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23.Trouvailles

Ce mardi commence de manière un peu particulière. Mme Brun déboule en trombe dans le bureau d’Arthus, sans même frapper à la porte.

– Arthus. J'ai la preuve de ce que j'avance !

Dérangé en plein travail, Arthus aurait dû être agacé, au lieu de quoi, il prend un air grave et résigné.

– Je t'écoute, Martine.

– Voilà. J'ai découvert plusieurs choses concernant les Amloth.

Tout en parlant, elle sort de son sac une pochette.

– J'ai trouvé des preuves qu’Althea Amloth était enceinte, il y a dix-huit ans. Les rapports concluent à une fausse couche mais je soupçonne qu'ils aient été trafiqués. À terme, l'enfant serait née aux alentours du mois de mars 2007. Tu n'es pas sans connaître les caractéristiques physiques transmises aux femmes de cette lignée…

– Des cheveux immaculés et des iris couleur rubis… murmure Arthus comme s'il s'en souvenait à peine.

– Le frère d’Althea venait de trouver la mort dans des circonstances douteuses. Le couple a dû vouloir protéger leur enfant.

– Doucement Martine, tout cela me donne la migraine…

Il souffle bruyamment et s’avachit sur son fauteuil.

– Si je t'ai éloignée, c'était pour te protéger. Je n'aurais jamais pensé que tu puisses t’entêter à faire ces recherches en dehors de notre établissement ! D'ailleurs, comment as-tu pu obtenir toutes ces informations ?

– J'ai un contact au MSSD. Et attends ! Ce n'est pas tout. Je ne suis pas la seule à avoir fouillé dans le dossier des Amloth. En cherchant pour moi, mon contact s'est rendu compte que le dossier avait été consulté illégalement plus tôt dans l'année.

– Pire, enchérit Arthus, il y a un, ou je dirais même plusieurs infiltrés parmi nous. Un sort maintenu nous a empêché de comprendre ces indices plus tôt. Son utilisateur faiblit, mais il est toujours à l'œuvre.

Martine blêmit.

– Des partisans des Rockmore, ici ?

– J'en ai bien peur. Et ils en ont après la petite Amaryllis. Reprends-donc tes fonctions, inutile de t'éloigner, désormais. Tiens-moi au courant du moindre indice que tu pourrais trouver. Tout le monde peut être suspect, professeurs comme étudiants.

– Ne devrions nous pas en informer la petite ?

– Ça, laisse-moi m'en charger. J'espère démasquer l'imposteur télépathe incessamment sous peu. Il doit être parmi les professeurs, ce sort demande une grande maîtrise. Garde Amaryllis à l'œil quand tu en as l'occasion, mais mieux vaut ne pas attirer l'attention sur elle.

– D'accord, je serai vigilante.

– Bonne journée, Martine.

L’étau se resserre. Pour l’instant, Arthus soupçonne plutôt un professeur, mais il ne tardera pas à comprendre. Peut-être que je devrais prévenir Jeremiah. Il est en cours et ne risque pas de m’accorder de l’attention, mais il finit plus tôt que d’habitude cet après-midi, suite à l’absence d’un professeur. L’épidémie de grippe sévit encore. D'ailleurs, Lucas n'est pas revenu de chez ses parents, en ce début de semaine.

– Génial d’avoir un peu de temps libre, s'enthousiasme Francis en quittant leur dernière salle de cours, je vais en profiter pour me dégourdir les jambes en attendant mon rencard avec Justine, tu viens ?

– Non, je suis fatigué. Je vais plutôt me reposer.

– C’est vrai que t’as vraiment une sale tête, en ce moment… Tu sais, la nuit c’est fait pour dormir, mon pote. Tu crois que j’ai pas remarqué ton petit manège ? Tu fais quoi, exactement, quand tu sors, toutes les nuits ?

– J’ai des insomnies. Je prends l’air, c’est tout.

– Mouais, on est pas censé quitter nos chambres après le couvre-feu, j’te rappelle. Tu vas finir par te faire gauler. Et tu veux toujours pas te faire soigner ? Paraît que l'infirmière ici fait aussi du soutien psy, et elle est mignonne en plus…

– On est pas non plus censé sortir avec des étudiantes ordinaires, j’te rappelle.

Francis fait la moue face à la pique de son ami. Ce dernier détourne les yeux avant de reprendre sur un ton plus nuancé :

– Écoute, j’apprécie que tu te fasses du souci pour moi, mais je suis assez grand pour peser les conséquences de mes actes. Et puis t’inquiète, je gère.

– Moui… Comme d’habitude, quoi. Tes fameuses conditions sont pas encore réunies, hein ? s’inquiète soudain Francis.

– Arrête avec ça… Je te rappelle que je n’aurai vingt ans que samedi. Si j’ai besoin d’aide, tu seras le premier informé, ok ?

– Bon… Ok, repose-toi bien, alors.

Francis s'éloigne après avoir pressé l'épaule de son ami avec sollicitude. J’interpelle Jeremiah lorsqu’il entre dans sa chambre et passe devant son miroir.

Arthus commence à avoir des soupçons

Il risque de te percer à jour

– Qu’est-ce que vous avez tous, aujourd’hui ? Tout est sous contrôle, A.

Son assurance m’énerve, mais je sens bien qu’au fond, il tente de se rassurer lui-même. Après tout, il a d’autres préoccupations ce jour. Je suis certaine que l’idée de revoir Amaryllis accapare ses pensées. Même s’il m’a répondu qu’il n’avait pas encore décidé, hier soir, je suis sûre qu’il ne pourra pas résister à la tentation de se rendre à ce rendez-vous. Une fois allongé, Jeremiah sombre rapidement dans un profond sommeil.