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Un royaume mystique

Quelle était cette sensation bourgeonnante ? Progressivement, j'ouvris les paupières, accueilli par l'obscurité. Alors que mes sens s'éveillaient, une douce chaleur caressa ma joue, me ramenant à la conscience. Je m’efforçai de discerner mon environnement, des formes indistinctes se matérialisèrent, une dispersion de points blancs entrecoupés de traînées occasionnelles aux teintes profondes et obscures. Un épais brouillard pâle émergea, obscurcissant ma vue tandis qu'il s'épaississait, enveloppant mon environnement d'un manteau blanc. 

Je touchai doucement le sol ferme et ressentis sous mes pieds une sorte de brouillard aussi solide que du béton. Alors que le paysage restait enveloppé de brume, une cacophonie de sons lointains imprégnait peu à peu l'air. Observant les alentours, je discernai l'approche d'une silhouette. 

On aurait dit une jeune fille courant vers moi. Ses traits étaient flous, mais une vague de panique émana d'elle à mesure qu'elle se rapprochait. À peine commençai-je à distinguer ses traits, un accessoire particulier ornant sa tête attira mon attention et en un instant, elle disparut dans la brume.

— Yuny !

Qui appelait- elle ainsi d'une voix familière, jeune et douce ? Malgré mes efforts pour me retourner, lui faire face puis l'atteindre, elle s’éclipsa, et je ne pus même pas saisir une mèche de ses cheveux.

Un peu plus loin, là où elle réapparut, une bourrasque de vent ébouriffa sa chevelure. Elle recula — puis sourit. Polie comme le vent polit la pierre, elle pointa son doigt derrière elle avant de se fondre dans la brume. 

Je la suivis prudemment à travers le brouillard pendant que j'entendais encore :

— Yuny !

Le vent s'intensifia comme pour empêcher ma progression. Alors que la brume se dissipait, je me retrouvai en apesanteur, à l'orée de la forêt verdoyante et vibrante en dessous, avec une voix dans ma tête. Je fus attiré peu à peu vers un charmant village fleuri niché au cœur de la nature, ses bâtiments entrelacés entre les arbres de la forêt. Chaque cottage était orné de fleurs éclatantes et de décorations fantaisistes. Le village dégageait une aura enchanteresse de sérénité.

À mesure que je m'approchai, je remarquai que certaines maisons étaient ingénieusement construites au sein des robustes branches des arbres anciens. Leurs structures en bois se fondaient harmonieusement avec l'environnement naturel, j'en avais des étoiles dans les yeux. Des ponts faits de lianes torsadées reliaient ces habitations arboricoles, ajoutant un charme rustique au village. 

Un torrent de sentiments m’envahit le cœur. La voix s'intensifia dans ma tête et se superposa au paysage ; elle vibrait d'une maturité croissante :

— Je t'ai trouvé dans la forêt avec l'aide de tous…

J'étais attiré vers un passage dans une autre direction au moment où la voix, manquant de souffle, retentit :

— Si tu veux comprendre ce qui s'est passé, tu dois voyager, alors protège-moi et je te guiderai !

Le voyage se prolongea, chaque moment rempli d'émerveillement et de magie, me rapprocha d'un château entouré d'une immense cité médiévale. C'est alors que la voix désormais pleine de sanglots résonna :

— Ne me laisse pas seule ! et tout disparut dans l'obscurité. 

Une techno-utopie

Je fus entraîné dans une nouvelle direction, guidé à travers une piscine d'eau cristalline, seulement pour que ses profondeurs s'assombrissent de manière inquiétante. Cela ressemblait à l'abîme d'un océan. 

Instinctivement, je fermai la bouche pour conserver l'air de mes poumons, mais alors que je coulais jusqu'au fond, enveloppé par l'obscurité, la panique me saisit et j'ouvris involontairement la bouche. À ma grande surprise, je réalisai que je pouvais encore respirer sous l'eau une fois que la peur initiale fut dissipée. 

— Jeune voyageur ! résonna une voix masculine provenant de toutes parts.

Je regardai autour de moi et vis une autre silhouette qui s'approchait progressivement avant de s’essaimer en bulles. L'homme se matérialisa à côté de moi, tendit une main, mais disparut à nouveau de la même manière avant que je pusse la saisir. Les sphères éthérées se mirent à tourbillonner autour de mes pieds de manière inquiétante, comme une tornade. Elles gagnaient progressivement en force et me tiraient vers elles. L'événement étrange se déroulait devant moi et, emporté par la peur, je fus contraint de fermer les yeux.

Lorsque le mouvement prit fin et que le calme s'installa, je les rouvris prudemment pour découvrir une vue fascinante. Je découvris le cœur d'une cité d’un autre monde, baignée dans la lueur implacable du soleil brûlant. Néanmoins, des brises douces et humides me rafraîchissaient. C'était un paysage qui défiait les normes terrestres. Les structures qui m'entouraient ne ressemblaient pas à des constructions humaines, rigides et angulaires. On aurait plutôt dit une myriade de formes naturelles : champignons et arbres indescriptibles couverts par des ruisseaux colorés. 

Malgré leur apparence fantastique, les murs étaient solides au toucher, m’ancrant dans cette réalité surréaliste. Chaque détail de la ville semblait être méticuleusement travaillé, dépourvu de tout élément superflu, sans câbles électriques ni canalisations. Il n'y avait ni trace, ni salissure, ni la moindre poussière, comme si la propreté faisait partie intégrante de l’essence même de cet endroit. Devant mes yeux se trouvait le témoignage d'un niveau de développement qui défiait l'entendement, un royaume où les limites du possible étaient étirées au-delà de l'imagination. 

J'apparus dans ce qui devait être une salle de classe, assis sur ce qui ressemblait à une chaise en lévitation à côté d'un plateau horizontal flottant, croisant les bras. Le vieil homme réapparut debout et me questionna avec insistance, comme pour confirmer quelque chose :

— Cet endroit et ceux d'où tu viens sont si différents structurellement mais partagent des perceptions similaires.

Je le regardai, perplexe, car je ne comprenais pas ce qui pourrait expliquer tous ces événements. Cependant, une réponse calme et réfléchie me vint.

— Souviens-toi de ta visite précédente. Les mondes contiennent tous deux des éléments propres à chacun, à tel point que nous pourrions supposer que les règles physiques sont différentes.

Le paysage changea, et je me tenais à côté d'une forme de structure la plus époustouflante rencontrée jusqu'à présent; elle était en lévitation, semblait se mouvoir et se métamorphoser, sa forme changeante se répétait constamment. Elle me donnait l'impression d'être en vie. Des symboles et des glyphes étranges dansaient et pulsaient à sa surface avec une énergie bourdonnante, comme une mélodie discordante. 

L'homme qui se tenait à côté de moi m'affirma :

— Fais-moi confiance, nous allons y arriver !

Des sphères lumineuses d'origine inconnue flottaient autour du périmètre. Elles projetaient une lumière éthérée qui illuminait la zone environnante d'une brillance surnaturelle. L'air crépitait d'énergie, provoquant des frissons dans l'échine de quiconque oserait s'aventurer trop près.

Malgré son apparence étrange, un attrait indéniable émanait du bâtiment, attirant les curieux et les aventuriers comme des papillons vers une flamme. Quels secrets se cachaient dans ses couloirs labyrinthiques, quels mystères attendaient ceux qui étaient assez courageux pour aller les découvrir ? Seul le temps le dirait. 

La voix, cette fois triste, résonna une dernière fois :

— Dépêche-toi. Le temps nous manque...

Devant moi apparut un cercle étrange de couleur sombre comme l’obsidienne, dégageant une aura sinistre. Alors que la lumière ténébreuse à l'intérieur s'intensifiait, elle se transforma en une lueur pâle et inquiétante. Petit à petit, elle remplit mon champ de vision et laissa le silence complet prendre le dessus. Je me sentis, une fois de plus, flotter, sombrer dans un état d'inconscience...