À la tombée du jour, Aelia et Célia regagnèrent le palais, encore imprégnées de leurs découvertes de la journée. Dans la grande salle, leur regard fut aussitôt happé par l’affluence inhabituelle.
De nombreux religieux occupaient la table la plus à droite, tandis que Luka et ses conseillers s’étaient installés à l’opposé, laissant celle du milieu vide, telle une frontière symbolique entre les deux groupes. La tension dans la pièce était palpable, l’ambiance pesante. Chacun mesurait ses mots, comme si le moindre écart risquait d’enflammer l’autre camp. Un visionnaire aperçut les deux humaines et le murmura à son voisin, puis à un autre… En quelques secondes, tous furent au courant. Peu à peu, des regards noirs et des murmures hostiles s’élevèrent en leur direction.
Conscientes que la moindre réaction exagérée de leur part ne ferait qu’ajouter aux arguments de leurs détracteurs, les sœurs restèrent stoïques. Luka, qui sentit la tension monter, quitta sa place, vint à leur rencontre et les conduisit hors de la salle.
— Ils sont à cran à cause de la réunion de ce matin, expliqua-t-il d’un ton désolé. Ignorez-les, et surtout, ne répondez pas aux provocations s’ils cherchent l’affrontement. Restez dans vos quartiers pour l’instant. Je viendrai vous chercher pour le dîner.
Déboussolées, les deux sœurs hochèrent la tête et s’exécutèrent.
Alors qu’elles rejoignaient le couloir menant à leur chambre, une silhouette familière se détacha de l’ombre. Un vieil elfe, figé jusqu’à leur arrivée, s’avança lentement vers elles, les mains jointes dans le dos. Les sœurs s’arrêtèrent. Célia fit un pas en avant, se plaçant instinctivement devant Aelia.
Caldor s’approcha d’eux sans ralentir, les jaugeant d’un regard hautain, le menton levé. Son visage n’exprimait qu’un mépris glacial.
— Humaines maudites, pétries de mensonges et de fourberie, cracha-t-il. Vous souillez nos terres sacrées par votre seule présence. Si vous êtes encore ici, c’est uniquement grâce à la clémence, ou devrais-je dire à la faiblesse, de la fille de la Grande Prêtresse.
Son ton dur accentuait la différence de stature entre lui et les sœurs. Son caractère austère contrastait tant avec la gentillesse d’Erulyn et des autres habitants de Sylvae... Aelia luttait déjà contre les larmes. Célia, les poings serrés, contenait sa rage. Elle tenta malgré tout d’opter pour la voie diplomatique.
— Pourquoi vous nous détestez tant ? Nous n’avons rien fait de mal. Nous pouvons certainement discuter calmem…
— C’est bien la seule chose que savent faire les vôtres afin de mieux poignarder dans le dos, la coupa-t-il sèchement. Je n’ai aucune confiance en votre peuple et croyez-moi, je ferai tout pour vous chasser.
Célia baissa les yeux, redoutant que ses menaces ne deviennent réalité. Si les elfes les chassaient du Cratère Sylvestre sans qu’un allié comme Tyane ne les protège, jamais elles ne reverraient Uleth vivantes. Une dure realité qui lui fit songer à son village natal.
Comment allaient-ils, là-bas, à Uleth ? Avaient-ils encore assez de vivres pour tenir l’hiver ? Les provisions des Lumiailes ne dureraient pas éternellement… Son fil de pensée ne put exclure les Neantys. Rôdaient-ils toujours dans les Plaines d’Ashon ? Est-ce que la Pourfendeuse de Démons était retournée là-bas après leur rencontre devant le portail elfique ? De tout son cœur, elle espérait que tout allait bien là-bas. Célia serra les poings, ses émotions bouillonnantes prêtes à jaillir.
— Vous ne savez rien de nous… lâcha-t-elle. Vous vivez certainement bien au chaud dans votre temple et passez vos journées à prier, pendant que nous devons prendre de gros risques pour survivre…
L’archidiacre se mit à ricaner. Il se baissa, approcha son visage arborant un sourire malsain vers celui Célia et parla d’un ton parfaitement intelligible.
— Si les démons pouvaient finalement confirmer les chroniques du passé… et vous exterminaient jusqu’au dernier, peut-être qu’Aldria retrouverait enfin sa pureté.
C’en était trop pour Célia qui allait le frapper de toutes ses forces, lorsque soudain, un épais halo d’ombre jaillit à leurs pieds. L’elfe et l’humaine reculèrent par réflexe et, avant même de comprendre ce qu’il se passait, les deux se retrouvèrent chacun avec une lame sous le menton, la pointe à un souffle de leurs gorges.
Le halo s’évanouit, révélant Tyane, campée entre eux, les bras tendus, lame en main, le visage fermé, figé dans une impassible autorité.
— La journée a été longue. Inutile de la finir dans une mare de sang.
Elle n’avait pas bougé d’un pouce, le regard figé droit devant elle. Sa voix, calme mais glaciale, résonna comme un ordre sans appel pour les sœurs.
— Vous deux, retournez dans votre chambre. Ne la quittez sous aucun prétexte tant qu’on ne viendra pas vous chercher.
Encore sous le choc, Aelia et Célia s’exécutèrent. Déconcertées par son ton autant que par la tension de la scène, elles s’éloignèrent sans un mot.
Tyane fit ensuite face à Caldor, ses bras désormais baissés, mais son regard toujours aussi perçant.
— Vous… vieux serpent. Après avoir envenimé la dernière réunion et jeté l’opprobre sur notre régente, il faut maintenant que vous vous en preniez à ces deux-là ? Vous attendiez qu’elle perde son sang-froid. Une provocation de plus, et vous auriez exigé leur enfermement.
L’archidiacre plissa les yeux, un sourire mauvais au coin des lèvres.
— Depuis quand les Neantys savent-ils réfléchir ? Pauvre déchue… Même Alyona ne t’accordera pas une place dans ses Forêts Éthérées.
Tyane ne sourcilla pas, même si la pique l’avait atteinte.
— Et vous, dans vos prières creuses, pensez-vous vraiment qu’elle vous accueillera à ses côtés ? Vous qui trahissez tout ce qu’elle a défendu de son vivant, et que son souvenir nous transmet encore aujourd’hui ?
Caldor émit un rire bref, presque méprisant, puis tourna les talons. Il retourna dans la grande salle et donna l'ordre à ses fidèles de le suivre à l'extérieur. Les conseillers purent discuter plus ouvertement de la situation.
Le calme était revenu dans les couloirs du palais, mais pas dans l’esprit de Célia. Tandis que le silence nocturne enveloppait Sylvae, elle s’était installée au balcon, les coudes appuyés sur la rambarde, les cheveux jouant avec le vent. Son regard se perdait dans les ruelles illuminées de la capitale elfique. C’était devenu un rituel : chaque soir, une fois Aelia endormie, elle venait s’isoler et laisser ses pensées vagabonder. Cette culture étrangère à laquelle elle s’attachait un peu plus chaque jour, ces citadins si empreints de douceur et de générosité... Pourtant, ce soir, elle n’arrivait pas à faire sortir de sa tête les propos de cet archidiacre dogmatique. S’il osait insulter encore une fois les siens, même Tyane ne l’arrêterait pas.
Uleth commençait à lui manquer. Voilà trois semaines qu’elle avait fui avec sa sœur et le souvenir de leur foyer s’imposait de plus en plus à son esprit. Ses parents la cherchaient-ils encore, ou avaient-ils renoncé ? La mélancolie monta, discrète mais tenace. Une larme sincère roula sur sa joue sans qu’elle s’en aperçoive. Reverrait-elle un jour son village ? Ou serait-elle prisonnière ici à jamais ? Plus les jours passaient, plus cette idée faisait son chemin. Elle apprenait à l’accepter, à s’y résigner. Pour l’heure, Aelia et elle étaient en vie, c’était bien là l’essentiel.
Un peu apaisée, Célia referma les fenêtres et s’apprêta à rejoindre sa sœur quand quelqu’un frappa doucement à la porte. Elle sursauta. Qui cela pouvait-il être, surtout à une heure pareille ?
Méfiante, elle s’approcha à pas lents. Était-ce Milys ou Luka, venus leur apporter un dîner tardif ? Ou bien… Caldor ? Rien que d’y penser, son estomac se noua. Mais si c’était lui, elle savait où se trouvait son épée.
— Qui est là ? demanda-t-elle.
— Milys, répondit une voix basse.
Célia ouvrit. Elle plissa des yeux à cause de la lumière d’un bougeoir.
— Erulyn souhaiterait s’entretenir avec vous dans ses quartiers, informa l’intendante. Auriez-vous un peu de temps à lui accorder ?
Célia demeura un moment stupéfaite. De quoi la dirigeante du Cratère Sylvestre en personne voulait-elle parler avec elle et en pleine nuit ? Certainement de l’incident de tout à l’heure.
— Très bien, accepta l’humaine. Laissez-moi juste m’habiller.
— Prenez aussi votre lame, on ne sait jamais.
Le conseil troubla un instant Célia, mais elle imaginait que tout pouvait arriver. Changée, Célia jeta un coup d’œil vers sa sœur endormie. Était-il prudent de la laisser seule ?
Après un instant de réflexion, elle verrouilla silencieusement la porte depuis l’extérieur et glissa la clé dans sa poche. Elle reviendrait vite. Elle emboîta le pas à Milys vers les quartiers d’Erulyn. L’elfe entra la première.
À l’intérieur, Célia aperçut Erulyn, assise dans un grand fauteuil, un peu à l’écart. La régente avait le regard bas, les mains crispées sur ses genoux. Elle qui paraissait encore souriante ces derniers jours semblait soudain vide, absente. Que lui arrivait-il ce soir ?
Tyane se tenait à l’écart, adossée au mur, les bras croisés, les yeux fixés sur elle sans ciller.
Milys verrouilla la porte, puis alla se placer aux côtés d’Erulyn. Elle prit la parole :
— Tyane nous a rapporté votre altercation avec l’archidiacre Caldor.
Célia écarquilla les yeux.
— Sachez que nous ne vous tiendrons aucunement rigueur de cet incident. Il vous a tendu un piège, et grâce à Tyane, aucun conflit n’a éclaté. Cela dit, si vous aviez cédé à la colère, nous aurions été contraintes de vous emprisonner. La loi est claire : nul ne peut porter la main sur une haute autorité, quelle qu’elle soit.
Célia tourna les yeux vers Tyane, celle qui lui avait, une fois de plus, évité un sort funeste. La dette qu’elle lui devait ne cessait de s’alourdir.
— Merci… souffla-t-elle.
L’elfe se contenta d’un hochement de tête.
— Maintenant, écoute bien ce que Milys a à te dire.
Milys prit la parole d’une voix plus claire.
— Comme vous le savez certainement, car l’information figurait dans le carnet que vous m’avez remis, notre souveraine, qui porte aussi le titre de Grande Prêtresse, a disparu il y a quelques mois dans des circonstances encore floues. Depuis, c’est sa fille, Erulyn, qui assure la régence, avec des avis divergents. D’un côté, ceux qui la soutiennent, et de l’autre, ceux qui ne reconnaissent pas sa légitimité.
— Pourquoi les gens la rejettent-ils si c’est sa fille ? demanda l’humaine, avec ses aprioris sur la succession dans la noblesse.
— Chez nous, les elfes, notre dirigeante n’est pas uniquement choisie par descendance, mais par illumination. La Grande Prêtresse est désignée par Alyona elle-même, qui la baigne de sa lumière divine et lui accorde ses dons. Cependant, la condition primordiale est que la précédente dirigeante doit perdre la vie. Selon nos croyances, la Grande Prêtresse défunte rend ses pouvoirs à notre déesse dans son royaume éthéré, avant que celle-ci ne les lègue à sa nouvelle élue. Sauf que…
Par respect pour la principale concernée, l’intendante s’interrompit pour la laisser conclure.
— Je n’ai ni reçu sa lumière ni ses dons, dit tristement Erulyn. Aucun autre elfe non plus. Cela signifie que ma mère est toujours vivante, quelque part…
Un silence pesant s’installa. Même Tyane détourna brièvement le regard.
— La disparition de notre souveraine et les troubles causés par les Neantys ont ravivé les ambitions de Caldor, ajouta Milys. Il prétend que les recherches pour retrouver la Grande Prêtresse sont une priorité, mais en vérité, il espère qu’elle ne revienne jamais. Il veut s’emparer du pouvoir, peu importent les moyens.
Célia écoutait en silence, touchée par ce récit. Tout cela la dépassait, elle le sentait.
— Je doute qu’Aelia ou moi puissions changer quoi que ce soit pour un peuple comme le vôtre…
Tyane prit le relais face à la réaction légitime de l’humaine.
— Célia. Les informations que tu nous as fournies ont grandement servi notre cause. Nous en savons plus sur la Pourfendeuse de Démons, sur les Neantys… et même sur certains agissements suspects des Lumiailes.
Elle marqua une courte pause, presque hésitante.
— Et sur un plan plus personnel… tu as aidé une de mes subordonnées. Tu te souviens de Ryn ? Elle a retrouvé de l’aplomb depuis son passage à Avgang. Ne sous-estime pas tes capacités ni l’influence que tu peux avoir sur autrui. Ce serait un regrettable gâchis.
Célia resta méfiante. Autant de compliments venant d’une personne aussi impitoyable que Tyane ? Cela cachait forcément quelque chose.
— Qu’attendez-vous de moi ?
— Nous ne pouvons pas vous renvoyer, Aelia et toi, dans votre région d’origine, déclara calmement Milys. Vous connaissez désormais l’existence du Cratère, et nous ne prendrons pas le risque que d’autres humains l’apprennent à leur tour.
— Alors… nous allons passer le reste de notre vie ici ?
— J’en ai bien peur, confirma Tyane, sans même chercher à adoucir ses mots. Ton altercation avec l’archidiacre a signé, en quelque sorte, le début de la fin. Les visionnaires feront tout pour vous faire disparaître du Cratère, mortes ou vives. Bien sûr, tu peux toujours me demander de vous ramener dans les Crêtes Dormantes, mais je n’irai pas plus loin. Et sans aide… crois-tu vraiment pouvoir retrouver seule le chemin de ton village ?
Tout sonnait juste. Cruel, mais juste. Et Célia n’avait rien à répondre. Si Aelia et elle ne pouvaient rentrer à Uleth, si leur simple présence ici suffisait à en faire des cibles… alors où pouvaient-elles encore espérer être en sécurité ?
— Il n’y a vraiment… aucune solution pour nous ? demanda Célia, la voix voilée de résignation.
— Ta sœur, non, répliqua Tyane. Elle passe son temps à pleurnicher au moindre obstacle…
La pique fit monter la colère de Célia. C’était déjà la deuxième fois qu’on insultait Aelia aujourd’hui.
— … mais toi, poursuivit Tyane sans se démonter, tu peux encore accomplir bien plus que tu ne l’imagines.
— Comment ça ?
Milys s’interposa d’un raclement de gorge ferme, comme pour prévenir tout débordement.
— Tyane, en plus d’être notre Maître-espionne, dirige l’Ordre des Racines, expliqua-t-elle. Ce sont les combattantes d’élite de notre peuple. Leur mission : protéger notre territoire des Neantys, retrouver notre Grande Prêtresse et celle qui a causé sa disparition.
Célia sentit son cœur se serrer.
— Vous parlez de… ?
— De la Pourfendeuse de Démons, confirma Tyane. Tu la cherches, nous aussi. Alors tu vas nous aider. À compter de ce soir, considère-toi comme ma subordonnée et membre de l’Ordre des Racines.
Le visage de Célia fut empreint de panique.
— Vous plaisantez ? Je ne sais pas me battre aussi bien que vous !
— Ne me dis pas que tu comptais continuer à vivre au palais et t’amuser en ville pendant que nous cherchons cette femme ?
L’ironie dans la voix de Tyane piqua Célia. Elle savait que l’elfe ne plaisantait jamais. L’idée d’être sous ses ordres lui glaçait le sang. Elle l’avait vue à l’œuvre… et redoutait ce qu’elle ferait si elle échouait.
Tyane s’approcha lentement, puis lui tendit une main. Une main ferme, mais dépourvue d’hostilité.
— Célia, ce que je t’offre n’arrive qu’une fois : une discipline, une puissance, une maîtrise que même les meilleurs guerriers humains n’atteignent jamais.
— Je n’arriverai jamais à la cheville de Ryn, des jumelles, de cette Cornelia… et encore moins de vous ! Même avec toute une vie d’entraînement !
Tyane ne comptait pas la forcer, mais elle savait que le déclic viendrait si elle appuyait au bon endroit.
— C’est vrai. Tu ne deviendras sans doute jamais une grande combattante. Ta seule chance de survivre ici, ce serait de te terrer dans une chambre jusqu’à la fin de tes jours. Depuis le début, je n’ai vu qu’une gamine qui se berce d’illusions, pensant pouvoir retrouver une dangereuse criminelle, en brandissant une épée… qui ne lui appartient même pas.
— Vous… vous dites ça sérieusement ? gronda Célia, les poings serrés.
— Et je ne parle même pas du fardeau que tu traînes en permanence : ta misérable petite sœur…
Célia hurla de colère et leva le bras pour frapper, mais son geste dévia. Son poing effleura la joue de Tyane. L’elfe ne broncha pas d’un cil, tandis qu’Erulyn et Milys restèrent choquées.
— Tu es prête à frapper quand on touche à ce qui compte pour toi, constata la Maître-espionne en la repoussant doucement. J’apprécie cette mentalité. Ce sentiment pourrait devenir ta plus grande force. Si tu veux vraiment retrouver la Pourfendeuse de Démons, tu devras devenir plus forte. Elle est liée aux Neantys, et nous en combattrons. Depuis que tu es arrivée dans le Cratère, tu n’as pas dégainé une seule fois ton épée. Tu comptes te cacher derrière nous à chaque affrontement ?
L’elfe disait vrai et Célia ne pouvait que le reconnaître avec honte. Elle s’était laissée happer par ce monde nouveau, oubliant la raison même de son périple. Pourquoi n’avait-elle pas profité de ce temps pour s’entraîner, comme lors du voyage ? Même une heure ou deux chaque jour auraient été plus utiles que de déambuler dans les rues.
Elle inspira et rassembla son courage.
— Très bien. Si votre Ordre peut me rendre plus forte… et m’aider à retrouver la guerrière en noir, alors je suis prête à vous suivre.
— Parfait, conclut Tyane sans éclat. Nous quittons la capitale dès ce soir. Direction le Manoir Ébène.
— D’accord… Je vais réveiller Aelia.
— Ta petite sœur reste au palais.
— Quoi ?! Mais… !
— L’avoir à tes côtés va te ralentir. À chaque fois que tu seras blessée ou battue, que pourra-t-elle faire ? Te soigner ? Te défendre ? Te venger ? J’en doute.
Accepter d’être sous les ordres de Tyane était une chose, se séparer d’Aelia en était une autre. Peut-être qu’en gagnant sa confiance, elle retrouverait vite sa sœur. Célia voulait néanmoins une garantie, et se tourna vers la plus haute autorité présente dans la pièce.
— Je veux que votre régente prête serment.
Les visages des trois elfes furent pris de stupéfaction. Qu’avait-elle dit ?
— Qu’elle protégera Aelia contre l’archidiacre ou quiconque voudrait lui faire du mal.
Milys n’en revenait pas. Qui était cette personne, simple humaine arrivée dans le Cratère il y a peu, pour exiger une telle chose à Erulyn ? Il était hors de question pour leur fragile régente de…
— C’est d’accord, dit Erulyn, sans même attendre un avis extérieur.
— Erulyn ! s’exclama Milys avant de se placer devant elle, face à Célia. Vous ne pouvez pas…!
L’intendante en colère sentit une main se poser sur son épaule, la coupant et la poussant doucement de côté. Erulyn s’était levée.
— Vous avez ma parole, réaffirma-t-elle avec une voix plus sérieuse que jamais. En votre absence, je veillerai sur votre sœur, et j’assurerai personnellement sa sécurité.
— Je ne peux permettre cela ! s’insurgea Milys. Mandater quelques soldats, à la rigueur, mais confier cette tâche à notre régente ? C’est insensé !
— Intendante Milys, répliqua Tyane d’un ton sec. Vous savez pertinemment que les promesses et les serments ont valeur de loi pour notre peuple. Notre régente l’a prononcé d’elle-même, il n’y a donc plus rien à redire.
Milys pinça les lèvres et baissa la tête, visiblement contrariée. Tyane, quant à elle, fut intérieurement admirative du culot avec lequel Célia avait retourné la situation et trouvait cela un minimum formateur pour Erulyn.
— Bien, conclut la Maitre-Espionne. Si tout le monde en a terminé, alors nous partons.
Tyane fit signe à sa nouvelle subordonnée de la suivre. Juste avant, Célia remit la clé de la chambre à Erulyn, désormais responsable de la vie d’Aelia. L’humaine ne manqua pas de la regarder une dernière fois droit dans les yeux. C'était un avertissement clair : s’il arrivait quelque chose à sa sœur, même une simple blessure, alors cette personne, régente ou non, subirait sa colère.

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