Le vide. L'espace. Mais surtout le blanc. Époustouflant, aveuglant. Comme s'il voulait qu'on admirât sa magnificence. Et puis, lentement, mon corps. Mon corps d'avant réapparu. Mon corps avant que les flammes n'en fisse cendres, avant de me rendre compte que la vie était belle. Mes mains, mes pieds. Toutes ces textures sur la peau que l'on oublie et que l'on pense peu importantes.
Les souvenirs. La mémoire. Tout ce qui vivait invisible en moi, mon âme. Ce que je possédais de plus précieux. Mon trésor.
C'est alors que tout prit sens lorsque le bruit d'un train résonna. Je fus vêtu d'un habit blanc brillant. Et il entra en gare. Comme lorsque le brouillard se lève, mes derniers instants s'éclaircirent dans le brouillard, mes peurs, les pleurs de mon épouse et l'odeur. Cette odeur . Elle te dit que tout était fini, que tu te détruisais. Que tu sombrais dans son univers imprévisible. Le mal et le bien se confondaient, l'espoir et le malheur, la guerre et la paix. Cette odeur, c'était la mort.
Assis sur mon siège blanc, le nez collé à la fenêtre, je me rappelais des souvenirs en essayant de chercher loin. Le train ne secouait pas. Il semblait planer sur le paysage qui défilait, d'un blanc luminescent. Tout était blanc. Même le train. Seule ma peau pâle ressortait légèrement sur la tunique faite en coton.
Le train s'arrêta. Un stop. Une morte entra dans le wagon, ses cheveux ondulants sur sa toge blanche. Soulagé de ne plus être seul, je me levai et ouvris la bouche pour parler. Aucun son. Rien ne sortit de mes lèvres pâles. Je ne me rappelais pas avoir été muet dans ma vie passée. J'entendais encore ce dernier mot qu'avait franchi ces mêmes lèvres avant que ma vie ne s'éteignît : je t'aime.
Nous étions voués au silence. Bien. Quoi d'autre encore ?
Le train repartit. Encore plus silencieux. L'ambiance était palpable dans le wagon. Je décidai d'aller faire un tour. La porte. Bloquée. Enfermé dans un wagon blanc comme tout le reste, et probablement mort. D'accord. J'attendis la suite sans être pressé. Malgré ces événements insolites (avouez que vous préféreriez mille fois être dans un bon bain chaud ou en train de grignoter une tartine à la confiture) je ne m'énervais pas. J'étais dans une sorte de transe. Une bulle qui étouffait les sentiments négatifs et me protégeait.
Le train s'arrêta. Pour de bon cette fois. Un vent léger me fit frissonner. Je crus qu'il fallait sortir. J'avançai timidement à l'extérieur. Ce paysage me coupa le souffle. Le ciel était toujours blanc mais on voyait nettement la démarcation des nuages. Ceux-ci soutenaient des maisons blanches à l'aspect cotonneux. Les nuages formaient les maisons et parfois des villages entiers. Les escaliers-blancs aussi-conduisaient les visiteurs vers la première Nuacité. Ils grimpaient ensuite tellement haut que je n'arrivai pas à voir la fin. Heureux et bouleversé, je lu le texte qui s'inscrivit sous nos yeux.
"Bienvenue à Dityrambys, la cité infinie qui accueille les âmes blanches, celles qui ont eu un passé et une vie innocents. Je vous rends vos pouvoirs et vous êtes libre."
Nos "pouvoirs" furent libérés. Le son de ma voix me parvint à nouveau. Elle était belle. Mélodieuse. Puissante, comme amplifiée par tout ce blanc lumineux. Mes sentiments furent relâchés. Tristesse, Mélancolie, Nostalgie. Peur, Crainte, Effroi. Colère, Haine, Douleur. Joie, Euphorie, Triomphe. Mais surtout Amour. Cette spirale me vrilla la tête, les sentiments tourbillonnèrent en moi et retrouvèrent chacun leur place. Heureux, je vis la femme qui s'avança vers moi. Elle se nomma Isida. Je lui répondis : Oriano. En souriant, elle me prit la main et nous courûmes vers la Nuacité comme des enfants innocents.
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