Pas assez rapide… Pensée éclair. Je bondis, tendant les bras vers lui, et le plaquai involontairement au sol. Heureusement, le chemin de fleurs blanches s’étendait derrière lui. Nous étions sauvés.
Tout à coup, je pris conscience de ma position. Hébété, mon inconnu esquissa tout de même un sourire. Je me relevai vivement, rougissant d’embarras, mais aussi de colère.
– Mais enfin, tu ne pouvais pas faire attention ! Je t’avais dit de me suivre, même l’avertissement du Guide tu ne t’en souviens pas !? Je t’ai déjà tiré d’un mauvais pas, mais je commence à me dire que tu le fais exprès, tu veux vraiment mourir ou quoi !?
Son mouvement pour se relever s’interrompit devant mon emportement. La pâleur de son visage m’inquiéta, j’avais l’impression qu’il allait tourner de l’œil. Était-ce un effet secondaire, avais-je agi trop tard ? Je m’accroupis face à lui et posai une main sur son bras, oubliant mes reproches.
« ...je t’ai déjà tiré d’un mauvais pas et toi tu n’as rien trouvé de mieux que de recommencer ! ». Sa voix se brisa. « Je te faisais confiance… Tu m’as trahie… Pour cette… ». Elle secoua la tête. Elle pleurait.
– Hey… Est-ce que ça va ?
Son air inquiet et le contact des ses doigts me ramenèrent entièrement à moi. Les mêmes paroles, prononcées par une autre… Ce dernier flashback provoqué par cette sensation de déjà-vu m’avait ébranlé. Elle m’avait sauvé. Pour la seconde fois.
– Oui… Oui ça va aller… Merci.
– Écoute… je… c’est un peu de ma faute aussi, j’aurais dû mieux t’expliquer…
Elle me parut si mignonne, son visage empourpré si proche du mien. Pris dans un élan incontrôlable, je l’attirai à moi et lui volai un baiser. Elle se dégagea doucement, mais fermement.
Triple andouille… Comme si c’était le moment ! J’aurais pu m’en empêcher, quand même…
Un silence gênant s’installa. Je me relevai à mon tour. Mon héroïne n’affichait pas une expression de reproche, contrairement à ce que j’aurais pu croire. Sur ses traits, je lisais plutôt une détermination sans faille.
– Il faut continuer, affirma-t-elle en liant ses doigts aux miens. Le temps nous est compté.
Puis, elle déclara avec un sourire à se damner agrémenté d’un clin d’œil :
– Comme ça au moins, tu ne risques pas de te perdre… Je me sentirais un peu seule dans cette immense forêt !
Je pressai un peu sa paume contre la mienne en lui rendant son sourire avant de lui emboîter le pas. Alors n’importe qui aurait fait l’affaire ? Je gardai cette pensée pour moi ; mieux valait ne pas aggraver mon cas désespéré. Prêtant une attention toute particulière à mon environnement, cette fois, un objet au sol accapara mon attention. Je m’arrêtai brusquement, la tirant en arrière.
– Attends !
– Quoi donc ? s’étonna-t-elle avec un regard mi-interrogateur, mi-impatienté.
– J’ai vu quelque chose… Là !
Un disque translucide gisait au sol, à l’endroit même où j’avais perdu l’équilibre. Elle s’accroupit à son tour, surprise par ma découverte.
– Le guide n’avait pas parlé de ça… constata-t-elle avec un air songeur. Mieux vaut ne pas traîner. Reste bien sur le chemin de fleurs blanches, je crois qu’on est bientôt arrivés.
J’acquiesçai et nous reprîmes rapidement notre chemin. Un mauvais pressentiment m’envahit dans le silence qui s’était installé. Le contact de nos mains liées m’apparaissait réconfortant, mais un peu étrange, comme une sorte d’onde de chaleur plutôt qu’une sensation de toucher réellement.
Pas le temps de se préoccuper de ça.
Le sentier formait un dessin d’ornement, ondulant sans cesse, nous obligeant parfois à revenir sur nos pas. Finalement, nous atteignîmes une immense clairière au milieu des arbres. Nous la contournâmes pour arriver à l’autre bout jusqu’à un arbre immense, similaire à un baobab. Elle s’approcha, cherchant quelque chose des yeux. Un minuscule signe lumineux semblable au symbole de l’infini attira mon attention.
– C’est ça que tu cherches ?
– Exactement ! s’exclama-t-elle dans un sourire.
Elle tâtonna au niveau des racines en marmonnant :
– Une racine un peu plus courte que les autres…
Soudain, un cliquetis retentit et une entrée se dessina dans le tronc de l’arbre.
– Viens, souffla-t-elle en me tirant par le bras.
La porte disparut derrière nous, comme par enchantement. L’intérieur du tronc paraissait plus spacieux que vu de l’extérieur.
– On est arrivés, lâcha-t-elle avec un soupir de soulagement.
– Alors, c’est là qu’il habite ?
– Non, qu’il médite, c’est ce qu’il a dit, répliqua-t-elle. Ceux qui nous recherchent ne connaissent pas cet endroit. Je suppose…
– Hum… Et maintenant ?
– Maintenant… Il faut attendre.
La jeune femme s’assit, s’adossant au tronc géant. Je l’imitai, m’installant à une distance respectable, sans oser m’approcher. Elle avait enlacé ses genoux et regardait dans le vague, droit devant, absorbée dans ses pensées. Cette fille avait une mémoire remarquable pour nous avoir menés sans encombre jusqu’ici.
Je ne m’en serais jamais tiré sans elle…
Un bruit venant de l’extérieur arrêta net mes tergiversations. Quelqu’un approchait.
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