La nuit semblait paisible, rythmée seulement par le froissement discret des feuillages et le grincement régulier des roues d’une charrette attelée. Assis à l’avant, Jael tenait les rênes, pendant qu’Eldan, à l’intérieur du véhicule, terminait l’inventaire des marchandises.
Feuilletant son carnet, il relisait distraitement l’origine de chaque article : certains achetés, d’autres volés, et d’autres encore extorqués derrière un sourire étudié. Sa tâche achevée, il s’accorda un instant, le regard fixé sur la silhouette inerte à ses pieds.
D’un sourire carnassier, il imaginait déjà ce qui attendait cette humaine trop curieuse. Leur reine saurait quoi faire d’elle : esclave docile, jouet brisé, ou simple cobaye… peut-être même les trois.
Après avoir griffonné une dernière entrée, il rangea l’ouvrage dans un petit coffre et rejoignit son père à l’avant.
— Tu es sûr qu’elle est bien inconsciente ? demanda Jael.
— Et que ferait-elle si elle se réveillait ? répondit Eldan avec détachement. Avec un peu de chance, elle ne se souviendra même pas de ce qui s’est passé. Dans le pire des cas, je la foudroie à nouveau.
Le fils se cala plus confortablement, et le silence retomba.
La forêt défilait lentement autour d’eux. Jael gardait les yeux fixés sur la route, l’esprit déjà tourné vers sa future rencontre avec sa Reine. Eldan pensait à sa mère, qui serait fière d’eux à leur retour. Rien ne semblait troubler ni leurs pensées ni leur progression… jusqu’à ce que, plus loin, une ombre se détache sur le chemin.
Jael et Eldan plissèrent les yeux. À mesure que la charrette s'approchait, les contours se précisaient. L’éclat diffus de la lune, filtrant à travers la voûte feuillue, révéla finalement les contours élancés d’une femme, droite et immobile, cherchant apparemment à les stopper.
Son manteau noir à trois pans, reliés par de fines ceintures et brodé de motifs argentés, ondulait légèrement au rythme du vent nocturne. Son torse était protégé par un corset sombre, renforcé de plaques rigides grises. Un pantalon noir, moulant ses jambes, se glissait dans des bottes de cuir souple lacées jusqu’à mi-mollet. Un col haut encadrait son visage, ou plutôt l’ombre de celui-ci. Un masque noir lui couvrait les yeux et le front, ne laissant apparaître qu’un menton fin et des lèvres noircies.
Dans sa main droite, elle tenait une longue épée à deux mains, dont le centre de la lame et la gemme enchâssée dans la garde diffusaient une lueur mauve. La description des témoignages correspondait. Aucun doute possible, c’était elle.
Le convoi ralentit, puis s’immobilisa à une certaine distance.
— Vous… vous êtes celle qui pourfend les démons, n’est-ce pas ? hasarda Jael, la voix tremblante.
— Que font deux Lumiailes si loin de la Cité Céleste… et avec une prisonnière dans leur charrette ? rétorqua la guerrière, imperturbable.
— Nous ne sommes que de modestes marchands, répondit le père, la panique perçant déjà sous le ton poli. Nous savons qui vous êtes ! Nous…
Sans lui laisser le temps de finir, Eldan bondit avec agilité sur l’un des chevaux et s’en servit comme appui pour se projeter face à la Pourfendeuse. Il dégaina son épée rougeoyante, et adopta une posture agressive.
— Vous ignorez à qui vous vous adressez, lança-t-il avec arrogance. Écoutez-moi attentivement, et vous y trouverez votre intérêt.
La silhouette masquée demeura immobile. Elle leva sa lame, prête au combat.
— Dernier avertissement, déclara-t-elle d’une voix glaciale. Libérez cette jeune fille et repartez.
Eldan ignora l’ultimatum et se rua sur elle. La guerrière esquiva, dévia ses assauts avec une aisance presque insolente, puis lui décocha un coup de pied retourné qui le projeta au sol.
Jael profita de l’ouverture pour canaliser l’énergie dans son sceptre. Un jet incandescent fusa, la Pourfendeuse fit un simple pas de côté. L’impact s'écrasa dans une gerbe d’étincelles orangées.
— Bien, souffla-t-elle. Vous avez fait votre choix.
Sa main libre s’illumina d’un éclat violacé. Elle allait rendre la monnaie de sa pièce au père, quand elle perçut un mouvement sur sa gauche. Sans regarder, elle libéra sa puissance dans cette direction. L’impact heurta Eldan en plein élan. Malgré la douleur, il continua sa charge.
Elle para, pivota sur elle-même, et d’un coup de lame vertical, lui trancha profondément la clavicule et le torse. Le sang jaillit, éclaboussant la terre. Eldan poussa un cri bref avant de s’effondrer, raide mort. La femme masquée le contempla un instant, sans satisfaction ni remords, puis leva lentement les yeux vers Jael.
Jael resta pétrifié par ce qu’il venait de voir. Son fils, si talentueux, porteur d’une épée enchantée forgée par les meilleurs artisans de la Cité Céleste, réduit à un cadavre en quelques secondes. Son cœur tambourinait contre ses côtes. Une impulsion de survie lui hurla de fuir.
Il donna un violent coup de rênes. Les chevaux hennirent, se cabrèrent, puis s’élancèrent au galop.
Dans un mouvement fluide, la guerrière se déroba à la trajectoire du véhicule lancé, sa lame traçant un arc ascendant. Un croissant d’énergie mauve fusa, tranchant net l’attelage. Les chevaux affolés s’enfuirent. Privée de monture, la charrette ralentit jusqu’à s’immobiliser. Jael l’abandonna et s’enfonça en panique dans les bois.
Il fuyait à l’aveugle, haletant, le souffle arraché par l’effort et la peur. La lumière blafarde de la lune filtrait à peine à travers le chaos des branches, projetant au sol une mosaïque mouvante d’ombres traîtresses. Ses pieds s’accrochaient aux racines, il chutait, se relevait d’un bond, trébuchait encore... La panique guidait ses pas bien plus que la raison. Il finit par s’écrouler derrière un tronc large et noueux.
Entre deux respirations hachées, il chercha à comprendre. Si cette femme était vraiment la Pourfendeuse de Démons, pourquoi les avait-elle attaqués sans sommation ? Comment savait-elle pour leur prisonnière ? Et d’où tirait-elle une telle puissance ? Autant de questions sans réponse, mais une certitude désormais :
— Sorane s’est lourdement trompée ! Elle ne peut pas être humaine !
Les feuilles bruissèrent plus fort, comme si la forêt elle-même cherchait à nourrir son angoisse. Un cri sec de hibou lui arracha un sursaut violent. Chaque battement de cœur résonnait dans son crâne, une sueur glacée lui glissant le long des tempes.
De longues minutes passèrent. L’avait-il semée ?
Il risqua un coup d’œil derrière le tronc. Rien. Un soupir tremblant s’échappa de ses lèvres, il se retourna… et se retrouva face à la silhouette masquée, soudainement apparue. Sans un mot, elle tendit lentement sa main libre vers le cou de sa prochaine victime.
La guerrière eut un infime tressaillement et se figea. Jael crut y déceler un doute, et enchaîna aussitôt :
— Vous êtes comme nous ! Vous touchez à des forces que peu osent approcher ! Je peux vous conduire à notre reine ! Elle vous acceptera ! Votre place est parmi nous, je vous en prie !
La Pourfendeuse resta immobile, telle une statue, pendant des secondes qui parurent une éternité. Un éclat d’espoir naquit dans les yeux du Lumiaile, qui reprit d’un ton presque assuré :
— Votre place est à Stelaris, pas parmi ces humains abjects qui veulent votre tête par jalousie de vos extraordinaires capacités.
L’air semblait suspendu, comme si la nuit elle-même retenait son souffle. Jael crut percevoir un léger mouvement de sa tête, trahi par l’éclat métallique du masque. Il n’eut pas le temps de deviner s’il annonçait un geste pacifique ou létal. La réponse vint lorsque la Pourfendeuse fit un dernier pas en avant et referma sa poigne sur la gorge de Jael.
Elle le souleva d’une main avec une facilité glaçante. Ses talons griffaient l’écorce derrière lui, tandis que ses doigts s’agrippaient vainement au poignet qui lui broyait la gorge. Chaque seconde arrachait un peu plus d’air à ses poumons, un voile noir envahissait déjà sa vision. Dans un dernier sursaut de haine, le Lumiailes parvint à cracher une ultime parole empoisonnée :
— Sorcière… Vous… ne serez jamais… qu’une arme… exploitée…
La guerrière en noir lâcha le cadavre, qui s’effondra au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Elle l’observa un instant. Cet homme avait cherché à marchander sa vie, mais il n’y avait pas de salut possible pour un criminel de son espèce. Sans un mot, elle tourna les talons et retourna à la charrette.
À l’intérieur et encore bien sonnée, Célia commençait à reprendre conscience. Elle entrouvrit ses lourdes paupières, la première chose qu’elle vit fut un visage penchée au-dessus d’elle. Un visage sans regard, noyé dans l’ombre d’un masque. Elle plissa les yeux pour mieux le distinguer, avant qu'une main gantée se posa sur son front. Elle était si froide….
Lentement, cette main descendit sur ses paupières, les refermant avec douceur. Célia voulut parler, demander, comprendre, mais déjà, ses pensées se noyaient. Elle se sentit ensuite soulevée, portée comme une enfant dans des bras qui ne tremblaient pas. Et, prise d’un puissant sentiment de sécurité, elle se laissa emporter par un profond sommeil.
Les rires partagés avec Aelia, leurs jeux insouciants dans les ruelles d’Uleth, cette complicité tissée au fil des jours simples... tout refit surface dans l’esprit de Célia. Elle se revit dans la forêt, un panier au bras, cueillant fruits mûrs et herbes sauvages.
Le feuillage frémissait sous la caresse du vent, et la lumière filtrée du soleil tissait des dentelles d’or sur les clairières. C’était un temps de paix et d’innocence qui semblait appartenir à une autre vie. Mais ce tableau lumineux se fissura, et la nostalgie se mua en cauchemar.
Elle courait désormais sur un sentier boueux qui s’étirait à l’infini. La pluie battait contre son visage, chaque éclair éclatait dans le ciel comme un coup de semonce. Son cœur cognait à lui briser la poitrine, couvrant presque les râles gutturaux et les éclaboussures qui se rapprochaient inexorablement. La présence oppressante derrière elle transformait l’angoisse en pure terreur. Ce n’était plus une fuite, c’était une lutte pour survivre.
À bout de forces, Célia jeta un regard par-dessus son épaule, et son sang se glaça. Des silhouettes humanoïdes monstrueuses la talonnaient, leurs membres griffus irradiant une lueur violacée sinistre. Des démons.
Puisant dans ses dernières ressources, elle tenta d’accélérer, mais ses appuis cédèrent, et elle s’affaissa lourdement dans la boue. Alors qu’elle se retournait, les créatures avaient déjà bondi. Célia ferma les yeux, espérant que ce soit rapide et sans souffrance… mais le son qu’elle entendit ne fut pas celui de sa chair lacérée.
Quand elle rouvrit les yeux, elle vit les monstres abattus en train de se consumer… et celle qui venait de les terrasser. La foudre zébra le ciel, révélant par éclats sa silhouette sombre. Célia n’y croyait pas : la Pourfendeuse de Démons. Elle était vraiment là, et l’avait encore une fois sauvée.
Elles se fixèrent longuement. Le masque opaque de la guerrière était le seul obstacle entre leurs regards. Célia ouvrit la bouche pour la remercier, mais l’adulte tourna les talons et s’effaça dans l’ombre.
— Attendez ! Revenez ! Je veux savoir !
Elle tendit une main, désespérée, mais une voix distordue envahit soudain son esprit, répétant son nom avec une insistance étouffante. Elle retomba à genoux, agrippant ses tempes, les dents serrées pour ne pas hurler et attirer d’autres monstres.
— Célia !
Elle voulait que cette voix cesse, fuir ce lieu et retrouver la chaleur de son foyer, les visages souriants, ses parents… et surtout Aelia.
— Célia !
Et soudain, tout s’évanouit.
— Célia ! Réveille-toi !
Une lumière fendit l’obscurité. La voix se fit plus nette. Célia ouvrit brusquement les yeux. L’éclat du matin l’aveugla. Son cœur battait à tout rompre, et sa gorge brûlait comme si elle avait crié. L’herbe humide collait à sa peau, trempait ses vêtements, et la morsure du sol glacé lui traversait les os.
— Célia, tu m’entends ?!
Elle cligna des paupières. Le visage pâle et affolé d’Aelia apparut. Derrière elle, Anyse se tenait la main sur le cœur, tandis que Rocvin, les bras croisés, la scrutait d’un regard dur. Encore engourdie, Célia reprit pied dans la réalité, balayant les environs du regard, réalisant qu’elle se trouvait à Uleth, derrière sa maison.
— Grâce au ciel, tu es réveillée ! s’exclama Anyse, soulagée.
— Pourquoi on te retrouve ici et pas dans ton lit ? demanda Rocvin d’un ton sec.
— Je… Je…
Célia fouilla sa mémoire. Elle se revoyait sortir, la nuit précédente, pour retrouver Eldan… puis, plus rien. Anyse l’aida à se relever, et Aelia la serra aussitôt dans ses bras.
— Va te reposer, ordonna Rocvin. On réglera ça plus tard.
Encore sonnée, Célia obéit sans protester. Tous contournèrent la maison pour rejoindre l’entrée, quand soudain, un jeune homme surgit au pas de course, hors d’haleine.
— Vite ! Venez voir à l’entrée du village !
— Quoi encore ? grommela Rocvin.
— C’est… vous devez voir par vous-mêmes !
Intrigués, ils le suivirent.
Aux portes d’Uleth, une foule s’était déjà formée, tous les regards fixés dans la même direction. Les murmures se mêlaient en un brouhaha inquiet. Rocvin, Anyse et les filles se frayèrent un passage jusqu’à l’avant.
Lorsque la vue se dégagea, Célia sentit son cœur rater un battement. La charrette bâchée de Jael approchait… mais ce n’étaient pas les marchands qui la menaient. Tolan tenait les rênes de deux chevaux d’Uleth, harnachés à la hâte avec des cordes grossières en guise d’attelage. La foule s’écarta pour laisser passer le véhicule, qui s’immobilisa sur la place du marché.
— Tolan l’a découvert près du cadavre du fils du marchand, annonça Rick. Le père a été retrouvé étranglé un peu plus loin. Ils avaient quitté le village hier soir.
— Qu’est-ce qu’il leur est arrivé ? Des bandits ? Des démons ? lança quelqu’un.
Le chef ne répondit pas. Son regard restait fixé sur l’avant de la charrette, là où la liaison en bois avec les chevaux aurait dû se trouver. Il n’en restait rien, et la coupe nette écartait toute idée de rupture accidentelle.
Tandis qu’il examinait cela de plus près, certains villageois commencèrent à fouiller. Ils espéraient y trouver la joaillerie des marchands… et découvrirent bien plus.
Des denrées empaquetées avec soin. Des étoffes dignes de la haute noblesse. Des ressources artisanales précieuses, des plantes médicinales séchées, des alcools rares. Et enfin… une caisse débordante de pièces d’or.
Le choc fit place à l’excitation. Des rires soulagés fusèrent. On parlait déjà de troc, de revente, de quoi approvisionner Uleth pour des mois, voire des années ! Plus pragmatique, une paysanne d’un certain âge interpella le chef.
— Si les percepteurs trouvent ça chez nous, nous risquons de sérieux ennuis !
Même si leur retour avant le printemps semblait improbable, l’ancienne avait raison. Rick leva les mains pour réclamer le silence.
— Les vivres seront partagés équitablement. Les biens précieux resteront ici jusqu’à ce que nous décidions ensemble. Si quelqu’un se sert sans mon autorisation, il aura affaire à moi.
Le ton ne laissait place à aucune discussion. Peu à peu, la foule se dispersa, partagée entre soulagement et inquiétude.
Célia, elle, restait figée, le regard rivé à la charrette. Soudain, une douleur fulgurante lui traversa le dos, aussitôt suivie de petits picotements qui se répandirent brièvement dans tout son corps comme une vague.
— Qu’est-ce que…?
Elle se retourna brusquement : personne n’était assez proche pour l’avoir touchée.
Pourtant, la sensation fit remonter un souvenir morcelé… Une pression étouffante sur sa bouche. Le sol qui vibrait faiblement sous son corps, comme animé d’un mouvement régulier. Des murmures confus, des secousses… Une silhouette penchée sur elle, si proche qu’elle percevait son souffle. Deux yeux noyés dans l’ombre d’un masque. Elle tenta de s’accrocher à l’image, de la rendre plus nette, mais déjà Aelia lui prenait doucement le bras pour la ramener à la maison.
Arrivées dans leur chambre, Aelia insista pour que sa sœur s’allonge, et resta à son chevet, l’inquiétude lisible dans son regard. Elle patienta, espérant que son aînée briserait le silence, mais celui-ci s’éternisa. La cadette se sentit blessée de voir sa grande sœur, sa confidente de toujours, lui cacher quelque chose d’aussi important. Rassemblant son courage, elle finit par se lancer.
— Tu… tu veux en parler ? Où es-tu allée, hier soir ?
Célia ne répondit pas, les yeux obstinément rivés sur la fenêtre. La voix d’Aelia se brisa sous l’émotion, teintée de désespoir.
— Je te promets de ne rien dire à papa ! Si je peux t’aider, alors je… s’il te plaît, dis-le moi !
Ces mots s’accrochaient à elle comme des griffes invisibles. Elle voulait répondre… mais comment expliquer ce qu’elle ne comprenait pas elle-même ? Les émotions s’amoncelaient en elle comme un orage prêt à éclater. Sa gorge se serra, sa respiration s’accéléra.
— Laisse-moi tranquille… lâcha-t-elle d’une voix rauque.
— Quoi ? Mais…
— Laisse-moi tranquille ! répéta-t-elle, en se redressant brusquement, le regard dur et perçant.
Aelia recula, foudroyée par la violence de ces mots. Figée un instant, bouche entrouverte, elle finit par tourner les talons et quitter la pièce en larmes. Célia tendit aussitôt une main tremblante vers sa cadette qui la fuyait.
— Non, attends ! Je…
Trop tard. Les sanglots d’Aelia résonnaient déjà dans la maison.
À partir de cet instant, Célia n’entendit plus que l’écho de sa propre voix. Dévorée par le remords, elle ramena ses genoux contre elle, puis enfouit son visage entre ses bras, comme si elle voulait fuir le monde, ou se fuir elle-même.

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