C’est la sonnerie du téléphone d’Amaryllis qui finit par les réveiller. Il est vingt-deux heures passées, heure du couvre feu durant la semaine, et Justine commence à s’inquiéter en constatant que son amie n’est toujours pas revenue. Jeremiah ouvre les yeux en premier, grimaçant dans sa tentative de se redresser. La couverture avec laquelle je les avais recouverts glisse au sol.
– Qu’est-ce qui s’passe ? marmonne Amaryllis d'une voix ensommeillée.
Avec une intention évidente de se rendormir, elle enfouit son visage dans le cou de Jeremiah. Celui-ci laisse échapper un petit rire, parvenant enfin à se tenir droit.
– Ton téléphone sonne, Jolie Fleur.
Amaryllis se dégage d’un coup de son étreinte, debout en un clin d'œil, comme si le son de ce timbre familier l’avait piquée au vif.
– Oh…
La jeune fille chancelle et porte une main à son crâne. Jeremiah l’attrape par les épaules.
– Tu n’aurais pas dû te lever aussi vite ! Comment tu te sens ?
Elle darde sur lui de grands yeux de biche effarouchée où se mêlent désarroi et curiosité. Conscient de la crainte qu’il lui évoque, Jeremiah lève ses paumes ouvertes en signe de paix, recule d’un pas et tente un sourire teinté de tristesse.
– Je… Je vais répondre à Justine où elle continuera de m’appeler jusqu’à ce que mort s’ensuive…
Jeremiah acquiesce en silence et fouille dans sa poche, mais il a encore oublié son propre portable dans sa chambre. Puis, il commence à jouer des épaules et masser sa nuque dont les muscles sont sûrement endoloris. Amaryllis reprend place sur le fauteuil pour prendre l’appel.
– Allô ?
– Ama ! s’écrie Justine avec soulagement à l’autre bout du fil. Je me suis trop inquiétée ! Tout va bien ??
– Oui… Désolée, je m’étais endormie.
– Endormie ? Mais tu n’es pas avec Jeremiah ?
Bien évidemment, Francis a fini par cracher le morceau suite à leur absence commune.
– Si si, il est là.
Un blanc s’installe. Amaryllis rougit et jette un regard en coin à Jeremiah en réalisant ce qu’elle vient d’affirmer. Ce dernier se tient à présent planté devant le drap recouvrant son tableau dans une attitude méditative, visiblement inconscient de la conversation qui se déroule.
– Euh… Ama ? Tu dors avec lui ?
– Oui… Enfin… Non ! On a fait que dormir, Juju ! chuchote-t-elle avec une main sur le micro.
Jeremiah hausse un sourcil, amusé, toutefois, il ne se manifeste pas.
– Moui…
– Tu me prends pour qui ! s’indigne Amaryllis.
– Bon, bon ! J’te crois ! Mais avoue que c’est quand même bizarre pour un rencard, hein.
– On avait du sommeil à rattraper… Bref… Ne t’inquiète pas, d’accord ?
– Comme c’est romantique ! s’exclame Justine. Braver le couvre feu ensemble… Je devrais demander à Francis s’il serait d’accord pour qu’on tente un de ces jours ! Et tu sais, je suis trop contente, on pourra faire des double-dates, c’est trop bien !
Amaryllis ne peut s’empêcher de pouffer devant l’enthousiasme de son amie. De mon côté, je trouve l’idée absolument fabuleuse. Enfin des activités normales pour des étudiants… Tout dépend de la conversation qui va suivre et que j’attends avec grande impatience.
– T’as raison ! Merci d’avoir pris de mes nouvelles, on se voit demain ! Bonne nuit ! conclut Amaryllis face à une Justine survoltée.
Jeremiah continue de fixer le tissu dissimulant son œuvre. J’ai bien compris qu’il avait suivi toute la conversation, du moins les paroles d’Amaryllis.
– Tu lui as un peu raccroché au nez, constate-t-il avec un sourire en coin.
– Oh tu sais, quand elle est lancée, si on ne l’arrête plus…
Tout en lui répondant, Amaryllis se lève et s’approche de quelques pas.
– Je l’ai déjà vu… le portrait que tu as peint pour moi. C’est ce qui m’a décidée à t’envoyer un message, hier.
– Vraiment ? s’enquiert Jeremiah en reportant son attention sur elle. Alors… Il te plaît ?
– Oui… J’aimerais beaucoup le revoir.
Sans attendre, Jeremiah dévoile la toile colorée. Ses nuances pastels et le bonheur qui y transparaît m’émeuvent encore une fois. Les yeux brillants, Amaryllis lui offre un sourire qu’il lui rend. Elle contemple le tableau avec admiration.
– C’est comme ça que j’aime te voir, rayonnante et insouciante.
Quelques larmes coulent sur les joues de la jeune fille. Jeremiah esquisse un geste vers elle mais se ravise.
– C’est vraiment magnifique… Merci, murmure-t-elle dans son émoi.
Finalement, c’est elle qui l’enlace avec douceur. Je les trouve vraiment mignons, tous les deux. La perspective d’une séparation ou d’une tragédie prochaine me fend le cœur. Pourvu que je puisse intervenir s’il se passe quelque chose… Une ébauche d’idée m'apparaît soudain, mais le fil de mes pensées est interrompu.
– J’ai… beaucoup de choses à te dire, annonce Jeremiah en lui rendant son étreinte.
– Attends, profitons d’abord de cet instant, tu veux bien ?
Le jeune homme ose déposer un baiser empreint de tendresse dans la chevelure immaculée d’Amaryllis qui sourit et se serre un peu plus fort contre lui.
– Dommage que tu ne te souviennes pas de notre premier baiser… regrette-t-elle. C’était absolument magique !
Jeremiah sursaute à cette allusion.
– De quoi tu parles ? s’étrangle-t-il presque en l'éloignant pour lui faire face.
– C’était juste avant… enfin…
– On s’est embrassés ??
– Puisque je te le dis ! confirme Amaryllis en riant.
– Tu m’as pas raconté ça, A !
– Cela ne m’a pas paru primordial.
– Tssss…
Il secoue la tête pour montrer sa désapprobation. Une fois remis de sa surprise, il réfléchit un instant avant de proposer en ancrant ses prunelles à celles de la jeune fille qui ne cesse de le scruter :
– Et si on rejouait la scène ?
– D’accord, répond-elle dans un sourire malicieux. Alors embrasse-moi.
– Waouh…
– Ou c’est moi qui le ferai.
Comme quelques heures auparavant, ils s’embrassent dans une délicate exaltation, mais cette fois-ci, Amaryllis saisit la nuque de son amoureux et prolonge leur baiser avec passion.
– Ça s'est vraiment passé comme ça ? souffle Jeremiah lorsque leurs lèvres se séparent.
– À peu de chose près… oui.
Il pose son front sur le sien tout en encadrant son visage de ses mains.
– Merci d'avoir choisi de me faire confiance, malgré ce qu’Arthus t'a révélé…
– Comment est-ce que…
Amaryllis se tourne vivement vers l’immense miroir au fond de la pièce. Inutile de tergiverser.
Oui
Je communique aussi avec lui
– Alors ça ! Tu n'es pas étonné ?
– Je l'avais déjà deviné, confirme Jeremiah avec amusement.
– Combien de personnes sont au courant de ton existence ? Je croyais que c'était un secret !
– Sois pas jalouse, ma Jolie Fleur, je suis sûr que c'est toi sa préférée.
Amaryllis croise les bras mais sourit en levant un sourcil :
– Ça ne répond pas à ma question.
Je ne le sais pas exactement
Quelques personnes savent
Mais vous avez le privilège de communiquer avec moi
Jeremiah prend un air préoccupé tout à coup.
– Bon… Je crois qu'il est temps de mettre tout ça au clair.
Un gargouillis se fait entendre et Amaryllis s'empourpre. C'est vrai qu'il n'ont rien avalé depuis le déjeuner. Jeremiah dont l’expression sérieuse s'est à nouveau envolée se dirige vers l'un des placards et en sort quelques petits gâteaux sous le regard médusé et gourmand de la jeune fille affamée.
– J'ai squatté pas mal de temps ici… On pourra discuter en grignotant, offre-t-il en lui tendant l'une des douceurs.
– Bonne idée !
C'est donc le moment de jouer cartes sur table. Mais n'avons nous réellement plus rien à cacher, chacun de notre côté ?
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3142 histoires publiées 1387 membres inscrits Notre membre le plus récent est Thigat |