Dès l’aube, j’illumine leur chambre par les fenêtres magiques qui ornent les murs. Bien sûr, elles ne donnent pas réellement sur l’extérieur, mais l’illusion est parfaite. Mes deux tourtereaux dormaient si bien que ça me fait de la peine de les réveiller, toutefois, il ne faudrait pas qu’ils attirent l’attention sur eux en séchant les cours ou en rejoignant leurs quartiers une fois les couloirs trop encombrés. Amaryllis se protège le visage de son bras et se cache contre Jeremiah tandis que ce dernier cligne des paupières. Il est plus prompt à s’éveiller et s’enquiert en haussant un sourcil, un peu moqueur :
– Bien dormi, Jolie Fleur ?
– Pas assez… grogne-t-elle.
Déjà dissimulée sous sa propre chevelure, elle s'enfouit entre les draps et Jeremiah qui ne peut réprimer un rire.
– Tu ne le regrettes pas, j’en suis persuadé, avance-t-il avec sa suffisance habituelle.
Elle lève le visage et lui lance un regard outré, mais sourit lorsqu’il déplace d’un geste tendre ses mèches rebelles pour mieux la contempler. Tout en posant sa joue contre son torse nu, elle confirme :
– C’est vrai.
Ses sourcils se froncent quand son regard se porte sur la marque maudite que je remarque alors. Situé sur le pectoral gauche du jeune homme, le dessin est à peine visible, comme s’il avait été gravé dans son épiderme, laissant ses contours en cicatrice. L’expression d’Amaryllis se teinte de tristesse et elle recouvre le sceau de sa paume. Devinant ses pensées, Jeremiah s’empresse de la rassurer en entrelaçant leurs doigts :
– T'inquiète, c’est pas douloureux. Et puis, elle n’est pas active, autrement, elle aurait été bien plus visible et aurait bridé ma puissance magique.
– Mais si la malédiction finissait par s’activer ? J’aurais aimé pouvoir l’effacer…
– Tu m’as rappelé que j’avais un cœur, c’est déjà beaucoup, tu crois pas ? contre-t-il en décalant leurs mains liées vers son sternum comme pour prouver ses dires.
Les traits d’Amaryllis s'illuminent et elle approche ses lèvres des siennes pour y déposer un doux baiser… qui devient tout de suite bien plus passionné. Ah, la fougue de la jeunesse ! Ce n'est pas que je refuse de les laisser batifoler à nouveau, mais l'heure tourne. Je tente d'abord la manière douce, faisant jouer la lumière avec les rideaux, sans succès. J'envoie quelques feuilles voleter en bruissant autour d'eux mais ils ne s'interrompent pas pour autant. Alors, j'arrache le coussin de sous la tête de Jeremiah. Je pensais qu'il serait furieux mais il rit contre les lèvres de sa partenaire, un peu déboussolée.
– C'est bon, j'ai compris ! On va être en retard, c'est ça ?
– Loin de moi l'idée de vous déranger, mais en effet.
Il repousse doucement Amaryllis qui croise les bras, la mine boudeuse.
– Fais pas cette tête, ma Jolie Fleur. C'est juste partie remise ! la console-t-il avec un clin d'œil avant de l'embrasser sur le front.
– Tu lui parles par télépathie, c'est ça ?
– Toujours aussi perspicace ! Je pourrais aussi te dire des mots doux pendant la journée, si tu veux, lance-t-il en se dirigeant vers la salle d'eau que j'ai ouverte pour eux.
– Merci, A, y a vraiment tout ici !
– C'est ici qu’habitait mon Gardien, il fut un temps.
– Gardien de quoi ? Les logements de fonction pour le personnel de sécurité sont situés dans l'aile gauche, il me semble…
J’hésite à lui en dire plus, puis me ravise, esquivant sa question.
– Tu es bien renseigné, petit chenapan.
Heureusement pour moi, Amaryllis surgit derrière lui avant qu'il ne réitère son interrogation.
– Hey ! C'est pas galant de prendre la salle de bain en premier ! Et j'ai une envie pressante, moi !
Il pouffe de rire avant de lui laisser la place avec une légère courbette.
– Aucun souci, princesse.
Elle lui tire la langue et referme derrière lui. Curieux, il commence à fouiner dans la pièce sans aucune retenue. Que compte-t-il trouver ? Je repense à ses paroles, à son père qui cherche à me nuire… Que sait-il exactement ? Le doute s'insinue à nouveau en moi, insidieux. Pourtant, j'ai bien décidé de faire confiance à Jeremiah.
– C'est spacieux en tout cas ! me surprend-il à s'exclamer.
– Plutôt, oui.
– On pourra revenir ?
C'est drôle de découvrir ce côté enfantin, chez lui. Peut-être se dévoile-t-il enfin tel qu'il est vraiment. Je m'en veux un peu de l'avoir soupçonné, je songe même à lui dévoiler la vérité. J'ai retourné la situation dans tous les sens, si je veux pouvoir agir, il faut qu'on attire son fou dangereux de père ici. Quitte à me mettre en danger, c'est le seul moyen que j'entrevois de les protéger tous les deux.
– Bien sûr. Vous connaissez le chemin, à présent. Et surtout, je dois t'avouer quelque chose.
Le jeune homme prend un air sérieux et s'assoit au bord du lit, attentif.
– Je t'écoute.
– J'ai un plan. Un plan qui permettrait, je l’espère, de déjouer le destin. Mais pour cela, il va falloir que je te confie mon plus grand secret…
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