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Un drôle de hululement me sort de ma torpeur. Je me secoue : je me suis juré de protéger ma Naly, hors de question de faillir à mon rôle de sentinelle ! Elle remue un peu dans ma toison qui se change en un pelage gris. De la proie au prédateur, une métamorphose facile. Les braises mourantes rougeoient d'une faible lueur entre les restes du foyer allumé quelques heures auparavant. Des craquements retentissent dans le silence, tout près de notre campement.

Je tressaille et Naelya se réveille, perturbée par mon agitation.

– Qu'est-ce qui s’passe, Morf ? murmure sa voix ensommeillée.

Je lève le museau vers le buisson d'où émanent les bruits. Tout à fait alerte à présent, elle se redresse avec précaution. Je me place devant elle et hume l'air humide. Une odeur étrange me parvient, à la fois douce et salée. Le cri retentit à nouveau, tout proche, glacial. Mon sang se fige. Naelya frémit.

– Un Dévoreur de la Plaine… chuchote-t-elle avec effroi. Ne bouge pas, on doit rester éveillés et il ne nous fera rien.

Son regard glisse sur Dionys. Telle une ombre mouvante, elle ramasse un bâton et le touche pour le sortir de son sommeil. Notre compagnon s'ébroue et renâcle. C'est alors que je les aperçois. Deux grands yeux vides à la fluorescence blanchâtre. L'angoisse m'étreint mais je reste droit, prêt à défendre ma Naly.

La créature nous observe, dissimulée entre les feuillages. Une étrange torpeur m'envahit.

– Ne le regarde pas dans les yeux !

Naelya me secoue les poils. Je l'entends susurrer des incantations. Je détourne les yeux vers Dionys qui s'agite. Pourvu que cette chose passe son chemin ! J'ai confiance en ma Naly, elle sait quoi faire, j'en suis persuadé. Alors je reste tout près d'elle, espérant lui transmettre l'énergie dont elle aura besoin pour nous sortir de ce pétrin…