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tome 1, Chapitre 8 « Peur Nocturne » tome 1, Chapitre 8

Peur Nocturne

Ma tête me fait très mal, mais je continue de lutter pour protéger mes compagnons. Je sens que je perds Dionys. Son énergie diminue progressivement. Il faut que je fasse quelque chose. Je ferme les yeux, prête à laisser partir toute mon énergie cérébrale. Logiquement, j’aurais juste assez pour continuer à vivre. Je demande à Morfy de veiller sur Dionys le temps de récupérer des forces. J’ai déjà étudié ce type de créature. Je sais quelle est sa faiblesse. Je prends une grande inspiration et plonge mon regard ambrée dans celui, blanc sans expression, du Dévoreur des Plaines. Je suis saisie d’une torpeur trop prenante pour me défendre. Je me sens… sombrer. C’est agréable ! Plus de doutes, ni d’interrogations… Il faut que je me reprenne mais je n’ai plus assez d’énergie, je crois que je me suis surestimée… Je parviens à sortir de l’emprise du Dévoreur et me retourne, de retour dans la plaine. Horrifiée, je contemple mes deux compagnons, et distingue Dionys couché par terre, sous l’emprise du monstre. Morfy, transformé en loup, tourne autour pour défendre le cheval, mais je vois qu’il n’en peut déjà plus. Je m’arme d’un bâton et me prépare à frapper. Je me rappelle ma professeure de défense contre les créatures magiques : “Le Dévoreur des Plaines erre dans les herbes hautes et s’y cache la journée. Il déteste la lumière, parce qu’il est muni de deux yeux blancs extrêmement sensibles. Il s’en sert comme moyen de chasse ; le Dévoreur hypnotise ses victimes en les plongeant dans un état comateux pour ensuite les dévorer vivantes. Donc, à retenir, éviter de regarder trop longtemps ses yeux. D’ailleurs, si vous devez combattre un Dévoreur, sachez que sa peau, ou plutôt sa carapace, est quasiment indestructible. Il est inutile de le taper, ça ne fera qu’augmenter sa faim et son agitation.”

J’ai envie de pleurer. Comment faire, quand on se trouve dans une plaine désolée, que l’on manque d’énergie pour vaincre un monstre et qu’un de ses compagnons est en train de se faire emporter ?

Je regarde autour de moi, mon bâton inutile à mes pieds. Morfy continue de se battre, les yeux fermés, mais les Dévoreurs ont des griffes puissantes. Si je ne tente rien, il mourra aussi. Dionys est protégé ; il est vivant… J’observe un peu mieux, une idée germe dans mon esprit. Je crie à Morfy de se transformer en humain. Les animorphes ont une énergie brûlante due aux nombreuses transformations. Plus ils se métamorphosent, plus leur énergie augmente. Morfy doit en avoir à revendre ! Bientôt, je contemple un homme pas plus grand que moi, doté d’une fine moustache, aux cheveux bruns tirant sur le roux et aux yeux clairs, qui me regarde d’un air effrayé. Je lui hurle de me tenir la main et je rassemble toute mon énergie . J’inclus aussi mon flux vital, sachant que c’est une grave erreur, mais je n’ai plus le choix. Mon énergie cérébrale ne suffira pas. Je regarde une dernière fois ce jeune homme à mes côtés puis, pressant ma main dans la sienne, je fixe les yeux globuleux de ce monstre. Je me sens happée, mais Morfy résiste, il le combat avec férocité.

“ Pour vaincre un Dévoreur, il vous faut être deux minimum. Il faut savoir que les Dévoreurs ont besoin d’énergie pour happer la victime. Leurs yeux ne font pas tout. Ils hypnotisent sans effort, certes, cependant, garder la victime sous emprise requiert une autre puissance. Pendant qu’une des deux se laisse plonger dans l’état comateux, l’autre combat le monstre. Ainsi, puisqu’il a besoin d'énergie pour maintenir sa victime mais aussi pour se défendre, le Dévoreur ne saura plus où donner de la tête et sera dépassé. Le but de cette stratégie est que son taux d’énergie baisse jusqu'à zéro. Attention, la bête ne s’éteindra pas complètement ; il faut rester vigilant.”

Ce fut comme une évidence. Morfy a plus de force que moi. Se laisser porter par cette torpeur me terrifie. Mais le Dévoreur n’a pas assez d’énergie pour me maintenir dans le coma.

“ Vous devez vous relayer, car combattre cette créature nécessite une grande endurance qu’un seul magicien n’a pas.”

J’attends le signal de Morfy. Il ne tardera plus, je sens qu’il s’épuise. Il tire sur ma main, me faisant revenir à l’instant présent, éclatant ma bulle où je suis si bien malgré-moi. La bête est toujours là, Morfy me regarde une dernière fois, ses yeux sont en train de s’éteindre et la flamme que je trouve si belle s’effondre quand ses paupières se ferment. Je contemple le monstre. Il est épuisé, lui aussi. De la fumée sort de ses énormes narines et de la bave tombe de sa bouche disgracieuse. Je prends bien soin de ne pas regarder les deux globes blancs brillants. Je resserre les doigts de Morfy, priant que la créature ne le maintienne pas dans cet état. Je me concentre et ferme les yeux, récitant les formules apprises par cœur, pendant que mes doigts laissent échapper les sorts qui viennent frapper le Dévoreur. Je n’y arriverai pas… Je plonge dans mes dernières forces, et projette un halo de protection autour de nous. Je ne sais pas s’il va tenir… Je tire la main de Morfy, avant de m’effondrer sur le sol poussiéreux. Je vois le dernier regard terrifié et impuissant de Morfy, mais je ne peux plus. Je sens mon coeur ralentir, doucement…


Texte publié par Wildflower8906, 24 août 2025 à 08h23
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