« - Approchez ! Approchez mes p’tits Gryffondors ! Vous aussi les Serpentards, allez ! Z’allez tout d’même pas m’dire que vous avez les chocottes ? Elles sont toutes mignonnes et, oh, si délicates ! »
Rubeus Hagrid agita ses énormes mains dans les airs afin de resserrer l’attroupement d’élèves en cours de Soins aux créatures magiques. Winter voulut se frayer un chemin entre plusieurs garçons de grande taille qui lui barraient la vue, lorsqu’elle prit un coup de coude dans les flancs.
« - Bouge, Grail ! », vociféra Marcus Crux en lui passant devant.
La jeune femme poussa un soupir et se mit en retrait de la masse d’étudiants, les bras croisés et adossée à un arbre. Elle écouta les instructions du demi-géant à distance.
« - Aujourd’hui, on va faire quelques révisions pour commencer l’année ! M’dites pas que z’avez oublié la beauté des fées que vous avez rencontrées en deuxième année ? Cliff ? Simpson ? Qu’est-ce que vous pouvez m’raconter sur ces p’tites demoiselles ? »
Les deux Gryffondors à l’avant de l’attroupement récitèrent avec ferveur :
« - Les fées sont des créatures arboricoles et ovipares qui ne sont pas douées de langage mais ont une apparence humanoïde. Elles ne constituent pas une grande menace mais sont très caractérielles. Leur prédateur naturel est l’Augurey.
- Très bien ! Bravo ! Dix points pour Gryffondor ! », s’exclama Hagrid en applaudissant.
Il saisit sans effort par une poignée une cage en fer similaire à celles utilisées habituellement pour les perruches et la porta en évidence, de sorte que tout le monde, y compris Winter dans le fond puisse la voir. Un petit être brillant aux ailes transparentes et battant à toute vitesse semblait s’agiter à l’intérieur.
« - Aujourd’hui, z’allez vous mettre par deux et tenter d’nourrir et d’gagner la confiance d’une fée. Le premier groupe qui réussit, j’lui offrirai des gâteaux qu’j’ai préparés avec Crockdur et p’is des points d’Maison évidemment !
Il demanda aux élèves de rompre le cercle et répartit plusieurs cages similaires sur des souches d’arbres récemment déboisés. Le cours avait lieu près de la Forêt Interdite qui, elle, était défendue d’accès comme son nom l’indiquait. Les sixièmes années se trouvaient dans la clairière adjacente à la hutte de Rubeus Hagrid.
Les élèves, dans un brouhaha général, entreprirent aussitôt de constituer leur binôme. Winter chercha Oscar des yeux, mais elle le trouva loin, en train de former une paire avec un jeune sorcier de Gryffondor. Son regard croisa celui de la jeune femme un instant et il afficha une mine désolée, comme s’il n’avait pu rejeter la sollicitation. En peu de temps, tout le monde avait un partenaire à l’exception de la musicienne. Hagrid se dirigea vers elle.
« - Oh, ma p’tite Winter, désolé, j’ai dû mal compter les effectifs…C’la n’te dérange pas d’essayer toute seule ?
- Non, pas de problème. », déclara Winter.
Bien qu’elle aurait aimé être en compagnie d’Oscar, la jeune femme était bien trop excitée à l’idée de découvrir sa première créature magique à Poudlard pour lui en tenir rigueur. La semaine était passée relativement vite et elle avait attendu ce moment avec impatience, les cours de Soins aux créatures magiques n’ayant lieu que les jeudis après-midi.
Hagrid lui indiqua une cage posée sur une souche un peu à l’écart du groupe d’élèves, ce qu’elle apprécia. Elle avait envie que cette rencontre se déroule en toute tranquillité. Hagrid avait disposé à côté de la cage un sac de friandises ainsi qu’un parchemin sur lequel il avait écrit en rappel les consignes de sécurité :
1) Ne pas aggresser fysiquement la fée, sait une kréature tré fragile
2) Ne pas crié
3) Ne pas lui manqué de respect, la fée est une kréature vanitheuse
La jeune femme eut un sourire devant la myriade de fautes d’orthographes. Rubeus Hagrid avait probablement dû se faire réprimander un nombre incalculable de fois sur sa maîtrise approximative de la langue quand il était élève à Poudlard.
Elle s’accroupit doucement et prit le temps d’observer la fée se trouvant en face d’elle. La créature avait une silhouette gracieuse et la tête haute. Ses oreilles pointues étaient dressées et ses grands yeux verts semblaient l’étudier en silence, trahissant un mélange d’appréhension et de curiosité. De ses tout petits bras, elle s’accrochait aux barreaux de la cage et se maintenait ainsi grâce aux battements de ses ailes, semblables à celles d’une libellule. Winter dévoila un sourire compatissant et navré.
« - Je ne vois pas trop comment je vais pouvoir gagner ta confiance alors même que tu es retenue captive ainsi. Tu ne dois pas être dans des bonnes dispositions… »
La fée haussa un sourcil, surprise. Elle semblait comprendre le langage humain et, à la grande surprise de Winter, rétorqua d’une voix dédaigneuse :
« - Hmpf ! Cela pourrait être pire je suppose. »
La sorcière ouvrit de grands yeux.
« - Tu…tu parles ? Mais…Hagrid vient de dire que les fées ne parlaient pas notre langue ? »
La fée ricana mélodieusement, incrédule.
« - C’est plutôt moi qui devrait te retourner la question, humaine. Un spécimen de ton espèce qui parle la langue des fées, je n’en connais aucun. Et mes sœurs non plus.
- Tu veux dire que…Tu ne m’entends pas parler anglais ? », s’enquit Winter.
- Bien sûr que non. Tes semblables penseraient que tu as perdu la raison s’ils t’entendaient ! »
La créature fut prise d’un étrange fou-rire. Winter fronça les sourcils. Elle n’avait pas l’impression de parler une autre langue. Comment pourrait-elle savoir parler « le fée » et entendre les réponses de la fée comme si elles étaient prononcées dans sa langue maternelle ? Il devait y avoir quelque chose de magique là-dedans.
La jeune femme resta interdite un moment, jusqu’à ce que la fée réclame son attention.
« - Puisque tu me comprends, humaine, que penses-tu de mon apparence ? »
Winter, surprise par la question, balbutia tout en se rappelant que les fées étaient des créatures très soucieuses de leur beauté.
« - Je pense que ta présence en cage n’enlève rien à ta splendeur. J’aime particulièrement les reflets brillants de tes élytres. Tu sais, je n’ai jamais vu de fée avant, je viens du monde des moldus… »
La fée étira ses ailes et virevolta gaiement dans sa cage en entendant cette réponse, puis revint caler sa tête entre deux barreaux de la cage en face de Winter pour lui parler.
« - Je t’apprécie, humaine ! Tu as du goût ! Hélas, je suis dans cette cage de mon plein gré car cela est toujours mieux que…ce qui pourrait nous arriver, à moi et mes sœurs, si nous vivions libres dans la clairière. Nous avons passé un pacte avec Hagrid. Sa protection et son adoration, en échange de notre participation à ce genre de manifestation. Comment appelez-vous cela déjà ?
- Des cours. », répondit Winter.
La jeune femme surenchérit immédiatement en lui posant la question qui lui brûlait les lèvres.
« - Que craignez-vous ici ? La présence des Augureys ? Je n’en ai pas encore croisé.
- Pire que les Augureys, humaine ! Il y a bien pire ! », s’écria la fée d’une voix aiguë en voletant frénétiquement.
« - Il y a le grand mage noir au nez crochu ! »
Winter retint un hoquet de rire. La description lui était familière.
« - Tu veux dire, le Professeur Rogue ?
- Si la cruauté avait un nom, ce serait lui sans aucun doute ! ».
La petite demoiselle serra les poings de colère, agitant ses bras frêles dans le vide.
« - Chaque année en cette saison, il cherche à nous couper les ailes à mes sœurs et moi ! »
La musicienne grimaça mais peina à réprimer un sourire en imaginant son professeur gambader dans les prés à courir après des fées.
« - C’est…douloureux ?
- Bien sûr que oui, humaine ! Heureusement que nos ailes ont la faculté de repousser, mais cela prend un an et nous nous retrouvons vulnérables face aux prédateurs !
- Arf…Et vous ne pouvez pas lui échapper ?
- Si seulement ! Il est tellement habile…Le mal incarné ! »
La fée baissa la tête de tristesse, se reposant un instant sur le socle de fer de la cage. Winter réfléchit, l’index posé sur le menton, et se souvint que les ailes de fées constituaient des ingrédients clés pour des potions ayant des pouvoirs curateurs. Il était fort possible que l’infirmerie de Poudlard dépende de ces breuvages.
« - Je me doute que cela ne doit pas être simple. J’espère qu’en dehors des cours, Hagrid vous laisse vaquer librement au moins dans son jardin et dans sa maison ?
- Oh oui, Hagrid est très gentil. Et sait apprécier la beauté féérique à sa juste valeur. Tout comme toi, humaine. »
La créature lui dévoila un sourire malicieux. L’attention de Winter se détourna soudain lorsqu’elle entendit des cris masculins stridents. Elle aperçut à quelques mètres, avec amusement, le visage de Marcus Crux avec un filet de sang coulant de sa narine gauche jusqu’à sa lèvre.
« - Sale petite garce ! Tu vas voir je vais te… »
Hagrid arriva vers lui en courant et lui confisqua sa baguette avant qu’il ne lance un sortilège sur sa fée.
Un gloussement s’échappa de la cage à côté de Winter qui s’était rapprochée de cette dernière pour mieux voir la scène.
« - Mes sœurs ne sont pas à prendre à la légère. Ce stupide mâle a eu ce qu’il méritait ! », triompha la fée.
Winter lui adressa un clin d’œil complice.
« - Je ne peux qu’approuver. »
La créature regarda avec étonnement la jeune femme.
« - Tu es pleine de surprise humaine, moins resplendissante que moi de toute évidence, mais…Je t’apprécie. Appelle Hagrid, tu as ma confiance. Nous serons probablement amenées à nous revoir. Quelque chose me dit que ce don que tu as là de pouvoir parler notre langue n’est que la surface d’un tout. Je pressens quelque chose de grand en toi. Ta prochaine étape sera sûrement la Forêt Interdite. Nous, fées, ne nous y aventurons jamais en plein cœur, mais tu devrais y trouver des réponses si jamais tu parvenais à en réchapper. »
Acquiesçant à ses propos, Winter héla le demi-géant. Ce dernier fut abasourdi en trouvant la fée de Winter radieuse alors même que le sachet de friandises n’avait pas été utilisé. Il avait toujours amadoué les fées à haute dose de compliments et de glucose.
« - Très impressionnant, Winter ! Fabuleux ! J’en crois pas mes yeux ! On dirait que cette fée t’a adoptée dans sa sororité ! Allez tout l’monde, on félicite Winter ! Vingt points pour Serpentard ! »
Les Gryffondors râlèrent dans un premier temps mais ne purent s’empêcher de congratuler la musicienne. Beaucoup affichaient une admiration sans borne envers la rockstar, allant bien au-delà de la rivalité entre les Maisons. Plusieurs l’avaient déjà sollicitée pendant les intercours pour une photo ou un autographe. Oscar ne s’était pas trompé quant à la renommée de la jeune femme.
Winter resta quelques temps avec Hagrid une fois le cours terminé. Elle accepta avec grand plaisir un thé dans sa hutte et se réjouit d’y voir l’ensemble des fées hors de leur cage, désireuses de se joindre à eux. Crockdur, le chien de Hagrid, se recroquevilla dans un coin en gémissant devant la nuée de demoiselles volantes, intimidé. Après quelques échanges autour des créatures magiques et de la Forêt Interdite dont le simple nom réveillait la curiosité sans borne de Winter, la sorcière finit par prendre congé. Elle se rappela soudainement avoir cours de potions à la première heure le lendemain. Les devoirs donnés par le Professeur Rogue lors du premier cours avaient à peine été entamés.
Après le dîner, Winter retrouva Oscar à l’étude et ils travaillèrent côte à côte dans le silence. La salle était pleine à craquer mais le calme régnait, la présence stricte et impressionnante de Minerva McGonagall l’imposant sans effort.
Une jeune sorcière de Gryffondor accompagnée de deux garçons, un roux et un brun, firent soudain irruption dans la pièce.
Voyant que les seules places de libres se trouvaient en face de Winter et Oscar, le trio s’y installa sans se poser de question. Oscar retint un cri d’exclamation et Winter le dévisagea sans comprendre.
La Gryffondor aux cheveux châtains épais et bouclés regarda les deux Serpentards avec une forme de méfiance et leur dit simplement :
« - Vous n’êtes pas encore en train de chercher des noises à Harry j’espère ?
- Harry ? », demanda Winter.
Le dénommé Harry releva la tête et c’est alors qu’elle remarqua la cicatrice en éclair sur son front. Rémus Lupin, lorsqu’il lui avait parlé de Voldemort, lui avait mentionné le « garçon qui avait survécu ».
« - Tu es Winter Grail ?
- Bien sûr que oui Harry, c’est Winter Leona Grail, la chanteuse et pianiste des Red Runners. Quatre Grammy Awards, plus de quinze titres en haut des charts britanniques. Tout le monde sait ça. », récita la jeune fille la tête haute avec un air sachant.
« - Enchantée, Harry Potter. », déclara Winter un peu gênée, « et vous êtes… ? »
Elle se tourna vers les deux acolytes entourant Harry.
« - Moi c’est Ron et elle, c’est Hermione. Mais faites pas attention, elle prend ces airs-là avec tout le monde ! », répondit le garçon roux avec nonchalance.
Hermione lui donne une petite tape sur l’avant-bras pour le sermonner. Harry Potter se rapprocha de Winter et fixa un instant le blason Serpentard sur sa robe de sorcier.
« - Tu…Tu es amie avec Drago Malefoy ?
- Ah ? Le fils-à-papa blond ? », s’amusa la compositrice, « non, assurément pas. Il est puéril et surtout endoctriné. »
Le trio rouge et or ouvrit de grands yeux.
« - On se demandait justement comment tu vis ta présence à Serpentard, Winter. Tu es plus âgée que tout le monde et surtout, tu es une Née-Moldu comme Hermione. », demanda Harry Potter.
« - J’espère que vous ne me voyez pas comme une doyenne non plus ! », s’exclama la musicienne.
« - Non bien sûr », rétorqua Hermione, « mais tu pourrais avoir presque l’âge d’être une Professeur. Enfin dans un ou deux ans... Il paraît que le plus jeune enseignant à exercer ici avait vingt-et-un an, je l’ai lu dans un écrit à la bibliothèque sur l’histoire de Poudlard intitulé…
- ‘Mione ! Tu vas les faire fuir si tu continues à étaler comme ça », réprimanda Ron en train de mâchonner une friandise de chez Honeydukes.
« - Si tu pouvais éviter de parler la bouche pleine, Ronald Weasley ! », le rabroua Hermione.
« - Je ne peux que donner raison à Miss Granger sur ce point, M. Weasley. », déclara une voix féminine sèchement dans leur dos, « par ailleurs, les sucreries de Honeydukes et les objets en provenance de chez Zonko sont rigoureusement interdits en étude. Ne m’obligez pas à vous envoyer en retenue. Je vous rappelle également que vous êtes ici pour travailler. Par conséquent je vous demande de remettre vos conversations à plus tard. »
McGonagall se tenait, droite comme un I, à côté de Ronald Weasley. Elle le fixait de ses yeux de chat désapprobateurs. L’adolescent baissa la tête en avalant ce qui restait dans sa bouche d’une traite.
Le silence complet retomba dans la salle. Winter se reconcentra sur son parchemin portant sur la Potion de Cautérisation. Bien que Harry Potter et ses deux amis étaient encore jeunes et en partie immatures, elle les trouvait attachants. Elle déduit du fait qu’ils craignaient Drago Malefoy qu’ils devaient probablement être en quatrième année comme lui et avoir 14 ans.
Arrivée à une vingtaine de pages d’écrites, Winter sentit une douleur la lancer dans son poignet. Rogue n’y était pas allé de main morte en termes de volume de contenu à rendre. Cela allait-il être ainsi toute l’année ? Elle préféra ne point y songer. Son esprit divagua à l’évocation du Maître des Potions. Il lui avait donné une recommandation bien mystérieuse lorsqu’elle été sortie de sa retenue le premier jour de cours.
« - Oscar ? », chuchota-t-elle, « dis-moi…As-tu déjà entendu parler de la Salle sur Demande ?
- Hum…Non aucune idée… C’est censé être une pièce du château ? », demanda le sorcier en tortillant une de ses mèches brunes derrière son oreille avec son doigt.
« - Je pense que oui.
- Tu devrais aller voir Dumbledore si c’est important. », s’immisça Hermione.
Elle ferma les yeux comme en pleine récitation avec un air professoral s’affichant sur son visage encore juvénile.
« - Dumbledore est le sorcier le plus puissant de Grande Bretagne et accessoirement Directeur de Poudlard depuis au moins 1971. Il est impossible qu’il n’en ait pas entendu parler. »
Ron ouvrit de grands yeux.
« - Woah ! ‘Mione, tu donnerais des conseils aux Serpentards maintenant ?
- Allons Ron, tu vois bien que ces deux-là ne sont pas comme les autres. », répondit Harry.
Winter pouffa de rire devant leurs chamailleries, mais la discussion fut vite coupée courte par la voix de McGonagall.
« - Potter, Weasley, dernier avertissement ! »
Les plumes reprirent joyeusement le rythme frénétique sur les parchemins jusqu’à ce que les élèves regagnent leurs dortoirs.
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