Le lundi, arriva, amorçant une seconde semaine à Poudlard pour Winter. Une cérémonie inédite se tint dans l’enceinte du château pour l’accueil des délégations des écoles de sorcellerie de Durmstrang et Beauxbâtons. Les moyens par lesquels ces dernières arrivèrent à Poudlard ne manquèrent pas d’épater les élèves. Les jeunes filles de Beauxbâtons sortirent d’un magnifique carrosse tiré par des Abraxans, une race de chevaux ailés, reflétant toute l’élégance et l’esthétique à la française, tandis que les braves de Durmstrang surgirent des flots sur un drakkar.
Winter s’extasia devant le spectacle. Les délégations étrangères offrirent ensuite un défilé dans la Grande Salle accompagné de chorégraphies. Enfin, Dumbledore introduit à l’ensemble des trois écoles la Coupe de Feu. La période de sélection des trois champions fut lancée.
Alors que Winter terminait son repas en compagnie d’Oscar, une femme de la taille d’Hagrid enveloppée d’un énorme manteau de fourrure vint à sa rencontre. Elle lui dit d’une voix chaude avec un accent français très prononcé :
« - Enchantée, Mademoiselle Grail. Je suis Olympe Maxime, Directrice de l’école de Beauxbâtons. Je voulais vous adresser mes compliments et ceux de toute l’école pour votre musique, elle est si raffinée et sophistiquée ! »
Winter hocha de la tête en acceptant le compliment et manqua de sentir ses os craquer quand la demi-géante lui serra la main. Oscar, à ses côtés ne put étouffer un petit rire. La directrice française, bientôt rejointe par plusieurs jeunes femmes aux manteaux et chapeaux bleus élégants, retinrent le compositrice un certain temps pour échanger au sujet de son art avec elle. La musicienne fut agréablement surprise par l’intérêt et les réflexions pertinentes que les françaises lui communiquèrent. Elle leur raconta en retour ses derniers concerts à Paris. Cet échange culturel s’annonçait intéressant, pensa-t-elle.
Winter se retira au bout d’un moment et se mit à la recherche du Professeur Flitwick. Il était temps pour elle de s’entretenir avec lui pour organiser des auditions pour le concert du Bal de Noël. Son instinct la guida tout d’abord vers la salle de classe de Sortilèges. Mais elle ne l’y trouva point. Alors qu’elle s’apprêtait à quitter la pièce vide, les cours étant exceptionnellement retardés avec l’arrivée des écoles étrangères, une voix désagréable lui parvint.
« - Alors Grail, on pactise avec les froggies maintenant ? »
La musicienne leva les yeux aux ciel en se retrouvant nez à nez avec Marcus Crux. Elle força un sourire plein d’ironie.
« - Marcus, es-tu au courant que les conflits moldus comme la guerre de Cent Ans ou les batailles napoléoniennes contre la France ne sont plus d’actualité ? »
Marcus Crux renifla avec dédain.
« - Baisse d’un ton, Sang-de-Bourbe ! Ils sont nos adversaires pour le Tournoi des Trois Sorciers au cas où ça t’aurait échappé. »
Il passa une main d’un geste maniéré dans ses cheveux bruns bouclés et ses yeux parcoururent la pièce un instant.
« - Qu’est-ce que tu fiches ici, Grail ?
- Je cherchais le Professeur Flitwick, mais je ne vois pas en quoi ça te concerne. »
Soudainement, Marcus plaqua violemment Winter contre un bureau en bois de la salle de classe. Il la pressa d’un ton mauvais.
« - Dis-moi, j’ai entendu dire que tu avais également fait ami-ami avec Saint Potter l’autre jour en salle d’étude ? Tu es vraiment la honte de Serpentard. »
Winter repoussa aussitôt Marcus avec vigueur, bien décidée à ne pas se laisser faire, surtout par un jeune homme de trois ans son cadet.
« - Oui, j’ai juste échangé avec lui en salle d’étude. Et alors ? Un problème ? »
- Tu n’es qu’une sale traîtresse. Et une traînée en plus de ça, vu comment tu allumes tous les Gryffondors de sixième et septième année. Je vais m’occuper de ton cas maintenant en bonne et due forme. »
Marcus Crux cracha par terre devant elle et dégaina sa baguette qui était dissimulée dans sa robe de sorcier. Winter afficha un air de surprise devant l’accusation. Elle n’avait que faire des Gryffondors. Son succès auprès des élèves masculins ne se limitait pas à cette Maison et était entièrement lié à son personnage de scène, flamboyant, sensuel et débordant de charisme.
Aussitôt, elle dégaina sa baguette en réponse mais une incertitude la parcourut. Elle n’avait jamais fait de duel magique et elle savait pertinemment que le règlement interdisait les combats clandestins entre élèves au sein de l’école. Avant qu’elle n’ait le temps de penser à une incantation, Marcus Crux lança d’une voix haineuse :
« - STUPEFIX ! »
La baguette de Marcus vomit un jet de lumière rouge en direction de la jeune femme. Peu rodée au charme du Bouclier, n’ayant survolé ce dernier que très rapidement avec Lupin lors de son tutorat, Winter reçut le sortilège en pleine poitrine et fut éjectée sur quelques mètres. Elle sentit une douleur la lanciner en percutant le parquet dur de la salle de classe. Un vent de panique la parcourut alors que la confusion la gagnait. Sa vision se troubla tandis qu’elle vit Marcus Crux l’approcher, la dominant de sa hauteur. Il lui donna un coup de pied dans les côtes avant d’éclater d’un rire cruel. Le visage de la musicienne se crispa mais aucun son ne sortit de sa bouche à cause de l’état de stupéfaction.
« - Puisque ton expulsion de l’école semble compromise à cause de ce vieux taré de Dumbledore, je vais t’aider à partir de toi-même. C’est que le début, Grail ! On va bien s’amuser je le sens à ce petit jeu. On va voir combien de temps tu tiens… »
Marcus Crux tourna les talons sur ces mots, veillant en partant à ce que les pans de son uniforme ne frôlent pas le corps de Winter au sol, empli de dégoût viscéral pour elle.
La musicienne resta inanimée pendant un temps indéterminé jusqu’à ce qu’une courte silhouette entre dans la salle. La vue toujours brouillée, elle ne reconnut Filius Flitwick que par sa taille inhabituelle.
« - Miss Grail ? Que s’est-il passé ? Que faites-vous dans ma salle de classe ? Êtes-vous blessée ? »
Elle entendit la voix du demi-goblin pleine d’inquiétude alors qu’il se penchait vers elle. Il resta un moment penché vers elle à lui parler et ses sens lui revinrent peu à peu. Elle s’assit lentement sur le sol, le dos courbaturé, et rencontra les petits yeux affolés du professeur de sortilèges derrière ses grandes lunettes rondes.
« - Ah…Professeur Flitwick, désolée pour le désagrément…Je pense que je vais bien… »
Winter souffla péniblement. Elle sentit une colère gronder en elle. Comment avait-elle pu se faire humilier de la sorte par cet imbécile de Marcus ? Elle maudit son différentiel de niveau en magie avec les autres élèves.
« - Souhaitez-vous que je vous accompagne à l’infirmerie ? », demanda Flitwick.
Winter fronça les sourcils.
« - Non, non, vraiment, ce n’est pas la peine. Argh… »
Elle se leva en grimaçant de douleur. Le professeur se gratta un instant le menton consciencieusement.
« - Vous semblez avoir subi le Sortilège de Stupéfaction, Miss Grail. Qui vous l’a jeté ? »
La compositrice contempla un instant les possibilités de réponse. Elle souhaitait prendre sa revanche personnellement sur Marcus et n’avait aucune envie d’impliquer le corps enseignant dans cette histoire. Surtout pas Rogue. De toute évidence, Flitwick lui ferait remonter l’événement étant donné son statut de Directeur de la Maison Serpentard.
« - Je vous cherchais Professeur concernant le Bal de Noël. Et comme la salle était déserte, j’ai décidé de m’entraîner un peu en vous attendant et je me suis blessée toute seule par erreur. », mentit-elle.
Flitwick l’étudia un instant, légèrement sceptique. Il choisit de croire son explication.
« - Je vois. Vous auriez dû me solliciter si vous aviez besoin d’entraînement personnalisé sur des sorts en particulier. Je suis conscient de la difficulté que représente votre intégration tardive au sein de l’école, Miss Grail. »
Winter hocha la tête, désireuse de changer de sujet.
« - J’y penserai la prochaine fois Professeur. Désolée pour la frayeur. Et si…nous abordions la raison pour laquelle je suis venue vous voir ? »
Le visage sympathique de Filius Flitwick s’illumina.
« - …Bien sûr ! Le Bal. Je voulais avant tout vous dire, Winter, qu’en tant que mélomane avéré je suis admiratif de votre talent de compositrice interprète. Vous êtes possiblement la meilleure de votre génération actuellement. »
Winter eut un petit rire, remarquant qu’il s’adressait à elle par son prénom soudainement, la considérant l’espace d’un instant non pas comme une élève mais pour l’artiste qu’elle était.
« - Vous me faites trop d’honneur, Monsieur. Il y a plein d’autres très bons artistes actuellement. Bryan Adams, The Offspring, Green Day, Elton John pour n’en citer que quelques-uns, ont également une présence qui ne passe pas inaperçue dans les charts cette année. »
Flitwick sourit en retour :
« - Certes, mais je ne m’intéresse pas énormément au succès commercial pour être honnête avec vous. Je considère plutôt la qualité et l’originalité des compositions, ainsi que les émotions transmises lors de leur interprétation. Et votre univers musical m’a, comme tant d’autres, particulièrement touché. »
La compositrice se sentit émue à ces mots. Le Directeur de la Maison Serdaigle semblait présenter une certaine sensibilité au-dessus de la moyenne, et sa culture musicale était probablement vaste, rendant son appréciation particulièrement estimable.
« - Je pense que nous allons bien nous entendre, Professeur. Beaucoup de gens ne savent pas appréhender la musique pour ce qu’elle est et se basent uniquement sur des critères superficiels comme les ventes ou le physique de l’artiste pour définir leurs goûts en la matière.
- Effectivement », sourit le demi-gobelin, « avec mes élèves faisant partie du Chœur des Grenouilles que je dirige, j’essaie modestement de leur inculquer des valeurs et de les éveiller à l’essence même de la musique. Ce n’est pas toujours évident je dois dire. »
Il ajouta avec un regard complice et une once de regret.
« - Je dois dire que j’aurais bien aimé vous compter parmi nous au sein de la Maison Serdaigle. Vous auriez toutes les qualités pour être la plus brillante des Serdaigles.
- Je vous crois, Professeur… », répondit simplement Winter en se grattant la tête.
Elle reconnut que tout aurait été plus simple si le Choixpeau l’avait envoyée dans la Maison céruléenne. Entourée d’intellectuels, encadrée par un Professeur sympathique et passionné de musique comme elle…Que demander de plus ?
Elle soupira et recentra la discussion sur le sujet.
« - Auriez-vous des personnes à me recommander pour le concert du Bal ? Je tiens à préciser que je ne veux aucun instrument enchanté sur scène. Je préfère quelque chose d’humain, d’authentique. Les instruments enchantés font l’affaire pour faire de la musique d’ambiance comme avec un tourne-disque, mais la magie d’un concert réside dans la parfaite imperfection du jeu d’un vrai musicien. »
Flitwick sourit avec approbation.
« - Je ne l’aurais pas mieux exprimé que vous, Winter. Je préfère également les concerts avec de vrais musiciens, cela sonne moins…impersonnel ou robotique comme diraient les moldus. J’ai eu l’occasion de constater le niveau des élèves de l’école. Je pense que la plupart ne seront pas une source de satisfaction par rapport à la virtuosité minimale que vous attendez de vos musiciens sur scène. Je pourrais vous recommander malgré tout un élève de ma Maison. Il se nomme Robert Hayes et est en septième année. C’est un très bon guitariste et il est polyvalent. Il touche à beaucoup de styles, ce qui est une qualité essentielle pour pouvoir jouer votre répertoire. Autrement, je connais quelques musiciens à Pré-au-Lard qui pourraient potentiellement vous convenir. Je vais les contacter pour leur parler de vous. Je suis sûre qu’ils seront bouche-bée en entendant une telle proposition. Dites-moi simplement de quels instrumentistes vous avez besoin.
- J’adorerais faire la connaissance de Robert, Professeur. En termes de formation, j’aurais besoin de deux guitaristes, un batteur et un bassiste, comme avec les Red Runners. Quelques choristes ne seraient pas de tout refus pour les back vocals.
- Parfait. Je peux commencer par organiser l’audition de M. Hayes dans la semaine. Je le vois demain matin en cours de Sortilèges, je lui en toucherai deux mots. Je vous tiendrai au courant pour mes contacts de Pré-au-Lard.
- Je vous remercie, Monsieur ! J’ai hâte », s’enthousiasma Winter.
L’enseignant hocha la tête, enjoué.
« - Cela vous convient-il, Winter, si je vous propose le créneau de vendredi soir pour l’audition ? J’aimerais y assister et je n’aurai pas de copies à corriger ce soir-là. »
La compositrice était sur le point d’accepter quand elle se souvint qu’à la suite de sa mésaventure avec Rogue en pleine nuit dans les couloirs du château, le Maître des Potions l’avait collée en retenue tous les vendredis soir pendant un mois. Elle grimaça.
« - Arf…J’aurais bien aimé, mais je suis en retenue. »
Filius Flitwick ouvrit de grands yeux, surpris.
« - Vous, Winter ? En retenue ? Pourquoi ?
- J’ai manqué le couvre-feu par mégarde hier et je suis tombée sur la pire personne après Rusard sur laquelle on peut tomber dans ce genre de situation, si vous voyez ce que je veux dire… », répondit la musicienne en grinçant des dents.
« - Oh, le Professeur Rogue…Je vois. Je trouve la punition un peu excessive, même venant de lui. », remarqua Flitwick songeur.
« - Je pourrai tenter de lui en toucher deux mots cela dit, même si je doute de mon succès. », surenchérit le professeur de sortilèges avec compassion.
Le demi-gobelin n’avait jamais réussi à forger de lien avec Severus Rogue depuis tout le temps passé à faire partie de la même équipe d’enseignants que lui. La froideur et l’inexpressivité de Rogue avait toujours décontenancé et dissuadé Flitwick de l’approcher et d’apprendre à le connaître. Le chef de chœur ressentait au fond de lui de la déception à l’idée que Winter Grail l’ait comme Directeur de Maison. Il doutait fortement que le ténébreux sorcier ait la capacité d’apprécier la grande artiste qu’elle était à sa juste valeur.
Winter approuva sans conviction la proposition de Flitwick.
« - Qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas Professeur ? », fit-elle en haussant les épaules avec un trait d’humour.
Sur ces mots, elle salua l’enseignant et partit dans les couloirs du château à la recherche d’Oscar. Les cours, retardés exceptionnellement en ce lundi, allaient bientôt reprendre.
Bien que pressée de faire la connaissance avec Robert Hayes et de pouvoir poursuivre ses aventures musicales en groupe au sein de Poudlard, Winter ne perdait pas non plus en tête les récents événements étranges la concernant. Le fait qu’elle ait pu communiquer avec la fée de Hagrid et le phénix de Dumbledore la dépassait. Les paroles de la vaniteuse demoiselle ailée lors du cours de Soin aux créatures magiques lui revinrent en mémoire. Elle avait prédit la Forêt Interdite comme une destination inévitable pour la jeune femme. Winter ne savait quoi en penser. Le fait de s’introduire dans cet endroit magique et dangereux lui était formellement défendu et elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer la mésaventure de pleine lune avec Lupin dans une autre forêt similaire.
Il y avait également cette voix étrange provenant des murs de Poudlard dont les mots sifflait encore dans ses oreilles en y repensant. Winter se jura d’enquêter dessus tôt ou tard et d’entamer des recherches sur la Chambre des Secrets malgré l’interdiction sans équivoque de Rogue.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3086 histoires publiées 1359 membres inscrits Notre membre le plus récent est Mimi0210 |