À LA RECHERCHE DE SOUVENIRS
Hécatombe
Un groupe de femmes arrive devant le salon Au Raseur Rasé ameutant le village contre la présence de deux ex-prostituées. Les maris de ces manifestantes ont profité des résolutions de la nouvelle année pour avouer l'inavouable : leurs infidélités. La horde profite de son nouveau sport : la marche rapide, pour joindre tant bien que mal, l'utile à l'agréable. En colère, elles ont une dent contre Chiquita et Vénus. Les injures en leur direction fusent. Il faut avouer que cet arrêt devant le salon fait partie d'une stratégie de ce club sportif : reprendre son souffle à mi-parcours. Pour l'instant, elles visent l'atteinte de leur objectif : un (1) kilomètre, soit la longueur de la rue Principale.
À part la santé du maire, tout va mal dans le village. Le Premier Magistrat vient d'augmenter les taxes, le gouvernement baisse les retraites, l'électricité augmente alors que les températures baissent et La Dépêche voit ses abonnés se désabonner. Heureusement que le journal est distribué gratuitement. Hocquet n'a pas le choix. Il remercie Hermès en le remerciant pour ses nombreux mois au journal. Ce dernier, mis à pied et faisant la moue, se retrouve de nouveau itinérant et quitte pour la grande ville obligé dorénavant à la marche rapide. Hocquet occupera maintenant les postes de propriétaire, rédacteur-en-chef et unique journaliste du journal. Je défie un syndicat de s'y implanter !
Le salon Le Raseur Rasé constate que la coupe calvitie attire moins de clients. Les anciens clients du bordel hésitent à défier leurs conjointes et coupent dans les coupes. Chiquita devra se trouver un second emploi. Je lui offre de devenir mon adjointe. Luis, son nouvel ami, ne maîtrisant pas la langue française croit que je lui demande de devenir ma conjointe. D'une jalousie maladive, il décide de quitter le village et de partager le nouveau loisir d'Hermès : la marche rapide. Nous ne reverrons plus ces deux compères. St-Jean-D'Épîles ne compte plus que 1232 âmes. Vénus conserve néanmoins sa clientèle de Drags Queens qui ne peuvent se permettre des délais épilatoires.
Il me faut, en ces temps difficiles, augmenter mes actifs et être moins passif. Pour relancer les affaires, je dois profiter au maximum de mon apparence. Je décide de ne plus porter de barbe ni de moustache. C'est facile puisque ces attributs m'ont quitté il y a déjà cinq ans. Il suffit de leur demander de ne plus pousser et de les aider à l'aide d'un rasoir. Autre changement important : je change ma photo de profil sur Facebook pour une photo de face. De nouvelles cartes d'affaires anonymes, ni aucun renseignement personnel font leur apparition. J'ai peur des vols d'identité. Alors ma photo et mon âge suffisent. Ma réputation et le fait que je sois le seul détective du village feront le reste. Octogénaire, je refuse l'invitation à joindre le club des marcheurs rapides.
Une mort annoncée
Ma dernière visite à La Dépêche s'avère très profitable. Mon ami Hocquet accepte de publier gratuitement ma carte d'affaires en échange d'une chronique relatant mes exploits. Chronique que je ferai bénévolement. Il me montre un exemple de ses exigences : un article sur la nouvelle loi québécoise de l'aide médicale à mourir. J'y apprends que depuis quelques années, on peut décider de l'heure à laquelle notre dernière heure arrivera. Cela me donne matière à réflexion. Mais Hocquet a une idée derrière la tête, j'en suis certain. Il me parle de son projet d'une chronique nécrologique qui pourrait rentabiliser La Dépêche. Je lui souligne qu'aucune des 1232 âmes de St Jean-D'Épîles n'a pris rendez-vous avec la faucheuse. Je lui propose de publier la nécrologie de mon propre décès par anticipation et de façon mensuelle jusqu'à ce que ma mort coïncide avec celle-ci. Il décline mon offre au temps présent ne connaissant pas le futur conditionnel à la fin de ma vie.
Je me rends chez Chiquita lui demandant de scalper mon crâne, ravivant ainsi ma coupe calvitie. Suite à ma rencontre avec Hocquet, j'en profite pour monologuer sur l'aide médicale à mourir en confiant à Chiquita que je voulais en profiter. Puisqu'on peut choisir la date de notre grand départ, je lui demande de consigner mon désir de mourir à 11 h 59 le 30 juin 2050. Pas question que je vois la 106e année de mon existence. Chiquita ne me répond pas mais je vois dans le miroir qui me fait face que son visage reflète de l'incompréhension.
Meurtre prémédité
Voici une histoire insensée qui démontre combien la gente humaine est imprévisible. Lors d'une de mes virées pour vérifier la qualité d'un bon café en visitant successivement MacDonald, Starbucks, Tim Hortons et Morgane, j'en viens à la conclusion que le café donne la diarrhée. Vidé de mes émotions, je discute avec une jolie femme, ma benjamine d'une vingtaine d'années. Aucune crainte que je puisse l'intéresser. Elle a cependant suscité beaucoup d'intérêt chez moi quand elle m'a parlé du mari de sa fille qu'elle soupçonne d'infanticide. Je décide de faire enquête, voulant prendre les intérêts de mon interlocutrice et un peu de son capital.
Je rencontre donc sa fille, ma benjamine d'une quarantaine d'années. Aucune crainte que je puisse l'intéresser. Je constate qu'effectivement elle n'a pas d'enfant. Je lui demande si elle a déjà accouché. Elle ne le croit pas. Je la crois. Elle m'affirme cependant qu'elle veut des enfants et en veut à son mari de ne pas lui en donner. Elle pense qu'il les tue avant terme. Cela demande des explications. Elle me dit qu'elle a lu dans la revue scientifique "Elle" que des enfants secoués pouvaient en mourir. Elle me raconte alors que très souvent, avant de faire l'amour, son mari secouait son pénis tellement fort que cela devait tuer les spermatozoïdes avant même qu'ils puissent faire effet. Et puis, elle a constaté une autre anomalie. Son mari gardait sa semence en otage en utilisant un préservatif. Il ne le faisait pas tout le temps, seulement lorsqu'il la pénétrait. Pour les fellations, il l'enlevait pour que sa femme n'ait pas le goût désagréable du latex. Je suis alors retourné chez voir ma cliente chez Morgane pour faire mon rapport oral à sa mère (pas de mauvaises pensées svp). Je l'ai rassurée. Il n'y a pas de meurtre, mais ses chances d'être grand-mère sont minimes.
Une rencontre imprévue
Un soir, pendant que Chiquita et moi ne faisions pas l'amour… euh je ne me souviens pas de la dernière fois, je lui ai confié une mésaventure dont je fus témoin malgré moi à l'âge de 20 ans. L'action prit corps, à mon corps défendant, lors d'un bel après-midi d'automne. En voici le déroulement.
Quelques flocons de neige virevoltent laissant entrevoir des espoirs pour les skieurs. Roger Lebrun, un chauffeur de taxi, demeure dans la maison face à la mienne. Un charmant type qui a le bonheur de partager sa vie avec une femme adorable, d'une beauté peu éclatante mais d'une bonté à rendre tout le voisinage heureux. Il part de chez lui conduisant son taxi pour aller quérir un client à 20 kilomètres de sa résidence. Il prend la 157 nord, le cœur léger et la tête pleine de projets.
Au même moment, Pierre Ledoux, mon voisin de bureau au collège jubile de bonheur. Ce dimanche, il demandera sa copine en mariage. Une seule route relie les deux villes. Il s'engage sur la route 157 sud. Je quitte mon bureau cinq minutes après lui et prend le même itinéraire.
Vingt minutes après son départ, Roger constate que la route enneigée devient glissante. À cet instant précis, Pierre fait la même constatation. Le hasard prévisible veut que les deux se retrouvent face à face, les yeux dans les yeux, au moment précis où les deux voitures dérapent. Un coup de volant à gauche pour l'un, à droite pour l'autre. Malheureusement, les autos poursuivent leur chemin jusqu'à l'embrassade. Ni l'un ni l'autre ne remarquent mon arrivée quelques instants après la collision. Je dois aller voir. Je contrôle mon stress avant que le stress ne me contrôle. Je me pointe auprès du premier conducteur pour constater qu'il s'agit de mon confrère Pierre qui, le cou brisé, est décédé sur le coup. Mes jambes peinent à me conduire au deuxième véhicule. Je n'en crois pas mes yeux. Mon voisin Roger n'a plus de pouls. L'adrénaline me permet de faire un bref rapport à un policier qui arrive sur les entrefaites. Puis je me rends à ma voiture, tremblotant, en me croyant au centre d'un cauchemar. Il faut que je me change les idées. Pas question de ressasser cette funèbre vision. Je laisse derrière moi les deux carcasses contenant toujours les corps de mes voisins. Il me reste 10 kilomètres de route pour me rendre chez moi. Inutile de dire que ma vitesse de pointe est grandement réduite. Arrivé à la maison, mon regard se porte vers le domicile de la veuve qui l'ignore encore en me convainquant que ce n'est pas à moi de l'en avertir. Une heure plus tard, une voiture de police s'arrête devant sa maison. Je sais aussi que dans une autre demeure, il y a une copine qui ignore qu'elle aurait été demandée en mariage le surlendemain.
Comment puis-je me souvenir si précisément de ce fait après 60 ans ?
Mise au point aux poings
Non mais ! On ne fait pas un tel coup à un détective privé. Ce soir, en revenant d'une enquête dans un restaurant où je tentais de déterminer si je préférais le dessert aux pommes ou la tarte au citron, je trouve mon bureau sans dessus dessous. Toute ma filière d'affaires classées a été vidée. Je viens de perdre le travail de 10 ans de labeur. Plus de huit dossiers dérobés. Je ne comprends pas. J'avais pourtant laissé Luney, mon chat de garde, en charge de la surveillance. Au fait, je l'ai retrouvé, caché sous l'édredon de mon lit, tremblant encore de la visite du malfaiteur. Si je le retrouve, il aura affaire à mes deux poings. Il faut dire que je ne possède pas d'armes depuis que je me suis fait confisquer ma carabine 22 et une arme tronquée. Le service de police voulant me rendre service vu qu'un détective privé de licence se voit priver d'arme en service.
Je veux faire une mise en garde à toutes les personnes qui liront les rapports de mes affaires classées. Je ne me suis jamais occupé de meurtres, ceci étant l'affaire des policiers. Je leur laisse aussi les suicides. Ils me rappellent trop le mien. Je vous rassure, je l'ai raté. Je privilégie par contre, les causes d'infiltration et de filature. Ce n'est vraiment pas de ma compétence si mes causes n'ont pas connu la célébrité, aucune célébrité ne m'ayant confié sa cause.
Dans un de mes rapports non encore rédigé, vous auriez pu lire l'épisode où j'en suis venu aux poings avec un molosse de quatre mois. Un labrador qui, en me voyant, m'a sauté dessus. Il a mis ses deux pattes sur mes épaules et a léché avidement mes lunettes. (Le temps des détectives avec une loupe est dépassé, maintenant, on porte des verres ajustés à notre vue, de préférence.) C'est à ce moment précis que j'ai utilisé mes poings. J'ai serré fortement les mains, levé mes deux poings devant mes lunettes pour les protéger de cette langue canine. Le molosse s'est calmé et pour lui démontrer que je ne le craignais pas, je l'ai laissé mâchouiller les lacets de mes souliers jusqu'à ce qu'il s'en lasse. Puis, sa maîtresse est venue le chercher. Je me demande parfois pourquoi il est si facile à un chien d'avoir une maîtresse alors que c'est si difficile pour moi.
Exception faite d'un lacet mouillé, il n'y avait pas matière à porter plainte : ce qui explique l'absence d'un rapport écrit sur cet incident. Mon voleur n'a donc pas pu s'en emparer. Cela me soulage. Personne n'en sera au courant. Il me reste à découvrir mon malfaiteur. Il a laissé des indices faciles à interpréter : sa carte d'affaire. C'est un homme de 1 , 68 mètres aux cheveux grisonnants et pesant autour de 78 kilos. Il a 65 ans et habite la chambre à côté de la mienne. Chiquita rappelle à mon souvenir que c'est moi qui lui ai demandé de venir chercher ces rapports pour les faire plastifier. Je lui avais même laissé les clefs de ma chambre. Un coup de téléphone me rassure. C'est vraiment Hocquet le coupable. Le travail a été fait et il me rapportera mes rapports demain matin.
La mort d'un jumeau
Les coiffeuses en entendent des histoires tristes et Chiquita ne fait pas exception. Voici celle d'un crime que même Jenquet n'aurait pu empêcher. Le client rapporte une histoire invraisemblable.
Mon frère et moi avons vu le jour en même temps. Nous sommes jumeaux malgré quelques différences notables. Il y a 30 ans, nous sommes apparus sur cette Terre grâce à une mère porteuse. Nous avons pris quelques années à nous développer, toujours côte à côte, mon frère et moi. Notre croissance a souvent été asymétrique. Dès notre naissance, on a fait l'objet de curiosité et d'envie. Les hommes, et parfois des femmes, venaient voir ma mère et désiraient nous cajoler et nous embrasser. Aucune jalousie ; mon frère et moi recevions les mêmes attentions. Mais attention, il y avait souvent de la tension quand on nous exposait aux yeux des autres, comme si nous étions des curiosités.
Évidemment, ma mère nous considérait comme les plus beaux. Mais, en prenant de l'âge, elle a commencé à avoir des doutes. En nous comparant à ceux de ses amies, elle trouvait que nous ne grandissions pas assez rapidement. On a eu peur qu'elle nous laisse tomber. Mais il n'en fut rien. Adultes, nous sommes devenus un objet de fierté, auréolés comme des attraits à ne pas manquer. Notre mère a tout fait pour nous mettre en valeur. Surtout moi, vu que mon frère tardait à se développer. Je voyais bien qu'il n'était pas à ma hauteur. Il ne savait pas non plus quel sens donner à sa vie en prenant une orientation différente et cherchant à s'éloigner de moi. Mais il ne m'a jamais abandonné.
Bien que je sois, à mon avis, plus joli que mon frère, la nature ne m'a pas gâté. La maladie est devenue une compagne tenace alors que mon frère demeurait sain. Depuis quelques mois, je visite une clinique où on m'ausculte sous toutes les coutures. On doit croire que j'ai trop de graisse, puisqu'on m'en a enlevé un peu. Et mon frère qui se réjouissait d'être plus petit que moi auparavant se désole de me voir atrophié. Ma mère est triste de voir mon état de santé. Pendant plusieurs mois, elle a essayé tous les traitements qu'on lui suggérait. Elle s'arrachait les cheveux pour trouver une solution à mon problème. Puis, à bout de ressources, elle m'a conseillé d'avoir recours à l'aide médicale à mourir. On en a parlé à un médecin qui, après avoir analysé ma situation, a confirmé que j'y avais droit. Mon frère ne voulait pas que je le quitte, trouvant injuste qu'il demeure seul. Il savait bien que sans moi, il perdrait tout attrait. Et puis, il n'avait jamais connu la solitude de toute son existence.
Voilà pourquoi ce matin, je me retrouve dans ce lit d'hôpital pour vivre mes derniers instants. Tout est silencieux. Mon frère est près de moi, mais il se cache pour ne pas voir mon départ. Je pense voir déjà la vive lumière du tunnel… non, c'est l'éclairage au-dessus de mon lit. Le meurtrier s'approche, scalpel dans la main droite. Il me prend de sa main gauche et d'un geste rapide, il rend mon frère fils unique. Je n'existe plus. On m'a sacrifié afin que mon frère et ma mère vivent. Je suis parti, emportant avec moi la tumeur cancéreuse en mon sein.
C'est ainsi que le sein gauche de sa fille a perdu son jumeau suite à une mastectomie. Chiquita termine sa coupe calvitie en pleurs.
Quel oubli !
Hocquet vient me voir se désolant que ma dernière chronique ne lui soit pas parvenue. Je m'interroge. Quelle chronique ? Selon notre entente, dont je ne me souviens pas, je dois lui fournir à chaque semaine le récit d'une de mes enquêtes. Je n'y comprends rien. On verra cela plus tard. Pour l'instant, je retourne dans mon fauteuil laissant mon esprit vagabonder.
Je ne suis qu'un pauvre personnage de contes qui compte peu de lectrices et pratiquement aucune enquête réussie. L'auteur a fait de moi un détective privé de toutes compétences en la matière et l'antimatière. Je viens de relire toutes les œuvres que mon enfance aurait dû lire. Une vraie caverne où ma seule connaissance du monde réel provient des ombres que je voyais derrière moi. Dernièrement, j'ai eu une illumination en côtoyant dans un livre un certain James Bond qui m'a offert, en guise d'amitié (ou pour se débarrasser de moi), un gadget indispensable pour tout chercheur d'aventures : une montre intelligente. Il me l'a remise via la complicité de Chiquita qui me demanda de toujours la porter, surtout si je sors de ma chambre. Chiquita m'assure qu'elle va me permettre de voyager dans le temps et de savoir quand mes amis voudront me rejoindre. Elle me remet aussi un téléphone intelligent qui me permet de me déplacer parmi tous les livres publiés ou non et dans les journaux. Je lui donne le nom de ... euh, je ne me souviens pas. Heureusement qu'en l'ouvrant, son nom apparaît : SÉSAME. Comme personnage de contes, je compte en profiter pour modifier mon apparence au gré des défis qu'on me propose. Comme les bons contes font les bons amis, je peux compter sur Hocquet, un fidèle ami que même Fidel Castro aurait aimé avoir à ses côtés. Il est chargé, à titre d'éditeur, de débusquer des histoires intéressantes et de les publier dans son journal. Il est aidé par Vénus qui a la lourde tâche de réparer mes pots cassés (cela m'arrive) et qui doit me ramener à la raison et parfois à ma chambre quand je m'égare.
Cette charmante Vénus m'initie aux possibilités de mon cellulaire. Il m'offre d'entrée de jeu et gratuitement de me créer un avatar pour que mes lectrices aient une bonne idée de mon apparence. Ne reculant devant rien, puisqu'il n'y a rien devant moi, je me crée un visage qui devrait attirer les regards. Afin d'éviter les blagues racistes, je m'octroie un visage caucasien que j'affuble d'un nez étroit surveillé par deux yeux pervers (la seule perversité que je vais me permettre). Je prends soin de mes sourcils qui ne devront pas dévoiler mes soucis. Impossible que ce personnage ne soit pas complètement chauve vu la magnifique coupe calvitie obtenue par les mains magiques de Chiquita. Un bon camouflage se fera via l'absence d'une barbe neuve et blanche et des lunettes inutiles. Évidemment, mon corps prend la forme désirée au gré de mes fantasmes grâce aux soins de mon esthéticienne préférée et la seule du village : Vénus. Pour cacher ma non-chevelure, j'opte pour un chapeau de cowboy rapporté d'une de mes aventures, probablement avec Lucky Luke. Une belle chemise à col Mao attend que je revête des pantalons à pattes d'éléphant. Vénus me souligne que j'ai l'air d'un Québécois-Chinois-Américain. Je suis prêt à me lancer dans un monde parallèle à la réalité où tout est permis. Je suis choyé d'avoir de tels amis.
Un téléphone résonne. Le mien ? Non, celui de Chiquita. J'entends un faible oui. Elle se tourne vers Hocquet et Vénus et leurs chuchote : c'est la clinique médicale. On avait bien raison, le médecin a diagnostiqué chez Jenquet un début de démence. Je fais semblant de ne rien entendre, aidé par mon début prolongé de surdité.
La zizanie
Vénus vient de me ramener à ma chambre. Semble-t-il que je me promenais dans les rues de St-Jean-D'Épîles à la rechecherche du bordel La Poule Mouillée. Mon amie cherche à me distraire et me demande de jouer avec SÉSAME. Ce dernier n'en fait qu'à sa tête. Je me retrouve à Rome demandant au pape sa bénédiction Urbi et Orbi. Puis, par la magie de Google, je me rends dans un village Gaulois en guerre contre Rome dirigée par un certain César. Celui-ci veut mettre à feu et à sang l'ensemble de la Gaule, ce que Charles de Gaule lui refuse en imposant un couvre-feu. Prétextant que la salade César est la meilleure des salades romaines, Astérix lui rétorque qu'il préfère la poutine québécoise qui sera inventée 2000 ans plus tard. Les deux antagonistes se tirent alors des tomates s'affligeant de nombreuses blessures. Cette bataille ne sera jamais aussi connue que le Bloody Cesar. César se proclame dès lors le plus grand dictateur de l'histoire, ce qui souleve l'ire du Grand Schtroumpf et la colère de Donald Trompe. La zizanie est prise entre les grands de l'ère moderne, un air de déjà vu. Détritus est chargé de mettre de l'ordre dans les faits historiques et de rendre à César ce qui appartient au passé. À présent, la zizanie est chose du passé puisque dépassée. Sauf dans un village québécois, St-Jean-D'Épîles, qui résiste à l'envahissement de la langue anglaise.
Certains lecteurs pourraient me reprocher de mêler les histoires. En réalité ce ne sont pas elles qui sont entrelacées mais moi qui ne suis jamais enlacé. Je ne cherche pas à créer la zizanie parmi elles mais si le Covid-19 peut générer des variants, pourquoi ne pourrais-je pas le faire aussi ? Si les personnages que je cite ne sont pas contents, ils n'ont qu'à me poursuivre. Ils verront que je peux marcher vite, surtout si un chien me tient en laisse. J'imagine que Hocquet va tenter de publier mes élucubrations dans La Dépêche tout en gardant son sérieux ou Chiquita tentant de retenir mes folies littéraires. Vis-je dans un monde parallèle où la réalité n'existe plus ?
Plagia
Mes amies viennent me visiter, un gâteau à la main. Il parait qu'on fête mes 81 ans. Elles se trompent sûrement, je n'ai que 40 ans. Pourquoi ma femme n'est-elle pas avec eux ? SÉSAME clignote à toutes les 10 minutes. Des gens que je ne connais pas m'envoient leurs vœux d'anniversaire. Je ne comprends pas ce qui se passe, mais le gâteau est bon.
Il y en a qui ont du front tout le tour de la tête. Je leur souhaite d'être chauves. Je viens de recevoir la visite d'un petit lutin prénommé Gunther. Imaginez-vous qu'il m'accuse de plagia. Il est arrivé inopinément, via SÉSAME, en me disant qu'il vivait depuis plus de cent ans dans un conte. Il cueillait des champignons dans un sentier où il s'était perdu quand une nommée Chiquita, qui lisait son histoire pour meubler mon imagination, a trébuché sur une racine. Elle s'est aggrippée à lui et l'a ramené dans notre monde. Au moins, il est chanceux. Mon problème actuel est de le retourner dans son conte avant qu'on raconte que je l'ai emprunté sans tenir compte des droits d'auteur. Hocquet me rassure en décrétant que j'ai droit à quelques mots du conte. Jean Galimard me pardonnera cet emprunt à son édition. Chiquita m'a conseillé de placer Gunther dans un courriel, en document attaché, et de le retourner à son époque. J'ai donc attaché le lutin avec de solides cordes pour qu'il ne se débatte pas. Heureusement que le lutin n'a pas lutté quand je l'ai attaché pour m'en détacher. N'ayant pas son adresse de retour, j'ai demandé à SÉSAME de l'adresser à la bibliothèque des causes perdues. Dès son départ, mon chat Luney a maugréé de mécontentement. Je venais de lui enlever un petit ami avec qui il aurait aimé s'amuser. Il n'avait jamais vu de lutin. Je lui ai promis de lui en confectionner un. Si je peux me créer un avatar pour moi, rien de plus simple que d'inventer un petit lutin pour lui. Ce fut fait aujourd'hui en un tour de main. Je profite d'une accalmie pour visiter le président du Québec indépendant dans sa Maison Bleue au cas où il souhaiterait mettre sur pied une agence de renseignements pour compétitionner la CIA. Il demande à voir ma carte de compétence et je lui montre ma carte VISA. Je lui dis également que j'ai lu toutes les aventures de Jack Ryan ce qui m'autorise à prendre charge d'un tel poste. Les prochains épisodes verront bien si ma proposition sera acceptée. Je n'en doute pas.
Paraskevidékatriaphobie
Il semblerait que le temps passe rapidement quand on ne se souvient pas des jours qui passent. Ce matin, une jeune femme me prend par le bras afin que je puisse prendre une courte marche. Elle dit s'appeler Vénus et me parle doucement. Des fois, je pense qu'elle me courtise. Elle dit qu'elle est venue me voir la semaine dernière mais je ne m'en souviens pas. Son ami, un certain Hocquet me prête son journal. Il me montre la UNE. Je lis la date ¸VENDREDI 13 mars 2020. Le Journal est gelé, il fait moins 30 et le facteur vent fait tournoyer les pages du quotidien oublié délicatement à l'entrée de mon domicile. Pour me protéger du froid, je me recouvre avec les pages 6 et 7, les bras et les mots croisés. Pour passer le temps froid, je fais défiler devant moi les lettres, les mots et les phrases de l'article un de la page frontispice avant d'être à l'article de la mort. Grande catastrophe, annonce-t-on. Un virus venant de Chine vient d'arriver au Québec. On dénombre 74 personnes atteintes mais aucune hospitalisation. Le pays futur va s'en sauver. Contrairement aux Chinois, Italiens et autres étrangers, nous avons un gouvernement prévoyant qui va y voir. Un vrai film d'horreur, moi qui les ai en horreur. J'ai d'ailleurs demandé à … euh… à elle d'éviter de me me raconter des contes qui font peur, de peur d'avoir peur. Je déteste les vendredi 13. Cette phobie remonte au vendredi 13 de l'an 1307. Je me retrouvais, à cette époque, avec Jacques de Molay, grand-maître des Templiers , lors de son arrestation. Au moment où il avait le feu au cul, étant immolé sur un bûcher, il lança une prophétie effroyable. Des années de malheurs à tous ceux qui seraient malheureux. Cette prophétie se réalise encore de nos jours. Évidemment, un héros tel que moi n'avouera jamais qu'il connaît la peur. C'est pourquoi, profitant d'un coup de vent favorable, je quitte ma cachette sous les pages 6 et 7 du Journal. Depuis ce temps, j'ai peur des vendredi 13 d'où la Paraskevidékatriaphobie.
L'âge des adages
Si j'avais pu dormir la nuit, j'aurais rêvé d'adages célèbres qui auraient fait l'histoire. Mais un personnage de conte comme moi ne dort jamais ou son sommeil dure cent ans. Parlez-en à la Belle au bois dormant. Je dois donc rêver le jour lors de mes périodes de grande fatigue et je dors alors debout. Je viens de quitter un texte sur la naissance de mon auteur et je veux en remercier sa mère, maintenant décédée, je présume. Pour ma part, je n'ai aucune idée comment mon personnage va quitter le monde littéraire et cela ne me préoccupe nullement. Pourquoi s'émouvoir de ce qui nous attend après la mort alors qu'on ne s'interroge pas où nous étions avant notre naissance. Alors, pas question de vous clouer le bec avec ma définition de la mort qui n'est qu'un manque de savoir-vivre. À force de taper sur un clou, il finit par s'enfoncer, mais sait-on si cela fait aussi mal à la tête du clou qu'au trou dans la planche de bois ? Pour moi, l'important c'est le moment entre la naissance et la mort et ce, que je le revive dans un sens ou dans l'autre. Évidemment, pour que je puisse en faire une chronologie exacte, mieux vaut commencer par le commencement. Une fois mort, je pourrai difficilement écrire ma biographie. La vie ressemble à un escalier que l'on peut monter ou descendre. Cela dépend du sens où on le prend. Une biographie n'est qu'un sens unique mais qui peut être pris à l'envers. Elle nous aide à prendre du recul historique. C'est ainsi que j'ai appris par Adam et Ève, que Dieu avait créé l'homme. Mais qu'ensuite, pour le remercier, l'homme avait créé Dieu. Évidemment, ce n'est que ma propre opinion et je la partage même si, une fois celle-ci donnée, il serait logique qu'on ne l'ait plus. Quand c'est donné, c'est donné.
J'ai donc poursuivi ma quête d'adages célèbres que j'aurais pu énoncer moi-même si j'avais vécu dans le passé. Une de mes répliques célèbres est restée lettre morte quand je me suis rendu compte que j'avais endossé le personnage de Marcel Marceau . Autre mystère, pourquoi une femme qui est veuve vit-elle plus longtemps que son mari ? Également, qu'est-ce qui peut bien différencier une bonne grippe d'une mauvaise ? Je viens de lire dans un journal que le gouvernement voulait fermer les maisons closes. Pourquoi ? Elles sont déjà fermées. Par contre, j'ai su que Mozart (le musicien) était vraiment précoce. À l'âge de 35 ans il était déjà mort. Je n'ai pu confirmer la rumeur selon laquelle il était autrichien de sa mère et allemand d'un ami de son père. Une question que je laisse en suspens. Si on savait ce que contiennent les points de suspension, on en apprendrait des choses. Il en est ainsi des ETC.
Réflexions
Tiens, un dénommé Hocquet me remet une lettre anonyme via Facebook qui critique mes emprunts à des auteurs décédés et qui ne peuvent plus recevoir leurs droits d'auteur. Au moins, il y a UN lecteur qui vient de me lire, avant même que je sois publié. Il est aussi précoce que Mozart (le musicien). Je lui souhaite le même sort. L'avantage d'une lettre anonyme est que je ne suis pas obligé d'y répondre. Il se plaint que mes textes prennent trop d'espace et de temps à les lire. Cher lecteur, je m'excuse d'avoir écrit un si long texte vu que je n'avais vraiment pas le temps d'en écrire un plus court.
Mozart (mon chat) se demande pourquoi il ne voit pas clair dans mon jeu d'acteur. Je le prends dans mes bras, siffle un air mozardien à ses oreilles et pour qu'il voit plus clair dans sa situation visionnaire, je lui dis qu'il souffre de cataractes. Ce n'est vraiment pas une nouvelle qu'il aurait aimé entendre. Il peine à se tenir debout, surtout parce que je le tiens toujours dans mes bras. Je le rassure en lui disant que le jeu du chat est la mort de la souris. Il ne sourit pas. Je lui dis que ce n'est pas grave s'il ne voit plus bien. Dans une pièce noire, je le retrouverai quand même en dépit du fait qu'il n'y soit pas. Il me suffira d'attendre qu'il sente les bonbons que je tiendrai dans ma main droite. Mais avant cela, je vais demander à une spécialiste des animaux, de me présenter à son vétérinaire afin qu'il apporte des soins à mon grand ami. J'en ai besoin pour mes aventures. Pour conserver l'amour d'un chat, il suffit de le couvrir de caresses puisque, tout comme un chien, cet animal est un grand cœur recouvert de poils. Il va, comme le chat botté, revêtir ses bottes de sept lieux pour sa première sortie extérieure. Que de belles histoires à raconter à notre retour. Ma voisine me regarde affectueusement, rappelant à mon souvenir que mon chat Mozart est décédé depuis trois ans. Ma mémoire, ou la sienne, commence à me jouer des tours.
Un smoothie amer
Quelle erreur je viens de commettre. SÉSAME, nom affectueusement donné à mon téléphone, a un surplus d'énergie. Il me fait voyager dans les livres de cuisine qui se trouvent dans sa mémoire. Connaissant ma méconnaissance de l'art culinaire, il m'oriente vers le Guide Alimentaire Canadien, section des smoothies. Je n'y connais rien en fruits et légumes et encore moins à la nourriture sous toutes ses formes. Trouvez-moi un conte où le personnage principal perd son temps à cuisiner alors qu'il ne mange même pas. Je m'y rends pour lui faire plaisir mais sans grand entrain. Tel un automate, je mets les ingrédients dans un robot culinaire en espérant que ma recette ne fera pas patate. Je viens de recevoir un message d'un certain Hocquet qui m'annonce qu'il n'a pas le temps de corriger mon texte et que mes mots risquent d'être écrits au son. Aucune idée des motifs de ce message. Si vous m'accusez de mauvaise foi, je ferai amande honorable sans mêler un avocat dans une cause qui fera datte dans mes histoires. Je ne suis quand même pas assez concombre pour me pêter la fraise dans un conflit qui ne d'orange personne. Une telle aventure culinaire n'arrive pas souvent et cantaloupe, elle ne revient pas une seconde fois. À mon âge, je suis mûr pour connaître de la reconnaissance de la part de mes lecteurs. L'autre jour, allant à la pêche, je suis tombé dans les pommes après avoir heurté une roche. J'avais au front une prune de la grosseur d'une groseille. Le lendemain, j'avais un mal de tête comme si une grenade y avait explosé. Ma blessure tournait du bleuet au marron. Mes amies melon dit de faire attention. J'étais mi-figue mi-raisin devant elles. J'avais l'air d'une vraie poire. Un regard sur les grands chefs qui donnaient leurs conseils aux lectrices m'a confirmé que je ne faisais pas le pois parmi ces gros légumes de la cuisine qui profitent de l'usufruit des recettes provenant de leurs recettes. N'ayant rien à mettre dans mon sac-banane, je noix mon chagrin dans un bar, en discutant avec l'aubergine pendant qu'elle lime ses ongles décorés de vernis à nanas de couleurs framboise et cerise. J'apprends qu'elle se nomme Clémentine et que pour mettre du piment dans sa vie, elle écoute les aventures d'un de mes concurrents, Papaye et de son amie Olive Oil. Elle ne mangue aucune émission. Je ne reste pas longtemps auprès d'elle. Je ne peux plus supporter carotte après chaque gorgée du bon smoothie que je lui ai préparé. Elle le trouve trop amer. Il est vrai que la recette ne parlait pas d'y mettre trois citrons et deux pamplemousses.
Hocquet demande à Chiquita de surveiller les textes que Jenquet envoie au journal. Il ne les publiera plus.
Le monde des contes
Parfois, ma mère me racontait des contes remplis de fées et de sorcières. Je m'en souviens encore.
La journée sera longue. Il neige abondamment. Il ne faut pas se conter d'histoires, ce n'est pas le temps de sortir un chien dehors. Heureusement, je n'ai pas de chien. Je vais en profiter pour recoudre un bouton sur la manche de mon manteau pendant que la neige étend le sien. Oups ! Je viens de me piquer le doigt avec l'aiguille. Je saigne. Ce serait beau du sang rouge sur une neige blanche. Un auteur pourrait partir de cette maladresse pour inventer un conte. Il y aurait sûrement une belle reine qui voudrait avoir un enfant au teint aussi blanc et aux lèvres aussi rouges. Pourquoi ne pas la nommer Blanche-Neige ? Un bébé avec du rouge à lèvres. Ce serait idiot. Je me demande bien comment cette reine pourrait baptiser sa fille d'un tel nom puisque les archives de la paroisse mentionnent qu'elle mourut en donnant naissance à sa fille. Quoiqu'il en soit, le roy se remaria un an plus tard, avec une très belle femme (évidemment, c'est plus facile quand on est roi). Sa nouvelle femme n'était jolie que d'apparence ayant le cœur noir et d'une jalousie maladive qui la rendait malade. Une leçon qui démontre que les roys ne devraient pas se remarier. Passant devant un miroir, la reine se demanda s'il y avait une femme plus belle qu'elle. Le miroir lui répondit que Blanche-Neige était mille fois plus jolie qu'elle. Ici on dénote deux erreurs à ne pas commettre. Un miroir ne peut pas parler, même s'il réfléchit et si l'auteur avait réfléchi avant de parler, il se serait aperçu que Blanche-Neige n'avait qu'un an. Tous les bébés de cet âge sont beaux aux yeux de leur mère. Mais ici, il s'agit de la belle-mère. La reine sans cœur (et non celle qui se pique) se mit à haïr la petite. Comme la DPJ (Direction de la Protection de la Jeunesse) n'existait pas encore, elle demanda à des randonneurs d'amener le bébé blond dans la forêt et de le tuer. Évidemment, il faudra ramener la preuve de l'épreuve. Les pleurs du bébé vinrent à bout du cœur des randonneurs qui, au lieu d'occire l'enfant, le confièrent à sept louveteaux de petites tailles qui vivaient dans un camp scout.
C'est dans une forêt que Blanche-Neige grandit. À l'âge de 14 ans, elle constata que les louveteaux, après avoir passé leur étape de scouts, étaient devenus des pionniers. Ils découvrirent tous la beauté de la belle, surtout quand elle se baignait nue dans le ruisseau. Mais sept garçons pour une seule fille, si gentille soit-elle, crée de la jalousie. Le plus jeune voulut conquérir le cœur de la demoiselle en tablant sur son apparence. Il se rendit au magasin ''Le Château'' pour se procurer de nouveaux vêtements. Il expliqua à la vendeuse les raisons qui l'incitaient à trouver les plus beaux habits. Cette dernière, qui travaillait aussi au château du roy, raconta cette anecdote à la reine. Elle envoya ses espions dans la forêt. Ces derniers furent convaincus, grâce à un test d'ADN, que la jeune fille qui faisait le bonheur des jeunes gens provenait du sperme du roy. La reine fut folle de rage. Elle décida d'aller tuer elle-même sa concurrente. Elle fit appel à une vieille sorcière vivant dans le conte de Cendrillon pour lui procurer une nouvelle apparence et l'arme du crime. Transformée en vieille femme laide elle se rendit dans la forêt, frappa à la porte de Blanche-Neige qui lui répondit : Tire la bobinette et la chevillette cherra. Ne se doutant pas que cette vendeuse Tupperware voulait sa mort, elle acheta toute une série de plats en plastique et reçu en cadeau un beau peigne rose. Elle ne savait pas que c'était un cadeau empoisonné. En se brossant les cheveux elle s'injecta un poison violent. Heureusement que les pionniers arrivèrent plus tôt de leur travail. Ils venaient d'apprendre qu'à cause d'un nouveau virus, ils devraient faire du télétravail. En voyant Blanche-Neige étendue par terre, ils lui firent, à tout de rôle, le bouche-à-bouche. Heureuse de tant d'embrassades, la jeune fille décida de ne pas mourir. Deux autres années passèrent. Un prince charmant arrivant du sentier sud, rencontra Blanche-Neige et voulut l'épouser. Il inventa alors le coup de foudre. Malheureusement, la reine en eut vent. Elle emprunta la sorcière Cruella aux 101 dalmatiens qui lui inventa une pomme empoisonnée tellement forte qu'elle peut tuer l'univers et envoyer ses habitants au paradis. Déguisée en Chaperon Rouge, la reine se rend chez Blanche-Neige et lui apporte sa pomme empoisonnée. Au moment où cette dernière s'apprête à croquer dans la pomme, pionnier glouton s'en empare et la mange. Malheureusement, le cœur de la pomme reste pris derrière sa pomme d'Adam. Il n'en mourut pas ce qui le chassa du paradis. Après 10 ans de vie commune, un premier de l'An, le roy décida que son mariage devait se terminer s'il voulait battre le record du roy Henry VIII qui s'offrira six épouses. Évidemment, Blanche-Neige épousa son prince et aurait pu avoir une vie heureuse si elle n'était pas décédée dans un accident d'automobile dans un tunnel français en 1997.
Je sais que vous ne croyez pas à mon conte. Ce n'est pas cela qui compte. L'important c'est la rose et je vous l'offre avec un bisou.
À chaque fois que je me promène dans des contes de princesses et de familles royales, je remarque que ce sont souvent de vieilles histoires centenaires. Dans les contes que je raconte, plusieurs princesses souhaitent que des princes viennent dans leur palais même si de vieilles sorcières se mettent au travers de leur route. Je me demande pourquoi dans ces contes il n'y a jamais de garçons boutonneux et de filles laiderons. Nos miroirs modernes nous mentent donc quand ils nous renvoient une image de nous que nous n'aimons pas. Il faudrait que je demande à SÉSAME de m'aider à inventer un miroir de l'âme. Il m'a regardé dans les yeux et m'a dit une vérité de La Palice (pas de la police qui elle ment, ni d'un politicien qui lui parle et ment au Parlement) : Les yeux sont le miroir de l'âme. C’est comme si nous devenions capables de traverser le filtre que constitue le corps et d’atteindre l’âme des autres, tout simplement en regardant à travers leurs yeux et dans mon cas, de mes lunettes. Par conséquent, dans tous les contes, les héros devraient garder les yeux ouverts pour qu'on puisse lire leurs qualités. Je suis désolé pour la Belle au Bois Dormant. Le prince a été décevant au lit. Et que dire du roi Dagobert qui va remettre ses culottes à l'envers quand sa femme entrera dans sa chambre et le surprendra avec sa maîtresse. Je n'ose parler des Rois Mages dont la bonne étoile les conduira vers une étable où Jésus crie à Tue-Tête de le réchauffer en ces temps de crise du verglas. Et puis ce Chat Botté qui aurait gagné à Waterloo contre Napoléon pendant qu'il regardait le film La Marche de l'Empereur ce qui explique qu'il fut si manchot face à l'ennemi. La chute de Napoléon fut encore plus brutale quand il arriva à la maison et que Joséphine, sa femme, lui annonça qu'elle savait qu'il avait une maîtresse en lui disant : je veux que la bonne parte ou je divorce. Après son divorce, il fut exilé sur une île déserte en espérant être secouru par un bateau de croisières. Il fut déçu d'apprendre que les croisières étaient annulées pour deux ans à cause d'un virus. Il demeura donc six ans sur l'île Ste-Hélène en plein Atlantique, puis il mourut. Le maire de Montréal, Jean Drapeau, se prenant pour un empereur, créa sa propre Île Ste-Hélène. Puis il mourut.
Les sept nains
Malgré la demande incessante d'aucune de mes lectrices, je n'ai pas l'intention de vous présenter les sept nains qui ont fait la cour dans la cour de Blanche-Neige au cours d'un court épisode de leur conte. Je vais demeurer muet sur eux comme le ''P'' l'est dans le chiffre sept. Tous les érudits savent que le sept provient du latin septem ce qui a obligé les savants romains à nommer le septième mois de l'année du nom de septembre . Cette prononciation de sept ne correspond pas à un set de napperons qui ne comporte que quatre éléments. On pourrait aussi, à l'entendre, croire qu'on se retrouve à Sodome où Seth inventa les histoires érotiques salées. Ce qui n'empêche pas le nombre unicellulaire 7 d'être au centre du monde. Pour preuves : en cette période de pandémie, alors qu'on nous disait que ça irait bien, on a vu apparaître l'arc-en-ciel dans toutes les fenêtres. Il y a 7 couleurs dans un arc-en-ciel. Ce chiffre apparait 77 fois dans l'Ancien Testament qui nous présente les 7 péchés capitaux que l'on peut commettre à n'importe lequel des 7 jours de la semaine. Dans le catholicisme, on compte les 7 psaumes de la pénitence, les 7 allégresses et les 7 douleurs de la Vierge, les 7 dons du Saint-Esprit et les 7 sacrements. Ne te demande pas pourquoi j'ai délaissé cette religion. La Grande Ourse compte 7 étoiles et la Petite Ourse tout autant. Je les ai comptées sur une photo d'astrologie trouvée dans un logiciel. Je vous ai aussi conté la vie mouvementée de Barbe-Bleue, ce roi ayant eu, vous le devinez bien, 7 femmes. Ce n'est pas un hasard. On parle souvent des 7 merveilles du monde, mais personne ne peut les nommer. Au cinéma, qui n'a pas vu les 7 samouraïs ou les 7 mercenaires ? Moi. Si tu vas à Rome, il faudra que tu fasses des randonnées dans ses 7 collines. Simbad le Marin, dans ses aventures fera 7 voyages en mer. Les amateurs de musique connaissent les 7 notes de la gamme. On compte maintenant 7 continents et 7 océans ce qui a pris 7 jours à Dieu pour tout créer. Tintin a dû partir à la recherche des 7 boules de cristal. Je serais un amateur de Tintin qui est, semble-t-il, destiné à tous les lecteurs de 7 à 77 ans. Alors, il est normal que Blanche-Neige ait désiré avoir 7 nains à sa disposition, un par jour. Le chiffre 7 est devenu un chiffre chanceux. Si j'avais eu le choix, je serais né en juillet, le septième mois de notre calendrier moderne.
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