Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 5 « Suri Kilaspel » tome 1, Chapitre 5

Glossaire disponible dans le prologue

Cycle des Sphères

Année de la Huitième Sphère

Ronde du Reflux des Marées

Sima 4 - Auréon

Suri inséra la clé dans la serrure. Un déclic résonna, et la porte de son appartement s’ouvrit. Elle guida l’enfant à l’intérieur. Il entra avec prudence, observant chaque détail comme s’il craignait de déranger.

Suri déposa ses affaires, ôta ses chaussures et soupira.

— Tu es en sécurité ici.

Elle lui adressa un sourire doux, mais il ne leva même pas les yeux.

— Je vais te faire visiter.

Elle lui montra le salon, juste en face de l’entrée, puis son bureau, encombré de papiers. La bibliothèque débordait de décorations, bien plus nombreuses que les livres.

Elle poursuivit la visite vers la cuisine, ouverte sur le salon. La table était envahie d’emballages et l’évier débordait de vaisselle. Un petit désordre, mais rien de dramatique.

— Et là, la salle de bain et les toilettes, juste à gauche de l’entrée.

Enfin, elle désigna les deux chambres. La sienne, envahie de vêtements, avait un certain charme désordonné.

— Ce sera ta chambre.

Il entra, balayant la pièce du regard.

— Le canapé-lit est confortable. Tu devrais bien dormir. Si tu as froid, il y a un plaid dans le placard.

Il ne répondit pas, mais une partie de la peur dans ses yeux semblait s’être apaisée. La méfiance, elle, restait bien présente. Suri savait qu’il faudrait du temps pour qu’il lui accorde sa confiance. Mais pour l’instant, il était en sécurité.

— Tu peux aller prendre une douche. Les produits sont dans la cabine, les serviettes sous le lavabo. Je vais chercher un vieux tee-shirt et un short pour toi.

Elle fouilla dans son armoire, revint avec les vêtements, et l’accompagna jusqu’à la salle de bain. Elle y déposa les serviettes sur une chaise.

— Je te laisse. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi.

Elle referma la porte, puis s’installa dans le salon. Son ordinateur était enfoui sous un tas de papiers. Elle le récupéra, s’assit en tailleur sur le canapé, et navigua sur Internet. Le bruit de l’eau qui coulait la fit sourire. Elle savait qu’elle finirait par gagner sa confiance.

Elle ouvrit le site d’Iléro, un restaurant avec service de livraison, et sélectionna plusieurs plats, incertaine des goûts du garçon. Une fois la commande confirmée, elle consulta les magasins de vêtements pour enfants ouverts pendant les Vira. Deux étaient accessibles à pied. Elle n’avait pas prévu ce genre de dépenses pour cette Spirale, mais il était hors de question qu’il reste dans cet état. Après un rapide coup d’œil à ses finances, elle constata qu’elle pouvait se le permettre.

Elle venait à peine de fermer son ordinateur que la porte de la salle de bain s’ouvrit.

Elle se leva rapidement… et resta figée.

L’enfant, presque méconnaissable, était là. Ses cheveux noirs tombaient lissés sur son front, soigneusement coiffés. Son visage pâle portait deux cicatrices : l’une sous l’œil gauche, l’autre sur la joue. Mais ce furent ses yeux qui la bouleversèrent : un violet profond, chargé d’une souffrance insondable et d’une méfiance ancrée. Son regard la cloua sur place.

Ce ne serait pas simple. Elle le savait. Mais elle ne renoncerait pas. Elle lui avait promis qu’elle prendrait soin de lui, et elle tiendrait parole.

La sonnette retentit, la faisant sursauter. Elle courut à la porte, vérifia le judas, puis ouvrit au livreur. Elle récupéra les plats et les installa en cuisine, repoussant les emballages pour libérer un peu d’espace. Elle sortit deux assiettes, des couverts, puis fit signe à l’enfant de s’approcher.

Il s’assit avec précaution, jetant un regard méfiant à la nourriture… puis à Suri. Pour le rassurer, elle piqua dans chaque plat, goûtant une bouchée de chacun. Il hésita encore un instant, puis se laissa tenter par un plat à base de viande. Le silence accompagna leur repas.

Suri s’appuya contre le dossier de sa chaise, repue. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas autant mangé. D’ordinaire, un plat réchauffé ou un sandwich suffisait, faute d’envie.

Elle observa le garçon. Il mangeait lentement. Ses blessures restaient visibles, traces évidentes de mauvais traitements. Pourtant, il ne semblait pas affamé. Ce qui attira surtout son attention, ce fut cette étrange énergie qui l’entourait. Une lueur douce, presque imperceptible. Comme s’il venait tout juste de s’éveiller à quelque chose de plus grand. Un synergiste, peut-être ?

Elle ne percevait aucun voile autour de lui, mais cette aura… elle ne pouvait l’ignorer. Il semblait avoir douze Années, mais son intuition lui murmurait autre chose. Elle se retint de poser des questions. Ce n’était pas le moment.

Quand il posa ses couverts et s’essuya la bouche, il attendit en silence, les mains posées sur les genoux. Suri lui demanda s’il avait bien mangé. Il ne répondit pas. Elle rangea les restes dans des boîtes, les plaça au frigo, puis empila la vaisselle dans l’évier.

— Tu peux regarder la télé si tu veux.

Il s’installa sur le canapé, prit la télécommande et lança un film qui venait de commencer.

Suri l’observa un moment. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été confrontée à un cas aussi complexe. Mais elle y parviendrait. Il lui suffisait d’un peu de patience.

Son regard balaya son appartement. Le désordre ambiant n’était plus tolérable maintenant qu’un enfant y vivait. Un environnement sain était essentiel pour qu’il se sente en sécurité. Elle enfila ses gants roses fluo et se mit au ménage. Vaisselle, table, bureau, salle de bain, chambre… tout y passa. Voir l’appartement propre l’apaisa. Le ménage, bien que contraignant, lui offrait une certaine sérénité.

Elle revint s’asseoir près du garçon et regarda la fin du film avec lui. C’était l’adaptation d’un livre écrit par l’un des plus anciens archons synergistes. Il y racontait son immortalité et sa quête de maîtrise.

— C’est le livre à l’origine du film.

Elle le lui tendit.

— Tu peux le lire, si tu veux.

À sa grande surprise, il prit le livre et le feuilleta rapidement.

— J’en ai d’autres dans la bibliothèque.

Toujours pas de réponse.

— Demain, on ira t’acheter des vêtements. Et peut-être quelques jeux.

Elle guetta une réaction. Il hocha légèrement la tête. Elle n’était pas certaine de l’avoir vu, mais elle choisit de le croire.

Le générique de fin défilait. Suri sentit une émotion étrange l’envahir. Cela faisait si longtemps qu’elle se sentait seule. Le départ de sa sœur avait laissé un vide immense. Mais ce soir, en présence de cet enfant, quelque chose avait changé. Il comblait un vide qu’elle croyait incurable.

Peut-être venait-elle de retrouver un sens à sa vie.

— Il est temps d’aller se coucher.

Il éteignit la télévision sans qu’elle ait à le lui demander, puis se dirigea vers sa chambre, serrant le livre contre lui. Suri lui souhaita une bonne nuit, un sourire doux aux lèvres, avant de rejoindre son propre lit.


Texte publié par Aihle S. Baye, 14 mai 2025 à 10h47
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 5 « Suri Kilaspel » tome 1, Chapitre 5
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
3125 histoires publiées
1371 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Seohyunnim
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés