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tome 1, Prologue « PROLOGUE » tome 1, Prologue

Quand je suis arrivé sur les Terres du Crépuscule, je n’avais que huit ans. J’étais perdu. Je n’avais plus rien que des guenilles couvertes de poussière et le grimoire. Ce grimoire était tout ce qui me restait de ma mère. J’étais sale, épuisé et je mourais de faim. Alors que je manquais de m’effondrer, plus mort que vif, je découvris un paysage déconcertant. Je fus submergé par toute cette lumière dorée ! Il m’avait semblé que c’était l’été mais les arbres arboraient un feuillage d’automne. Des citrouilles énormes et d’effrayants épouvantails bordaient les chemins dans une forêt marécageuse. En voyant toutes ces mares résonnantes de grenouilles, mon cœur s’est serré. Combien de fois ai-je pêché des grenouilles pour les montrer à ma mère avant de les relâcher ?

Enfin, je vis un vallon où s’érigeaient des habitations singulières au milieu des arbres centenaires. Il y avait tout et n’importe quoi ! Des chaumières, des huttes entassées, des maisons en pierre envahies de tourelles (avec des tourelles sur des tourelles ! ), des maisons en bois de travers et surtout – encore plus incroyable ! – des habitations aménagées dans des amas de racines gigantesques, des tanières joliment décorées et des champignons géants ! Au milieu de ce joyeux bazar, des femmes et des hommes allaient et venaient, bavardaient, échangeaient des colifichets, faisaient bouillir des mixtures malodorantes dans des marmites, éclataient de rire, se disputaient ou jouaient aux cartes sur des citrouilles de la taille d’une table de jardin.

Afin de décrire les habitants, j’emploierai principalement le féminin. En effet, je sus plus tard que c’était avant tout une terre de refuge pour les femmes persécutées pour sorcellerie dans le Vieux Monde donc le féminin prévalait toujours même si des hommes y vivaient. Ainsi, elles portaient pour la plupart des chapeaux pointus, des capes, des tuniques ou encore des robes où pendaient des herbes sèches, des ciseaux, des loupes et des serpes. Certaines s’envolaient même sur des branches blafardes aux feuilles bleues ! Après avoir côtoyé un désert gris sans soleil, j’étais fasciné par tout ce que je voyais ! C’était une explosion de couleurs, d’odeurs, de bizarreries… de vie finalement ! J’emplis mes poumons de la douce odeur d’humus et de citrouille et même des borborygmes nauséabonds des marais qui bordaient ce drôle de village. Sur une petite place, j’aperçus un énorme pommier qui débordait de pommes rouge orangé. Je m’y précipitai mais j’eus un mouvement d’hésitation. Avais-je le droit d’en prendre une ? Je n’eus pas le temps d’y réfléchir davantage.

Une bande de friponnes, filles et garçons, me bousculèrent et se moquèrent de mes guenilles et de mon odeur. Je fus étonné de les comprendre alors qu’elles ne semblaient pas parler la même langue que moi. J’appris plus tard qu’Outremonde était régi par l’Universel, la capacité de se comprendre même si nous parlons des langues différentes. Cela permettait d’unifier, en quelque sorte, tous les peuples.

Mais à ce moment-là, il n’était pas question d’union des peuples car, les galopines m’attaquèrent avec des forces surnaturelles. Des sortilèges dont je ne pouvais me défendre ! Elles avaient vite compris que je n’avais aucune connaissance en magie alors elles me traitèrent de « sans pouvoir » et me crièrent de dégager. Soudain un garçon puis deux filles reçurent un coup de pied d’une violence inouïe ! Puis une voix tonitruante hurla « Ça suffit ! ». La voix cédait place à une tornade qui déblaya les polissonnes de coups de poings et de pieds. Elles se dispersèrent en couinant comme des chiens errants qu’on aurait chassés. La tornade ou plutôt la petite fille rousse qui venait de me sauver la mise s’approcha de moi. Elle était ronde comme les citrouilles du village, des mèches folles s’échappaient d’une longue natte et se collaient sur ses joues de pommes, piquetées de tâches de rousseurs. Ses yeux bruns pétillaient d’intelligence. Elle se pencha vivement et sa petite main potelée agrippa la mienne et m’aida à me relever. « Ne t’en fais pas, assura-t-elle en bombant le torse, ils ne viendront plus t’embêter, je les ai à l’œil !

– Merci ! répondis-je, encore tremblant. »

– Pas de quoi ! répondit-elle en attrapant deux grosses pommes qu’elle me donna. Tu dois être un réfugié. Viens, je vais te présenter à mes parentes. Mon père et ma mère font les meilleures tartes aux citrouilles des Terres du Crépuscule et connaissent les potions de guérison des plaies par cœur. Tu n'auras plus aucune égratignure ! »

Le cœur gorgé de reconnaissance, je la remerciai et me présentai.

– Oh merci ! Je m’appelle Thomas et toi ?

– Siobhan ! »

Je suivis alors cette drôle de petite boule d’énergie qui allait devenir ma sœur adoptive.

C’est au sein de cette famille des Marais que j’ai appris tout ce que je sais aujourd’hui et je lui en serai à jamais reconnaissante. Ma chère sœur, je reviendrai bientôt, quand j’aurai terminé de soigner les habitants des tribus sylvestres, je te le promets.

Carnet de voyage de voyage de Toren, apothicaire itinérant.


Texte publié par Les Carnets d’Outremonde, 21 avril 2025 à 11h50
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