JENQUET S'INTERNATIONALISE OU PAS
Un crime parfait
En arrivant à Athènes, je décide de parler la langue du pays en utilisant mes rudiments de grec ancien. On me confye une enquête spécyale relatyve à un meurtre non résolu. Cela tombe sous le sens : une foys le meurtryer connu, je n'aurays plus à le rechercher pour le mettre sous les verrous. Le gendarme responsable de l'enquête, comprenant le français, me prie d'utiliser ma langue maternelle en neutralisant l'usage du i grec. Voilà comment un pays perd l'usage de sa langue. J'en suis absolument certain, le subissant dans mon futur hypothétique pays, le Québec.
Je constate que même en Grèce on reconnaît que je suis un spécialiste des causes perdues et eux, ils étaient perdus avec leur cause en cours. On m'explique qu'ils ont un cadavre sans bras sur les bras ce qui les empêche d'obtenir les empreintes digitales du plaignant qui a reçu 13 projectiles d'arme à feu, le dévisageant. Vraiment pas un chiffre chanceux. Sa nudité ne permet pas de retrouver ses papiers d'identité. La radiographie de la dentition n'apprend rien de nouveau puisque la victime porte deux dentiers mis au clou sans ticket pour identifier le receveur. Inconnue de tous les villageois de ce village de 3,2 millions habitants, son identité sera difficile à identifier. Je fais la liste de toutes les personnes qui pourraient avoir des motifs raisonnables d'en vouloir à cet homme. J'arrête après 850 noms, l'éditeur ne me permettant pas d'imprimer trop de pages, évitant les rapports trop épais. Une enquête minutieuse qui aurait pris deux chapitres et plus de 3000 caractères m'a convaincu que chacun avait un alibi solide. En toute solidarité avec mes confrères enquêteurs grecs, je leur présente mon rapport en les félicitant d'arriver aux mêmes conclusions que moi. On vient d'élucider un crime parfait sans coupable.
Je profite de mon séjour au pays de l'olympisme (ici les y sont à propos) pour assister à un combat de lutte gréco-romaine. Je pense que c'est le romain qui a gagné sans lustre.
Une enquête peu dangereuse qui a encore prouvé qu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Je remercie Corneille pour avoir mis cette belle maxime dans la bouche de Don Rodrigue à la page 36 (ou à une autre, selon l'édition) du Cid. Ce qui me décide à revenir au Québec.
Un retour sans triomphe à St-Jean-D'Épîles. Je retrouve mes deux chats et la chatte de Chiquita. Mon aventure grecque n'a trouvé écho dans aucun journal ce qui m'oblige à adresser un court compte-rendu à mes amis. Chiquita profite de notre rencontre pour annoncer fièrement qu'elle vient de franchir ses 35 ans. Cela me fait vieillir. Je vais moi-même rejoindre les septuagénaires. Quelques instants plus tard, Vénus nous rejoint, en compagnie d'un jeune gringalet qu'elle nous présente comme son frère Hermès. Sans emploi, il se cherche du travail pour l'aider à partager le logis de sa sœur. Hocquet lui propose de venir travailler à La Dépêche.
Nouveau venu
Le lendemain matin, Hermès se rend au journal La Dépêche. Il se présente au directeur M. Lecocq, lui offrant ses services à titre de journaliste d'enquête. Sa demande d'honoraires se limitant à la possession d'une carte de journalisme et un minimum de salaire, le journal accepte et lui refile ladite carte de presse avec presse. Un trésor pour Hermès. Tintin n'a qu'à bien se tenir. Milou devrait aussi s'inquiéter puisque notre reporter commence aux chiens écrasés, poste devenu libre depuis que Hocquet se consacre aux affaires sérieuses. Aucun article lors de sa première semaine. Son travail est entravé par un règlement municipal obligeant les chiens à tenir leur maître en laisse et loin des autos. Filant un mauvais coton, Hermès entend son directeur lui intimer un ultimatum : prends ta plume fontaine et ponds-moi un texte digne de La Dépêche. Hermès commence sa carrière en marchant sur des œufs.
Un défi qu'il s'empresse de relever vu qu'il y a une heure de tombée. Devant son ordinateur, il se met au travail. Deux heures plus tard : rien. Aucun sujet, verbe ou complément ne lui viennent à l'esprit. Il a le cafard même si aucun cafard ne réside chez lui. Puis une idée de génie, qui ne vient pas de lui, mais de Hocquet, surgit dans son cerveau. Faire appel à un expert en enquêtes : moi.
Il sait que je réside à l'étage de l'hôtel, Le Repère, facile à repérer. Sa sœur travaille au bordel situé au rez-de chaussée. Un rendez-vous s'inscrit à l'agenda pour la soirée. Une attente qui force Hermès à s'asseoir et à se ronger les ongles. La rencontre a lieu à l'heure prévue. Je fais preuve d'une ponctualité exemplaire facilitée du fait qu'elle se déroule chez moi. Hermès arrive une heure plus tôt ayant pris le temps de s'égarer au niveau du bordel, question de s'assurer de la sécurité de l'endroit. Il le fait via des examens pratiques, que toutes les filles même sa soeur, exigent l'utilisation d'un moyen de protection. Le journal La Dépêche souhaite un topo approfondi sur la rentrée scolaire et confie le dossier à Hermès, son nouveau reporter. Ne voulant pas reporter l'article à plus tard, ce dernier vient me consulter.
L'école buissonnière (version Hermès)
Paralysé devant le sujet à couvrir, Hermès me demande conseil. Je lui suggère de prendre une approche nouvelle pour écrire sa nouvelle. Pourquoi pas une enquête sur les élèves qui se consacrent à l'école buissonnière ? Trouvant l'idée géniale, particulièrement du fait qu'il n'en a pas d'autres, Hermès se souvient d'avoir vu une photo sur le babillard au journal. Un jeune garçon est recherché suite à une fugue, possiblement de Bach. Le hasard faisant bien les choses, du moins quand tout va bien et n'étant pas une poule mouillée, il se lance à sa recherche. Son sujet identifié, plus rien ne presse. Il s'assure qu'aucun écolier n'y apprend des leçons, puis prend le trottoir à la recherche du temps perdu par un élève sans classe.
La photo du fugueur bien en vue dans son cellulaire, il s'élance dans les rues de la ville, évitant les bouchons et les nombreux nids de poule. La chance lui souriant de toutes ses dents, il retrouve le jeunot marchant sous la pluie, séchant ses cours sous un parapluie pour ne pas avoir à se sécher. Seules ses chaussures Panda prennent l'eau. Feignant de mettre fin à la filature du fainéant, Hermès entre dans un magasin de plumetis qui se trouve fort heureusement devant lui et qui lui permet de surveiller le fugueur alors qu'il papote avec un vieux curé aux allures féminines puisqu'il porte une robe noire. Un gros câlin et une courte embrassade les rendent suspects. Le prêtre se prête-t-il à des jeux d'homos ? S'agit-il d'un dévot venu de Devos ? Point de réponse à ces points d'interrogation. Le pasteur pourrait être le père du jeune. Grâce à une serendipité providentielle, Hermès découvre qu'effectivement il l'est. Le môme s'est échappé, en quittant le Père, lui lançant un "Au revoir Papa". Il a à peine le temps de placer la main sur ses yeux pour essuyer ses larmes, constatant, quelques millénaires après Bouddha que les larmes de tous les humains sont salées. Une longue mèche de cheveux roux pendouille sur son front masquant à peine sa peine. Hermès le rejoint et lui prête une épaule consolatrice et une oreille attentive.
Le lendemain, La Dépêche titrera : Un faux fugueur rencontre son vrai père, le Père Deveau.
L'école buissonnière (version Hocquet)
Le journal La Dépêche souhaite un topo approfondi sur la rentrée scolaire et le propose à Hocquet. Ce dernier refuse prétextant qu'un tel sujet est trop élémentaire et par conséquent, un sujet secondaire à traiter. Il laisse le sujet à Hermès. Hocquet propose plutôt une enquête sur les prêtres qui quêtent indûment leurs fidèles tout en étant infidèles à leur vœu de chasteté. Cette suggestion fait suite à une rencontre inopinée qu'il a fait au bordel La Poule Mouillée sis au rez-de-chaussée de son ami et mentor Jenquet.
Le Père Deveau, un dévot originaire de Devos, y fait hebdomadairement sa visite paroissiale. Évidemment, les filles de joie se font une joie de le ponctionner des produits de la quête sur laquelle Hocquet veut enquêter. À la fin de chacune de ses visites, le membre du clergé s'assure de laisser une onction à la péripatéticienne qui l'a accueilli tout en versant quelques larmes de crocodile pour demander pardon à son Créateur. On constate son manque de sincérité vu que les larmes de tous les humains sont salées et les siennes amères.
Hocquet et moi nous nous rendons au bistrot À La Pointe du Couteau qui se trouve face à mon immeuble. On y mange bien pour pas cher. La poutine nappée de parmesan est la spécialité de la maison. Tout en papotant du beau temps, je conseille à Hocquet la plus grande prudence quand il s'agit de fouiner dans le domaine religieux. On ne sait jamais ce qui va nous pendouiller au bout du nez. Les agapes prennent fin au moment même où le Père Deveau émerge du bordel. Hocquet entreprend une discrète filature. Le temps lui file entre les doigts (l'index et l'auriculaire) jusqu'à ce que le prêtre lui indique se savoir suivi en levant le majeur. Hocquet lève le pouce pour lui indiquer qu'il a compris comme un con pris en flagrant délit. Feignant de mettre fin à sa filature, Hocquet se réfugie dans un refuge pour itinérants tout en gardant l'œil droit sur son suspect. Quelques minutes plus tard, le coin de la rue accueille un jeune étudiant parvenant de l'école buissonnière. Il se jette dans les bras du prêtre. "Papa, Papa!", lui dit-il. Un gros câlin et une courte embrassade complètent le tableau. Le jeune sort de son sac d'école plusieurs contenants de pots-pourris qu'il doit vendre pour financer son activité scolaire. Le prêtre lui remet quelques dollars provenant de la charité de ses fidèles. Voilà ce que deviennent vos dimes données au Père Deveau. Au même moment, Hocquet aperçoit Hermès se dirigeant vers le jeune écolier. Lui volera-t-il son scoop ?
Le lendemain, La Dépêche titrera : Détournements de fonds baptismaux !
Vénus est convoquée au bureau de sa patronne. Chiquita qui, dans un élan de fureur, reproche à sa nouvelle venue d'avoir introduit son frère dans le bordel. Il y aurait foutu le bordel en exigeant des services gratuits auprès de ses filles. Il est devenu persona non grata à moins qu'il ne débourse de sa bourse.
Mission sur le front
La Dépêche n'ayant pas les moyens de dépêcher un reporter au Moyen-Orient demande à Hocquet de couvrir la guerre Israélo-Arabe au moyen des réseaux sociaux. Une chance puisque notre reporter est une vraie poule mouillée en ce qui concerne les conflits armés ou non. Tous les journalistes étant sur un pied d'alerte, Hocquet s'assure que son pied droit demeure alerte en cas de fuite d'informations sensibles. Sachant quelle direction emprunter, il prend son chemin de Damas se rendant chez Jenquet qui connaît probablement le chef de la bande de Gaza : une organisation sûrement criminelle tout comme la bande à Bonnot. Évidemment, un détour par le bordel ''La Poule Mouillée'' s'impose. Qui s'y connaît mieux en explosifs que Vénus, cette femme canon, cette bombe sexuelle ! Un vrai pétard selon ses clients fidèles et érubescents. Il en est quitte pour une explosion de plaisirs.
En voyant mon ami manquer de souffle suite à l'escalade de quelques dix marches d'escalier je lui dis : "Je te trouve un peu enveloppé mon ami. Mais pour un homme de lettres, le physique n'est pas un facteur important. Il suffit de ne pas être timbré du cerveau." Faisant fi de cette remarque frisant la grossophobie dont il n'a pas saisi le sens ni l'essence, Hocquet s'en tamponne le coquillard. Il implore mon aide afin de pondre un article sur ce conflit lointain. "Jamás", de lui répondre. Ignorant la langue de Cervantes ainsi que ce dernier, Hocquet n'a rien compris
Une guerre de religion se déroule sous ses yeux grâce à Facebook, Instagram et Tik Tok. La meilleure façon d'y comprendre quelque iota consiste à consulter un expert : un curé. Hocquet se rend à l'église de sa paroisse dont il a oublié le nom. L'entrée est gardée par un mendiant aveugle qui, en le voyant venir, tend une sébile de fortune, sa seule fortune d'ailleurs en hurlant : "Vide tes poches pépé." Pas question de grimper aux rideaux face à une telle insulte ni de se départir de quelques dollars réservés pour le tronc qui l'attend dans le transept de l'église. Un don qui servira mieux les dépenses du curé et, qui sait, de son fils.
L'église est vide de tout trucage. Pas de prêtre à l'horizon. Une petite note sur l'autel indique que le curé se trouve au bordel La Poule Mouillée afin d'apporter les sacrements à ses âmes perdues. Hocquet l'a raté de peu. En dernier recours, il recourt à Tik Tok pour obtenir des informations sur le conflit. L'heure de tombée approche et il doit relever le défi imposé par le journal. Un site crédible, dirigé par un brouteur inconnu nommé ChatGPT lui fournit les informations pertinentes sur la guerre. Il constate que couvrir une guerre n'est pas chose facile mais il a le temps. Les guerres durent souvent longtemps.
Vol d'identité
Réunion d'urgence à La Dépêche puisqu'il faut tuer la Une. Une alerte nationale concerne un vol de données personnelles que les citoyens ont prêtées à leur institution financière. La direction demande à ses journalistes de changer leurs mots de passe faisant écho à un véloce message d'Antivirus. Hocquet modifie le sien pour : «169anna961». Il est certain qu'il va demeurer secret puisqu'il l'a écrit à l'envers. Il aurait pu l'écrire en vers mais cela n'aurait rimé à rien. Passe encore de changer son mot de passe, il faut avoir une grande mémoire pour le retenir. Croyant que c'était mieux avant la modification, il décide de garder le même pour ses autres applications. Il pourrait aussi se créer un compte Facebook en modifiant sa photo (probablement en plus jeune) et en prenant un nom d'emprunt (surtout pas Donald Trompe). Donnant en plus une fausse adresse et un numéro de téléphone inexistant (s'il en existe), alors il sera certain de ne pas perdre ses données, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Hocquet profite d'une visite improvisée et imprévue chez moi pour se faire confirmer la pertinence de son mot de passe. Dès son entrée, il hume avec joie les relents d'une tarte au sucre, spécialité culinaire de ma mère, reposant sur le comptoir (la tarte). Il me confie son mot de passe. "Génial !", lui dis-je. Facile à retenir et impossible à déchiffrer. Je vais l'utiliser moi aussi.
Rassuré, Hocquet passe par la maison de passes La Poule Mouillée pour embrasser Chiquita et Vénus qui lui soulignent que «169anna961» est un choix aussi articulé qu'une nacelle mais qu'il ne devrait pas le partager avec personne. Hocquet les rassure. Il n'y a qu'elles, Hermès et Jenquet qui le connaissent. Pas de crainte qu'il l'oublie puisqu'il l'a inscrit bien en vue dans le coin supérieur droit de son écran d'ordinateur. Un petit futé ce Hocquet !
Pas de grèves sur les grèves
Les employés de la fonction publique, les infirmières et les enseignants profitent de leur grève générale illimitée de trois jours pour ne pas travailler. Mais pas question de faire les cent pas sur la plage du Touquet au Pas-de-Calais dont les grèves sont inondées par des tonnes d'eau. Hermès demande à son rédacteur en chef de se rendre derechef en France pour couvrir les inondations. Les finances de La Dépêche ne le permettant pas, il se voit confier un article sur le régime pédagogique québécois et les conséquences de la grève des enseignants sur les élèves faisant l'école buissonnière.
Impossible de trouver un élève en buissonnière vu qu'il n'y a pas d'école aujourd'hui et que le régime pédagogique ne contient aucune clause échappatoire permettant de déserter les classes. Son article bien en tête et ayant du temps libre, Hermès vient me rendre visite. Faisant fi des lignes de piquetage et des bancs de neige qui s'assoient sur les trottoirs après une nuit où le ciel a recouvert les rues d'un manteau blanc, il marche allègrement sur un pavé mal entretenu par les services gouvernementaux hors-service pour cause de grève. Arrivé chez moi, une pause obligatoire au rez-de-chaussée s'impose pour une courte visite au bordel La Poule Mouillée. Il reste au sec, l'entrée lui étant maintenant refusée puisqu'il refuse de débourser. Ses bourses resteront pleines.
La rage au cœur, il grimpe rapidement les marches deux par une ce qui cause une première chute. Je n'ai pas déblayé mon escalier puisqu'il est à l'intérieur. Toquant à la porte, Hermès pénètre sans attendre que je lui ouvre mon antre. Il est accueilli par deux petits siamois, mes fidèles compagnons d'armes. Ignorant leur existence, Hermès chute de nouveau en voulant éviter leurs griffes amoureuses. Derrière les chats, je me berce devant une cheminée où le feu ne se consume plus depuis l'installation d'un foyer électrique. Tenant à la main des aiguilles à tricoter, je tente depuis des semaines de confectionner un boléro en Fantex rose pour offrir à ma voisine Chiquita. Mais le cœur n'y est pas. De chaudes larmes ruissellent sur mes joues. "NDLR : cette dernière assertion n'a pu être confirmée en l'absence d'un thermomètre pour en prendre la température". La radio joue à tue-tête " L'Amérique pleure" des Cowboys Fringants. Son leader, Karl Tremblay, vient de rendre l'âme à Dieu afin de devenir une étoile filante. Connu de tous mais inconnu de Hermès, Karl aura droit à une commémoration nationale au Québec et à l'anonymat au Canada anglais. Je regrette amèrement de n'avoir jamais assisté à un de leurs concerts.
Les syndicats fulminent. Leur mouvement de grève est occulté dans tous les médias. La mort d'un seul homme chasse de la place publique les 450 000 grévistes errant dans les rues. Disparues les guerres en Ukraine et à Gaza. Plus de place pour les inondations dans l'ouest de la France. On tue la Une. La Dépêche se consacre à Karl.
Deux heures et quatre verres de bulles plus tard, Hermès me quitte afin de rédiger son article. Dans son empressement, il oublie l'existence des félins se heurtant de nouveau aux chats. Une nouvelle chute sans gravité occasionnée par la gravité.
Je ne peux m'empêcher de rigoler des mésaventures de ce nouveau venu. Je souhaite qu'il s'adapte bien à La Dépêche et qu'il ne cause pas trop de troubles à Hocquet.
On fête chez La Poule Mouillée
Le bordel ''La Poule Mouillée'' célèbre son centenaire. Un anniversaire que sa tenancière Chiquita, souhaite célébrer avec ses amis et quelques clients triés sur le volet. Hocquet et moi font évidemment partie de la célébration à titre d'amis. Hermès est toujours persona non grata.
Costume d'époque exigé. Hocquet se présente, tel un gandin de 1924 : costume trois pièces, chemise blanche à manches longues et à rayures bleu pâle, col et poignets détachables. S'ajoutent cravate, gilet, veste et un pantalon de golf, des chaussettes montantes et bien sûr des chaussures Derbys à lacets bicolores. Je cherche à le surpasser avec un style Gatsby. (Dans les années 20, un homme ne sort pas sans chapeau, quelle que soit sa forme. L'incontournable est le fedora porté par tous les gangsters). Chiquita et Vénus se gardent bien de nous recevoir en habit de travail causant ainsi une vive déception chez leurs clients qui en perdent leur superbe et leurs illusions. Sont également invités plusieurs membres du clergé dont le costume d'époque ressemble étrangement à leurs habits modernes. Les soutanes sont intemporelles. Plusieurs politiciens et policiers s'y retrouvent également. Les premiers pour recueillir des votes et les seconds à la recherche de preuves d'un éventuel crime sexuel.
Un cacographe rédige pour l'occasion un historique dont le style incunable laisse des souvenirs immarcescibles sur les années folles de cette entreprise florissante. Les premières putains, puisqu'il faut les nommer sans ambages, affuraient leurs revenus dans un soutien-gorge de marque Junon qui permettait d'aplatir la poitrine puisque les formes androgynes étaient à la mode à cette époque. Nous sommes à des années lumières des seins siliconés qui se passent de brassière pour défier les lois de la pesanteur. Les filles patafiolaient les ladres qui ne laissaient aucun pourboire. Sous la férule de Madame X, elles recevaient les clients dans un lupanar miséreux loin du confortable refuge actuel. Les recherches pour retrouver le premier client de 1914 se sont avérées vaines. Pas de veine.
Après la Deuxième Grande Guerre, le maire Jean Drapeau tenta en vain de fermer les maisons closes. Comment peut-on fermer une maison déjà close ? La Poule Mouillée ne fut pas inquiétée grâce à quelques pots-de-vin. (On omet de dire que le chef de police, l'archevêque et quelques conseillers municipaux fréquentaient ce haut lieu de rencontres sociales). Une commission d'enquête conclura que la société doit être ouverte aux maisons closes mais tout en luttant contre les maladies vénériennes. Une décision qui amena une clientèle additionnelle aux bordels : les médecins.
La fête se déroule allègrement. Hocquet et moi n'hésitons pas à faire honneur au champagne sans alcool vu qu'il n'y a que quelques marches à gravir pour retrouver nos domiciles fixes qui se situent au dessus du bordel. Nous quittons les lieux sur les 12 coups de minuit laissant les autres invités aux mains expertes de Chiquita, de Vénus et des autres expertes en massage.
Chasse à l'homme
Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante, la deuxième était égoïste et la troisième était menteuse. Elles se trouvaient en ce matin de février devant le cercueil de leur mère. Cette dernière travaillait en secret au bordel La Poule Mouillée et avait accouché de trois filles issues de trois clients irréguliers. Sa disparition est apparue évidente quand Chiquita a constaté l'absence de sa présence pendant toute une semaine. On l'a heureusement retrouvée, malheureusement blessée à mort et, de surcroît, décédée. La cause probable de sa mort proviendrait d'un des 20 couteaux qui transperçaient son corps.
Apprenant la nouvelle, Chiquita s'est alors ruée dans la rue pour me rejoindre alors que je dégustais une poutine à La Pointe du Couteau en compagnie de Hocquet. Connaissant les faibles connaissances des forces policières de la ville, puisque leur chef est un de ses clients, Chiquita me demande de revêtir mes habits de détective et de me lancer dans une chasse à l'homme afin de pincer celui qui a occis sa protégée. L'amitié aidant, j'accepte de relever le défi et prie Hocquet de m'aider.
Nous convoquons une rencontre à l'école du village avec les trois filles. L'aînée, dont la silhouette filiforme laisse présager une carence en vitamines, exige d'être entendue la première étant née la première. Elle s'attend à hériter de tous les biens de sa mère. Je me promets de vérifier si le testament va dans le même sens.
Pendant ce temps, Hocquet interroge la cadette. Une fieffée menteuse qui aurait fait rougir Donald Trompe. Une noiraude aux longues couettes qui ne passent pas inaperçues. Elle lui raconte qu'elle ne savait pas que sa mère se prostituait. Mais Hocquet se souvenait très bien de l'avoir rencontrée à maintes reprises à La Poule Mouillée alors qu'elle venait y spolier sa mère.
Finalement, on se retrouve avec la troisième femme qui crie à tout vent qu'elle vengera sa mère et tuera le mécréant qui la fit passer de vie à trépas. Je l'arrête et lui passe les menottes. Hocquet vient en effet de lui montrer un article de son journal où on voit la femme en pleine action dans un cirque de la ville. Son art : lanceuse de couteaux. Une analyse des couteaux meurtriers démontre qu'ils proviennent de la collection du cirque. J'en déduis que la mère a servi de cible. Peut-on parler d'une chasse à l'homme quand l'assassin est une femme ?
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