entêtement. Il décida donc de repartir dans son pays après un dernier repas avec la tribu.
Quelques jours plus tard, on le retrouva mort à son domicile.
Il fut conclu à une crise cardiaque.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3128 histoires publiées 1372 membres inscrits Notre membre le plus récent est Pharaon 237 |