Winter laissa échapper un faible grognement quand le doux parfum d’un chocolat chaud fumant la tira de sa torpeur. Son corps tout entier était courbaturé et fatigué. Elle s’étira avant d’ouvrir les yeux et de se retrouver à sa surprise allongée sur le sofa dans le salon de Rémus Lupin. Le soleil était déjà haut dans le ciel et irradiait de ses rayons l’intérieur de la ferme en passant par la fenêtre. Il devait être presque midi.
La jeune femme se redressa et ajusta sa chemise froissée. Elle découvrit sur la petite table en face d’elle la boisson chaude qui l’attendait, prête à être consommée.
« - Vous êtes réveillée, Miss Grail ? », demanda la voix chaleureuse de Lupin avec une pointe d’inquiétude à peine masquée dans le grain.
Elle hocha la tête et vit l’homme s’asseoir en face d’elle sur le fauteuil opposé. Son visage était creusé et lourdement cerné et ses cheveux châtains en bataille. Il avait changé de vêtements depuis la veille. Lupin adressa à la jeune sorcière un faible sourire empli d’une timidité qu’elle ne lui connaissait pas.
« - Je vous ai préparé des toasts. J’ai de la confiture et du chocolat si vous souhaitez. »
Winter, bien que touchée par l’attention du sorcier, n’avait ni faim ni soif. La perspective d’une boisson chaude en plein été ne la séduisait guère. De surcroît, elle se sentait nauséeuse étant donné sa quasi-nuit blanche.
« - Rémus, excusez-moi mais je… », bafouilla-t-elle. Elle ne sut par où commencer.
« - Non, c’est moi vous dois des excuses. », murmura Lupin en baissant les yeux, soudainement voilés de tristesse.
« - J’aurais dû vous en parler avant. Je vous ai fait courir un grave danger par ma faute. Voyez-vous, je traîne cette malédiction depuis bien longtemps…Depuis que j’ai cinq ans pour être exact. C’est pour cela que j’habite ici…à l’écart des autres. J’ai toujours dû vivre avec ce lourd secret. Les loups-garous sont très mal vus dans le monde des sorciers. Il existe même une unité de capture des personnes comme moi, fondée par le Département de contrôle et de régulation des créatures magiques. »
- Vous voulez dire…Que vous pourriez être traqué comme une vulgaire bête sauvage si cela venait à se savoir ? », s’écria Winter horrifiée.
Rémus Lupin hocha la tête lentement avec résignation. Il était accoutumé à son sort et au mode de vie solitaire qui en découlait. Il sourit tristement et tenta un trait d’humour.
« - Je tiens à vous rassurer, en dehors des nuits de pleine lune, je tâche de me comporter en parfait gentleman. Je ne mords pas, je ne hurle pas et je ne griffe pas. Je ne vous ferai aucun mal, vraiment. Je vous prie de me croire. »
L’expression de Winter s’adoucit. Elle se sentit entrer en empathie avec la douleur de Lupin et ne douta pas un seul instant de sa sincérité. Une question la tracassa cependant.
« - Est-ce que cela fait mal ? Vous m’aviez l’air de souffrir terriblement hier soir, je me suis sentie coupable de vous avoir abandonné à votre sort…
- Bien sûr que non, vous avez bien fait de partir pour votre sécurité », répondit aussitôt Lupin, « en réalité la douleur pourrait être bien pire. La potion Tue-Loup de Severus fait des merveilles. Grâce à elle, ma transformation corporelle est moins pénible et je reste beaucoup plus en possession de mes moyens une fois changé en loup-garou. Si je n’avais pas eu cette potion, j’aurais pu me blesser terriblement comme cela a pu m’arriver dans le passé. »
Il déplaça de sa main quelques mèches de cheveux tombant sur son visage pour attirer l’attention sur la cicatrice qui le parcourait. Winter resta un instant pensive, affligée par la condition de son tuteur. Mais soudain, elle fronça les sourcils.
« - À ce propos, cet homme qui était avec vous hier soir…C’est une connaissance à vous ?
- Hum…On peut dire ça », déclara Lupin un peu mal à l’aise, « disons qu’à cause d’événements passés, il ne m’apprécie pas beaucoup et dire cela est un euphémisme. Mais sans lui et surtout sans Dumbledore, je serais très démuni à chacune de mes transformations nocturnes. La potion Tue-Loup est très difficile à préparer, surtout sous sa forme la plus aboutie et ses ingrédients sont rares et chers, notamment l’aconit. Pour être moins dépendant de Poudlard, j’ai tenté de m’en procurer très récemment par mes propres moyens en ayant conclu un deal avec des connaissances du Chemin de Traverse, mais ces derniers m’ont fait faux bond…
- Alors c’est pour ça que vous souhaitiez aller au Chaudron Baveur ? », demanda Winter qui désormais assemblait les pièces du puzzle dans sa tête.
Il hocha la tête. Le mentor et l’apprentie sorcière restèrent un moment silencieux, afin que Winter puisse digérer tout ce qu’elle venait d’entendre. Puis, Lupin se frotta les mains et se leva, arborant désormais une expression plus apaisée et joviale comme à l’accoutumée.
« - Assez parlé, Miss Grail, finissez-vite votre petit-déjeuner, ou plutôt devrais-je dire votre déjeuner. Nous avons du pain sur la planche. Je vais vous initier aujourd’hui aux sortilèges d’Attraction et de Répulsion. »
Les cours prodigués par Lupin reprirent aussitôt et se succédèrent de jour en jour. Le rythme était soutenu et les journées chargées. De par la quantité de connaissances acquises en si peu de temps, il n’y avait malheureusement pour Winter que très peu de place pour la révision. La jeune femme projeta d’organiser des sessions en dehors des cours une fois arrivée à Poudlard pour ne rien oublier. Plus, les journées passaient, plus Winter prenait confiance en elle et en ses capacités magiques. Le plaisir était de plus en plus au rendez-vous, notamment sur ses matières favorites. Une discipline, cependant, l’inquiétait particulièrement plus que les autres. Malgré les encouragements chaleureux et les compliments de Lupin, elle ne parvenait à s’extraire de la tête la remarque acerbe de Severus concernant ses piètres compétences en potions. L’angoisse de se ridiculiser dans cette matière si rigoureuse et exigeante ne la quittait jamais vraiment. Par ailleurs, Rémus ne semblait pas être un expert en la matière, bien qu’il soit un sorcier très polyvalent et globalement fort compétent.
Puis arriva pour Winter la veille de son entrée à Poudlard. Rémus Lupin l’avait déjà bien informée sur les us et coutumes de l’école et elle trépignait d’impatience à l’idée de découvrir sa maison. Cependant, la perspective de ne plus voir Lupin l’attrista. Le loup-garou, en dehors des pleines lunes, était d’une agréable compagnie et ses mots d’encouragements, ses sourires et ses petites attentions chocolatées allaient lui manquer. Sa situation l’ayant profondément touchée et troublée, elle décida en ce dernier jour passé avec lui, de lui offrir un présent.
« - Rémus ? Avant que nous préparions le dîner, je voudrais vous demander s’il serait possible d’aller au Chemin de Traverse ? J’aimerais aller changer et retirer un peu d’argent pour quand j’irai visiter Pré-au-Lard avec ma future classe. »
Le prétexte était tout trouvé. Lupin accepta avec joie et il transplana avec elle, l’amenant directement devant Gringotts, la banque des sorciers. Il l’attendit à l’entrée, ce qui l’arrangea grandement étant donné la surprise qu’elle s’apprêtait à faire. Reçu par un gobelin au nez crochu et à l’air peu commode, elle demanda à changer une certaine somme de monnaie moldue en gallions. Puis elle obtint que cela soit immédiatement versé sur le compte de Lupin. Pour Winter, cette somme était dérisoire étant donné les revenus amassés en seulement quelques années avec les Red Runners. En revanche, elle savait que pour Lupin, cela changerait la donne. Il pourrait avec cela se procurer de l’aconit de haute qualité pendant au moins un an.
Arborant un air innocent mais peinant à masquer sa fierté de pouvoir remercier son tuteur pour ses enseignements, Winter rejoignit ce dernier. Elle passa la soirée à profiter de sa compagnie, le souper se déroulant avec un fond sonore ambiant de jazz, puis elle prépara ses affaires, prête à décoller le lendemain à la première heure. L’excitation atteignit son paroxysme. Bientôt, elle serait à Poudlard.
La nuit précédant le départ fut courte. Winter était beaucoup trop enthousiaste et en même temps un peu stressée pour réussir à trouver le sommeil. Quand son réveil sonna, elle sauta hors du lit et courut dans la salle de bain pour se préparer. Elle enfila une de ses tenues habituelles, une chemise noire avec un pantalon de costume gris foncé épousant les courbes de ses hanches. Par-dessus, elle revêtit l’une des robes de sorcier qu’elle avait acheté au Chemin de Traverse et ricana nerveusement en se voyant dans le miroir. Elle était vraiment une sorcière jusque dans l’apparence désormais.
Après s’être rafraîchi le visage et apprêtée, Winter pris ses affaires et rejoignit Lupin dans le salon. L’homme était assis confortablement à son bureau dans un recoin de la pièce. Il portait des lunettes de vue et semblait relire une lettre qu’il venait d’écrire.
« - Je suis prête, Rémus. », annonça Winter.
Il releva la tête, lui sourit, plia le papier qu’il tenait dans ses mains et lui tendit.
« - Voici pour vous, Miss Grail. J’ai consigné sur ce papier l’ensemble des cours que nous avons passé en revue ensemble ainsi que le niveau que vous avez atteint pour chacun d’entre eux. J’ai également renseigné les sujets que nous n’avons pas pu aborder. Vous devrez remettre ce compte-rendu en arrivant à Poudlard à votre Directeur de Maison dès que vous aurez terminé la Cérémonie de Répartition. »
Elle rangea le rapport dans sa valise et se retourna vers Lupin d’un air malicieux et curieux.
« - Rémus ?
- Oui, Miss Grail ? », demanda son tuteur alors qu’il enfilait un vieux trench-coat par-dessus sa veste marron.
« - Vous avez pu découvrir un peu mon caractère pendant mon séjour. Dans quelle Maison me verriez-vous ? », s’enquit la jeune femme.
Lupin leva les yeux en l’air pensif et se caressa la moustache en réfléchissant.
« - Pourquoi pas Gryffondor tout comme moi », fit-il avec un sourire songeur, « je vous ai trouvé très courageuse et volontaire pendant ces séances de travail intensives. Mais vous pourriez très bien être une Serdaigle également car vous appréciez votre solitude et vous êtes quelqu’un de très philosophe pour votre âge. Cela dit, vous êtes aussi remarquablement empathique comme une Poufsouffle… Non vraiment, je ne saurais dire. Entre nous, je pense simplement que peu importe la maison que vous intègrerez, tant que ce n’est pas Serpentard, vous vous y sentirez comme chez vous.
- Vraiment ? », s’étonna Winter sceptique, « et pourquoi pas Serpentard ? Le serpent est un animal fascinant je trouve. »
Le loup-garou se rapprocha d’elle et lui murmura à voix basse comme s’il craignait d’être entendu.
« - La Maison Serpentard est…hum…comment dirais-je…empreinte d’une certaine idéologie que je désapprouve, Miss Grail. Cela vous desservirait étant donné votre...génétique. »
La musicienne fronça les sourcils.
« - Quoi ? Comment ça ?
- Vous souvenez-vous quand je vous ai expliqué que Vous-Savez-Qui et ses fidèles avaient une obsession pour les Sang-Purs et souhaitaient se débarrasser des Né-Moldus ? »
Elle hocha la tête en étant saisie d’une mauvaise appréhension quant à ce que Lupin allait dire.
« - Et bien, figurez-vous que les Mangemorts et Vous-Savez-Qui en personne sont tous issus de cette même Maison. Certains racontent même que Vous-Savez-Qui descendrait directement du fondateur de la maison ophidienne, Salazar Serpentard. »
Winter accusa en silence les informations. Ses deux parents étant moldus, cette révélation l’inquiétait particulièrement. Arriverait-elle à s’intégrer si ce genre d’idéologie continuait à circuler dans l’école ?
« -Nous devrions y aller. Je vais vous déposer directement à la gare de sorte que vous puissiez rejoindre les autres élèves qui sortiront du Poudlard Express. »
Lupin lui présenta son bras et aussitôt qu’elle le saisit, le monde se mit à tournoyer et la nausée si caractéristique du transplanage la saisit.
Quand elle reprit ses esprits, elle écarquilla les yeux d’émerveillement en étudiant son environnement autour d’elle. Une foule d’élèves s’affairait sur le quai d’une gare, sortant d’un train rouge dont la locomotive à vapeur soufflait bruyamment. C’est alors qu’elle le vit au loin. Le château de Poudlard, majestueux et imposant, était visible depuis la petite villégiature où ils avaient transplané.
Rémus Lupin, sans perdre de temps, l’introduisit à un homme de très grande taille à la barbe peu soignée et aux cheveux longs hirsutes : Rubeus Hagrid. Winter apprit par la conversation que même si elle rentrait directement en sixième année, elle traverserait le lac sur une barque avec les premières années pour atteindre le château, étant donné qu’elle devait participer à la Cérémonie de Répartition.
Arriva alors le moment pour elle de se séparer de son mentor lycanthrope. Elle le remercia pour son hospitalité et son accompagnement et lui proposa de rester en contact régulièrement, ce que Lupin accepta avec joie. Ils convinrent d’utiliser les hiboux de la volière de Poudlard comme la jeune femme n’avait pas adopté de rapace.
Alors que Lupin s’apprêtait à transplaner pour rentrer à la ferme, Winter lui glissa d’un air complice :
« - Au fait Rémus, si j’étais vous, je retournerais faire un petit tour à Gringotts à l’occasion. »
Lupin leva les sourcils avec incompréhension mais comme il avait déjà engagé son voyage éclair de retour, il n’eut le loisir d’interroger la compositrice.
Winter se laissa alors guider par Hagrid jusque sur une barque. Le paysage écossais était fantastique et la période de l’année était idéale pour en apprécier les formes et les couleurs. L’eau était d’un bleu cristallin. Malgré le cadre enchanteur, la jeune femme sentit cependant une gêne étrange la parcourir en se retrouvant entourées d’enfants de onze ans. Du haut de ses dix-neuf ans, Winter eut le sentiment d’être une intruse. Les jeunes sorciers la dévisageaient parfois avec peur, questionnement, mais aussi pour certains avec…admiration ?
Elle ne parvenait à mettre la main dessus, mais son intuition semblait déceler dans les regards des enfants autour d’elle une considération étrange, comme si ce n’était pas seulement à cause de son âge, mais qu’il y avait autre chose. Certains semblaient même être hypnotisés voire ensorcelés en la voyant.
Winter balaya cette sensation incommode quand elle se retrouva au pied du château. Une grande sorcière d’un certain âge, élégante et à l’air strict vint trouver les nouveaux arrivants au sommet des marches d’un escalier en pierre. Minerva McGonagall s’introduit aux jeunes élèves et leur donna des instructions précises concernant la répartition. Alors que les premières années entraient dans la Grande Salle du château, les yeux félins du Professeur McGonagall s’attardèrent sur Winter.
« - Miss…Grail je présume ? »
Winter hocha la tête et lui présenta sa main.
« - Enchantée, Professeur McGonagall. »
La sorcière accepta chaleureusement la poignée de main.
« - Si cela ne vous dérange pas, vous entrerez dans la Grande Salle et serez répartie en dernière. Nous avons pensé que ce serait…préférable pour que cela ne perturbe pas le déroulement de la Cérémonie.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ? », s’enquit Winter.
« - Vous constaterez par vous-même, très chère. Je vais rester avec vous dans le couloir le temps que les élèves de première année soient répartis. Le Professeur Flitwick dont vous ferez bientôt la connaissance s’est proposé de me remplacer pour animer la Cérémonie. »
Winter hocha la tête, confuse.
« - Comment s’est passé le tutorat avec le Professeur Lupin ?
- Très bien, Professeur. C’est dommage qu’il n’enseigne plus à Poudlard. », déplora la jeune femme.
McGonagall se pencha vers elle pour lui faire une confidence.
« - Entre nous, je suis entièrement de votre avis, Miss Grail. Rémus ne devrait pas être discriminé à cause de sa malédiction. Mais le Ministère ne le voit pas vraiment de cet œil… »
Winter remarqua que le caractère sévère très marqué de l’enseignante semblait s’être adouci à son contact, aussitôt que les élèves de première année étaient hors de vue. Peut-être appréciait-elle avoir une jeune femme adulte en face d’elle ? Comme si elle avait lu sur son visage son questionnement interne, McGonagall regarda Winter dans les yeux et lui dit :
« - Miss Grail, je voulais vous dire que nous sommes conscients que vous êtes plus âgée que les autres élèves. Bien que cela ne vous donnera évidemment aucun passe-droit, et je tiens à être très claire là-dessus, je souhaitais vous dire avant que nous entrions, que si vous rencontrez des problèmes à vous intégrer dans votre classe, n’hésitez pas à venir m’en parler. J’ignore si je serai votre Directrice de Maison, mais en tant que Directrice-Adjointe de Poudlard, je serai toujours à l’écoute. »
Winter accueillit la déclaration avec gratitude et soudain, elle entendit derrière la grande porte une voix, probablement celle du Professeur Flitwick, prononcer son nom. McGonagall leva sa baguette pour ouvrir l’imposante armature de bois et de métal qui les séparait de la Grande Salle.
« - Une dernière chose, Miss Grail. », déclara-t-elle en suspendant son geste l’espace d’un instant, « Je tenais à vous dire que votre dernier album est vraiment excellent. »
Un petit sourire traversa le visage fier de la directrice de la Maison Gryffondor, puis elle retrouva son port de tête altier et son expression sérieuse et solennelle. La grande porte s’ouvrit et Winter pénétra dans la pièce au plafond enchanté.
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