« - Ah vous êtes enfin là, Miss Grail. »
Rémus Lupin salua d’un geste de la main la jeune femme en la voyant pousser les portes du Chaudron Baveur. Winter le rejoignit avec un air essoufflé, les bras chargés de fournitures.
« - Tout va bien Mademoiselle ? Vous auriez dû me dire que vous n’aviez pas trouvé de chariot, je vous en aurais acheté un. Je sais où il y en a.
- Euh…oui bien sûr, bafouilla Winter encore perturbée de l’épisode qu’elle venait de vivre, je veux bien que nous allions en chercher un ensemble, c’est très aimable de votre part, Rémus. Je peux l’acheter cela dit, ce n’est vraiment pas un problème pour moi… »
Winter se sentait presque embarrassée devant la générosité du trentenaire. Il était beaucoup moins riche qu’elle et pourtant, il avait le cœur sur la main. Était-il conscient de la réalité financière dans laquelle évoluait la musicienne ? Elle ne saurait le dire.
La jeune femme posa ses affaires et prit place aux côtés de son tuteur tout en se remémorant la curieuse apparition qui lui avait sauvé la mise dans l’Allée des Embrumes. Elle avait senti son cœur s’emballer l’espace d’un instant devant ce mystérieux inconnu à l’allure spectrale et dont elle n’avait pas pu apercevoir le visage.
« - Voudriez-vous prendre un verre avant que nous rentrions ? »
Lupin l’extirpa de ses pensées. S’il avait perçu que la compositrice était perdue dans ses contemplations, il ne montra aucune indiscrétion à ce sujet. Winter n’avait de toute façon pas envie de lui parler de l’incident. Elle ne souhaitait pas être pour lui une source d’inquiétude à peine le tutorat commencé.
« - Rémus, laissez-moi vous l’offrir je vous prie. Je veux vous remercier pour votre accueil et tout ce que vous avez fait pour moi depuis que je suis arrivée. »
Rémus Lupin se laissa convaincre, touché par l’attention.
Peu de temps après, Winter et son mentor partirent à la recherche d’un chariot pour transporter ses affaires puis rentrèrent à la ferme en transplanant. Le reste de la journée, Lupin entreprit d’initier Winter Grail à des sorts basiques pour la familiariser avec la prise en main de sa baguette.
Les premiers essais, bien qu’un peu fastidieux, finirent par se révéler concluants. Lupin nota que son élève était dotée d’un talent dans la moyenne pour les sortilèges. Elle progressait malgré tout très vite car elle faisait preuve d’une soif d’apprentissage et d’une volonté inflexible. Elle était également poussée par une extase propre aux sorciers nés-moldus faisant leurs premiers pas dans le monde magique, si enchanteur et différent de tout ce qu’ils avaient connu.
« - Rémus ! J’ai enfin réussi ! »
Lupin sortit de sa cuisine, une odeur alléchante de tarte aux poireaux émanant de ses fourneaux, pour rejoindre son élève à l’extérieur. L’air était doux et les températures encore hautes alors que le soleil commençait à plonger vers l’horizon. L’été 1994 était très agréable.
Winter poussa des cris de victoire devant une malle ouverte devant elle.
« - Je maîtrise Alohomora ! »
Lupin la félicita et bientôt, la rejoignit pour lui proposer de dîner dehors dans l’herbe fraiche coupée.
« - Soyez honnête, Rémus, lui demanda Winter en le regardant dans les yeux, comment je m’en sors ? »
Lupin se caressa la moustache et regarda au loin un moment, puis lui dévoila un grand sourire.
« - Très bien, Miss Grail. Vous progressez vite et je dois dire que cela me rassure même quant à notre vitesse de croisière. Dumbledore ne m’a pas donné une tâche facile en me demandant de vous donner un condensé de cinq ans d’école en un mois et demi. Vous m’impressionnez par votre capacité à répéter encore et encore les gestes et les incantations sans prendre de pause. Votre discipline vous portera loin.
- Vraiment, s’étonna la jeune sorcière, j’ai juste l’impression de travailler normalement. La répétition fait partie de mon quotidien en musique. »
Rémus Lupin émit un petit rire de gorge tout en lui servant une part de tarte.
« - Si tous les élèves de Poudlard étaient aussi assidus que vous, j’aurais trouvé mon année en tant que Professeur à Poudlard beaucoup plus facile ! »
Winter rit à son tour et laissa son regard vagabonder vers le ciel qui arborait désormais un joli dégradé du bleu ciel vers le bleu nuit. La lune se dessinait au fur et à mesure que le soleil orangé plongeait vers l’horizon.
« - Le ciel est magnifique ce soir. On dirait que ce sera la pleine lune dans quelques jours. », remarqua-t-elle, rêveuse.
Lupin se raidit, soudainement silencieux et préoccupé. Elle ne sut pourquoi, mais son teint était devenu subitement particulièrement pâle, faisant ressortir la cicatrice qui lui traversait le visage.
Après cette interruption de quelques secondes, le flot de paroles reprit son cours normalement jusqu’à ce qu’ils rentrent dans la bâtisse de Lupin pour se reposer.
Les jours suivants, Winter fut initiée par Lupin à davantage de matières. La jeune sorcière se découvrit un intérêt élevé pour les potions, les sortilèges, la défense contre les Forces du Mal et la divination. Les matières qui l’ennuyaient le plus étaient l’étude des Moldus, étant donné qu’elle connaissait déjà ledit monde par cœur, et la métamorphose qu’elle trouvait particulièrement difficile.
Cependant, c’est avec la découverte de l’existence de la Magizoologie qu’elle eut une révélation. Même si elle n’eut qu’un aperçu de la matière « Soins aux créatures magiques dans les livres », elle se retrouva bientôt à passer des heures dans des ouvrages, même hors programme, de la petite bibliothèque personnelle de son tuteur, pour découvrir les espèces magiques existantes.
Elle n’avait plus qu’une obsession en arrivant à Poudlard : explorer les environs pour en rencontrer et les étudier.
Un soir, alors qu’elle devait effectuer pour sa seconde fois la réalisation d’une potion Wiggenweld avec Lupin, Winter trouva le salon de sa modeste demeure désert. Cela ne l’alarma pas dans un premier temps. Son mentor était peut-être encore dans sa chambre. Elle l’attendit patiemment pendant de longues minutes, commençant la préparation de la potion toute seule, puis voyant qu’il ne venait toujours pas, se mit à l’appeler et à le chercher. Pas de réponse. Elle remarqua alors en allant dans la cuisine que la porte reliant cette pièce à l’extérieur côté forêt était ouverte.
Une fois dehors, Winter remarqua des traces de pas fraîches s’enfonçant dans les bois.
« - Lumos ! »
Profitant du sort de lumière qu’elle maîtrisait désormais, elle choisit de pénétrer dans la forêt. Les arbres étaient sombres et l’atmosphère particulièrement pesante. La lune était masquée par les nuages et la seule source de lumière dont la musicienne disposait provenait de sa baguette.
Alors qu’elle s’enfonçait toujours plus loin, le sentier était de moins en moins dégagé et la nature toujours plus sauvage et envahissante. Des cris de créatures étranges résonnèrent dans le lointain. Un frisson parcourut l’échine de Winter. Cette forêt avait tout de surnaturel. Et si les forêts du monde magique n’avaient rien de commun avec les bois qu’elle adorait traverser enfant quand elle sortait de la ville avec ses parents ? Les arbres paraissaient hostiles et menaçants, comme si les branches et le lierre qui leur grimpait dessus pouvaient à tout moment s’animer et s’entortiller autour de ses membres.
La jeune femme pesta en réalisant qu’elle n’avait aucune idée de comment revenir sur ses pas tant le chemin était effacé. Tous les recoins se ressemblaient et les cyprès qui l’entouraient étaient indifférenciables, ressemblant à des lances affûtées dont elle ne percevait pas les pointes dans l’obscurité.
Se maudissant pour sa bêtise, elle voulut se défouler en écrasant un parterre de champignons quand elle entendit faiblement des voix et se raidit. Son réflexe fut de s’accroupir et de baisser sa baguette scintillante au ras du sol pour ne pas attirer l’attention et dévoiler sa position. Le souffle coupé, elle se rapprocha quasiment à l’aveugle, à moitié en rampant, vers la source émettrice des sons qu’elle entendait. Elle identifia bientôt deux voix masculines.
« - …Je ne te remercierai jamais assez, Severus. », lança une première personne que Winter identifia immédiatement comme Rémus Lupin au timbre.
Une voix grave et traînante répondit sur un ton à la fois sarcastique et dangereux :
« - Tout le déplaisir est pour moi, Lupin… Sois assuré que s’il n’en tenait qu’à moi, je me serais délecté, que dis-je, repu de te voir pleinement souffrir des tenants et des aboutissants de ta condition. »
Winter remarqua que le nom de son tuteur, tel qu’il était prononcé par le mystérieux interlocuteur, était accentué de sorte qu’il suintait de mépris.
« - Nul besoin d’être aussi…vindicatif. Laisse-moi au moins t’exprimer ma gratitude…Je suis vraiment navré que cela t’incombe, Severus. Je n’ai hélas pas eu d’autre choix que de demander de l’assistance à Dumbledore. Mon…arrangement ne s’est pas déroulé comme prévu et j’étais à court d’options… »
Winter, toujours tapie dans l’ombre au milieu des herbes fraîches et de la mousse, sentit son cœur s’accélérer et l’incompréhension l’envahir. Elle n’avait jamais imaginé voir Rémus Lupin dans une telle posture de désespoir et de supplique. Une autre pensée la taraudât soudainement. Cette seconde voix, grave, lancinante, à la fois très calme et en même temps menaçante…Elle l’avait déjà entendu quelque part. Mais où ? Elle avait une empreinte, une signature inoubliable. Quelque chose d’envoûtant, de pénétrant et de caverneux. La musicienne se prit à penser que si les ténèbres venaient à être personnifiées, alors leur allégorie aurait probablement cette voix.
« - Dumbledore. Bien entendu. Voilà un intermédiaire très commode, n’est-ce pas Lupin ? Serait-ce un soupçon de peur que je détecte en toi à l’idée de venir me le demander en face ? », rétorqua le dénommé Severus d’un ton sarcastique et assassin, « Tu ne cesses jamais de t’ennoblir par tes actes de courage, tout comme tes distingués petits camarades de Gryffondor. »
Rémus Lupin resta sans voix.
« - Maintenant, bois. Le temps presse. », ordonna la voix grave et autoritaire, sans équivoque.
Winter entendit son mentor déglutir avec appréhension puis ouvrir ce qui ressemblait au bruit à un flacon dont il s’empressa ensuite d’absorber le contenu. Il crachota et émit un « Merci » d’une voix rauque et faible, à peine audible.
Plusieurs secondes s’écoulèrent dans le silence de la forêt, uniquement perturbé par un hululement de hibou au loin. Les deux hommes semblaient se jauger. Ou peut-être évaluaient-ils l’effet de la mixture que Lupin venait d’ingérer, se demanda Winter. Enfin, la voix grave brisa doucement le calme qui s’était installé.
« - Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête du vieil homme, après le désastre de ta nomination en tant que Professeur à Poudlard l’année dernière, pour qu’il continue de te confier des missions pour l’école ? »
L’inconnu semblait se murmurer cette question à lui-même, n’attendant aucune réponse de Lupin tant il l’exécrait. Pourtant ce dernier, dont la voix s’était complètement asséchée, toussota :
« - Dumbledore a pensé que je ferais un tuteur approprié. Peux-tu au moins comprendre cela, Severus ?
- Comment cela un tuteur ?
- Il ne t’a pas expliqué la nature de ma mission ? Je…j’accompagne une élève qui va intégrer l’école en septembre », souffla Rémus Lupin en sentant sa respiration être de plus en plus laborieuse, « Elle est plus âgée que les autres élèves et a une situation un peu particulière. Je dois lui donner un condensé du programme des cinq premières années en un mois et demi et… »
Un hurlement de douleur s’échappa de la bouche de Lupin. Un rayon de lune balayait désormais l’intérieur de la forêt, pénétrant par les interstices entres les cimes des conifères. La lumière céruléenne enveloppait à présent les silhouettes des deux hommes que Winter ne pouvait qu’entendre auparavant.
La jeune femme vit se dessiner la stature droite et autoritaire d’un homme de grande taille, mince, tout vêtu de noir et dont le visage était dissimulé par des cheveux sombres mi-longs. En face de lui, Rémus Lupin était désormais plié en quatre. Il se tortillait de douleur en s’agrippant le visage dans ses mains, comme si ses yeux allaient sortir de leurs orbites. Il semblait être possédé.
« - Lupin…J’ose espérer que tu as au moins eu la présence d’esprit d’enfermer la fille dans ton domicile… », menaça l’homme en noir sans hausser le ton.
Rémus Lupin ne put répondre. Il était désormais sujet à des tremblements corporels incontrôlés et en arrivait même à arracher sa cravate et sa veste, comme si ses vêtements lui brûlaient. Et soudain, les os de sa clavicule se disloquèrent et s’agrandirent. Sa chemise beige se déchira à différents endroits au niveau de son col et de ses coudes, laissant entrevoir un épais pelage gris. Ses yeux noisette prirent bientôt une couleur jaune luisante et mortelle.
Severus recula de trois pas et dégaina d’un geste rapide une baguette d’un noir ébène, sortie de sa manche.
Winter eut un sursaut, sous le choc, et fit craquer involontairement du bois mort en déplaçant sa jambe qui commençait à fourmiller à force de rester campée dans la même position au sol. Elle vit le l’homme en noir se retourner dans sa direction brusquement, ses cheveux dansant furieusement autour de son visage.
« - Lupin ! Sombre imbécile ! », cracha Severus, furieux.
Il se dirigea à grands pas vers Winter et lui agrippa fermement le bras de sa main libre pour la relever brusquement. La jeune femme sentit la honte l’envahir. Elle se sentait prise la main dans le sac.
L’homme la poussa brutalement en lâchant d’un ton autoritaire :
« - Dans cette direction, vite ! Ne vous retournez surtout pas. »
Winter se mit à courir sans demander son reste, mais elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil en arrière.
Elle aperçut à l’endroit où se tenait auparavant son mentor un immense loup bipède au pelage gris brillant sous les rayons de la lune. Il poussa un hurlement déchirant, provoquant plusieurs battements d’ailes d’oiseaux dans les cimes des arbres. Elle vit également le dénommé Severus lancer un sort sur la créature qu’était devenue Lupin, sans en prononcer l’incantation. Cela sembla rendre le lycanthrope confus, le faisant tituber et regarder autour de lui d’un air hagard.
La jeune femme entendit Severus lui emboîter le pas d’une course soutenue et bientôt, il la dépassa. Son instinct la poussa à le suivre, bien qu’elle peinât à ne pas le perdre de vue tant son allure était rapide. Le sort de lumière au bout de sa baguette commençait à faiblir en même temps qu’elle sentait son endurance s’épuiser. Elle manquât à plusieurs reprises de trébucher sur des racines ou des souches au sol, dissimulées dans la pénombre.
Après un temps qui lui parut interminable, elle aperçut l’orée de la forêt, la clairière, ainsi que la ferme dont émanait par la fenêtre des lumières du salon.
Désormais à bout de souffle, Winter rejoignit l’homme en noir qui s’était arrêté devant la porte de la demeure de Lupin. Il ne lui porta aucune attention quand elle arriva et la course ne semblait pas du tout l’avoir fatigué. La musicienne tenta de le remercier timidement.
« - Monsieur, je…
- Silence ! Avez-vous une pulsion suicidaire à vous aventurer toute seule en pleine nuit dans une forêt enchantée ? Ou bien êtes-vous aussi stupide que cet écervelé de Lupin ? »
Il ouvrit la porte d’un geste brusque mais élégant -Winter se demanda d’ailleurs comment il était possible de concilier aussi bien ces deux adjectifs-.
La jeune femme entra dans le salon sans se faire prier. C’est alors qu’elle put enfin, à la lumière des lampes, détailler le visage et l’accoutrement de son mystérieux interlocuteur. Il devait avoir une trentaine d’années. Son visage, entouré de cheveux de couleur obsidienne, était fin, dessiné, creusé. Ses yeux étaient sombres, profonds, et absorbants, comme deux trous noirs. Au milieu se trouvait un nez relativement large et courbé, mais que Winter se surprit à trouver pas nécessairement inesthétique. Ses lèvres étaient fines et pincées et l’ensemble des muscles et plis de son visage présentaient une inexpressivité froide et intimidante.
Le regard de Winter se déplaça ensuite sur la tenue vestimentaire de l’homme. Il portait un manteau noir épousant sa silhouette fine mais robuste, le recouvrant jusqu’aux genoux. Il était fermé par un nombre incalculable de boutons aussi bien au niveau du torse que sur les manches, rendant ainsi son propriétaire aussi difficile d’accès que s’il portait une armure. Par-dessus le manteau se trouvait une longue robe de sorcier de la même couleur et dont les extrémités reposaient au sol, donnant au personnage une apparence fantomatique.
Sentant la jeune femme le dévisager pendant plusieurs secondes, Severus l’interrogea silencieusement d’un regard froid, accompagné d’une levée de sourcils. Winter détourna ses yeux immédiatement, nerveuse. Elle amorça le premier sujet qui lui vint en tête.
« - Et…Rémus ? Que va-t-il devenir ? Qu’est-ce qui se passe au juste ? »
Le sorcier se détourna d’elle en parcourant lentement la pièce et répondit d’une voix monotone et dénuée d’intérêt.
« - Lupin est un loup-garou. Il est maudit à chaque nuit de pleine lune. Et bien entendu, il n’a pas eu la délicatesse de vous guérir de votre naïveté affligeante.
- Un loup-garou ? Cela existe donc vraiment… »
Severus leva les yeux au ciel d’un air méprisant. Sans lui répondre, il se dirigea vers la cuisine de Lupin dont la porte était restée ouverte et sortit de son manteau plusieurs flacons remplis d’une mixture opaque. Il les rangea précautionneusement dans un des placards.
Winter soupira. L’homme n’avait de toute évidence aucune considération pour elle et n’était pas disposé à converser. Elle se sentit peinée par cette attitude, ayant été habituée à recevoir de l’attention en continu depuis son succès avec les Red Runners. Pour la première fois depuis de nombreuses années, la musicienne avait l’impression d’être inexistante, de se sentir écrasée et impuissante. Elle n’appréciait guère ce ressenti.
Une odeur légèrement amère et désagréable la sortit de ses ruminations, alors qu’elle parcourait machinalement le salon. La potion Wiggenweld ! Elle l’avait complètement oubliée. Le chaudron était encore sur la petite table et certains ingrédients dont émanaient l’odeur étaient sortis de leurs bocaux. Désireuse de se changer les idées, la jeune femme reprit la recette là où elle l’avait laissé avant de partir dans les bois, c’est-à-dire à l’étape d’ajout des épines de poisson-diable.
« - Si Rémus revient demain matin, au moins il sera fier de moi. », pensa Winter.
Bientôt absorbée dans le manuel des potions, elle ne vit pas dans son dos la stature de Severus l’observer les bras croisés. Lorsqu’elle ajouta les épines, la potion, au lieu de prendre une teinte orangée comme attendu, pris une couleur verdâtre et se mit à dégager une odeur rance.
Un petit rire narquois provenant de son angle mort la fit sursauter. D’un geste vif, l’homme empoigna parmi les ingrédients le flacon de sang de salamandre et désigna l’étiquette de son doigt long et fin.
« - Lupin ne vous a jamais appris à lire les dates de péremption ? Votre potion était condamnée depuis le départ. Cette concoction est pourtant des plus basiques. Vous n’aurez jamais le niveau en septembre pour intégrer les cours. »
Sur ces mots, il ouvrit la porte d’entrée de la ferme et prit congé. Winter entendit un bruit de transplanage provenir de dehors. Elle se prit la tête dans les mains et sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle pensa à Gareth, à ses parents, à Colin, Nick, Dave et Antonio. Que penseraient-ils s’ils la voyaient dans une telle situation d’humiliation ? Elle, la flamboyante Winter Leona Grail, leader d’un des plus grands groupes de rock du monde. Elle, que les médias aimaient surnommer « Le Dragon » ou encore « L’Impératrice » tant elle avait de panache et d’assurance sur scène…
Depuis son arrivée dans le monde magique, il lui semblait que toute sa vie antérieure ne comptait plus, que tout avait été remis à zéro. Ici, elle n’était personne et n’avait pas vraiment d’allié. Tout était à refaire, à recommencer.
La jeune femme passa sa nuit dans le salon, avachie dans le fauteuil à planter les épines de poisson-diable dans le bois de la petite table, le regard dans le vide à fixer la plaine par la fenêtre, au cas où Rémus Lupin reviendrait.
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