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Le petit bruit du clignotant marqua le rythme sur la chanson projetée par la radio mourante. La lumière orangée se refléta sur la peinture noire poussiéreuse de la Clio. D'un brusque coup de volant, Koat tourna à droite, les pneus crissants sous l'allée caillouteuse qui conduisait au chenil et à l'élevage des chiens de chasse. Il se gara sur le parking goudronné et sorti de sa voiture à la hâte, pressé d'apporter la nouvelle au gérant. Il franchit la porte en verre du premier bâtiment et se précipita vers le comptoir. Il s'adressa à Jérôme, le pseudo-secrétaire qui dirigeait l'accueil.

- Je dois voir le gérant Druvert.

Jérôme s'appuya sur le dossier et posa ses bras sur sa tête, révélant deux grosses auréoles près des aisselles.

- Tu lui veux quoi, au deuxième patron ?

Michel Druvert est le remplaçant d'Arnold Pfeffer. Lorsque le propriétaire s'absente, il gère l'arrivage de nouveaux chiens, la quantité de nourriture et la formation des meutes. Néanmoins, le directeur principal, Mr Pfeffer, se réserve quelques droits comme la reproduction, l'embauche des gardiens, les travaux pour les divers bâtiments et l'économie de son empire.

Koat abattit ses deux mains sur comptoir et hurla. Il n'était pas du genre très patient. Il avait fait deux heures de trajet allez-retour en se tapant les bouchons alors Jérôme n'allait pas le faire chier très longtemps parce que sinon ça allait barder !

- Ça te regarde ?!! Non !! Alors tu va l'avertir que je reviens du building de Pfeffer.

Jérôme pris doucement le téléphone et composa le numéro avec lenteur, juste pour énerver davantage son collègue qui semblait virer au rouge au fur et à mesure que le bruit aigu des numéros se faisait entendre. La sonnerie d'attente résonna dans le hall et Jérôme, qui tenait le combiné, attendit le "bip" pour débiter d'une voix monocorde :

- Bonjour gérant, ici Jérôme Planeveau à l'appareil. Un dénommé Mr Koat Jefferson tient absolument à vous voir. Il revient du building du patron.

Il raccrocha le téléphone et s'adressa à son collègue impatient.

- Il devrait me répondre d'ic...

La sonnerie du téléphone retentit, couvrant la voix grave du secrétaire.

- Allo ? Oui.. Oui... D'accord Mr Druvert. Très bien. Je vous le monte.

Jérôme reposa le combiné et lui dit de sa voix posée :

- Il veut te voir, deuxième étage porte à gauche.

Il pointa du doigt l'ascenseur, qui ouvrit sa bouche de fer.

Koat se tenait à la barre glacée, face au miroir. Il s'observa. Petit et musclé, des cicatrices couvraient ses bras bronzés par le soleil. Le visage pointu, ses joues bien rasée et les lèvres minces, il n'avait pas le physique d'un prince charmant, mais pas non plus de méchant. Certaines personnes le comparait à Johnny Hallyday mais il n'était pas trop sûr de lui ressembler. Des mèches semi-longue brune s'échappaient et dégringolaient sur sa nuque bronzée, elle aussi. Ses yeux d'un brun sombre luisaient dans la lumière que projetait les néons de l'ascenseur. Il sourit. C'était un sourire faux, hypocrite. Il soupira.

L'ascenseur arriva à destination, secouant légèrement son passager.

Koat bondit à l'extérieur et s'élança dans le couloir blanc et rouge. Il toqua sur la porte à gauche et attendit. Un sec "entrez" se fit entendre et Koat appuya sa main contre l'ouverture qui grinça à sa poussée.

- Vous vouliez me voir, Mr Jefferson ?