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Of Potions and Riffs (Severus Rogue X OC)
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tome 1, Chapitre 10 « La Promenade de Minuit » tome 1, Chapitre 10

Malgré le temps encore estival et les alentours verdoyants du château se voulant invitants, Winter ne put vraiment profiter de son premier week-end de l’année à Poudlard. La tâche fastidieuse que lui avait confiée Severus Rogue en guise de punition pour son inattention lui prenait tout son temps. L’ouvrage qu’elle devait résumer était en revanche très instructif. Il constituait en quelque sorte un glossaire des techniques de récolte et de traitements physico-chimiques pour l’ensemble des ingrédients utilisés pour les potions de niveaux basique, intermédiaire et avancé. Le dimanche soir après le dîner, la jeune femme poussa un profond soupir. Ses quinze pages étaient bientôt terminées et elle était plus que sceptique de la pertinence de sa synthèse. Une envie pressante de se changer les idées la saisit. Elle songea alors à se mettre à la recherche de la Salle sur Demande avant que le couvre-feu ne soit déclaré.

La musicienne enfila une veste grise à carreaux par-dessus sa chemise afin de ne pas attraper froid. Même si les températures extérieures restaient encore clémentes y compris la nuit à cette période de l’année, les pierres du château avaient tendance à conserver la fraîcheur et ce notamment en dehors de la salle commune de Serpentard dans les cachots. Winter quitta ces derniers et emprunta la direction du Grand Hall. Elle se posta sur un des nombreux escaliers de la forteresse. Ce dernier, capricieux au possible, changea à maintes reprises de hauteur. Elle finit par en descendre, se retrouvant à un étage au hasard, lasse de l’indécision de l’édifice enchanté. Elle répéta le procédé à plusieurs reprises avec des escaliers de plus en plus hauts et finit par se retrouver au septième étage. La jeune femme longea un long couloir parsemé de hautes arcades gothiques et d’armures d’apparat alignées sur les côtés. Il ne semblait rien y avoir a priori d’intéressant dans cette aile. Pas la moindre porte, pas la moindre fenêtre.

« - Il y a quelqu’un ici ? »

Sa voix lui revint en écho. Elle resta un instant immobile puis ses épaules s’affaissèrent. Peut-être valait-il mieux rebrousser chemin ? S’était-elle trompée d’étage ? Alors qu’elle s’apprêtait à partir, un bruit sourd retentit au bout du couloir. Winter vit avec stupéfaction les pierres du fond se réarranger pour dévoiler une haute porte en bois secrète. Le souffle coupé, elle s’avança lentement et l’ouvrit, ce qui émit un grincement.

Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant ce qui se cachait dans la pièce secrète…Une salle haute de plafond avec un sol de marbre blanc lustré se dévoila à elle. Tout était vide à l’exception d’une estrade au fond, longue de plusieurs dizaines de mètres carrés. Une scène ! Dessus trônait un magnifique piano à queue noir ainsi que plusieurs instruments posés sur des supports : des guitares, une batterie avec des modèles de toms des années 70, des violons, un violoncelle, des percussions, une harpe, un cor d’harmonie… Winter était au paradis. En se rapprochant, elle remarqua derrière la scène un rideau de théâtre dissimulant une remise au fond de la pièce. En tirant sur le tissu de velours pourpre, elle tomba sur des piles de matériel scénique moldu entassé un peu partout de manière anarchique : des enceintes de façade, des retours, des amplificateurs de guitares, des pupitres, des pieds de microphone, des projecteurs, des câbles entremêlés et…des générateurs électriques portables. En retournant vers la scène elle remarqua également que la pièce était pourvue de prises électriques, ce qui était inédit dans le château.

« - La Salle sur Demande…ne pouvait pas mieux porter son nom ! », s’exclama Winter en laissant échapper un rire incrédule, se prenant la tête dans les mains tellement cela lui paraissait invraisemblable.

Après avoir inspecté les lieux, elle se sentit tout de suite irrémédiablement attirée par le piano à queue. Le majestueux instrument aux rebords lisses et brillants semblait attendre patiemment dans cet endroit magique, tel Excalibur dans son rocher, qu’un être de talent vienne s’en montrer digne.

Les doigts fins et féminins de la jeune femme effleurèrent les touches avec précaution, admirant l’instrument dans un premier temps. Puis, elle prit place sur le siège feutré devant le clavier et se mit à jouer. Les marteaux en bois de carpe s’abattirent sur les cordes et le son riche de chaque note emplit tout l’espace.

Winter interpréta un de ses morceaux mêlant le jazz et le soft rock, élégant et doux, et fredonna en même temps des paroles d’une voix suave et enchanteresse. À ce moment, plus rien d’autre n’existait autour d’elle. Dans l’abandon complet, elle perdit la notion du temps et libéra de manière cathartique tout ce qu’elle n’avait pu exprimer d’elle en une semaine de cours à Poudlard.

Lorsque la fatigue vint à se faire sentir, Winter réalisa qu’elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était. Elle se faufila en dehors de la Salle sur Demande qui disparut derrière elle et se mit en route pour regagner le dortoir de Serpentard. Mais une fois arrivée au premier étage après avoir repris les escaliers mouvants, elle retint sa respiration en s’apercevant par les fenêtres du château que la nuit était entièrement tombée. Les couloirs étaient vides et il n’y avait pas âme qui vive. Un frisson lui parcourut. Elle avait raté le couvre-feu. Un ricanement la fit bondir.

« - On est dans le pétrin, beauté ? »

Elle se retourna et grinça des dents en découvrant dans son dos le portrait d’un sorcier borgne avec des habits de mousquetaire. Il la fixait d’un air goguenard et bravache.

« - À mon époque, les garçons qu’on retrouvait la nuit dans les couloirs, on les pendait avec des chaînes par les pieds. Quant aux jeunes femmes comme vous…Vous ne souhaiteriez pas savoir.

- Non effectivement. Bonne nuit. », lança froidement Winter, agacée et en même temps décontenancée.

Le monde de la magie était encore une découverte récente pour elle. Elle ne s’était pas encore accoutumée à l’existence de tableaux qui parlent, et surtout de tableaux malpolis.

« - Ce n’est qu’une boutade, belle demoiselle ! Non, en réalité, si je vous avais connu de mon vivant, je…

- Encore une parole et je te fais ravaler ton vernis, maudite peinture ! Tu vas me faire repérer à déblatérer de manière aussi forte et grotesque ! »

Winter pointa sa baguette vers le mousquetaire en gouache d’un air désapprobateur. Ce dernier leva les sourcils, surpris, et ajusta son cache-œil avant de quitter son cadre en grommelant à voix basse.

La musicienne continua son parcours à pas de loup, cherchant à regagner les cachots mais peinant encore à se repérer dans l’immensité de l’école, d’autant plus que les couloirs n’avaient pas le même aspect de nuit que de jour. Sans le savoir, elle avait fait un détour, ayant loupé un embranchement qui n’était pas bien éclairé par les appliques du château.

« - Lumos. »

Winter choisit de prendre le risque de s’éclairer de sa baguette brièvement afin de se localiser et de retrouver son chemin. Elle crut reconnaître au milieu du couloir la porte des toilettes pour filles de la tour est dans lesquels elle n’était pas encore allée, ayant toujours utilisé les sanitaires de Serpentard dans les cachots.

« - Je me suis égarée aussi loin ? », marmonna la jeune femme en se sermonnant.

Elle savait qu’elle pouvait tomber à tout moment sur Argus Rusard, le concierge cruel de l’école et Miss Teigne, sa chatte. Elle continua à arpenter les lieux déserts furtivement, refreinant son côté aventurier qui brûlait d’envie de s’introduire dans la salle de classe de Sortilèges pour voir quel cachet lugubre elle pouvait avoir de nuit.

Mais alors qu’elle s’apprêtait à bifurquer au bout du couloir pour emprunter un escalier en colimaçon, Winter sursauta en voyant une ombre s’étaler sur le mur en pierre s’enroulant autour de celui-ci. Elle en lâcha sa baguette de panique et resta sur place, paralysée. Bientôt, une lumière provenant d’une autre baguette lui aveugla le visage, la faisant cligner des yeux. Il lui fallut un petit temps d’ajustement pour découvrir avec terreur le propriétaire de celle-ci : Severus Rogue, le Maître des Potions.

Elle le regarda avec la tête d’un gibier surpris par un chasseur et s’en voulut intérieurement de réagir de la sorte. Elle avait 19 ans et était une musicienne de renommée internationale. Pourquoi aurait-elle à craindre de se faire gronder comme une enfant ?

« - Miss Grail. »

La voix traînante et caverneuse de Rogue articula lentement ces mots sur un ton plein de reproches. Ses lèvres se tordirent en une sorte de rictus à cheval entre le déplaisir et le mépris.

« - Que faites-vous seule après minuit dans les couloirs ? Auriez-vous encore une fois l’affligeante arrogance de penser que votre célébrité vous offre des privilèges ? …Ou bien votre cerveau est-il simplement trop basique pour assimiler quelque chose d’aussi trivial que le règlement ? »

Winter se tendit en se sentant insultée. Elle voulut rétorquer mais se força à garder son calme pour ne pas d’une part aggraver son cas et d’autre part lui donner satisfaction. Elle opta pour le mutisme.

« - Répondez », commanda Rogue.

Obtenant une non-réaction chez son élève, il l’agrippa fermement par le bras et l’entraîna avec lui dans l’escalier. Le contact physique délia la langue de Winter.

« - Vous ne pouvez pas être un peu plus délicat ?

- Silence. », rétorqua aussitôt Rogue d’une voix grave et maîtrisée.

Elle sentit cependant sa poigne se desserrer légèrement. Winter se retrouva à trotter et manquer de trébucher sur les marches de l’escalier, peinant à suivre l’allure du professeur des potions. Elle ne parvenait pas d’où elle était à voir son visage qui était masqué par ses cheveux mais de toute évidence, elle s’attendait à se faire sermonner en bonne et due forme une fois arrivée dans le donjon. Mais alors qu’ils arrivaient au niveau du rez-de-chaussée de la tour-est, Winter sursauta en percevant une voix étrange et sifflante semblant sortir tout droit des murs du château.

« - LE MONDE EST A LA CROISEE DES CHEMINS ENTRE DEUX EMBRANCHEMENTS…AUGURE, TES CHOIX SCELLERONT LE SORT DES ETRES DONT LA MAGIE COULE DANS LES VEINES…LA CHAMBRE DES SECRETS SERA BIENTOT A NOUVEAU OUVERTE…UN REGNE S’ACHEVE ET UN AUTRE COMMENCE… »

La jeune femme stoppa net, faisant face au mur avec une mine interloquée, se demandant si elle n’était pas sujette à des hallucinations auditives. Rogue la regarda sans comprendre avec une mine irritée.

« - Grail ? Savez-vous que j’ai bien mieux à faire que de perdre mon temps à subir vos sursauts frénétiques ? »

Winter ignora complètement les traits de sarcasme de son professeur, hypnotisée par les pierres blanches en face d’elle. Elle tendit l’oreille mais n’entendit plus aucun son. Severus Rogue se rapprocha d’elle, un énervement intense lisible sur son visage. Il se pencha vers son élève d’un air menaçant, son visage à quelques centimètres du sien.

« - Je vous conseille de me répondre immédiatement, Grail. Je ne tolèrerai pas un tel manque de respect. Vous serez en retenue tous les vendredis soir avec moi pendant un mois pour votre insolence. »

La proximité avec le sorcier ténébreux tira Winter de sa fascination. Elle murmura simplement, bouleversée :

« - Professeur Rogue ? Pouvez-vous me dire…ce qu’est la Chambre des Secrets ? »

Le Maître des Potions afficha une véritable surprise sur ses traits habituellement inexpressifs. Il lâcha le bras de Winter brusquement et recula d’un pas.

« - Que dites-vous, Grail ?

- Je… »

Winter regretta d’avoir posé la question aussi spontanément. Elle se demanda si elle n’avait pas ouvert une boîte de Pandore. Rogue retrouva rapidement son expression indéchiffrable et ordonna cette fois d’un ton neutre, dénué de tout sarcasme.

« - Suivez-moi. »

Il reprit sa course, cette fois se tenant à distance de Winter. La compositrice peinait à garder le rythme. Elle comprit en arrivant dans les cachots qu’il ne la menait pas au dortoir de Serpentard comme n’importe quel professeur l’aurait fait en lui retirant des points de Maison, mais plutôt dans sa salle de classe. Elle entra sans se faire prier et Rogue l’entraîna vers une porte discrète au fond de la pièce qu’elle n’avait jamais vraiment pris le temps de remarquer.

La pièce qu’elle découvrit était sombre et sobre de décorations. À sa droite se trouvait un bureau en ébène avec des copies d’élèves ainsi qu’un encrier rouge dessus. Une cheminée lui faisait face, quelques braises mourantes scintillant encore dans l’âtre. Deux fauteuils se trouvaient à proximité de celle-ci. Une édition récente du Daily Prophet traînait sur l’un d’entre eux. Les seuls autres meubles de la pièce qu’elle vit étaient des étagères pleines à craquer d’ouvrages de centaines de pages ou de bocaux, flacons et tubes en tout genre. Winter en déduit rapidement qu’il s’agissait du bureau de Rogue, tant il était à son image.

La compositrice resta debout, n’osant pas s’asseoir sur l’un des fauteuils sans invitation. Rogue prit place à son bureau et la dévisagea longuement sans rien dire de son regard froid. Winter se racla la gorge, peu à l’aise avec le silence.

« - Que vous est-il arrivé dans le couloir ? », demanda Rogue soudainement.

Winter sentit l’agacement prendre le pas sur la nervosité.

« - Je croyais que vous aviez mieux à faire de votre temps ? »

Rogue bondit de son siège et se pencha par-dessus son bureau, de sorte à la toiser de sa hauteur.

« - Surveillez votre ton, Grail ! Vous me rappelez cet insolent de Potter…fainéant, impertinent, orgueilleux, ignare !

- Pourquoi me comparez-vous à ce gamin ? Parce qu’il est célèbre aussi ? Je trouve que la ressemblance s’arrête là. »

Winter haussa les épaules, s’étonnant du parallèle dressé au-delà des insultes. Les iris noirs de Rogue semblèrent l’étudier un instant. Le professeur était surpris de son calme. La musicienne continua :

« - Vous m’attribuez une arrogance que je ne pense pas avoir. La célébrité n’est pas quelque chose d’amusant, vous savez. Je n’ai jamais cherché à en tirer profit d’ailleurs, à part pour vendre des albums. »

Un éclair de curiosité sembla transpercer le regard du Maître des Potions, mais il fut aussitôt remplacé par son expression de désintérêt habituelle. Winter se demanda si elle ne se l’était pas inventé.

« - Je ne vois pas en quoi vos pérégrinations musicales me concernent, Grail. Venez-en aux faits. Où avez-vous appris l’existence de la Chambre des Secrets ? »

Elle perçut dans le ton adopté par l’homme en face d’elle une pointe d’inquiétude malgré son impressionnante maîtrise de soi.

« - Dans le couloir, précisément dans les murs. Une voix étrange me parlait. Vous pensez qu’il s’agirait d’un fantôme ? Je ne les ai pas encore tous rencontrés depuis que je suis arrivée ici. Le Baron Sanglant refuse catégoriquement de m’adresser la parole à cause de la soi-disant impureté de mon sang… », maugréa Winter.

Elle vit aussitôt la stature droite et autoritaire de Rogue se tendre.

« - Professeur ? », le pressa Winter en le voyant plongé en pleine réflexion d’un air préoccupé.

« - Regagnez votre dortoir, Miss Grail. »

La sorcière le fixa avec indécision de ses yeux bleus. Elle ne souhaitait pas le provoquer en désobéissant à nouveau mais son instinct la poussait à insister pour approfondir le sujet.

« - Que se passe-t-il ? Vous savez quelque chose…

- Ce ne sont pas vos affaires, Grail, mais plutôt les miennes et celles de Dumbledore. Restez à votre place et obtempérez. Maintenant.

- Je crois que cela me concerne. C’est l’impression que j’ai eue en tout cas, dans la manière dont les phrases ont été formulées. », murmura Winter faiblement, insatisfaite à l’idée d’être congédiée.

Severus Rogue passa ses doigts fins et élégants dans ses cheveux qui obstruaient son visage et se rassit à son bureau. Ses yeux perçants dont les cernes ressortaient avec le faible éclairage de la pièce étudièrent la musicienne sous toutes les coutures. Il ressentit à cet instant un sentiment étrange le parcourir qu’il ne parvint à nommer. Peu à l’aise avec ses émotions qu’il avait toujours cherché à refouler, il s’empressa de le balayer aussitôt.

« - Soyez certaine que la prochaine fois que je vous surprends à fureter en pleine nuit pour aller retrouver je ne sais quel admirateur secret, je ferai de votre exclusion de Poudlard une mission personnelle. », déclara-t-il d’une voix à la fois dangereuse et riche en texture.

Winter leva les yeux au ciel en quittant le bureau du professeur. Elle repensa également aux insinuations de Dumbledore concernant le cavalier qu’elle devrait trouver au bal.

« - N’importe quoi…Mais qu’ont-ils tous à m’imputer des préoccupations de midinette ? »

Elle souffla bruyamment, consternée, alors qu’elle regagnait le dortoir de Serpentard.


Texte publié par NoxND, 21 avril 2025 à 19h40
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