Les phrases en italiques sont issues du roman "Un psaume pour les recyclés sauvages" de Becky Chambers.
« Les arbres où se nichait le village étaient jeunes. Ils dominaient la route et leurs branchages créaient une dentelle de soleil. »
Dothee adorait cet endroit ; elle sentait le vent charrier une douce odeur de rosier et d’amandier en fleur. Ses cheveux se balançaient lentement dans son dos tandis qu’elle avançait sur le sentier, habitée de pensées ensoleillées et apaisées. Quand elle leva les yeux, le ciel était invisible, caché par une canopée féérique, inondée d’une vive lumière de début de journée.
Dans la ramure du chêne qu’elle dépassa, Dothee aperçut le plastron écarlate d’un rouge-gorge. Son chant répondait au sien, accompagnés du psithurisme de la sylve. La vallée de Travelcorde et sa nature luxuriante était le lieu le plus propice pour la détente de Dothee. Elle y récoltait également quantité de plantes vulnéraires aux qualités exceptionnelles. Sauge, menthe et camomille remplirent progressivement son panier. Puis, elle longea la rivière, s’y installa pour manger et rit en apercevant un couple de loutres jouer avec des poissons.
Plus le village s’éloignait, plus elle se sentait en sécurité. Elle avait déjà ressenti cette plénitude active ; déjà, lors de ses balades-cueillettes, mais aussi à chaque fois qu’elle traversait les champs de lavande, à quelques kilomètres d’Arlences. La beauté du violet mêlé au cyan de la voûte céleste n’avaient d’égale que la mélodieuse chanson des butineuses cachées dans les fleurs mellifères.
À la fin de la journée, alors que le soleil déclinait, Dothee prit le chemin du retour. Après avoir passé le pont de la Corde, la bioluminescence d’une fleur attira son attention. Elle n’avait jamais rien vu de tel. En s’approchant, elle découvrit ses pétales immenses, frôlant le sol, et striés de bleu sur une soie verte. Au centre, les pistils blancs distribuaient la lueur du soleil captée pendant la journée. Étalées comme un tapis, de larges feuilles mauves se mouvaient avec élégance, soufflées par l’onde douce du vent.
Dothee étudia cette plante qui ressemblait à s’y méprendre à une anémone ; elle en déduisit qu’elles faisaient partie de la même famille. À travers la loupe de sa lentille à réalité augmentée, elle perçut la sève couler tels des fils d’argent sur le pourtour des pétales. La fleur était aussi magnifique qu’étonnante et si ce n’était pas la première fois qu’elles se rencontraient, Dothee l’aurait bien ramassé. Mais elle se contenta de la photographier sous toutes les coutures et de reprendre sa route, le cœur empli de fascination.
Quand elle arriva aux portes d’Arlences, à l’orée de la sylve, elle s’immobilisa, puis se retourna. Elle contempla encore un instant les ramées et chuchota un « à bientôt ».
« La forêt lui répondit en froissement d’aiguille, en craquement de branches, et en silence. »
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