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tome 1, Chapitre 47 « Chronomages » tome 1, Chapitre 47

3. Chronomages

Tout au long du résumé de cet automne que nous avons effacé, Arthus reste de marbre, son regard anthracite scrutant la moindre hésitation, le moindre indice d'un éventuel mensonge. Je perçois tour à tour son étonnement, sa tristesse, sa désapprobation et même sa colère à l'évocation de certains événements, néanmoins il n'en laisse rien paraître. Lorsque la jeune fille termine de relater la bataille contre notre ennemi d'une voix brisée, mon doyen hoche la tête avec compassion.

– Je vois.

Puis il soupire, se lève et commence à marcher de long en large, les mains derrière le dos. Amaryllis bois d'une traite son thé à la menthe pour se redonner une contenance. Évoquer la mort de Jeremiah reste une épreuve pour elle et elle sait pertinemment qu’Arthus n’approuvera pas l'utilisation de son pouvoir. Tout comme il ne l'avait pas approuvée avant qu'elle ne brave son interdiction.

– Le problème, reprend Arthus, voyez-vous, c'est que je ne peux absolument pas cautionner votre choix. Les actions d’un Chronomage doivent être surveillées en permanence, calculées, paramétrées au millimètre près. Vous avez agi inconsidérément pour des raisons personnelles…

– C'est faux, se défend-elle. J'ai pesé les conséquences, je m'efforce de n'apporter que des modifications mineures, sans conséquences sur les évènements majeurs de l'histoire commune. Je sais ce que je fais !

– C'est ce que vous pensez. Chaque modification, même mineure à vos yeux, donne naissance à un arbre des possibles infini. Avez-vous déjà entendu parler de l’effet papillon ? C'est pour celà que chaque Chronomage est recensé et recruté par le MSSD.

Amaryllis ravale sa frustration et sa colère. Elle imaginait trouver un soutien, c'était sans compter sur l'irascibilité du vieil homme. Pourtant, ils avaient déjà une conversation similaire avant ce retour dans le temps, bien qu’Arthus n'ait pas évoqué le MSSD à ce moment-là.

– Vous voulez dire que les Chronomages n'ont aucune liberté de mouvement ? ne peut-elle s’empêcher d’asséner. Sont-ils considérés comme des prisonniers, privés de leur libre arbitre ?

– Mademoiselle Amloth, il n’existe que deux Chronomages dans le monde… trois, désormais. Et oui, vos confrères ont accepté de se mettre au service du bien commun. Ils portent en permanence un catalyseur qui enregistre chacune de leur activité magique et les conditions d'utilisation de leur don sont très strictes. Mais ils ont accepté de s'y plier sans rechigner, car ils ont compris à quel point les conséquences des voyages temporels pourraient être désastreuses.

– Tout ce que je souhaite, soutient-elle, c’est de mettre fin aux agissements d'un fou dangereux qui compte invoquer une puissance inimaginable. Est-ce contraire au bien commun ?

– Je ne suis pas dupe, vous avez agi simplement pour sauver votre petit ami d'une mort certaine.

Amaryllis serre les poings, peinant à garder son calme. Arthus est fidèle à lui-même ; il manque de tact.

– Peut-être bien. J'ai agi sans votre consentement, il est vrai. De toute façon, je ne vais pas retourner dans le futur, n'est-ce pas ?

L'aplomb d’Amaryllis m'impressionne mais agace ostensiblement mon doyen qui la toise, incertain quant à la décision qu'il s'apprête à prendre. C'est lui qui détourne le regard en premier. Il se remet à faire les cent pas.

– Jusqu'où êtes-vous remontée ? demande-t-il finalement en s’affalant sur son fauteuil.

– Il y a trois semaines.

– Était-ce volontaire ?

Il cherche à savoir à quel point Amaryllis maîtrise son pouvoir. À nous deux, nous y sommes parfaitement parvenues.

– Oui. Nous avons choisi la date.

Nous ?

– Aeternalis m’a aidée.

– Et qu'en est-il, à présent ?

– Elle est toujours là, elle nous écoute.

Arthus paraît décontenancé. Je perçois l'inquiétude qui l’anime. Amaryllis lui a dévoilé ma vraie nature, cela faisait partie du récit et il aurait deviné comme il l'avait déjà fait, de toute façon. Nous savons que nous marchons sur des œufs, néanmoins nous avons besoin de toute l'aide possible.

– Je me dois d'informer le MSSD. Nous ne pouvons…

– Non, si vous faites ça, vous nous mettez en danger, elle et moi.

– Qu'est-ce que vous insinuez ?

– Rockmore a aussi des partisans là-bas. Nous ne devons faire confiance à personne mis à part à ceux et celles qui sont sur cette liste.

Amaryllis lui tend la feuille où nous avons soigneusement noté chaque professeur dont nous sommes sûres de l'intégrité et au contraire ceux des traîtres. Arthus la parcourt, bouche-bée, marmonne quelques paroles incompréhensibles mis à part le mot “Light”.

– Il y a autre chose, reprend Amaryllis. Nous devons venir en aide à Ludovic Rockmore, le frère de Jeremiah. Dès que possible.

– Comme si ça ne suffisait pas… souffle Arthus. Que savez-vous de lui et pourquoi lui viendrions-nous en aide ?

– Parce que c’est grâce à ses prédictions que nous en sommes là…


Texte publié par Wildflower8906, 21 septembre 2025 à 10h32
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