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Of Potions and Riffs (Severus Rogue X OC)
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tome 1, Chapitre 14 « Le Banquet » tome 1, Chapitre 14

Le village des centaures, ceinturé par le mur d’enceinte en rondins, était constitué de nombreuses huttes et tentes recouvertes de peaux de bêtes. La taille des installations était relativement grande, permettant aisément d’accueillir un ou plusieurs habitants en leur sein. Un brasier lumineux et chaleureux illuminait le centre du bivouac, apportant un sentiment de réconfort contrastant avec l’hostilité de la forêt.

Les centaures de l’escouade disparurent pour la plupart sous leurs abris afin d’y déposer leurs armes. Firenze s’adressa à Winter d’une voix chaleureuse :

« - Excusez-moi, chère Winter, je dois m’éclipser un instant pour discuter de sujets importants avec les dirigeants de notre tribu. N’hésitez pas à faire le tour du village en attendant, vous êtes notre invitée cette nuit. Le banquet commencera dans quelques instants. »

Il se dirigea au pas vers une grande tente, plus imposante que les autres et s’engouffra à l’intérieur, poussant les rideaux faits de plantes tressées qui servaient de porte d’entrée. Winter se retrouva seule au milieu du campement, la plupart des centaures étant rentrés dans leurs quartiers. L’un d’entre eux, aux traits relativement juvéniles, était cependant autour du feu, occupé à le ralimenter en bois.

La musicienne sentit une vague d’excitation la submerger. Passer une nuit dans un village centaure était une expérience unique qu’elle n’aurait jamais espéré vivre auparavant. Quelques mois en amont, les centaures étaient encore pour elle des créatures imaginaires qui bordaient la mythologie gréco-romaine. Elle laissa un échapper un petit rire en remarquant que Firenze lui rappelait étonnamment, par sa sagesse et sa proximité avec les humains, le personnage de Chiron dans les mythes.

Winter laissa sa curiosité l’emporter et se mit à marcher autour du feu, regardant par l’entrebâillement des habitations quand elle pouvait en avoir l’occasion. Elle s’arrêta devant une hutte à la porte entièrement ouverte en s’étonnant de ne pas voir de lit ou de matelas de paille parmi le mobilier sommaire. Elle entendit la voix du jeune centaure derrière elle.

« - Pour cet aspect-là, nous avons plus hérité du cheval que de l’homme, nous dormons debout. », déclara-t-il, sa voix accompagnée d’un rire sardonique.

« - Oh. Bien sûr. Comment n’y ai-je pas pensé ? »

Winter, s’esclaffa en retour.

Quelques minutes plus tard, tout le village s’affaira autour du feu. La plupart des centaures sortirent des tentes des paniers de victuailles issues de précédentes chasses et de collectes dans la forêt, tandis que les plus robustes, Magorian en tête, dressèrent une broche imposante au-dessus du brasier. Cette dernière était constituée de poteaux en bois de part et d’autre des flammes, ainsi que d’un énorme pic de fer sur lequel serait placée la viande de diverses créatures magiques.

Firenze revint auprès de Winter et lui indiqua, d’un geste invitant, un endroit autour du feu où s’asseoir.

« - Prenez place, le banquet va débuter d’un instant à l’autre. »

Winter hocha la tête et s’assit sur une souche à quelques mètres du foyer, brûlant d’impatience de découvrir à quoi ressemblerait une soirée centaurique. Les membres du clan s’installèrent un à un autour du feu en cercle, se couchant sur leurs pattes tantôt robustes, tantôt effilées selon la race équestre à laquelle ils appartenaient. Magorian prit place à gauche de la musicienne, gardant un œil méfiant dans sa direction. Il avait le visage fermé et respirait lentement et bruyamment, étirant ses narines pourtant humaines comme des naseaux.

Le repas fut servi dans des récipients en bois. Firenze en tendit un à la jeune femme. Elle observa le mets avec un mélange de curiosité et d’appréhension. Devant elle se trouvait une viande cramoisie cuite saignante ainsi qu’un étrange appendice long et épais frit, présentant un aspect croustillant. Le devin leva un sourcil d’amusement en lisant la perplexité sur le visage de la jeune sorcière.

« - Pédipalpe d’acromantule et viande de gobelin buveur de sang. »

Winter faillit s’étouffer en entendant la réponse et toussota de manière peu élégante. Plusieurs rires moqueurs s’élevèrent de l’assistance. Firenze sourit :

« - Cela fait partie de nos traditions culinaires. Je peux comprendre que cela vous perturbe légèrement. »

Il ajouta avec un regard amusé mais toujours bienveillant :

« - Les pédipalpes d’acromantule sont très riches en protéines. Nous les faisons frire pour donner à la cuticule une texture croquante et friable. »

Winter hocha la tête en forçant un sourire poli. Des appendices d’araignée ? Et puis quoi encore ? Mais elle ne souhaitait pas manquer de respect à ses hôtes. Elle ferma les yeux et, sans se poser de question, planta de manière déterminée ses incisives dans sa ration sous les regards captivés des centaures. La mandibule d’acromantule se révéla avoir un goût plutôt semblable au poulet, ce qui surprit agréablement la jeune femme.

Un tonnerre d’applaudissements accompagnés de vivats retentit. Winter avait gagné l’admiration et l’approbation de la tribu.

Au fur et à mesure que la nuit avançait, le campement des centaures se chargeait d’une atmosphère festive. Winter se sentit progressivement de plus en plus à l’aise, se laissant même aller à quelques taquineries avec ses hôtes. Le clan l’avait quasiment adoptée à l’unanimité comme l’une des leurs, à l’exception de Magorian qui restait à côté d’elle les bras croisés, les biceps contractés, ne disant pas un mot et lui adressant toujours un regard suspicieux.

Puis, vint un moment qui captura instantanément l’attention de Winter. Magorian et un de ses guerriers se redressèrent et disparurent l’espace d’un instant sous une hutte pour ramener des instruments de musique sommaires mais imposants. Le chef de guerre installa devant lui plusieurs tambours fabriqués avec des peaux de créatures magiques, tandis que son acolyte ramena un instrument à cordes pincées s’apparentant probablement le plus à un théorbe. Un silence s’installa autour du feu, perturbé uniquement par le crépitement de ce dernier.

Magorian se posta derrière ses quatre tambours fièrement avec deux mailloches. Il frappa les peaux, faisant gronder les percussions d’un son sourd et envoûtant. Le centaure alezan se lança bientôt dans un solo rythmique hypnotisant, provoquant une transe chez l’ensemble de ses congénères. Winter le regarda, fascinée. Son oreille musicale s’était réveillée. Elle identifia immédiatement dans le jeu de Magorian une signature unique et un mélange d’influences surprenant, pouvant varier des rythmes binaires occidentaux habituellement employés dans le rock, en passant par des motifs ternaires celtiques et folk, jusqu’à parfois aller flirter avec le zouk oriental et le style nonchalant des joueurs de djembé africains dans la manière de laisser traîner les temps.

Le son riche et profond du théorbe centaurique se rajouta au tapis percussif de Magorian, dévoilant une mélodie à la fois dansante, entraînante et mystérieuse. Les autres centaures entamèrent un chant en anglo-saxon de leurs voix viriles en frappant les temps forts de chaque mesure sur le sol de leurs sabots.

Winter les observa, ébahie par leur musicalité et leur sens du rythme inné. Après avoir saisi rapidement les paroles en vieil anglais ainsi que la mélodie, elle se mit à chanter avec eux, un grand sourire aux lèvres, complètement dans son élément. Lorsqu’ils entendirent sa voix féminine riche, expressive et d’une justesse impeccable, les centaures se turent, stupéfaits.

Dès lors qu’elle avait commencé à chanter, Winter s’était mise à dégager, plus que jamais, un charisme naturel et une aisance surprenante. Magorian, bien que toujours occupé à maintenir le rythme, la regardait pour la première fois avec un regard expressif et…empli de respect.

La musicienne se leva et, tout en donnant de la voix, se rapprocha pour faire face au commandant des centaures. Elle le challengea en improvisant soudainement de nouvelles mélodies vocalement. Magorian afficha tout d’abord un air étonné par la prise de direction inattendue de la jeune femme. Mais il se surprit à la suivre, adaptant ses coups de mailloches aux appels mélodiques de Winter. Le joueur de théorbe en fit tout autant, affichant la même stupéfaction.

Un jeu d’improvisation en question-réponse entre les trois musiciens s’instaura progressivement, donnant à ce moment déjà hors du temps une dimension encore supérieure. Les yeux de Winter ne quittèrent pas ceux de Magorian. Pourtant, même si tous les deux étaient habituellement de tempérament meneur dans leurs vies respectives, il n’y eut aucune rivalité entre eux, la virtuosité et les idées créatrices de l’un boostant celles de l’autre. En quelques minutes, ils échangèrent davantage à travers le langage musical que ce qu’ils auraient pu faire en toute une soirée avec des mots.

Transcendé et exténué par ses propres rythmiques endiablées, Magorian, d’un commun accord implicite avec les deux autres musiciens, planta son dernier coup sur le tambour au son le plus grave, laissant l’onde sonore planer dans l’atmosphère.

Il resta immobile un instant devant Winter, et dévoila à la surprise générale un rictus satisfait. Ses yeux affichaient désormais de l’admiration pour la jeune femme. Il lâcha d’une voix chaude :

« - Vous n’êtes peut-être pas comme les autres humains, après tout. »

Il contourna ses percussions et s’arrêta devant elle, lui présentant sa main d’une manière plus rustre que Firenze, mais emplie d’intentions respectueuses. Winter la serra amicalement, un sourire aux lèvres, sous l’acclamation des autres occupants du village.

Le banquet repris son cours jusqu’au moment où, tard après 3h du matin, la plupart des convives regagnèrent leurs tentes. Le foyer s’affaiblit peu à peu, provoquant un atténuement de la lumière et un rafraîchissement ambiant. Winter, qui n’avait pas encore sommeil, profita de cette nuit de fin d’été pour marcher aux abords du campement en compagnie de Firenze.

« - Vous m’épatez, Winter. Atteindre le cœur de Magorian de la sorte n’est point une tâche aisée, y compris pour nous, centaures. », gloussa Firenze.

« - La musique est la plus universelle de toutes les communications. C’est comme si lui et moi nous considérions et nous comprenions à présent. », répondit la sorcière.

Elle se dirigea vers un recoin calme et peu éclairé, s’adossant contre la palissade.

« - Mais le plus dur reste à venir. Maintenant que j’ai découvert ses talents de percussionnistes, je ne compte pas le laisser filer. J’ai trouvé mon batteur pour le concert du bal de Poudlard. Il reste à le convaincre. », fit-elle en dévoilant un large sourire.

Le devin éclata de rire.

« - Il se pourrait qu’il y ait encore un peu de travail à fournir de ce côté-là, effectivement. Mais... »

Il plongea ses yeux dans les iris bleus de Winter.

« - …Je ne doute pas une seconde que vous y parviendrez, Augure. »

La sorcière marqua une pause. Elle ne s’était toujours pas habituée à ce qu’on l’appelle de la sorte. Pourquoi ce titre ? Firenze lut la confusion sur son visage.

« - D’après la prophétie, l’Augure est doué d’un don, un pouvoir très ancien. », commença-t-il, « celui de pouvoir établir des ponts, des liens entre des cœurs qui d’ordinaire ne pourraient jamais s’associer ou se réconcilier.

- Que voulez-vous dire exactement ? », demanda Winter en plissant des yeux. Les paroles du maître en divination lui étaient nébuleuses.

« - Le langage humain est très réducteur. Il existe d’autres êtres sur terre, qui eux-aussi, auraient une voix, une vision, une qualité à apporter au monde, mais qui sont dépourvu de moyens pour l’exprimer. Certains sorciers, bien que profondément perfides et retords, l’ont hélas mieux compris que quiconque.

- Vous voulez parler de…Voldemort ? »

Firenze hocha la tête.

« - Voldemort est l’héritier de Salazar Serpentard, le fondateur de la Maison à laquelle vous appartenez. Il possède un pouvoir, transmis de génération en génération, lui permettant de parler aux serpents. Il est ce que l’on appelle un Fourchelangue. »

La compositrice écarquilla les yeux en entendant la révélation.

« - Donc…quand les serpents sifflent, il les comprend ? Comment cela se manifeste-t-il au juste ?

- Précisément. Un Fourchelangue peut s’adresser aux serpents dans leur langue sans même s’en rendre compte, comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit. Ce n’est pas semblable au fait de passer de la langue anglaise au français ou à l’allemand, par exemple. Cela se fait à un niveau presque inconscient. »

Winter se figea aussitôt, se remémorant les épisodes avec Fumseck le phénix et la fée de Hagrid.

« - Firenze ? Est-ce que vous me croiriez si je vous disais que ce que vous me décrivez-là, je l’ai vécu, mais avec d’autres créatures que des serpents ? »

Le centaure étudia un moment son interlocutrice et répondit d’une voix douce :

« - Oui. Cela ne fait même que confirmer les dires de la prophétie. Il doit s’agir du fameux pouvoir ancestral dont l’Augure est doté. Quand avez-vous remarqué ces manifestations pour la première fois ?

- Depuis mon arrivée à Poudlard. Mais je n’ai jamais vraiment eu de contact avec des créatures magiques auparavant… »

Firenze se lissa la barbe de sa main, en pleine réflexion.

« - S’exprimer à travers la musique ainsi que dans le langage de chaque créature magique, en voilà des facultés intéressantes… En supposant que vous puissiez effectivement parler toutes les langues de chaque espèce existante, je pense que je commence à entrevoir le rôle capital que vous seriez amenée à jouer dans les mois voire les années à venir. »

Winter retint son souffle, impatiente d’entendre le devin dérouler le fil de ses pensées. Il poursuivit.

« - Lors de la première guerre des sorciers, Voldemort avait, juste avant sa défaite, entamé une stratégie qui aurait pu nous coûter la victoire et asseoir son règne de terreur dans la durée. Il avait commencé à embrigader, à recruter, de gré ou de force, de nombreuses créatures magiques, pour grossir les rangs de ses Mangemorts. Dragons, manticores, chimères, détraqueurs, épouvantards, acromantules, trolls, cocatris… La liste pourrait être longue. »

La musicienne rebondit aussitôt :

« - Vous n’êtes tout de même pas en train de me dire…que je devrai aller jouer les diplomates avec tout ce bestiaire, pour empêcher Voldemort, s’il revient, de remettre sa stratégie sur pied à nouveau ? »

Firenze resta silencieux, contemplant sa réponse. Elle surenchérit :

« - Mais…pourquoi moi ? Je ne suis qu’une musicienne, une artiste, pas une négociatrice ! Et je n’ai même pas de talent exceptionnel en tant que sorcière. J’ai appris la magie en retard par rapport aux autres, je viens du monde des moldus, et mon propre Directeur de Maison souhaite mon renvoi de l’école ! », pouffa-t-elle.

« - Justement. », intervint Firenze, « Peut-être que votre force réside dans votre altérité. Peut-être que vous pourriez être l’angle mort que le Seigneur des Ténèbres aurait négligé car contrairement à de grands sorciers comme Albus Dumbledore ou Minerva McGonagall, vous ne représentez pas une menace directe en apparence. »

Le centaure posa une main compatissante sur l’épaule de la jeune femme, par-dessus sa chemise en satin.

« - Il reviendra. Ce n’est qu’une question d’années. Peut-être même de mois. Nous, centaures, le ressentons. Ses fidèles se rassemblent et répondent à son l’appel progressivement. Nous observons une recrudescence de…mouvements de leur part. Je sais que tout ce que je vous ai dit est lourd de conséquences, Winter. Mais dans une guerre, il n’y a pas que le pouvoir brut qui compte. Il y a également le pouvoir d’influence, de propagande, qui peut sceller une victoire ou une défaite. Le don que vous possédez sur ce terrain est supérieur à celui de Voldemort à tous les niveaux, non pas seulement parce que vous semblez pouvoir communiquer avec toutes les créatures et non pas la famille des serpents uniquement, mais également parce que contrairement à lui, vous avez un cœur. Le cœur l’emporte toujours sur l’autorité ou l’exercice de la peur pour obtenir l’adhésion. »

Après plusieurs heures passées à échanger sur le sujet et, pour Firenze, à faire davantage connaissance avec la musicienne à succès, les premières lueurs de l’aube commencèrent à blanchir l’horizon, perçant timidement à travers les feuillages épais des arbres de la Forêt Interdite. Winter laissa échapper un bâillement fatigué, s’étirant, engourdie d’être restée debout tout ce temps contre les remparts du village. Firenze lui adressa un sourire attendri :

« - Le matin approche. Laissez-moi vous raccompagner au château. »

Il lui proposa gracieusement de la porter sur son dos, constatant son état de fatigue avancé. Winter hésita dans un premier temps, peu à l’aise à l’idée de chevaucher le centaure comme un vulgaire cheval, mais voyant que cela ne semblait absolument pas le déranger, elle accepta l’offre, se hissant sur son corps équin dans un effort suprême.

Firenze se mit au pas, et s’engouffra à nouveau dans les profondeurs de la forêt, quittant peu à peu la terre des centaures. Winter garda les yeux mi-clos, bercée par l’allure élégante des pattes de son désormais nouvel allié. Peu avant d’arriver au niveau de la lisière des bois où se trouvait la cabane de Hagrid, la musicienne ne manqua pas de remarquer une scène intrigante qu’elle n’avait pas aperçue à l’aller, n’ayant pas emprunté le même chemin. Plusieurs enclos et cages énormes vides en acier inoxydable étaient disposés dans une zone déboisée. Leur pose avait l’air récente car il n’y avait encore aucune trace d’altération ou de verdure sur leur surface.

« - Firenze ? », baragouina Winter d’un ton interrogateur, à moitié endormie.

« - Je n’ai aucune idée de ce que cela peut-être. », répondit celui-ci.


Texte publié par NoxND, 21 avril 2025 à 20h12
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