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tome 1, Chapitre 4 « Marquée par l’obscurité » tome 1, Chapitre 4

Le chariot progressait sur le sentier forestier. L’atmosphère nocturne était calme, paisible, troublée seulement par le bruissement des feuillages, les sabots des deux chevaux piétinant la terre humide, et les roues grinçantes du véhicule.

Assis à l’avant, Eldan réajustait son manteau d’un geste désinvolte, son regard effleurant de temps à autre la silhouette inconsciente à l'intérieur. Il comptait offrir cette fouineuse à sa reine, en plus des offrandes accumulées durant leurs investigations. Elle se ferait un malin plaisir d’en faire une esclave docile, un jouet à briser, ou un cobaye pour ses expériences. Peut-être même les trois. Le jeune homme esquissa un sourire mauvais en coin, savourant déjà le destin de cette misérable humaine.

— Tu es sûr qu’elle est bien inconsciente ? souffla Jael, sans détourner les yeux de la route.

— Même si elle se réveillait, qu’est-ce qu’elle ferait ? répondit Eldan d’un ton détaché, en traçant leur itinéraire de retour sur une carte. Je ne suis même pas sûr qu’elle se souvienne de ce qui lui est arrivé. Dans le pire des cas, je la foudroie à nouveau.

Sans attendre la réponse de son père, il se leva, entra dans le chariot, et entreprit l’inventaire de leurs marchandises.

En parcourant les lignes de son carnet, il se remémora comment chaque produit avait été obtenu — entre transactions honnêtes et larcins sans scrupules. Il s’assit un instant, y ajouta une autre entrée, en jetant des regards satisfaits à Célia à ses pieds. Cela fait, il rangea l'ouvrage dans un petit coffre avant de regagner sa place auprès de Jael.

La nuit les enveloppait d’une quiétude reposante lorsque, au bout de deux bonnes heures de déplacement, ce dernier plissa soudain les yeux.

Plus loin sur le chemin, une forme se détachait dans l’obscurité, immobile, comme si elle cherchait à les stopper. Le convoi ralentit. Les voyageurs se redressèrent. L’éclat diffus de la lune, peinant à percer la voûte feuillue, suffisait à révéler la silhouette longue et élancée d’une femme.

Son manteau noir à trois pans, orné de motifs argentés, flottait à peine, caressé par la brise nocturne. Des ceintures de cuir croisaient son torse, encadrant un corset sombre renforcé de plaques rigides grises. Un pantalon noir, qui soulignait la finesse de ses jambes, était rentré dans des bottes de cuir souple lacées jusqu’à mi-mollet. Un col haut encadrait son visage — ou plutôt l’ombre de celui-ci. Un masque noir lui couvrait les yeux et le front, ne laissant voir qu’un menton fin et des lèvres closes.

Dans sa main droite, elle tenait une longue épée à deux mains, dont le centre de la lame, ainsi que la gemme enchâssée dans la garde, brillaient d’une lueur mauve. La description des témoignages correspondait, c'était elle.

— Vous… Vous êtes celle qui pourfend les Démons, n’est-ce pas ? lança Jael avec nervosité.

— Que font deux Lumiailes si loin de la Cité Céleste… Et avec une prisonnière dans leur charrette ? rétorqua la guerrière, imperturbable.

— Nous ne sommes que de modestes marchands, répondit le père, dont la voix commençait à trahir la panique. Nous savons qui vous êtes ! Nous…!

Sans attendre, Eldan bondit avec agilité sur l’un des chevaux et utilisa son élan pour se propulser face à l’inconnue. Il dégaina son épée et adopta une posture menaçante.

— Vous ne savez pas à qui vous avez vraiment affaire, cracha-t-il avec arrogance. Si vous tenez à votre vie, écoutez ce que nous avons à vous dire. Vous avez tout à y gagner, croyez-moi.

La silhouette masquée resta immobile, et sa lame se pointa désormais vers son adversaire.

— C’est mon premier et dernier avertissement, déclara-t-elle d’un ton glacé. Libérez cette jeune fille et rentrez chez vous sans causer plus de mal.

Eldan ignora l’ultimatum et se rua sur elle. La combattante esquiva et dévia ses attaques avec une aisance presque insolente. Elle lui asséna ensuite un coup de pied retourné. Le choc le projeta plusieurs mètres en arrière.

Jael en profita pour canaliser l’énergie de son sceptre. Un jet incandescent fusa droit vers l’inconnue. Elle fit un simple pas de côté, la lumière vint s’écraser contre le sol dans une gerbe d’étincelles orangées.

— Bien, murmura-t-elle. Vous avez fait votre choix.

Elle concentra la magie dans sa main libre. Lorsqu’elle perçut un mouvement sur sa gauche, elle libéra aussitôt sa puissance dans cette direction. L’impact frappa Eldan de plein fouet. Malgré la douleur, il continua sa charge.

Son adversaire para, pivota avec fluidité et, d’un coup de lame vertical, lui trancha profondément sa clavicule et son torse. Un horrible flot de sang éclaboussa. Eldan poussa un cri bref avant de s’effondrer, raide mort. La femme masquée observa le corps sans un mot, ni satisfaction ni regret, puis se tourna machinalement vers Jael.

— À ton tour.

Jael resta figé, pétrifié par ce qu’il venait de voir. Son fils, un jeune homme talentueux et armé d’une épée enchantée forgée par les meilleurs artisans de la Cité Céleste, terrassé aussi facilement ? Son cœur tambourinait contre ses côtes, une impulsion de survie lui hurla alors de fuir. Il donna un violent coup de rênes. Les chevaux hennirent, se cabrèrent, puis s’élancèrent au galop.

La guerrière bondit sur le côté pour éviter le véhicule, puis brandit son épée. D’un geste ascendant, elle libéra un croissant translucide d’énergie mauve. L’onde trancha net la liaison entre la charrette et les bêtes qui la tractaient. Celles-ci continuèrent leur course effrénée tandis que le véhicule ralentissait et s’immobilisait. Jael, paniqué, sauta et s’enfuit dans les bois.

Il courut à perdre haleine. L’obscurité de la nuit et la lumière ténue de la demi-lune rendaient sa fuite chaotique. Il glissait sur les racines, trébuchait à plusieurs reprises, mais jamais ne s’arrêtait ni ne regardait en arrière. Finalement, il reprit son souffle derrière un arbre massif.

Son esprit tourmenté cherchait à comprendre. Qui était cette femme ? Était-ce elle, la fameuse Pourfendeuse de Démons ? Pourquoi les avait-elle attaqués ? Et d’où tirait-elle une telle puissance ?

Les feuilles bruissaient plus fort, amplifiant son angoisse. Le cri d’un hibou retentit et lui arracha un sursaut violent. Chaque battement de son cœur résonnait dans son crâne, et une sueur glacée coulait sur son front. L’avait-elle suivi, ou avait-il réussi à la semer ?

Il jeta un coup d’œil derrière l’arbre. Personne. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. Mais lorsqu’il se retourna, il se retrouva nez à nez avec la silhouette masquée. Celle-ci tendit sa main vers le cou de l’homme terrifié.

— Attendez ! implora ce dernier. Écoutez-moi ! Si vous êtes vraiment celle qui pourfend les démons, sachez que vos semblables vous haïssent !

La guerrière s’immobilisa. Le marchand sentit qu’il avait touché une corde sensible et poursuivit immédiatement.

— Vous possédez des aptitudes dignes de notre peuple ! Je peux vous introduire auprès de notre reine ! Votre place est parmi nous, je vous en prie !

Elle resta silencieuse. L’espoir se refléta alors dans les yeux de Jael, mais il fut de courte durée. D’une poigne surnaturelle, elle l’attrapa par le cou et le souleva. Ses pieds battirent dans le vide tandis qu’il suffoquait, incapable de se libérer. Les doigts de la combattante se resserrèrent sans la moindre pitié. Sentant la vie le quitter, Jael eut le temps de cracher une dernière parole méprisante.

— Sorcière… cracha-t-il dans un dernier souffle. Vous… ne serez jamais… qu’une arme… solitaire…

Son bourreau lâcha le cadavre, qui s’effondra au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Elle l’observa un instant. Cet homme avait cherché à marchander sa vie, mais il n’y avait pas de salut possible pour un criminel de son espèce. Sans un mot, elle tourna les talons et retourna à la charrette.

À l’intérieur, Célia commençait à reprendre conscience. Lorsque la jeune fille, encore bien sonnée, entrouvrit ses lourdes paupières, la première chose qu’elle aperçut fut un visage dont le regard demeurait dissimulé dans l’ombre. Elle plissa les yeux pour mieux le distinguer, avant qu’une main ne vienne se poser sur sa chevelure.

Les doigts glissèrent doucement sur son front, puis sur ses yeux pour l’inciter à les refermer. Portée ensuite par des bras réconfortants, Célia sentit un souffle froid l’entourer. Prise d’un étrange sentiment de sécurité, elle se laissa emporter dans un profond sommeil.

***

Les rires partagés avec Aelia, leurs jeux insouciants dans les ruelles d’Uleth, cette complicité tissée au fil des jours simples... tout refit surface dans l’esprit de Célia, teinté d’une douceur fragile. Elle se revit dans la forêt, un panier au bras, cueillant fruits et herbes sauvages.

Les feuilles frémissaient sous la brise, les rayons du soleil tamisaient les clairières. C’était un temps de paix, d’innocence. Un temps qui semblait appartenir à une autre vie. Mais cette nostalgie douce-amère se mua progressivement en cauchemar.

Elle fuyait à présent sur un sentier boueux qui semblait interminable. La pluie battante martelait son visage, tandis que chaque coup de tonnerre résonnait comme une menace imminente. Son cœur battait à tout rompre, étouffant presque le bruit des râles agressifs et des éclaboussures de boue qui se rapprochaient inexorablement. La présence oppressante des poursuivants transformait son angoisse en terreur pure.

À bout de souffle, Célia risqua un regard par-dessus son épaule. Son sang se glaça : de monstrueuses créatures humanoïdes la poursuivaient, leurs membres griffus irradiant une lueur violacée terrifiante. Des démons. Puisant dans ses dernières forces, Célia tenta de hâter sa course, mais son élan maladroit la fit trébucher sur une racine saillante.

Alors qu’elle se retournait, les démons avaient déjà bondi. Célia ferma les yeux, espérant que ce soit rapide et sans souffrance, mais le son qu’elle entendit ne fut pas celui de sa chair lacérée.

Lorsqu’elle osa regarder ce qu’il venait de se passer, elle vit les monstres abattus en train de se consumer… et celle qui venait de les terrasser. La foudre zébra le ciel par éclats, révélant par instants sa silhouette sombre. Célia n’y croyait pas : la Pourfendeuse de Démons. Elle était vraiment là, et l’avait encore une fois sauvée.

Les deux se fixèrent longuement. Seul le masque de la guerrière séparait leurs regards. La jeune fille allait lui exprimer sa gratitude, l’adulte tourna lentement les talons et disparut dans les ombres.

Célia se releva aussitôt et l’appela désespérément, une main tendue. Elle supplia sa protection, alors qu’une voix distordue vrillait son esprit, répétant son nom avec une insistance oppressante. Elle retomba à genoux, agrippant ses tempes, les dents serrées de souffrance. Elle s’efforça de ne pas hurler, de peur d’attirer d’autres créatures.

— Célia !

Elle voulait que cette horrible voix se taise. Elle voulait quitter ce lieu cauchemardesque. Elle voulait retrouver tout ce qu’elle aimait. La tranquillité de son village, ses habitants souriants, ses parents aimants. Et sa sœur, sa précieuse sœur qu’elle chérissait plus que tout.

— Célia !

Et soudain, tout s’évanouit.

— Célia ! Réveille-toi ! Célia !

Elle ouvrit d’un coup les yeux. La lumière du matin l’aveuglait. Son cœur battait encore à toute allure, et sa gorge était sèche, comme si elle avait réellement hurlé dans son sommeil. L’herbe humide collait à ses bras et imprégnait ses vêtements, tandis que le froid de la terre la glaçait jusqu’aux os.

Célia distingua peu à peu le visage inquiet d’Aelia penché sur elle. Derrière, sa mère tremblait, les yeux brillants d’inquiétude, tandis que son père, bras croisés, montrait une certaine sévérité.

La jeune fille reprit peu à peu conscience de son environnement. Elle se redressa et balaya les environs du regard, réalisant qu’elle se trouvait à Uleth, derrière sa maison.

— Grâce au ciel, tu es réveillée ! s’exclama Anyse.

— Pourquoi es-tu ici et pas dans ton lit ? questionna à son tour Rocvin d’un ton accusateur.

— Je… Je…

Elle fouilla sa mémoire, se rappelant être sortie la nuit dernière pour voir Jael, et puis… plus rien. Anyse l’aida à se relever, Aelia la serra immédiatement dans ses bras.

— Va te reposer dans ta chambre, ordonna Rocvin. On parlera plus tard.

Encore déboussolée, Célia l’écouta et la famille contourna la maison. Une fois sur le porche, quelqu’un courait vers l’entrée du village.

— Vite ! s’essouffla-t-il. Venez vite !

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda le père.

— Vaut mieux que vous voyiez ça vous-mêmes !

Ils se joignirent à la foule massée aux portes d’Uleth, tous les regards convergeant vers la même direction. Les murmures se fondaient en un brouhaha grandissant. Rocvin, Anyse et leurs filles se frayèrent un chemin jusqu’à l’avant.

La vue dégagée, Célia écarquilla les yeux. Son cœur manqua un battement lorsqu’elle reconnut la charrette bâchée de Jael approcher au loin. Pourtant, ce n’étaient pas les marchands qui la conduisaient. Tolan, le chasseur, menait deux chevaux d’Uleth à pied, accompagné de Rick. Beaucoup remarquèrent les cordages utilisés en guise de harnachement de fortune. La foule s’écarta, le véhicule passa l’entrée du village et s’immobilisa sur la place du marché. Rick prit la parole.

— Tolan l’a découvert près du cadavre du fils du marchand. Le père a été étranglé un peu plus loin. Ils avaient quitté le village hier soir.

— Qu’est-ce qu’il leur est arrivé ? lança quelqu’un. Des bandits ? Des démons ?

Le forgeron resta silencieux, le regard fixé sur l’avant de la charrette, et plus précisément où devait normalement se trouver la liaison en bois avec les chevaux. Il n’y avait plus rien, et au vu de la coupe parfaitement nette, impossible qu’elle se soit simplement brisée sous un poids trop important.

Tandis qu’il examinait la situation, certains villageois commencèrent à fouiller. Ils ne s’attendaient qu’à y trouver la joaillerie des marchands, mais leurs yeux s’illuminèrent en découvrant bien plus.

Des cris de joie fusèrent à l’annonce de leur trouvaille : de la nourriture conservée d’excellente qualité, des tissus luxueux, des ressources artisanales, les bijoux en question, et une dernière caisse contenant des centaines de pièces d’or.

Rapidement, l’idée de vendre ces marchandises à la capitale fortifiée fit son chemin dans les esprits. Beaucoup voyaient déjà leur village sauvé de la misère. Plus pragmatique, une paysanne d’un certain âge interpella le chef.

— Si les percepteurs trouvent ça chez nous, nous risquons de sérieux ennuis !

Bien qu’il parût peu probable que ces derniers revinssent à Uleth avant le prochain printemps, cela était vrai. Rick leva les mains pour être bien entendu.

— Les vivres seront partagés équitablement. Quant aux biens précieux, tout restera à l’intérieur jusqu’à ce que nous prenions une décision commune. Si quelqu’un se sert sans mon autorisation, il aura affaire à moi. Compris ?

Chacun garda l’avertissement à l’esprit et, alors que la foule se dispersait avec des sentiments mitigés sur la situation, Célia fixait la charrette. Une douleur fulgurante la saisit au ventre, brutale mais étrangement familière. Elle porta instinctivement la main à l’endroit frappé.

Quelque chose… ou quelqu’un… l’avait blessée ? Cette douleur lui fit se souvenir de quelque chose. Une silhouette penchée au-dessus d’elle, proche de son visage. Une obscurité au niveau des yeux, peut-être un masque ? Célia se forçait à se rappeler davantage pendant qu’Aelia la tirait doucement par le bras pour la ramener à la maison.

Arrivées dans leur chambre, Aelia insista pour que sa sœur s’allonge, et resta à son chevet, l’inquiétude lisible dans son regard. Elle patienta, espérant que son aînée briserait le silence, mais celui-ci s’éternisa. La cadette se sentit blessée de voir sa grande sœur, sa confidente de toujours, lui cacher quelque chose d’aussi important. Rassemblant son courage, elle finit par se lancer.

— Où es-tu allée hier soir ?

Célia ne répondit pas, les yeux obstinément rivés sur la fenêtre. La voix d’Aelia se brisa sous l’émotion, teintée de désespoir.

— Je te promets de ne rien dire ! Si je peux t’aider, alors je… ! S’il te plait, dis-le moi !

Ces paroles s’accrochaient à elle comme des griffes invisibles. Elle voulait répondre, mais ses pensées tournaient en rond, comme prises au piège. Une boule se forma dans sa gorge, sa respiration s’accéléra.

— Laisse-moi tranquille…

— Quoi ? Mais… !

Célia se retourna brusquement, le regard dur et perçant.

— Laisse-moi tranquille ! Va-t’en !

D’abord pétrifiée de longues secondes à se rendre compte de ce que sa sœur venait de lui dire, Aelia se précipita hors de la pièce. Célia se redressa aussitôt, une main tremblante tendue vers sa cadette fuyante.

— Non, attends ! Je… !

Trop tard. Les sanglots d’Aelia résonnaient déjà dans la maison. Quelque part, leur mère tentait de la consoler, mais Célia n’entendait plus que l’écho de sa propre voix. Dévorée par le remords, elle se laissa retomber, ramenant ses genoux contre elle. Elle enfouit son visage entre ses bras, comme si elle voulait fuir le monde, ou se fuir elle-même.


Texte publié par K. Helphine D., 23 mars 2025 à 13h15
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