Précédemment : La terrible Baba Yaga, furieuse d'avoir été dépouillée de sa précieuse Relique, donne trois jours à la Communauté du Crépuscule pour la lui restituer avec le coupable. Si elle n'y parvient pas, sa vengeance sera effroyable. Pendant que la communauté se déchire en essayant de trouver un coupable, Agatha et Feng se lancent dans la forêt Nox à la recherche de Lechuza. Elle fait la connaissance de trois alliées inattendues : Marisa, Patte-en-Bois et Tom Gibus. Grâce à une potion mêlant le savoir-faire d'Agatha et de Feng, Lechuza dévoile plusieurs révélations capitales...
Un champ de cendres. Voilà ce qu’était devenue la clairière où les Noxiennes célébraient habituellement leurs Sabbats. Les monstres apparus dans la soirée avaient commis des dégâts considérables, à commencer par cet endroit. Plus rien ne poussait à présent. Les arbres, les pierres, l’herbe, les plantes… tout avait été avalé en quelques secondes. Si cela n’avait pas brûlé, cela avait pourri. Une odeur de bois calciné et de mort s’insinuait dans chaque poussière cendreuse qui flottait dans l’air. Et pour couronner cette ambiance macabre, une chape de brume était tombée du ciel, réduisant les Lunes à des reflets pâles et flous comme des feux follets mourants.
Les plus influentes des Noxiennes s’étaient rassemblées autour d’un feu d’un violet menaçant. Yama Uba ne décolérait pas. Sa maison venait d’être détruite par ces horribles créatures qu’elle avait à peine eu le temps de voir.
— Comment une chose pareille a-t-elle pu se produire dans notre forêt ? Pire encore ! Chez moi ! Quelqu’un attente à mes jours, je le sais ! vociféra-t-elle en renversant à moitié la coupe de sang que sa voisine, Chedipe, tenait dans ses mains.
— Arrête de te prendre pour le centre d’Outremonde, siffla Chedipe d’une voix rauque, agacée de voir son précieux breuvage renversé sur le sol mort. Toutes les bêtes que j’ai traquées aujourd’hui n’avaient plus de sang, juste une encre pourrie et gluante qui leur sortait du corps !
— Nous sommes toutes menacées. déclara Theuggia d’un ton sans appel.
Theuggia avait quelque chose de perturbant quand on la regardait. La moitié de sa figure était celle d’une belle femme, l’autre, celle d’une vieille femme hideuse et rabougrie. Même sa voix semblait hybride, à la fois rude et suave, murmurante et terrible. Elle en imposait à toutes, même aux Noxiennes les plus féroces. Elle ajouta : « Nous devons immédiatement agir sinon nos domaines pourriront sur place pendant que ces imbéciles de Crépusculaires se réjouiront de notre chute.
— Les Crépusculaires n’en ont pas pour longtemps, déclara une voix dans l’ombre.
Tous les regards se tournèrent vers elles. Une main racornie tendit un bâton vers le feu violet et alluma une flammèche dans une pipe. Baba Yaga aspira une bouffée puis la recracha avec un sourire mauvais.
— Elles ont elles-mêmes précipité leur propre destruction en volant ma Relique, poursuivit-elle. Même si elles me ramenaient le coupable, ce dont je doute fort, jamais ne n’oublierai cet affront.
— Et pour les monstres qui détruisent nos domaines alors ? persifla Yama Uba. Que comptes-tu faire, hein ?
— Trouver l’origine de leur apparition au lieu de frapper dans le vide. Voyez-vous, ma Relique est issue d’une magie pure. En plus de donner la vie à ma maison, elle est porteuse d’une grande aura protectrice. Maintenant qu’elle a disparu, je suis toute aussi vulnérable que vous. Et je gagerai que le vol de ma Relique et l’apparition de ces monstres sont liés.
— Et comment peux-tu en être si sûre ? cracha Chedipe, exaspérée.
— Les monstres sont apparus quelques heures après la disparition de ma Relique même si leur puissance n’a éclaté de manière considérable que ce soir. Le Fils des Lunes a, d’ailleurs, bien confirmé que le voleur a autant accès à Nox qu’aux Terres du Crépuscule. Or, aucune d’entre nous n’a attaqué le champ de force qui protège ce village de lâches. La seule à avoir pu entrer, c’est moi.
— Ce que tu n’aurais pas pu faire si une Noxienne l’avait volée.
— Précisément… Je n’ai aucunement enfreint l’accord de paix… les Crépusculaires en revanche ont tout planifié. Nous sommes une menace pour elles, nous perturbons leurs ambitions d’accueillir toute la lie de l’humanité, ces prétendus réfugiés, ces soi-disant malheureux encore attachés aux usages du Vieux Monde.
Les autres sorcières restèrent silencieuses. L’usage du masculin dans la bouche de Baba Yaga n’était pas innocent. Les Terres du Crépuscules et de Nox devaient rester une terre de femmes et non un asile pour tous ces fils d’inquisiteurs.
— Donc non contentes d’empiéter sur nos territoires, elles veulent détruire nos territoires avec une magie que nous-mêmes ignorons ? demanda Theuggia. Crois-tu qu ces traîtresses soient assez puissantes pour invoquer de telles créatures ?
— Ne les sous-estime pas, exhorta Baba Yaga en replaçant sa pipe dans sa bouche édentée. Regardez les principales Doyennes : Volva, ancienne guerrière des contrées nordiques du Vieux Monde, Doussou Damba, Sorcière de feu à la poigne de fer qui a mené des armées entières contre les Inquisiteurs du Vieux-Monde, Morgana, fille de l’Orage et de la Foudre… ne nous ont-elles pas donné un fil à retordre ? Et si c’était les seules… Dans ce tas de fumier émergent des trésors de puissance magique et alchimique, des Noxiennes dans l’âme qui ont trahi leur cause...
Les autres sorcières, stupéfaites de cet étrange éloge, restèrent coites. Même Theuggia, qui avait toujours la repartie facile, hocha la tête sans mot dire.
— Comment veux-tu que nous entrions en guerre contre les Crépusculaires si ces abominables monstres nous attaquent ? poursuivit Chedipe, déconcertée.
— Vous ne voyez pas plus loin que le bout de vos ongles d’orteils mal coupés, ricana Baba Yaga. Si les Crépusculaires ont invoqué ces monstres, il faudra les renvoyer d’où ils viennent. Et le plus beau dans tout cela, c’est que nous n’aurons rien à faire. Elles attireront elles-mêmes ces créatures infernales et provoqueront leur propre chute. Faites-moi confiance et admirez le spectacle. Et dès qu’elles seront affaiblies... » Baba Yaga n’eut pas besoin de finir sa phrase.
Les sorcières sourirent et, comme une seule femme, levèrent leurs coupes et hurlèrent, galvanisées.
— À la Mort du Crépuscule ! »
Au fond, peu importait si les Crépusculaires étaient réellement à l’origine de l’arrivée des monstres, elles avaient enfin trouvé un moyen de briser l’accord de paix. Le vol de la Relique fut la première étincelle d’un immense incendie.
Chaumière de Marisa, forêt Nox
La situation devenait plus qu’urgente. Heureusement, Lechuza avait accepté de transporter Feng, Agatha et Patte-en-Bois chez Marisa. Les deux jeunes filles découvrirent alors la sensation grisante de voler sur le dos d’une chouette humanoïde. Mais elles n’avaient pas le temps de se concentrer sur cette situation incongrue. Cependant, ce qu’elles virent en approchant la chaumière les terrifia : le champ de courge était entièrement défoncé et des arbres entiers, gisaient, déracinés. Une affreuse odeur de pourriture se dégageait de la terre. Lechuza se posa près de la maison et Patte-en-Bois s’effondra à l’entrée.
— Patte-en-Bois, s’écria Agatha en tentant de la relever avec l’aide de Feng. Elle est morte, vous croyez ?
— Non, répondit Lechuza sans même se pencher pour s’en assurer. Mais cela ne saurait tarder avec tout ce qui se passe. Faisons la entrer au plus vite.
Feng se dit qu’elle irait probablement mieux si elle n’avait pas eu à se battre avec la sorcière chouette. Celle-ci sembla avoir deviné sa pensée mais elle se garda de prononcer un mot. Marisa, ayant probablement entendu du bruit à l’extérieur ouvrit la porte. En apercevant la terrible sorcière, elle sursauta et recula de deux pas.
— Le… Lechuza ? balbutia-t-elle.
— Marisa, cela fait longtemps n’est-ce pas ? demanda Lechuza d’un air étrange.
— Bonsoir Marisa, fit Agatha sans se préoccuper de l’idée que Lechuza et Marisa se connaissaient, Patte-en-Bois est tombée. Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Marisa sursauta comme si elle venait de se réveiller d’un profond sommeil et baissa les yeux. Elle hoqueta de surprise.
— Aidez-moi à la coucher sur le lit.
Elles entrèrent alors, suivie de Lechuza qui dut se pencher pour entrer. Tom Gibus était près de l’âtre, le feu follet qui habitait ses yeux diffusait une lumière si ténue qu’on l’aurait crue presque éteinte. Marisa étendit une couverture sur le corps inanimé de Patte-en-Bois qui respirait difficilement.
— On peut la soigner, vous croyez ? demanda Agatha, les larmes aux yeux.
— Elle en a vu d’autres, déclara Lechuza de sa voix rauque. Alterra est une Gardienne de la Forêt Nox. Elle est aussi ancienne qu’elle. Les Gardiennes et Gardiens se dévouent corps et âme à la forêt pendant des siècles, tous leurs pouvoirs convergent sur la préservation de Nox. J’ai longtemps pensé qu’elle avait fait son temps en la voyant aussi ratatinée mais c’est plus grave que cela. Elle ressent tout ce que la forêt subit.
Ainsi, cette vieille dame serviable bien que borgne et boiteuse était une gardienne séculaire de la forêt Nox ! Feng et Agatha avaient trop de questions à ce sujet mais elles devaient se focaliser sur le vol de la Relique.
— Alors… elle ressent forcément la présence de la créature horrible qui est apparue devant chez moi ? s’exclama Marisa.
— Quelle créature horrible ? s’écria Feng, livide. Elle a un lien avec ce qui est arrivé aux arbres et à votre potager ?
Marisa raconta alors les événements de la nuit. Agatha comprit alors que ces monstres étaient ceux des visions de Lechuza, celle qui était ressortie la nuit de la Cérémonie et celle qu’elle avait partagée il y avait à peine une demi-heure ! Elle leva les yeux vers Lechuza qui acquiesça.
— C’est Baba Yaga qui a créé les monstres, c’est ça ? s’exclama Agatha.
— Ou invoqué ! supposa Feng, choquée.
— Je n’en sais pas plus, répondit sombrement Lechuza. Mes visions sont toujours justes mais parfois sujettes à interprétation, comme vous l’avez constaté vous mêmes avec le sens du nom « Jin. »
— Oui c’est vrai, répondit Agatha, mais elle fera absolument tout pour nous tuer, nous les enfants ! Alors invoquer des monstres, c’est dans ses cordes !
— Il faut absolument qu’on rentre chez nous, déclara Feng, coupant court à toute spéculation. Nous devons absolument récupérer cette maudite Relique sinon Baba Yaga va trouver une bonne excuse pour nous envoyer ces horribles monstres ! Peut-être que si on la lui rend, elle renverra ces horribles bêtes d’où elles viennent ! Et même si elle ne ne les a pas invoquées, elle nous aidera peut-être à nous en débarrasser !
Les femmes et Agatha regardèrent Feng avec admiration. Cette jeune fille était aussi mature que pragmatique.
— C’est dangereux de rentrer seules, déclara enfin Marisa, avec tout ce qui arriv…
Des petits coups répétés l’interrompirent. Un corbeau au bec blanc frappait aux carreaux de la fenêtre. Agatha reconnut Kraa. Oh non ! Elle était fichue ! Elle sortit. Kraa vola dans ses cheveux et lui piqua la tête de coups de becs. Kraa était le familier de sa mère, elle savait donc où elle était et elle serait furieuse !
— Ne tardons plus, annonça Marisa sans aucune hésitation. Vos mères sont inquiètes !
— Je reste avec Alterra, annonça Lechuza, je lui prodiguerai tous les soins qui sont en mon pouvoir.
Marisa, surprise, acquiesça.
— Si je puis me permettre, s’enquit Tom Gibus qui – ô étonnement suprême – était resté silencieux jusque là. Je vais examiner la terre ravagée par les Créatures. Ayant été enterré au début de ma mort, mon esprit et mes os sont sensibles à la magie qui en émane. À moins que vous y voyiez un quelconque inconvénient, chère Marisa.
— Absolument pas, murmura Marisa, encore plus stupéfaite.
Agatha s’approcha de Patte-en-Bois et prit sa main toute parcheminée entre les siennes.
— Merci pour tout, Patte-en-Bois. Vous avez sauvé ma maman et oncle Toren il y a longtemps et maintenant, vous nous avez défendues et guidées, Feng et moi. Maintenant, c’est à notre tour. Nous allons trouver la Relique de Baba Yaga et tout rentrera dans l’ordre. Vous guérirez très vite, je vous le promets. »
***
Aussi étrange que cela put paraître, ce fut Marisa qui accompagnait Feng et Agatha aux Terres du Crépuscule, bien décidée à expliquer la situation aux habitantes. Qui aurait pu croire que cette femme craintive et torturée eût pu quitter son seule et unique refuge en y laissant sa seule amie avec un squelette parlant et l’une des sorcières les plus terrifiantes de Nox ? Pauvre Patte-en-Bois ! Marisa s’était trop souvent reposée sur elle ! Maintenant, ce serait cette merveilleuse gardienne qui aurait enfin le droit de se reposer un peu.
Pendant ce temps, Kraa volait devant en poussant des criaillements d’impatience. Agatha redoutait moins la présence des monstres de Nox que de la colère de sa mère quand elle la verrait. Elle allait tout lui expliquer et elle comprendrait, mieux que Kraa qui ne voulait rien entendre et qui lui croassait dans les oreilles pour qu’elle avançât plus vite. Enfin, l’obscurité de Nox s’estompait et laissait apparaître une nuit plus claire. Les odeurs s’étaient adoucies. Elles étaient de retour dans les Marais Crépusculaires. Marisa ne put avancer plus loin. Le champ de force l’empêchait de franchir la frontière. Une vague de soulagement parcourut Feng et Agatha quand elles retrouvèrent enfin leur environnement familier. Mais ce soulagement fut de courte durée. Une forme de haute taille les attendait. Agatha reconnut sa mère, furieuse, les bras croisés.
— Maman… balbutia Agatha. Je… je vais tout expliquer…
— Oh tu as tout intérêt ! fulmina-t-elle. La forêt Nox ! Mais comment tu as pu commettre une imprudence pareille ? Tu voulais te faire manger en avant-première ?
— Mais non...
— À la maison !
— Madame… interpella doucement Marisa. Si je puis me permettre, Agatha et Feng…
— Noxienne ! interrompit Siobhan, le regard terrible. Comme vous le voyez, je tiens l’engagement des communautés jusqu’au bout. Je n’ai aucunement passé la frontière sans votre autorisation expresse. Mais vous, que faites-vous ici avec ma fille et celle d’une de mes amies ?
Marisa sentit son cœur battre à tout rompre. Son teint grisâtre blêmit encore davantage. Elle qui n’était plus sortie de son petit lopin à Nox se trouvait devant une présence hostile. Pas un monstre ni une sorcière maléfique. Mais une mère brisée, qui avait subi toutes les angoisses du monde à l’idée de ne jamais retrouver sa fille. Marisa se sentit terriblement coupable. Si seulement elle avait envoyé un corbeau aux Doyennes comme elle l’avait prévu ! Tout ce qu’elle put sortir de sa bouche fut un croassement pathétique :
— Elles avaient besoin d’aide… je les ai emmenées chez vous.
L’expression de Siobhan se radoucit mais garda tout de même un ton sévère.
— Pour cela, je vous remercie. En revanche, transmettez ce message à vos sœurs de Nox. Les Crépusculaires sont prêtes à riposter. Aucune d’entre vous ne touchera à nos enfants ! »
Elle ne lui laissa aucunement l’occasion de répondre. Agatha voulut plaider leur cause mais Feng lui lança un signe de dénégation. Il fallait attendre que Siobhan se calmât sinon elle n’écouterait rien. Les deux enfants adressèrent un signe de la main à Marisa qui restait immobile devant la frontière invisible qui séparait les deux forêts.
La Noxienne resta prostrée pendant quelques minutes, le froid commençait à envahir son corps frêle qui flottait sous sa vieille robe. Un souffle de vent effleura ses cheveux brûlés. Il transportait une senteur boisée et sucrée, très différente des odeurs habituelles de la forêt Nox. Elle prêta un instant l’oreille à cet air qui sifflait entre les branches des arbres. On aurait cru à des paroles articulées. Quelque chose comme : « Marisa, je t’en supplie, viens à moi. Tu es la seule qui m’entend encore dans cette forêt. Viens, je t’en prie ! »
L’appel semblait s’éloigner comme pour montrer la direction à suivre. Elle frissonna de terreur et rentra chez elle. Patte-en-Bois avait besoin d’elle.
Feng suivit Siobhan et Agatha en silence. En chemin, elle se répétait mentalement ce qu’elle allait lui dire une fois rentrée à la chaumière. Mais une autre personne attendait devant la porte, une petite forme fluette blême de rage.
— Maman ? murmura Feng d’une voix blanche.
— Fenghuang ! Comment as-tu pu ? »
Expliquer la situation allait être plus compliqué que prévu.
Pendant tout le chemin du retour, Feng avait tenté d’expliquer la situation à sa mère mais elle n’écoutait rien. Luan répétait sans cesse qu’une guerre risquait d’éclater entre Nox et les Terres du Crépuscule et que tous les enfants, dès le lendemain matin, devaient se rendre dans la maison des Doyennes afin d’y être protégées.
— Mais maman, je ne peux pas ! Je dois trouver le Jin Chuan qui a pris la…
— Feng ! Ca suffit ! hurla sa mère. Ce n’était pas suffisant qu’on accuse ton père d’avoir commis un crime dont il est innocent, tu veux nous rajouter des ennuis !? Laquelle de vous deux a eu l’idée d’aller dans la forêt Nox ? Hein ? Laquelle ?
Feng baissa la tête, les larmes aux yeux.
— C’était moi, maman. Mais comprends-moi, je voulais des réponses ! Et Lechuza…
— Lechuza ? s’écria Luan. Tu as embarqué Agatha pour voir cette horrible Noxienne qui aurait pu vous tuer ? Est-ce que tu sais que tu l’as mise en danger en plus de toi-même ? Est-ce que tu en as conscience ? Est-ce que tu as pensé à tes frères, à ton père, à moi ? Tu devrais avoir honte ! »
L’esprit de Feng bascula alors dans le chaos. « Tu devrais avoir honte ! Tu devrais avoir honte ! TU DEVRAIS AVOIR HONTE ! » Cette phrase lui hurlait dessus en pensée quand elle gagna son lit, les yeux baignés de larmes.
***
Maison des Doyennes, six heures du matin, dix-huit heures avant l’exécution de la menace de Baba Yaga
Agatha n’avait pas revu sa mère depuis la veille au soir. Contrairement à Feng, elle avait fait partie des premières à être emmenées dans la maison des Doyennes. Très tôt dans la matinée, la grande pièce confortable fut envahie d’enfants au visage ravagé par l’angoisse. Les plus jeunes restaient collées contre leurs aînées. Les enfants ne manquaient de rien. Elles avaient chaud, mangeaient de très bonnes choses et une adulte venait toujours leur raconter des histoires et les rassurer. Mais la peur était là, aussi bien installée que sur les coussins de velours de la maison des Doyennes. Et, par dessus tout, Agatha n’osait rien leur dire. C’était donc l’un des crapauds qui avait avalé la Relique ? Il valait mieux ne pas en parler sinon les accusations contre Jin voire contre Feng se multiplieraient. Elle voyait que Basilio brûlait de lui poser des milliards de question mais sa grand-mère, la charismatique Doussou Damba lui avait sommé de tenir sa langue à propos d’Agatha. Lui qui trouvait toujours un moyen de se la raconter avait du mal à se contenir. Cependant, l’attention de la petite fille se porta sur Wicana, sa camarade aussi douée avec la glace et le givre qu’elle l’était avec le silence. La pauvre était prostrée sur un coussin. Agatha se leva et alla la voir.
— Est-ce que ça va ?
Wicana leva ses yeux gris vers elle et hocha la tête. Avec son visage ovale, ses traits fins et ses cheveux blonds aux reflets cendrés, elle était le portrait de son grand frère.
— Ne t’inquiète pas, nous sommes toutes ensemble et nos familles nous protègent. En plus, ton frère est Doyen maintenant. Il ne va rien t’arriver.
Wicana baissa la tête :
— Ce n’est pas pour moi que je suis inquiète, déclara-t-elle de sa voix douce et mélancolique. C’est pour Myrddyn. Tu n’entends pas ce qui se passe en bas ? »
Agatha tendit l’oreille. Elle était tellement concentrée sur les visages terrifiés de toutes ses amies qu’elle n’avait pas entendu les éclats de voix qui résonnaient en contrebas. Une nouvelle occasion de se sentir coupable. C’était elle qui avait mis Myrddyn dans l’embarras en voulant aller voir Astrion. Comment le jeune homme aurait-il pu imaginer une seule seconde que l’espiègle petite Agatha allait enquêter dans la forêt avec la sage petite Feng ?
Astrion était assis dans l’un des fauteuils de la salle du conseil. Les vitraux commençaient à diffuser la lumière du soleil levant, les lunes s’étaient endormies. Une nouvelle journée de solitude et d’impuissance s’annonçait alors. Et il était de plus en plus faible… inutile. À coté de lui, debout près de la cheminée éteinte se trouvait Myrddyn. Ils attendaient ensemble Doussou Damba et Volva qui ne devaient pas tarder.
Soudain, Siobhan ouvrit la porte d’entrée sans prévenir, la claqua derrière elle et fonça sur lui. Elle lui attrapa sa main et lui flanqua sa pierre d’âme dans la paume.
— Imbécile ! hurla-t-elle. Comment as-tu pu envoyer Agatha et Feng se rendre dans la forêt Nox ! Tu voulais les mettre en danger ? De quel côté es-tu réellement, hein ?
— Siobhan ? s’exclama Myrddyn. Mais qu’est-ce qui te prend ?
— Agatha t’a-t-elle tout raconté ? Répondit Astrion en replaçant calmement sa pierre d’âme sur son index. Celle-ci émit une douce lumière quand elle retrouva sa place. Il poussa un long soupir. Il était enfin entier !
— Oh ! J’en ai compris assez ! Assez pour qu’elle me dise que tu étais derrière tout ça depuis le début ! »
Astrion sentit le regard horrifié de Myrddyn. Lui non plus ne comprenait pas.
— Qu’a-t-elle dit ensuite ?
— Comment ça, ensuite ! vociféra la grande femme rousse au bord de l’explosion. Tu as failli faire tuer deux enfants et c’est tout ce que ça te fait ?
— Attends une minute Siobhan, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? affirma Myrddyn d’une voix tremblante. Je croyais que ta fille était chez Basilio !
— Oh toi ! cria Siobhan au jeune Doyen, ne fais pas l’innocent ! Ce n’était pas toi qui devait veiller sur Astrion le lendemain du vol de la Relique ? Tu n’as donc pas interdit à Agatha d’aller le voir ?
Myrddyn chancela un instant et se raccrocha à la cheminée.
— Si mais… enfin, je ne pouvais pas savoir que ce serait pour se rendre à Nox ! Elle m’a tout simplement dit qu’elle avait des questions à poser, je n’y voyais aucun mal.
— Pauvre idiot ! asséna-t-elle comme un coup de poing avant d’adopter une allure cynique qui ne lui ressemblait pas du tout. Oh ! Je vois. Tu étais sûrement vexé de simplement jouer les garde-malades alors que tu es Doyen depuis un an. Tu as préféré prendre tes tâches à la légère, à ce que je vois ! Et dire que mon frère a soutenu ta candidature, c’est à se demander où il avait la tête ! »
Siobhan tremblait. Était-ce de peur ? Était-ce de colère ? Astrion saisissait mal les émotions complexes des autres humaines. Et par dessus tout, il ne comprenait pas la raison de la fureur explosive de cette sorcière qui avait toujours été prévenante avec lui, qui le défendait quand d’autres Crépusculaires levaient les yeux au ciel à chaque fois qu’une prédiction peu réjouissante lui venait des Lunes. Myrddyn, lui, était passé du blanc au rouge en quelques secondes.
— Tu es sérieuse, là ? Tu t’entends parler, Siobhan ? hurla-t-il. D’accord, je n’aurais pas dû faire entrer Agatha chez Astrion mais si tu l’avais éduquée autrement, on n’en serait pas là en ce moment ! Ta gamine insupportable n’aurait même pas dû sortir de chez toi après la menace de Baba Yaga alors on se demande bien qui prend le plus ses tâches à la légère !
Une gifle lui répondit et Myrddyn bascula en arrière. Il se rattrapa à la cheminée, ses yeux gris avaient pris une teinte orageuse. Siobhan regretta aussitôt son geste. Elle était allée trop loin. Mais elle n’eut pas le temps de s’en excuser. Une porte s’ouvrit brutalement. Ce n’était pas une Doyenne mais Jin. Pâle, amaigri par l’angoisse, les cheveux ternes, le père de Feng n’était plus qu’une ombre.
— Siobhan ? Myrddyn ? fit-il d’une voix à peine audible. Pourquoi hurlez-vous ainsi ? Qu’est-ce qui se passe ?
Siobhan blêmit, catastrophé. Ignorait-il que sa fille avait disparu pendant plus de deux jours ? Elle posa sa main sur son cœur, s’obligeant à se calmer.
— Rien de particulier, juste eu plus de peur que de mal concernant ma fille. Mais tout va bien maintenant.
— Et Feng ? s’écria-t-il. Luan m’a dit qu’elle était chez toi, comment va-t-elle ?
— Elle est avec ta femme maintenant, tout va bien. »
Jin hocha la tête mais promena son regard sur l’assistance. Siobhan encore tremblante, Myrddyn la fusillait du regard, prêt à imploser et Astrion était assis, toujours aussi insondable.
— Dites-moi la vérité, somma-t-il d’une voix étranglée. Pourquoi autant de cris si tout va si bien ? Astrion ? Myrddyn ?
— Ça va, Jin, souffla Myrddyn. Ta fille est en sécurité avec sa mère, Doussou Damba nous l’a confirmé ce matin. Et… la communauté n’en a plus après toi. La plupart te connaît beaucoup trop bien pour t’accuser.
— Je le sais, répondit Jin. C’est moi qui ai demandé à Volva, à Albérich et à Morgana de sonder mon esprit pour savoir si j’ai subi un sortilège d’hypnotisme. Mais peu importe, ce n’est pas moi qui compte. Ce sont mes enfants. Et toutes celles de la communauté. Alors je vous prierai d’arrêter de vous hurler dessus et qu’on réfléchisse ensemble à une solution.
— L’aveuglement a gagné tout le village et vous y compris, déclara Astrion.
Siobhan n’y tint plus. Elle explosa :
— Oh arrête avec tes énigmes ! Dans ta situation, tu ne devrais pas la ramener ! Jin, je suis désolée de te le dire, je suis en partie responsable de ce qui est arrivé mais ma fille, la seule famille qui me reste à failli être tuée ! À cause d’Astrion et indirectement de Myrddyn ! Vous comprenez tous les deux !
Astrion entendit un fracas à côté de lui, Myrddyn venait de fracasser un vase contre un mur, tremblant de tous ces membres.
— Parce que tu crois que tu es la seule ? Hein ? Madame la citoyenne modèle, la mère courage toujours à l’écoute des autres ? Le masque se fissure n’est-ce pas ? Il suffit qu’il y ait une situation de crise pour que vous vous comportiez toutes comme des sauvages en accusant tout le monde sans jamais prendre ses propres responsabilités ! Oui, je le répète encore et encore, j’ai tort de laisser Agatha aller voir Astrion surtout si j’en ignorais la raison mais elle est vivante, ta gamine ! Alors, tu vas être gentille, calmer tes ardeurs de dragon mal réveillé et trouver une solution avec nous ! Parce que moi aussi la situation me fait peur, parce que j’ai ma petite sœur, la seule famille qui me reste à moi aussi ! Elle est à l’étage avec ta fille, risquant d’être tuée avec toutes les autres !
Pour une fois, Siobhan resta muette. Elle passa une main sur son visage. Une ombre apparut à côté de Jin, c’était Doussou Damba. Une colère froide crispait ses mains sur ses pierres divinatoires. Pire encore, à côté d’elle se trouvait une petite fille aux cheveux frisés, les yeux verts agrandis par la peur. Sa fille, son bébé…
— Bien. Maintenant que tout le monde a dit ce qu’elle avait à dire, nous allons enfin accueillir les autres Doyennes avec calme et décence afin de trouver une solution qui nous éviterait une guerre fatale, déclara-t-elle avec un calme sévère. Je comprends que vous soyez folles d’inquiétude, que vos enfants et mon petit-fils Basilio risquent les pires horreurs mais ce n’est pas en nous déchirant que nous les protégerons. Et Agatha a quelque chose de très important à nous dire.
— Maman… murmura Agatha, d’une voix étranglée. Vous vous disputez à cause de Feng et de moi, c’est ça ? Tu sais, Jin, ce n’était pas que l’idée de Feng, c’était la mienne aussi. Myrddyn, je suis vraiment désolée de t’avoir embêté pour que tu cèdes à ma demande. Astrion, tu as été très gentil de me faire confiance. Si tu ne m’avais pas prêté ta pierre d’âme, Feng et moi aurions pu avoir de très gros ennuis.
— Attends, Feng est partie avec toi ? s’écria Jin.
Maison-racines, maison de la famille de Feng.
Feng s’était glissée hors de son lit et s’était habillée discrètement. Elle avait eu la chance d’avoir pu dormir chez elle et non dans la maison des Doyennes. En parcourant le salon, elle aperçut de très nombreux documents des lois des Terres du Crépuscule. Sa mère avait écrit des annotations sur un carnet. Visiblement, elle voulait absolument innocenter Jin et surtout éviter un affrontement avec Baba Yaga en observant les textes du traité de paix dans les moindres détails. En effet, Baba Yaga n’avait pas respecté la question d’une solution d’urgence que les deux communautés devaient trouver ensemble. Comment se faisait-il que les Doyennes n’avaient même pas pensé à l’éventualité que les Noxiennes ne s’y tiendraient pas ?1
Tant pis, il était trop tard pour y réfléchir. Elle se glissa dans le jardin où les Jin Chuan, les crapauds d’or censés porter bonheur se serraient les uns contre les autres. La dernière fois qu’elle les avait quittés, deux jours auparavant, ils avaient eu la même attitude. Si cela se trouvait, ils n’avaient presque pas bougé depuis. Maintenant Feng comprenait pourquoi. Si la Relique de Baba Yaga était dans l’estomac de l’un d’entre eux, les autres voulaient sûrement le protéger.
Elle s’accroupit près d’eux, plongea sa main dans la mare et en flatta quelques uns sur la tête.
— Tout doux, mes amis, tout va bien se passer, murmura-t-elle.
De petits coassements timides résonnèrent en réponse mais aucun ne bougea.
— Allons, c’est moi, Feng, je suis votre amie. Lequel d’entre vous a la Relique de Baba Yaga ? C’est très important, elle est furieuse de l’avoir perdue. Il faut absolument que nous la lui rendions avant ce soir sinon si elle se vengera sur les enfants. »
Elle entendit deux petits pas derrière elle.
— Feng ? Mais qu’est-ce que tu fais debout ? Tu ne trouves pas que tu en as assez fait comme ça ?
Une boule se forma dans la gorge de Feng. Celle-ci se retourna, tentant de ravaler ses larmes et fit face à sa mère.
— Maman, je suis désolée d’être partie sans te prévenir ni même en avertir Siobhan… Je sais que je vous ai fait beaucoup de mal, à toi et à papa…
La petite femme ne se départit pas de son visage sévère. Elle fronça encore plus les sourcils.
— Ce n’est pas par des paroles que l’on montre une prise de conscience mais par des actes. Tu es encore en train de manigancer quelque chose dans mon dos, n’est-ce pas ?
— Maman, il faut que tu m’écoutes…
— Non, c’est toi qui vas m’écouter, tu vas aller retrouver tes frères et toutes les autres enfants dans la maison des Doyennes. C’est trop dangereux de rester ici. J’ai voulu que tu restes ici pour le reste de la nuit car j’avais peur de ce qui pourrait encore t’arriver. Cela fait des jours que je suis en train de communiquer avec les Gardiennes de Nox avec les Doyennes pour toutes vous protéger ! »
Feng ne put que ressentir de l’admiration pour sa mère qui s’était tant démenée pendant son absence. Si les Gardiennes de Nox allaient les protéger comme l’avait fait Patte-en-Bois, les choses pourraient s’arranger mais il fallait une garantie. La Relique !
— Maman…
— Il n’y a pas de « maman », tu viens avec moi. Je vais mettre au point des sortilèges de protection avec les autres sorcières du village. A défaut de pouvoir retrouver cette maudite Relique, il faut qu’on fasse toutes front commun contre ces horribles sorcières de Nox ! »
Elle attrapa vivement la main de sa fille et l’obligea à se relever. Feng se sentit entraînée vers l’extérieur du jardin. Feng était la petite fille modèle aux yeux de la famille. Feng était gentille. Feng disait toujours oui. Feng ne négociait jamais. Feng était douce et prévenante. Feng veillait sur ses frères. Feng était obéissante. Mais Feng risquait sa vie et toutes ses amies avec. Alors une force qui la dépassait cria soudain :
— NON ! »
La surprise força Luan à lâcher la main de Feng. Les yeux écarquillés, elle s’écria :
— Feng ? Mais enfin, qu’est-ce qui te prend ? Tu fugues et maintenant, tu refuses d’obéir ? Est-ce que tu te rends compte que…
— Maman, un de nos crapauds a avalé la Relique de Baba Yaga ! Nous avons enfin une chance de la lui restituer sans aucune violence. Tu comprends ce que ça signifie ? »
Luan mit sa main sur sa bouche, blême :
— Mais… comment est-ce possible ?
— Je ne sais pas, je le sais grâce à Lechuza qui m’a montré les crapauds dans l’une de ses visions. Baba Yaga a invoqué des forces ténébreuses pour nous nuire afin de se venger. Si on lui rend sa Relique, elle sera obligée de respecter le traité de paix ! »
Luan était stupéfaite. Si tout cela était vrai… Elle s’approcha doucement et s’accroupit vers les crapauds, les toucha les uns après les autres. Sous les caresses de la jeune femme, ils s’écartèrent peu à peu. Seul un seul restait au milieu, les pattes posées sur son ventre. Elle le prit dans ses bras et l’exposa au soleil. Une petite lumière bleue pulsait à l’intérieur du giron du crapaud. Elle se tourna vers Feng, les yeux humides :
— Oh par tous les esprits des marais, ma chérie, je suis tellement désolée d’avoir douté de toi ! J’espère que tu pourras me pardonner ! » Elle posa le crapaud et la prit dans ses bras.
Maison des Doyennes, sept heures du matin, dix-sept heures avant l’exécution de la menace de Baba Yaga
Peu après les explications d’Agatha, on entendit frapper à la porte. Doussou Damba ouvrit, c’était Luan accompagnée de Feng. Une fois entrée, cette dernière sortit d’un sac en toile, une lumineuse petite pierre bleue. La Relique.
— Oh ! Feng ! Tu as réussi ! s’écria Agatha.
— Alors, c’est donc vrai, déclara sombrement Jin. Je suis donc responsable de la disparition de la Relique de Baba Yaga. Les visions disaient vrai.
— Quoi ? demanda Feng, les yeux humides. Mais non ! Ce n’est pas toi, c’est notre crapaud qui a avalé la Relique.
— Et j’en suis responsable. Je ne sais pas comment il a pu échapper à ma surveillance mais il l’a fait. Ma chérie, je suis désolée. Tout ce qui est arrivé est ma faute. Je vais restituer moi-même la Relique à Baba Yaga.
— Papa non ! cria Feng se jetant dans ses bras.
C’en était trop ! Presque trois jours d’angoisse, deux jours à risquer sa vie et celle d’Agatha dans une forêt dangereuse. Deux jours presque sans sommeil, à manquer de se faire dévorer par des oiseaux sadiques puis tuer par Lechuza. Tout ça… pour perdre son père ? Elle éclata en sanglots en hurlant « Non ! Non ! Je refuse ! Je tuerai Baba Yaga moi-même s’il le faut mais elle ne te tuera pas ! JAMAIS ! » Jin serra sa fille encore plus fort, tentant de maîtriser son chagrin.
— Elle a raison sur un point, affirma Luan à la grande surprise de Feng. Nos Jin Chuan sont des crapauds porte-bonheur, ce ne sont pas des voleurs. Si l’un d’entre eux a volé la Relique, c’est sûrement pour une bonne raison.
— Et si l’on en croit les visions de Lechuza qui ne peut mentir, poursuivit Siobhan, Baba Yaga a invoqué des forces ténébreuses qui s’en prennent aussi à la forêt Nox. Elle est également en infraction. Pire que cela, ce qu’elle a provoqué risque de nous détruire aussi.
— Siobhan a raison, affirma sombrement Volva qui posa la Relique sur un socle au milieu de la table de Divination. Cela fait deux jours que nous communiquons en esprit avec les Gardiennes séculaires de Nox mais cette communication s’est brutalement arrêtée hier soir. Malheureusement, il n’est plus question d’accord de paix. Relique ou non, les Noxiennes les plus hostiles à notre communauté sont prêtes à sacrifier leur propre forêt pour nous déclarer la guerre. C’est à n’y rien comprendre. »
Volva ne croyait pas si bien dire. Baba Yaga voulait la citrouille et le couteau qu’elle aurait troqué pour l’obtenir. Toren aurait utilisé une expression du Vieux-Monde, très similaire, « vouloir le beurre et l’argent du beurre. » Elle voulait sa Relique et détruire les Terres du Crépuscule par vengeance. Pendant que Volva, Doussou Damba, Myrddyn et les autres Doyennes appelaient les habitantes des Terres du Crépuscule à se réunir sur la place du village afin de solidifier le champ de force, quelque chose remua à plusieurs mètres sous leurs pieds mais personne ne s’en rendit compte.

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