L’atterrissage dans la Forêt Interdite fut brutal. Après avoir franchi par la voie des airs les murs d’acier ceinturant le périmètre des dragons sous haute surveillance, Oscar manœuvra le Nimbus 2001 tant bien que mal pour ne pas heurter un arbre ou finir dans un bosquet à orties lors de la descente. Le jeune homme freina en urgence entre deux frênes gelés, remuant la terre avec ses chaussures en rétablissant le contact avec le sol. Winter tomba sur le côté, projetée par le déséquilibre causé par leur dernier virage. Le jeune poursuiveur de Quidditch mit pied à terre, déposa son balai contre l’un des troncs, et se précipita vers son amie.
« - Tu ne t’es pas blessée ? », souffla-t-il, inquiet.
La compositrice se releva en époussetant sa robe de sorcière en laine, adaptée à l’approche de l’hiver.
« - …J’en ai vu d’autres. », fit-elle avec un léger sourire.
Sa voix était encore pâteuse. Braver le froid avec un vol en balai dès le matin, ce n’était vraiment pas sa définition d’un réveil idéal.
Les deux amis regardèrent autour d’eux, sur le qui-vive. La forêt était silencieuse, plongée dans une brume épaisse comme lors de la première venue de Winter. Cette dernière baissa d’un ton.
« - C’est là que ça se corse. Les cages ne doivent pas être bien loin. Et…les Aurors du Ministère non plus. »
Oscar laissa échapper une respiration saccadée traduisant sa nervosité. Il ne s’était jamais pensé téméraire comme un Gryffondor. Un pli d’inquiétude se dessina sur son front, contrastant avec son visage juvénile et sa peau lisse, rosie par le froid.
« - Avançons prudemment. »
Baguettes à la main, les deux amis progressèrent avec précaution dans la forêt, veillant à ne pas faire craquer de branchages sous leurs pas et à se cacher derrière les arbres au moindre bruit. Winter marchait plus vite qu’Oscar, déterminée malgré son souvenir effroyable de sa dernière rencontre avec le Magyar à pointes.
Au bout de quelques minutes, alors qu’ils s’approchaient sans le savoir des cages, Oscar manqua de glisser sur une parcelle de gadoue accompagnée de mousse en décomposition.
« - …Aaah ! », s’écria-t-il un peu trop fort.
« - Qui est-là ? » lança une autre voix inconnue à quelques mètres.
Winter se figea et Oscar blêmit.
« - Vite, derrière cet arbre ! », chuchota-t-elle immédiatement en entraînant Oscar par le bras hors de la tourbe.
Ils se recroquevillèrent contre un tronc, les pans de leurs vêtements recouverts de terre. Winter se risqua à jeter un coup d’œil rapide vers la direction d’où provenait la voix. Elle aperçut un homme en train de patrouiller, recouvert d’une large cape marron en cachemire épais dont la capuche lui masquait partiellement le visage.
« - Qui est-là ? Montrez-vous ! », répéta la sentinelle.
Winter se retourna vers son allié.
« - …Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Je crois qu’il va falloir se préparer au combat. »
Oscar protesta en chuchotant, le teint livide :
« - Tu plaisantes ? C’est un Auror du Ministère ! On ne peut pas faire ça. Déjà parce qu’il va sûrement gagner haut la main…ces gens-là sont spécifiquement entraînés pour le combat. Et surtout parce que ce ne serait pas sans conséquence… »
Winter fronça les sourcils.
« - Je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre…Je veux sauver ces dragons, Oscar. »
Le jeune homme prit une grande inspiration, tentant de maîtriser son stress qui ne faisait qu’accroître depuis son arrivée dans cette forêt angoissante.
« - Je…Je vais détourner son attention. », balbutia-t-il.
La sorcière le regarda avec surprise.
« - Quoi ? Mais…Tu sais ce que cela implique ? »
Oscar garda le silence un instant, semblant en plein conflit interne, submergé par l’anxiété.
« -…Oui. »
Il ravala sa salive avant de répondre, en regardant Winter de ses petits yeux marrons.
« - Je ne comprends pas pourquoi tu es prête à prendre autant de risques pour ces bestioles, mais…Tu es la personne la plus importante que j’ai rencontrée depuis mon arrivée à Poudlard. »
Il étouffa un petit rire, troublé.
« - Et dire qu’il a fallu attendre ma sixième année dans cette école pour que je commence à…bien m’y sentir réellement. C’est grâce à toi, Winter. »
La sorcière resta sans voix, émue. C’est à ce moment qu’elle réalisa également qu’Oscar Mills ne la regardait pas innocemment. Elle lut dans son regard autre chose. Une chose qu’elle craignait de nommer. De l’admiration et…de l’attirance.
Elle ne parvint à répondre. Pour la première fois, la parolière brillante qu’elle était se retrouva incapable de trouver les mots justes.
« - Pas de temps à perdre. », chuchota Oscar avec un sourire à la fois incertain et animé d’espérance.
Il se redressa et fit un pas de côté, se rendant ainsi visible et vulnérable.
« - Je te couvre. Quoi qu’il arrive. », lui adressa-t-il.
Et avant qu’elle n’ait le temps de réagir, il s’avança vers l’Auror. Winter resta ébahie, peinant à réaliser ce qui était en train de se jouer.
« - Hé ! Halte ! Qu’est-ce que tu fais là, gamin ? C’est toi que j’ai entendu ? », aboya l’Auror d’un ton surpris.
Oscar répondit péniblement avec une voix chevrotante qui n’était pas surjouée. Il avait vraiment peur.
« - Ex-…excusez-moi Monsieur…Je suis tombé par accident dans la forêt avec mon balai...Je voulais m’entraîner de bonne heure pour le prochain match de la Coupe des Maisons et…
- Un entraînement aussi tôt le matin ? Je ne crois pas que ce soit permis à Poudlard, surtout une journée de brouillard comme celle-ci. », marmonna l’Auror d’un ton suspicieux.
« - Je…j’ai eu l’autorisation de Madame Bibine… », mentit Oscar, fébrile.
L’employé du Ministère était plus que sceptique. Il grommela en attrapant le jeune Serpentard par le bras.
« - Tu n’essaierais pas de m’embobiner, par le grimoire de Merlin ? Je me méfie des gringalets comme toi.
- Non, je vous jure…Mon balai…il devrait être quelque part par là. Pouvez-vous m’aider à le retrouver ? »
L’Auror soupira et répondit d’un ton bourru.
« - Vite alors. Et je vais te ramener au château fissa. Je vais en toucher deux mots à ton Directeur de Maison, mon garçon, crois-moi. »
Oscar devint blanc comme linge. Il entraîna le garde loin de Winter, l’orientant vers l’endroit où ils avaient atterri et où il avait laissé son balai.
La jeune femme sortit de sa cachette une fois qu’ils furent hors de vue. Elle mesurait pleinement la prise de risque d’Oscar et était habitée d’une volonté de l’honorer pleinement, afin qu’elle ne soit pas vaine.
En s’enfonçant davantage malgré le brouillard, Winter remarqua sur son chemin des traces de calcination sur les végétaux, indices sinistres lui indiquant qu’elle s’approchait de son objectif. Au bout de quelques minutes, elle les vit. Les cages d’acier se dessinèrent telles des apparitions monstrueuses dans la brume. Et plus monstrueuses encore étaient les formes qui reposaient à l’intérieur.
La musicienne s’approcha lentement, prête à se terrer au moindre bruit. Aucun Auror n’était en vue. Le jour commençait à se lever, une faible lumière perçant à travers le voile opaque de condensation de l’humidité de l’air. Les lieux, fidèles à la perception qu’elle avait eu d’eux quelques jours auparavant, étaient toujours plongés dans un mutisme oppressant.
Winter inspira un grand coup. Elle songea à rebrousser chemin, mesurant plus que jamais la folie de son entreprise, mais le dévouement d’Oscar lui pesait davantage sur la conscience.
« - Dragons…m’entendez-vous ? », murmura-t-elle.
Pas de réponse.
Elle se positionna au croisement des quatre cages. L’apparence de chaque dragon n’était pas discernable distinctement.
« - Je vous en prie…répondez-moi… », conjura-t-elle.
Le silence était étouffant. Le temps pressait. N’y tenant plus, Winter prit le risque de hausser la voix.
« - Vous devez vous échapper ! Le Ministère de la Magie a prévu de vous faire exécuter aujourd’hui ! »
Un lent mouvement s’opéra soudain dans une des cages. Winter reconnut le bruit des écailles contre le métal. Un grondement guttural empli de rancune et de désespoir s’éleva :
« - CETTE VOIX…JE LA RECONNAÎTRAIS PARMI MILLE. TU ES L’HUMAINE QUI PARLE NOTRE LANGUE. CELLE QUI A PRÉCIPITÉ MA CHUTE. »
Le frottement s’interrompit.
« - ET MAINTENANT, IRONIE CRUELLE, TU REVIENS, ANNONCIATRICE DE MA FIN. APPROCHE DONC, WINTER…GRAIL. MONTRE-MOI TON VISAGE. CONTEMPLE CETTE OMBRE MOURANTE QUE JE SUIS DEVENU. »
Winter alluma le bout de sa baguette à l’aide du sort Lumos et s’approcha timidement de la cage dont provenait les mouvements. Elle leva lentement son bras, et dirigea le faisceau lumineux vers l’intérieur de l’enceinte. Elle porta ses mains à sa bouche, stupéfaite. Le Magyar à pointe était replié sur lui-même. Ses écailles noires étaient arrachées à de nombreux endroits, et l’une de ses cornes était fendue. La membrane fine de ses grandes ailes jaunes était déchirée à plusieurs reprises, les nervures distendues. Il manquait une partie des épines sur sa queue-épieu sous laquelle la jeune sorcière avait failli trouver la mort.
Le dragon retroussa les babines avec une expression de répugnance mêlée à de la souffrance. Sa lèvre était déchirée par une profonde coupure, probablement infligée par l’un des débris du pont du château de Poudlard.
« - POURQUOI NE RIS-TU PAS, HUMAINE ? N’Y A-T-IL POINT DE PLUS GRANDE SATISFACTION POUR TOUT ÊTRE QUE DE SE REPAÎTRE DE LA RUINE DE SON PERSÉCUTEUR ? »
Winter secoua la tête.
« - Non. Je n’aurais jamais voulu que tout cela ne se produise. », souffla-t-elle, « ma position n’a pas changé depuis notre première rencontre. Je ne suis pas votre ennemie. »
Le Magyar à pointe approcha sa tête des barreaux, parcourant de sa langue un filet de sang séché dans un recoin de sa gencive inférieure. Ses yeux auparavant d’un jaune sulfuré arboraient à présent une couleur terne, celle d’un crépuscule délavé. Il scruta la jeune femme en silence. Winter poursuivit.
« - Je ne devrais pas être ici normalement. Je pourrais avoir de sérieux ennuis si cela venait à être découvert. Mais…quelque chose qui me dépasse me pousse à vous venir en aide. »
Elle posa doucement sa main sur l’un des immenses piliers métalliques de la cage. L’acier était d’un froid givrant au toucher mais cela l’ancrait étrangement dans l’instant, comme si elle pouvait ressentir à travers cette sensation le tourment du dragon. Un sourire ironique et triste se dessina sur la bouche de la musicienne.
« - Peut-être est-ce tout d’abord ma sensibilité, qui me perdra probablement un jour. Mais il y a aussi cette prophétie que je peine à cerner. Celle de l’Augure que je suis censé être, mais que j’incarne maladroitement, ne sachant trop ce que cela représente. »
Le reptile gronda faiblement.
« - L’AUGURE… ? COMMENT UNE CRÉATURE AUSSI FAIBLE ET FRAGILE QU’UNE JEUNE HUMAINE SE VERRAIT-ELLE DÉCERNER DE TELS HONNEURS ? »
Il ajouta en poussant un râle rauque.
« - CETTE PROPHÉTIE NOUS EST INCONNUE À NOUS, DRAGONS. L’USURE GLISSE COMME UN SOUFFLE SUR NOS ÉCAILLES. LA DIVINATION EST LE FIL D’ESPOIR AUXQUELS SE RACCROCHENT CEUX QUI CRAIGNENT LE FLOT DU TEMPS QUI PASSE. »
Winter contempla la créature, pensive. Sa peur commençait à s’estomper, remplacée progressivement par la détresse que dégageait la bête et qu’elle ressentait en miroir.
« - Je me doute que les préoccupations humaines peuvent être…ridicules pour des êtres comme vous. Mais…elles peuvent entraîner des conséquences dramatiques. Firenze, un centaure de la Forêt Interdite, m’a évoqué un jour le rôle que des créatures de votre espèce ont failli jouer lors de la Première guerre des sorciers. »
Les prunelles du Magyar à pointes s’assombrirent encore davantage.
« - CETTE PÉRIODE…PORTE UN NOM. LA GRANDE TRAQUE. ELLE EST ENCORE DOULOUREUSEMENT CLAIRE DANS NOS MÉMOIRES. UN MAGE NOIR TRÈS PUISSANT ENVOYA SES TROUPES JUSQUE DANS NOS MONTAGNES AVEC POUR DESSEIN D’OBTENIR NOTRE ALLÉGEANCE PAR LA FORCE. MAIS PAR LA GRÂCE DU DESTIN, IL PAYA SON HYBRIS AU PRIX DE SA VIE AVANT D’ÊTRE PARVENU À SES FINS. »
Winter réagit d’une voix hésitante :
« - Justement…Les rumeurs disent qu’il n’est pas vraiment mort. Il pourrait revenir. Ses fidèles se rassemblent. Le risque que l’histoire se répète est présent. »
La jeune femme soutint le regard du dragon sans ciller.
« - Je sais que vous n’avez rien demandé. Que vous n’avez aucune raison de me faire confiance à moi, un être humain, après tout ce que vous et vos semblables avez subi. Mais, si je vous rends la liberté, je vous donne ma parole que je ferai tout ce qui est en mon possible pour que cela ne se reproduise pas. »
Le reptile souffla péniblement par ses narines, faisant danser la chevelure brune de Winter. La chaleur émanant de la créature contrasta immédiatement avec le froid ambiant.
« - TU SUGGÈRES DONC…UNE ALLIANCE, HUMAINE. JE N’AI JAMAIS ENTENDU DE REQUÊTE AUSSI INCONGRUE ET MALAVISÉE. LAS ! MÊME SI TES INTENTIONS ÉTAIENT PURES, IL EST DÉSORMAIS TROP TARD. L’AFFRONT QUE J’AI SUBI ME CONSUME ET IL N’Y A RIEN D’AUTRE QUE LE TRÉPAS QUE JE NE PUIS DÉSIRER MAINTENANT. »
Le Magyar à pointe se recroquevilla davantage sur lui-même, reposant avec inertie son immense tête hérissée sur sa patte griffue. Il ferma les yeux, défait par la faim, la souffrance et l’épuisement.
Winter resta plusieurs minutes devant la cage, la tête baissée. Que devait-elle faire maintenant ? Les Aurors pouvaient surgir à tout moment. Il n’y avait plus aucun moyen de sortir du périmètre de sécurité sans Oscar et la mise à mort des dragons commencerait probablement dans quelques heures. Elle s’éloigna en traînant des pieds, sans vraiment savoir où aller, lorsqu’un rugissement l’arrêta net.
« - UN INSTANT, WINTER GRAIL. »
Elle se retourna. Là où les prunelles du Magyar à pointe s’étaient éteintes dans la première cage, elle distingua trois paires de yeux dans les autres enclos de métal qui eux, s’étaient allumés. Ses pas la menèrent instinctivement vers les iris les plus proches d’elle, deux yeux globuleux très expressifs d’un vert de jade. En se rapprochant, elle découvrit un dragon rouge écarlate aux cornes de cervidé dorées et au museau trapu. Certains aspects de son corps pouvaient presque rappeler les attributs d’un lion. Il s’agissait sans aucun doute du Boutefeu Chinois que Viktor Krum avait affronté pendant la première épreuve du Tournoi des Trois Sorciers. Non loin de là, alors que la brume commençait à se lever à l’éveil de ces trois êtres incandescents, Winter aperçut le Vert Gallois de Fleur Delacour et le Suédois à museau court de Cédric Diggory qui l’observaient avec intérêt.
« - NOUS CONSENTONS…AU PACTE. », mugit le Boutefeu Chinois avec une majesté impériale.
Winter les observa avec surprise. Un frisson d’adrénaline la parcourut.
« - L’HOMME ET LE DRAGON SE SONT SOUVENT ENTRETUÉS DANS DES BATAILLES SANGLANTES RELATÉS AUJOURD’HUI À TRAVERS LES LÉGENDES. MAIS DES ASSOCIATIONS RARES ENTRE NOS RACES ONT PU ENGENDRER DE GRANDES CHOSES. C’EST AINSI QU’EN SUIVANT LES EMPREINTES DU DRAGON, LE PLUS SAGE DES HOMMES APPRIT L’ÉCRITURE. », déclara l’esprit du feu oriental.
Le Suédois au museau court, un dragon musclé aux ailes larges et aux écailles argentés, grogna fièrement.
« - LIBÈRE-NOUS ET TU SERAS TÉMOIN DE LA GRANDEUR DES DRAGONS. »
Le Boutefeu Chinois cligna de ses yeux ronds hypnotiques.
« - TU AS NOTRE PAROLE, AUGURE, QU’AUCUN MAL NE TE SERA FAIT CETTE FOIS. »
La sorcière sentit son cœur s’emballer. Elle avait l’impression d’être en plein rêve, entourée de créatures toutes aussi magnifiques et imposantes les unes que les autres. L’usage du titre de la prophétie sonnait comme une reconnaissance, une forme de respect qui lui était adressée par les reptiles géants pour la première fois.
« - Et…le Magyar à pointe alors ? »
Le dragon asiatique aux reflets carmin gronda, son ton semblant presque amusé bien que fatigué.
« - IL NOUS SUIVRA. »
Elle se précipita vers les sceaux des cages. Le mot de passe avait été changé depuis la dernière fois, mais elle le devina aisément : « Cornelius Fudge ». Winter pouffa de rire. Le Ministre de la Magie était réputé pour sa vanité et son obsession pour le contrôle. Il lui apparut donc tout naturel que cela se reflète jusque dans l’application de ses décisions sur le terrain.
Les quatre cages s’ouvrirent avec fracas, les plafonds de métal de plusieurs mètres carrés tombant au sol. Mais alors que les dragons étaient libérés, des cris d’effroi parvinrent aux oreilles de Winter.
« - Les dragons ! Quelqu’un a ouvert les cages !
- Lancez l’alerte, vite ! »
Une dizaine d’Aurors surgit, baguettes à la main. Ils attaquèrent aussitôt les créatures avec une batterie de sorts offensifs. Mais le Suédois à museau court, déjà hors de sa cage, les repoussa avec un jet de flammes bleues portées à une température extrême. Les Aurors plongèrent sur les côtés ou se protégèrent avec un bouclier magique, en proie à la panique. Le Vert Gallois, la seule espèce endémique de Grande Bretagne, sauta de sa prison avec son corps svelte et élancé et fonça sur un Auror qu’il projeta violemment de sa queue contre un arbre. Celui-ci s’effondra inanimé au sol.
Le Boutefeu Chinois rugit avec panache en sortant de sa cage, adressant à Winter ces paroles qu’elle seule parmi les hommes pouvait comprendre :
« - SUR MON DOS, AUGURE. VITE. »
Winter en eut le souffle coupé. Chevaucher un dragon ? Même dans ses songes les plus fous, elle n’avait pas osé se l’imaginer. Mais l’urgence de la situation ne lui laissa guère le temps de méditer sur la teneur d’une telle invitation. Le dragon oriental se coucha de sorte qu’elle puisse monter sur son dos. La jeune femme grimpa tout d’abord sur l’une de ses pattes écaillées, puis s’accrocha à une épine dorée située au niveau du garrot pour se hisser sur le dos de la puissante créature.
Elle se retrouva comme en transe, peinant à appréhender émotionnellement et rationnellement la péculiarité de la scène. Le Boutefeu Chinois se redressa, manquant de la faire basculer. Ses mains se cramponnèrent à son épine dorsale. Elle perçut tout de même chez l’animal une forme de délicatesse dans ses mouvements, comme s’il veillait à ne pas la désarçonner.
Du côté des autres dragons, le Vert Gallois et le Suédois à museau court avait érigé un véritable mur de feu contre les Aurors, impuissants, qui battirent en retraite. Plusieurs d’entre eux gisaient au sol, blessés.
C’est alors que les dragons déployèrent leurs ailes. Celles du Boutefeu Chinois étaient vermillon, en harmonie avec le reste de son corps. Il prit son envol le premier, galopant à travers les arbres brûlés avec grâce jusqu’à ce que ses pattes ne touchent plus le sol. Winter eut tout d’abord une sensation de décrochement d’estomac et de vertige alors que les feuillus de la Forêt Interdite rapetissaient de plus en plus au fur et à mesure que le dragon prenait de la hauteur. Mais quand il atteignit une altitude suffisante, la musicienne fut époustouflée par la vue qui s’offrit à elle. Elle n’avait jamais rien vu de plus beau, de plus sauvage et féérique de son vivant.
Elle lâcha un cri de liberté, mêlant frissons et émotions brutes. Le froid ne la dérangeait plus. Il n’y avait plus que cette sensation d’exaltation et la respiration douce et régulière du dragon qu’elle sentait sous ses jambes.
Derrière elle volaient, tout aussi grandioses, le Vert Gallois et le Suédois à museau court. Le Magyar à pointe, ses ailes déployées meurtries mais encore fonctionnelles, fermait la procession céleste.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3116 histoires publiées 1366 membres inscrits Notre membre le plus récent est chloe |