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tome 1, Chapitre 18 « Panique à bord » tome 1, Chapitre 18

18. Panique à bord

Suite à l'épisode de lundi, j'ai pu discuter avec Amaryllis qui redoute cet entretien. Je l'ai enjointe à la prudence, le mieux serait qu’Arthus pense s'être trompé. S'il obtient la confirmation de ce qu'il soupçonne, tout le monde sera au courant. Elle n'en a pas parlé à Jeremiah, avec qui elle vient de finir sa leçon du jour. Aujourd'hui, ils ont travaillé sur plusieurs sorts simples de rangement ou de réparation, jusqu'à ce qu’Amaryllis s'effondre sur l'un des fauteuils, épuisée. Jeremiah s'affaire à remettre de l'ordre dans la pièce.

– Dis… Pourquoi tu as arrêté de peindre ? demande-t-elle soudainement en l’observant.

– C'est… une longue histoire.

– On a encore le temps pour discuter, non ? Je suis sûre que tu es doué, tu crois que tu pourrais peindre mon portrait ?

Jeremiah cille, perturbé par cette proposition. Face à Amaryllis, il semble parfois perdre tous ses moyens.

– Je… J’ai promis à mon pote de passer du temps avec lui, ce soir… Si ça te dit, on pourrait manger un bout ensemble, vendredi ?

Il ouvre la porte pour la laisser passer et ils avancent côte à côte dans le couloir.

– Oh, désolée mais Justine m'a invitée ce soir-là tout à l'heure…

– Aucun problème. Du coup, tu es dispo quand, pour notre prochain cours ?

– Ça ne change rien pour vendredi, je partirai juste après ! Tu veux pas qu'on s'échange nos numéros ? Ce sera plus simple pour communiquer, non ?

– Oui, ok.

Après avoir replacé correctement le cadre, ils enregistrent chacun leur numéro et descendent les escaliers. Amaryllis triture une mèche de ses cheveux entre ses doigts et reste silencieuse.

– Dis-moi, Jolie Fleur, quelque chose ne va pas ? J'ai remarqué que tu as été un peu ailleurs, aujourd'hui.

– Non, c'est juste que demain…

– Oh, Jeremiah, mon chou ! Je t'ai cherché partout !

Au coin du couloir, Marina vient d'apparaître, toujours aussi fringante que d'habitude.

– Oh non, pas elle… maugrée Jeremiah.

– Qu'est-ce que tu faisais avec cette… fille ?

La jalousie transpire par chacun des pores de la groupie qui fixe Amaryllis avec dégoût.

– C'est mon petit ami, affirme cette dernière en prenant la main de Jeremiah.

Sérieusement ? Elle recommence avec ça ? Marina s'empourpre et son visage se crispe, si bien qu'elle ressemble à une tomate biscornue. Jeremiah, quant à lui, reste totalement impassible.

– Ah oui ? s'énerve la pivoine d'une voix frôlant l'hystérie. Mais c'est pourtant à moi, qu'il avait offert ce bouquet de roses rouges !

– Simple erreur de porte, affirme Jeremiah en haussant les épaules avec désinvolture.

Le jeune homme resserre sa prise sur les doigts de sa sauveuse dont les joues rosissent un peu et offre à son admiratrice un sourire contrit. Amaryllis, quant à elle, a décidé de jouer son rôle jusqu'au bout et se serre contre lui.

– Oh, merci, c'est adorable chaton ! J’dois y aller, à très vite !

La jeune fille dépose un rapide baiser à la commissure des lèvres de son faux petit ami qui reste interdit puis s'éloigne, sa longue chevelure flottant derrière elle. Les lèvres de Marina se froissent et elle éclate dans un sanglot théâtral en quittant les lieux. Jeremiah porte machinalement une main à l'endroit où Amaryllis l'a embrassé, puis se met à faire les cent pas. C'est étrange, il a l'air plutôt angoissé.

– T'avais raison depuis le début…

Il lui aura fallu le temps, pour arrêter de se voiler la face. Et quelques circonstances hasardeuses, aussi.

– J'ai toujours raison.

Le jeune homme s'arrête et se dirige vers sa chambre, les épaules basses. Il arrive à destination sans un mot de plus, puis referme la porte derrière lui dans un mouvement las.

– Tu comprends pas… J’suis foutu !

Quel défaitisme ! Quelle est sa vision d'une relation amoureuse, pour qu'il se mette dans un tel état ? Je tente de nuancer :

– Ce n'est pas si dramatique… Tu ne crois pas que ça pourrait même être réciproque ?

– Ce serait encore pire… soupire-t-il en se laissant choir sur son matelas. J'aurais mieux fait de la livrer dès le départ, avant de m'attacher à elle…

– N'importe quoi ! Je suis sûre que tu l'aurais regretté.

– C'est vrai… Mais au moins, je n'aurais pas signé mon arrêt de mort !

Choquée par cette affirmation, je ne réponds pas tout de suite. Il a l'air si sûr de son sort !

– Mais qu'est-ce que tu racontes, enfin ?

– J'aurais dû l'écouter, je n'aurais jamais dû mettre les pieds ici…

– Écouter qui ?

Notre conversation est malheureusement interrompue par la porte qui s'ouvre à la volée sur un Francis survolté.

– Hey, mec, tu vas pas l'croire ! J'ai… Euh… Jerem ?

Il s'approche de son ami, soucieux. Vu son état, il y a de quoi s'inquiéter. Jeremiah n'a même pas tourné sa tête, posée entre ses mains crispées, et continue de fixer le mur devant lui avec un regard vide.

– Qu'est-ce qui t'arrive ?? T'as l'air au bout du rouleau !

– Ouais, j'y suis… murmure-t-il. T'as pas idée…

Francis écarquille les yeux, sous le choc lui aussi.

– Oulaaa… Attends attends… Faut qu'on cause, là. Raconte tout à tonton Francky !

Jeremiah laisse échapper un léger rire.

– Y a que toi pour paraître drôle même quand je suis au bord du gouffre.

– Pour te servir ! Mais sérieusement, je t'ai jamais vu comme ça… Tu veux en parler ? Ou tu préfères qu'on sorte entre mecs pour te changer les idées ? Y a un pub sympa qui vient d'ouvrir pas loin… Paraît qu’ils jouent de la bonne musique !

– Tu sais quoi ? répond Jeremiah en se levant d'un bond. J’te suis.

– Yeaaah ! C'est parti ! Et j'ai une super nouvelle à t'annoncer !

Pas sûre que ce soit l'idée du siècle, mais au moins il a réussi à sortir Jeremiah de son apathie morbide.

– Quoi, ça y est ? demande ce dernier en retrouvant sa verve habituelle. T'as fait ta demande en mariage ?

– Non, mais j'ai enfin décidé d'assumer ! Enfin, on a prévu de faire notre annonce officielle bientôt, mais on veut faire ça bien ! On va organiser une super soirée, tu viendras, hein ?

– Ça fait pas un peu… Trop ? grimace Jeremiah.

– Au moins on sait ce qu’on veut, pas comme…

– Allons à ce foutu pub, tu veux bien ?

– Ok chef !

Francis mime un bon petit soldat et ils se mettent en route, me laissant avec mes interrogations. La réaction de Jeremiah me paraît disproportionnée. La prise de conscience de ses sentiments pour Amaryllis l'a anéanti. Pourquoi ? En tout cas, j'espère qu'il ne va pas trop noyer son chagrin dans l'alcool, ils ont quand même cours, demain…


Texte publié par Wildflower8906, 30 avril 2025 à 09h03
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