Le doux son continu et apaisant de l’eau chaude se déversant du pommeau de douche avait plongé Winter en transe suffisamment longtemps pour la faire sursauter lorsque l’on frappa à la porte de la salle de bain.
« - Grail ! Dois-je te rappeler que tu n’es pas toute seule à te préparer ? Je n’ai pas envie de louper le départ pour Pré-au-Lard qui a lieu dans moins d’une demi-heure. », lança une voix agacée.
Daisy Williams. La coéquipière de chambrée de Winter. Plus les mois passaient, plus la rockstar la trouvait imbuvable, et pour cause : Daisy était depuis peu secrètement amoureuse de Marcus Crux. Elle adhérait évidemment à toute l’idéologie de Sang Pur qu’il supportait et cela faisait de l’artiste l’ennemie numéro un à abattre à ses yeux.
La belle musicienne maugréa en sortant de la douche, les gouttelettes ruisselant sur sa peau d’albâtre.
« - Oh, ça va…une minute. J’ai presque fini. Il n’y a pas le feu… »
Elle récupéra sa baguette posée sur un meuble à proximité et attira à elle une serviette qu’elle noua autour de son buste afin de dissimuler ses courbes élancées et raffinées.
Puis, elle fit léviter son uniforme de Serpentard et sa robe de sorcière reposant sur le carrelage, recouverts de boue. Le tissu était déchiré à certaines extrémités, témoignant de l’aventure surréaliste qu’elle venait de vivre un peu tôt. Les vêtements retombèrent dans le fond de son panier à linge. Heureusement pour elle, sa garde-robe contenait plusieurs uniformes de rechange pour la nouvelle semaine de cours à venir.
Winter sortit de la salle de bain pour se retrouver nez-à-nez avec Daisy Williams qui l’attendait, mains sur les hanches, frappant le sol de son pied frénétiquement avec impatience.
« - C’est pas trop tôt, Sang-de-Bourbe ! J’étais à deux doigts de faire exploser la porte si tu ne sortais pas ! », pesta-t-elle sèchement.
La Serpentard entra dans la salle d’eau et s’enferma en un tour de clé. La compositrice rétorqua d’un ton moqueur :
« - Marcus te fait baver au point de plagier même ses insultes ? Tu as pensé à développer une personnalité ou c’est trop demander ? »
Daisy lâcha en réponse derrière la porte une floppée d’injures qui résonna sur les murs en céramique. Winter leva les yeux au plafond, trouvant sa voisine de chambre profondément immature, et se dirigea vers son dressing. Elle contempla un moment les nombreux vêtements sophistiqués qui lui appartenaient. Il ne s’agissait pas de s’habiller en parfaite écolière. Pas aujourd’hui. Ce dimanche après-midi, elle allait être Winter Grail, l’artiste de renom, celle qui ébranle les esprits par sa musique avant-gardiste diffusée sur toutes les ondes du Royaume-Uni, dans les haut-parleurs du pub du coin jusqu’au poste radio du 10 Downing Street dans la Cité de Westminster.
La pianiste sortit de son armoire une veste bleu nuit élégante en velours offrant de subtils reflets avec une coupe longue et un col sombre ainsi qu’une chemise blanche en soie bouffante et ornée, inspirée en partie des tenues de flibustiers, revisitée par la haute couture. Cette dernière ajoutait une touche de piraterie et de sauvagerie au caractère élégant de l’ensemble. En bas, un pantalon noir sobre et des bottes sans talon en cuir feraient l’affaire. Winter aimait se sentir libre de ses mouvements sur scène.
Elle déposa les vêtements sur son lit et entreprit de sécher sa chevelure brune encore humide à l’aide d’un sortilège, puis elle enfila sa tenue. Alors qu’elle ajustait ses manches, ses yeux pensifs se tournèrent un instant vers l’unique fenêtre de la chambre, celle qui, bien que située dans une partie des cachots, offrait malgré tout une vue partielle sur les bois s’étendant au-delà des plaines de Poudlard.
Son esprit s’attarda sur les dragons qu’elle avait quittés au petit matin, quelque part là-bas, sur le plateau écossais. Les quatre créatures avaient tenu parole et l’avaient laissé repartir en vie. Ses paupières se fermèrent un instant. Elle revisionna l’atterrissage dans ces vastes étendues reculées, bien au-delà de la Forêt Interdite, là où même les mages les plus intrépides hésitaient à s’aventurer. La dense végétation assurerait aux dragons un refuge temporaire suffisant, le temps de pouvoir leur trouver un véritable sanctuaire. Les mots du Boutefeu Chinois lui revinrent en mémoire :
« - NOUS ATTENDRONS TON RETOUR, AUGURE. NOUS PLAÇONS NOTRE CONFIANCE EN TOI. »
Cela faisait écho à la promesse qu’elle leur avait faite : leur garantir une liberté durable et protéger leurs espèces respectives. La compositrice y avait songé pendant sa longue marche à pied pour regagner Poudlard qui lui avait pris toute la matinée tant elle s’était éloignée du château. La première étape pour tenir parole lui était désormais claire : il lui faudrait leur trouver un havre de paix. Un endroit que l’homme n’oserait souiller et où ils seraient dissimulés aux yeux des moldus.
Winter prit une inspiration une fois habillée. Elle observa son reflet dans le carreau de la fenêtre et sourit. Voilà un moment qu’elle ne s’était pas sentie aussi alignée avec elle-même jusque dans son apparence. L’horloge magique de la chambre sonna 14h. La jeune femme quitta les dortoirs de Serpentard avec impatience et excitation, puis emprunta le chemin vers la Grande Salle.
Dans les couloirs, plusieurs élèves s’écartèrent pour la laisser passer, la regardant avec admiration. Ils échangèrent des chuchotements curieux et élogieux. Certains garçons de septième année l’observèrent avec fascination et passion. Parmi eux, elle croisa Cédric Diggory, le champion de Poudlard. Le favori de Poufsouffle tenait son œuf d’or à la main, butin de la première épreuve du tournoi. Il était entouré de plusieurs autres élèves de sa maison et semblait être plongé en pleine résolution de l’énigme que l’objet recelait, mais il interrompit sa réflexion, subjugué au passage de la rockstar. Winter ne put s’empêcher d’esquisser un sourire, un peu embarrassée en repensant aux allégations de Rita Skeeter concernant une potentielle romance entre elle et Cédric.
Bientôt, elle arriva dans la Grande Salle. Les bruits désordonnés d’une scène en pleine installation ainsi que de guitares en train d’être accordées parvinrent à ses oreilles. Les grandes portes s’ouvrirent et l’entièreté de la pièce se figea soudain à son arrivée.
« - Winter Grail. Vous arrivez à point nommé. »
Le professeur Flitwick l’apostropha avec un grand sourire, d’humeur joyeuse. Baguette à la main, le demi-gobelin avait littéralement transformé le fond de la pièce. La table à manger du personnel et le pupitre de Dumbledore en forme de chouette dorée qui s’y trouvaient habituellement avait été remplacés par une grande estrade noire sur laquelle se trouvait du matériel scénique, probablement celui qui était stocké dans le recoin de la Salle sur Demande en temps normal. Sonorisation de façade, enceintes de retour, amplificateurs de guitare et de basse, batterie, table de mixage, rangées de projecteurs, poursuite et autres éclairages en tout genre… Rien n’y manquait. Au centre de la scène, sur le devant, le micro et les claviers de Winter l’attendaient, reposant sur leurs pieds.
La plupart des tables étaient vides, le lieu ayant été déserté depuis le repas du midi. En ce dimanche 27 novembre, la plupart des élèves étaient soit de sortie à l’extérieur du château, vaquant à leurs loisirs, soit rassemblés dans leurs salles communes autour de la cheminée à se réchauffer et se détendre. Mais une trentaine d’étudiants, toutes maisons confondues à l’exception de Serpentard, étaient restés après le déjeuner pour faire leurs devoirs ou jouer aux échecs version sorcier. Enfin…cela constituait en réalité des prétextes. La vérité était qu’ils ne souhaitaient pas attendre le bal de Noël pour voir l’étoile montante de la Grande Bretagne jouer.
Tous les regards furent immédiatement braqués sur elle.
« - Pour les prochaines fois, je vous promets que vous aurez accès à la véritable salle de bal. Malheureusement, les elfes de maisons sont en train de la décorer actuellement. …Bien, je crois que vous n’avez plus besoin de moi à présent. Tout est prêt. »
Flitwick descendit de la scène alors que Winter montait sur la plateforme. Elle rencontra alors les regards motivés et admiratifs de ses nouvelles recrues. Robert Hayes et Joe, le jamaïcain, avaient déjà leurs guitares en main. Winter sourit en constatant que Robert avait lui aussi troqué son uniforme de Poudlard pour un t-shirt des Stone Roses légèrement décoloré. Au fond, caché derrière plusieurs toms et cymbales, se trouvait Magorian. Le centaure semblait légèrement embarrassé de se trouver dans l’enceinte de l’école, un lieu peuplé d’humains qu’il exécrait d’habitude. La batterie avait été aménagée pour lui : les éléments étaient surélevés, Magorian jouant debout avec son corps équin. Les pédales de grosse caisse et de charley étaient larges et arrondies, adaptées à la forme de ses sabots de percheron.
Winter prit place devant ses claviers et lui glissa au passage :
« - Pas trop nerveux ? »
Le centaure alezan râcla le plancher de l’estrade bruyamment de ses pattes avant avec fierté.
« - Nerveux, moi ? …Vous n’y pensez pas, Winter. »
Il la fixa de ses yeux bleu gris avec orgueil et souffla :
« - Commençons rapidement avant que je ne sois tenté d’embrocher l’un de ces misérables. »
Winter ne put s’empêcher de lever un sourcil en remarquant la présence d’une lance et d’un grand arc de chasse derrière lui, dissimulés dans le fond de la scène. Le chef de guerre des centaures, fidèle à lui-même, était venu armé. Un sourire de résignation traversa le visage de la jeune artiste.
Puis, elle ajusta son micro. Sa voix résonna dans toute la salle, enveloppée dans une réverbération naturelle.
« - Je vous propose que nous déchiffrions les morceaux dans l’ordre de la setlist. Voyons si vous les avez travaillés en amont. »
Ses mains fines et élégantes se positionnèrent sur son clavier principal. La stature élégante et charismatique de la jeune femme absorba instantanément l’ensemble de la pièce. Le peu d’élèves présents, ainsi que Flitwick étaient suspendus dans ce silence momentané. Les vieux murs du château, eux-mêmes, semblaient fébriles à l’idée de vibrer dans quelques instants sous les caresses des mélodies aériennes et des riffs électriques.
Magorian lança le départ en frappant ses baguettes l’une contre l’autre. La répétition débuta.
Le premier morceau était un mélange de rock et de blues avec des éléments sonores empruntés aux vagues musicales culminantes du début des années 90, à savoir le rock alternatif et le punk rock modernisé. Cette chanson des Red Runners était plus qu’un hit. C’était une opération coup de poing. Elle s’était imposée impérieusement, submergeant les stations radio tel un raz-de marée, le tout orchestré savamment par Gareth Barnes, l’astucieux manager.
Les élèves présents dans la Grande Salle ouvrirent de grands yeux émerveillés aussitôt qu’ils entendirent les guitares rugir et le son de piano brillant emplir la pièce et s’envoler vers le plafond enchanté au point d’en faire trembler les nuages. Par-dessus ce tapis harmonique impeccable reposait la voix de Winter. Une voix emblématique, délicate et puissante à la fois, reconnaissable parmi mille. Ce n’était pas le timbre d’une diva, ou d’un pur produit formaté par une maison de disques. C’était l’expression d’une âme singulière, sensible, troublée, qui cherchait sa place dans un monde si uniforme.
La session musicale se poursuivit. Il s’agissait d’une rencontre entre quatre jeux, quatre esthétiques, le tout regroupé autour d’un répertoire devenu en quelques années iconique et qu’il ne fallait trahir. Winter avait retrouvé sa position de meneuse qu’elle endossait habituellement avec les Red Runners. Elle dégageait à présent une prestance douce mais affirmée, en pleine maîtrise de son élément. Régulièrement, la jeune femme interrompit les morceaux, soulignant d’une voix posée mais ferme les erreurs de rythme, de notes, ou d’interprétation. Elle se sentit rassurée en son for intérieur. Ses musiciens n’étaient pas à la hauteur de ses compagnons habituels, mais ils avaient le niveau pour pouvoir défendre les morceaux lors du bal de Poudlard. Le peu de répétitions prévues devrait suffire.
À plusieurs reprises, Albus Dumbledore et Minerva McGonagall, poussés par la curiosité, s’incrustèrent discrètement dans la Grande Salle. Ils restèrent écouter un moment, échangeant quelques sourires et mots inaudibles entre eux ou avec Filius Flitwick. Le personnel de Poudlard était déjà en partie conquis.
Les heures passèrent. Le déchiffrage des compositions touchait bientôt à sa fin.
« - Robert, est-ce que tu peux me faire un slide un peu moins brouillon ? », demanda Winter au guitariste, toujours concentrée.
Elle se tourna ensuite vers Joe.
« - …Sur les couplets, peux-tu jouer tes croches plus au fond des temps ? Sinon, vous n’êtes pas bien ensemble avec la batterie. »
Les musiciens opinèrent. Même Magorian, malgré son habituelle condescendance, accueillait les remarques de la jeune artiste sans broncher. Elle avait gagné son respect lors de la nuit passée au campement des centaures dans la Forêt Interdite, et les centaures étaient des créatures de parole.
« - On y va. Un, deux, trois, quatre ! »
L’ensemble musical reprit mais fut aussitôt interrompu lorsque les portes de la Grandes Salle s’ouvrirent violemment sous l’effet d’un sort non verbal en claquant contre les murs. Les instruments se turent instantanément et les élèves présents dans la salle baissèrent immédiatement la tête, effrayés.
« - Grail ! », cracha une voix intense, grave et acide, avec la létalité d’un mamba prêt à frapper avec une précision mordante.
Winter releva la tête de son clavier, surplombant depuis l’estrade les tablées presque vides. Une tension glaciale et électrique sembla parcourir l’ensemble de la pièce, au point d’assombrir le plafond céleste magique de gros cumulonimbus épais et sombres. Sa respiration se stoppa net et elle tressaillit.
Severus Rogue.
Elle l’avait vu et rendu furieux à de nombreuses reprises depuis le début de l’année scolaire, mais cette fois, c’était d’une toute autre ampleur. Si la fureur était une onde sismique, sa magnitude serait actuellement proche de dix sur l’échelle de Richter. Le Maître des Potions se rapprocha de la scène d’un pas enragé, sa robe de sorcier noire ondulant tumultueusement au-dessus des dalles de pierre. Ses iris obsidiennes sans fond foudroyaient la rockstar de colère.
Robert Hayes regarda Winter avec inquiétude et esquissa deux pas en arrière, cherchant presque à se cacher derrière un rack d’amplification. Il manqua de trébucher sur des câbles, faisant vibrer par mégarde la corde de Ré de sa guitare qu’il s’empressa d’étouffer aussitôt. Joe, quant à lui, eut le même réflexe de se désolidariser de la pianiste, la laissant ainsi seule sur le devant de l’estrade pour faire face au Directeur de Serpentard.
« - Descendez de là immédiatement ! », tonna Rogue.
Le ton était net, précis et tranchant comme une lame de rasoir. Winter ne bougea pas. Elle ne comprit pas tout de suite ce qui lui était reproché, puis soudain, le doute s’instaura dans son esprit. Oscar avait-il vendu la mèche ? Aurait-il craqué et tout déballé sous la pression ?
Dans un coin de la pièce, le professeur Flitwick et Dumbledore qui était encore présent observèrent la scène sans interférer. Le directeur ne semblait cependant guère surpris, comme s’il savait quelque chose.
« - Vous m’avez très bien entendu. », asséna le professeur des potions d’une voix gutturale et emplie de venin, « Votre…pathétique performance s’arrête ici. Retenue dans mon bureau jusqu’au couvre-feu de ce soir. »
Winter ouvrit de grands yeux. Les chefs d’accusation n’avaient même pas été nommés que la sentence était déjà tombée, vindicative. La sorcière fronça les sourcils. Encore imprégnée de son rôle de lead singer charismatique, elle maintint le regard et rétorqua simplement avec désinvolture :
« - Non. »
Les élèves poussèrent des murmures de stupeur, redoutant une escalade. Nul n’osait répondre au professeur Rogue d’ordinaire. Un voile de dureté recouvrait entièrement son visage. Si les regards pouvaient tuer, Winter aurait déjà été envoyée dans l’au-delà.
Il s’avança vers la scène, ses chaussures noires claquant sur le dallage. Il siffla d’une voix glaciale :
« - Vous refusez donc de coopérer. Très bien. Je vais devoir m’occuper de vous personnellement. »
D’un geste de la baguette, il dégagea l’une des enceintes de retour qui s’écrasa immédiatement contre un mur en émettant un larsen accompagné d’un grésillement. Le pauvre système de diffusion sonore rendit l’âme sur le champ. Mais Winter ne se laissa pas intimider. Pas cette fois. Pire encore, l’assaut lancé contre sa scène réveilla en elle son côté provocateur et contestataire.
La pianiste afficha un sourire espiègle et répliqua dans son microphone encore ouvert, de sorte que toute l’assistance l’entende. Elle emprunta un ton suave empli de sous-entendus :
« - Oh…personnellement ? Professeur, vous êtes bien direct…Voilà qui promet. »
Severus Rogue s’arrêta subitement, surpris et outré. Des rires discrets et incrédules s’élevèrent derrière lui.
« - Comment osez-vous ? Vous savez très bien que…
- Mais avant…il me semble qu’il nous reste une chanson à jouer », le coupa Winter avec un air amusé en s’adressant à ses musiciens et à la trentaine d’élèves assistant à ce curieux spectacle.
Avant même que Rogue n’ait le temps de protester, elle tourna à distance d’un coup de baguette le bouton master du volume de sortie de la console de mixage de sorte à augmenter le son.
« - Que diriez-vous d’un petit solo de piano ? »
N’attendant aucune réponse, Winter se mit à jouer l’introduction glam rock de l’un de ses morceaux. Tout de suite la mélodie, rebondissante et syncopée, emplit la pièce et les étudiants émirent de petits rires en reconnaissant l’instrumentale. La chanson, abordant la thématique du désir, était un anathème même à tout ce que dégageait le professeur des potions. Elle avait surpris l’opinion publique à sa sortie pour son texte assez cru et sulfureux.
Severus Rogue resta subitement cloué sur place, les lèvres pincées, involontairement captivé dans un mélange d’aversion et de fascination même si cela lui était inavouable. C’était la première fois qu’il voyait la musicienne à l’œuvre. Le talent, la virtuosité, les subtilités du jeu pianistique…tout y était. Cela la rendait encore plus insupportable, impertinente à ses yeux.
Magorian fut le premier à réagir et à la rejoindre à la batterie, enjoué par la situation. Il n’appréciait pas le sorcier aux regard de jais et comptait bien le lui faire savoir. Toute occasion pour l’offenser était bonne à prendre. Cependant, lorsque Winter entonna le premier couplet, aucune personne présente dans la salle n’était préparée à ce qu’elle allait entendre.
I met him in a castle down in old Albion
Where they practise spells and they grind snail shells into potions
He walked up to me with a critical eye
I jerked in fright and in a raspy voice he said « Detention »
Les étudiants poussèrent des cris étranglés d’hilarité tandis que Robert Hayes et Joe se dévisagèrent, éberlués. Winter avait modifié ses paroles initiales, probablement en les improvisant dans l’instant présent. Et elles avaient l’audace de s’adresser directement, plus provocantes que jamais, au Maître des Potions.
I’ve always known my temper to be mild
But when he squeezed my wrist, I felt my heart go wild
Well, I’m not dumb but I don’t comprehend
Why his lips invite me when his words offend
Severus Rogue se raidit, mortifié. Ses joues, habituellement d’une pâleur cadavérique, se coloraient maintenant d’un rouge vif. Il vociféra avec furie mais sa voix fut couverte par le son du mur d’enceintes de façade. Winter et Magorian furent bientôt rejoint par la guitare et la basse, restituant à la chanson toutes ses teintes et son caractère effronté. Chaque vibration de corde résultait soit en un riff sauvage et débridé, soit en l’évocation d’un soupir de volupté au caractère scandaleux et transgressif.
Puis vint le pont du morceau, toujours plus indécent.
The night stretched on
Whispers on the moor
Garments on the floor
I got down on my knees
Then I looked at him, and he at me
That's the way that I want it to stay
And I always want it to be that way
Warm potion drips and grooves on the board
It’s a stronger, sharper mixture than Amortentia
Pour la première fois de sa vie devant une élève, Severus Rogue détourna le regard, soudainement fuyant. Sa colère initiale se mua progressivement en un sentiment étrange, accompagné de picotements au bout des doigts. Sa gorge était sèche et ses veines brûlantes. Un tremblement subtil se propagea dans toute son ossature. Il n’entendait plus les rires des élèves, ne remarquait même pas le regard amusé et en même temps interloqué d’Albus Dumbledore.
Il prit peur. Il eut la sensation que son corps, accoutumé à une vie ascétique et disciplinée, vulgaire outil au service de son intellect, ne lui appartenait plus.
Soudainement, il fit demi-tour et quitta la Grande Salle précipitamment en silence, s’effaçant comme une ombre. Il retourna à ses ténèbres.
La chanson arriva à son terme. L’ambiance était à l’hilarité générale. Jamais Rogue n’avait été ébranlé de la sorte. Winter lança sur un ton goguenard :
« - Et ma retenue alors ? »
Les éclats de rire redoublèrent d’intensité. Mais lorsqu’elle vit sa silhouette disparaître au loin plus évanescente que le fantôme du Baron Sanglant, son sourire vacilla. Peut-être n’était-ce pas la réaction qu’elle attendait de lui au fond…
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